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Voilà ce que j'ai écrit à Amazon, sur la mise en ligne du livre "Nique la France"

Chers amis de Riposte Laïque,
Ayant contribué à votre édito du n°128 relatif à la “chanson” “Nique la France” de ZEP, je ne pouvais rester insensible à la sortie du brûlot du même nom. Beaucoup d’autres s’en sont émus, choqués par la “thèse” proposée par les auteurs (voir notamment les commentaires sur Amazon). Il me semble, cependant, que l’on ne peut en rester à une réaction d’indignation. Bien plus, je pense que s’indigner c’est satisfaire aux intentions des ZEP et Bouamama qui revendiquent explicitement un “devoir d’insolence”. Ce qu’il convient de faire, c’est de démonter leur discours et mettre à jour : leur positionnement communautaro-raciste, leur totalitarisme, et leur bellicisme. J’ai donc rédigé un petit texte critique qui est paru, avec comme nom d’auteur “Emerek”, sur le site d’Amazon : http://www.amazon.fr/gp/cdp/member-reviews/A2QW8A4YAP618B/ref=cm_cr_dp_auth_rev?ie=UTF8&sort_by=MostRecentReview Je me suis dit que si vous êtiez intéressés par ce texte, vous pouviez ou le reprendre (en citant la source) ou publier le lien. Merci, dans ces deux éventualités, d’utiliser le nom “Emerek”.
Bravo encore pour votre combat et amicales salutations,
Emerek alias le Cyrano du n° 128 !

La première réaction face à ce livre est l’indignation. Indignation face au titre qui reprend en la justifiant, que dis-je, en la magnifiant, une insulte à l’adresse de notre pays. Indignation face à la « thèse » générale qui légitime les violences à l’encontre de ce même pays, au motif qu’elles seraient la conséquence d’inégalités ethno-sociales que subiraient « les jeunes du quartier ». Indignation devant de nombreux passages où cette même thèse est reprise et amplifiée avec crudité, du genre : « C’est pourquoi nous disons calmement et sereinement `Nique la France’ coloniale, raciste et inégalitaire » (bizarrement le livre n’est pas paginé, il n’est donc pas possible d’indiquer la page de la citation ; cependant toutes les références que j’utiliserai ici sont vérifiables). Et puis, ces photos toutes les deux pages, où des personnes – hommes, femmes, jeunes, vieux, blancs, noirs, Arabes, certains l’air mauvais, d’autres plutôt bonhommes – tendent le majeur vers le lecteur : s’agit-il pour les auteurs de banaliser un geste insultant ou de réellement attaquer un lecteur dont ils supposeraient d’emblée la réprobation ? Mais l’indignation face à ce brûlot ne suffit pas. D’une certaine manière, ce serait faire plaisir aux auteurs, qui revendiquent un prétendu « devoir d’insolence » (c’est le sous-titre du livre). Ce qu’il faut surtout, c’est analyser cet ouvrage, le décortiquer, et mettre à jour un discours : 1. communautariste aux relents racistes ; 2. totalitaire ; 3. belliciste.

1) Le discours est clairement communautariste et assumé comme tel. Il y a un « nous » qui parcourt les lignes et ce « nous », est-il écrit, « est composé des Noirs, des Arabes, et des Musulmans de France ». Plus que tout autre – j’imagine, par conséquent, les Blancs, les Chrétiens, probablement aussi les Asiatiques – le « nous » serait victime des inégalités, des injustices, et trouverait là la justification de sa révolte. « Nous avons à clamer haut et fort que nous sommes des victimes et que nous le savons » est-il écrit. Dès lors, le discours en devient raciste car chaque catégorie est renvoyée à une essence quasi congénitale : le « nous » est élevé à une espèce d’innocence fondamentale, tandis que les autres sont plus ou moins des coupables, la France constituant, quant à elle, une entité demeurant à jamais colonisatrice.
2) Ce discours est totalitaire. Il est totalitaire parce qu’il repose sur une vision du monde qui s’impose à tout, qui ne conçoit aucune limite, et qui rejette toute manifestation ou simplement tout fait adverse qui viendrait la contester. La thèse, je l’ai dit, c’est que le « nous » subit toutes sortes d’inégalités, d’injustices, et en cela se trouve tout à fait légitime à niquer la France, siffler la Marseillaise, et « brûler des voitures, des commerces, ou des édifices publics ». S’indigner de telles violences, est-il repris sur la quatrième de couverture, c’est « présenter comme une cause ce qui n’est qu’un résultat ». Autrement dit, la conduite insultante, agressive, violente, est vue, en elle-même, comme le signe de l’injustice subie et trouverait par là le sceau de la nécessaire innocence. Et aucune limite ne paraît devoir être envisagée à une telle séquence : que certains du « Nous » en viennent au meurtre ou à la guerre civile, cela serait vu, dans ce cadre totalitaire, comme l’expression d’une injustice plus forte et plus intolérable encore. Quand des contre-exemples pourraient contester cette belle construction intellectuelle, ils sont tournés en dérision : les fils d’immigrés qui réussissent, sont « les fayots de la République inégalitaire », les musulmans modérés sont surtout là pour mettre en exergue « la minorité dite (sic) extrémiste qui mettrait en danger les valeurs de la République ».
3) Ce discours est belliciste. Il n’est pas dans l’intention des auteurs de s’attaquer aux inégalités et aux injustices qui sévissent en France ; il s’agit de s’attaquer à la France qui porte, par essence, des injustices à l’encontre des « Noirs, des Arabes, et des Musulmans ». Non pas d’agir dans l’espace d’un pays, mais de mettre à bas le pays en question. De là la figure provocatrice d’une France colonisatrice… en France. Une telle construction peut paraître complètement absurde : comment un pays peut-il se coloniser lui-même ? En réalité, il convient d’être extrêmement vigilant face à l’instrumentalisation d’un tel symbole. Si la France est colonisatrice chez elle, c’est que l’on commence à estimer que certaines parties du territoire ne lui appartiennent plus. Les auteurs, d’ailleurs, ne disent pas autre chose, et dès les premières pages : « nous reprendrons possession de nos espaces volés ; les rues, les écoles, les facs, les places publiques, les jardins d’enfants, les usines… ». Les futurs séditieux, les acteurs des intifadas françaises à venir, ont ainsi déjà trouvé leurs idéologues prêcheurs de haine.
Que la France soit sur ses gardes. Souvent, par le passé, elle a été menacée et s’en est toujours sortie. Aujourd’hui, l’ennemi est en son sein.
Emerek