A ceux qui s'interrogent sur notre pétition

Certains se posent des questions sur la pertinence de notre proposition d’interdire le voile dans la rue. Sera-t-elle applicable, se demandent-ils ? N’est-ce pas aller trop loin ?
A nous de les interroger : se posent ils la bonne question ? Il est des doutes qui invalident l’action.
S’autocensurer dans une prise de position adressée à des élus c’est passer à côté de ce qu’ils attendent de nous : leur faire connaitre ce que nous ressentons en tant que citoyen(ne)s.
Ne pas questionner la légitimité du voile dans l’espace public c’est
passer à côté de son objectif principal : être le porte – drapeau de
l’islamisme dans l’espace public. Quelle est en effet la place d’un drapeau sinon de flotter au vent dans l’espace public ?

Notre propos est de rester à notre place de citoyen/e engagé/e, soucieux de défendre et préserver les acquis républicains. Et donc d’alerter nos représentants, les élus/es, sur les dérives qui les menacent. A eux d’envisager la mise en œuvre de notre pétition. C’est leur rôle. Une loi interdisant le port du voile dans l’espace public est une des possibilités. Nous ne sommes pas à la place du législateur. Nous restons à la notre.
Ne mélangeons donc pas les registres et les temps. Le temps est venu de faire des propositions fermes, qui prolongent la loi de 2004
sur le port des signes religieux à l’école, le temps est venu d’apporter un soutien clair aux députés de la commission sur la burqua. Il faut se rendre à une évidence : la France n’est pas l’Angleterre, elle a une histoire et des traditions spécifiques qui ne sauraient s’accommoder d’un communautarisme qui en est la négation. Notre pétition se situe dans ce sillon.
Pour preuve dernière cette décision du Conseil d’Etat, qui dans un arrêt rendu le 27 juin, a confirmé le refus de nationalité française à une marocaine de 32 ans, mariée à un français et mère de trois enfants, nés en France, au motif qu’elle «a adopté, au nom d’une pratique radicale de sa religion, un comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française, et notamment le principe d’égalité des sexes». La plus haute juridiction administrative a justifié cette décision par le port de la burqua lors de rencontres avec la police et les services sociaux. Preuve que ce voile intégral traduit moins l’expression d’une pratique religieuse qu’une revendication d’ordre socio-politique, la plaignante a déclaré ne pas porter le voile au Maroc, mais l’avoir fait sur ordre de son mari, salafiste, lors de son arrivée en France en 2000.
Cette décision réaffirme non seulement la séparation de la sphère privée et de l’espace public (on ne se présente pas voilée lorsqu’on a affaire à des agents de l’État), principe fondateur de la laïcité, mais distingue ce qui relève du rite religieux et du prosélytisme politique. Le Conseil d’État, de surcroît, rappelle la primauté des idéaux républicains, notamment l’égalité entre hommes et femmes, sur les valeurs d’inspiration religieuse, surtout lorsque celles-ci conduisent à la sujétion de la femme.
En confirmant le décret de 2005 qui faisait état d’un «défaut d’assimilation» de la demandeuse, le Conseil d’État réitère ainsi le principe d’assimilation, à la base du modèle d’intégration français. Incompatible avec les valeurs fondamentales de la société française, le port d’un signe par trop distinctif , interdit logiquement l’accès à la nationalité. Le défi sera de déterminer la frontière entre l’acceptable et l’inacceptable. Voilà qui rassure nos craintes de voir abandonner le modèle français d’intégration traditionnel au profit d’un modèle importé, s’inspirant du multiculturalisme britannique, du communautarisme américain ou du «pilarisme» néerlandais. Ces modèles sont incompatibles avec l’universalisme français qui, s’il a parfois le tort de ne pas toujours tenir compte des complexités de la société française, a le grand mérite de traiter de manière véritablement égalitaire les citoyens français.
Là est notre identité nationale, conquise de haute lutte. Allons nous la laisser mettre en danger au profit du « respect » de cultures importées ?
Il s’agit sans états d’âme, de trancher sur une question de fond : on ne transige pas avec les principes qui favorisent objectivement la libération des individus. Le port du voile est une gifle au visage de toutes celles et ceux qui se sont battu/es depuis des siècles pour l’affranchissement des êtres humains. Il affirme ici la volonté de certains hommes de conserver leur mainmise sur les femmes de leur communauté, avec parfois, l’assentiment aveugle de celles ci. Le port du voile n’a pas sa place dans notre espace public, il en trouble l’ordre et la cohérence.
Il est donc grand temps d’opposer des limites à sa prolifération. Notre rôle est d’en proposer. Il appartient au législateur de leur donner forme.
Anne Zelensky