A Christine Lagarde, qui pleure la disparition du Roi d'Arabie

Lettre à Madame Christine Lagarde
Madame, chère Christine*,
bal tragique à Riyad, un mort. Apparemment bouleversée par la disparition du Roi d’Arabie, un de vos amis les plus proches manifestement, vous avez réclamé, de votre voix qui porte et de la part du peuple français, la reconnaissance de son action inlassable et totalement désintéressée en faveur des femmes.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/le-roi-abdallah-ce-feministe-discret_1644017.html#
Très bien. Nous avons pris note, chez les assoiffés de super 98, de votre très noble souci.
Maintenant, je vous saurai gré de simplement de regarder ces “quelques images” (comme on dit dans les médias qui comptent), après quoi je me permettrai de les mettre en parallèle avec celles des agapes mortuaires en cours dans la péninsule pétrolifère lugubrement endeuillée, agapes suivant celles des funérailles quasi-nationales de nos caricaturistes fusillés pour l’exemple. Par des gens, vous l’apprendrai-je, spirituellement armés jusqu’aux dents par ledit royal macchabée et par ses prêtres. Un détail. De l’Histoire. Du Moyen-Orient. Entre autres régions de notre pauvre monde. Les images donc. Asseyez-vous, Madame, c’est du raide.
http://shoebat.com/2015/01/15/video-woman-gets-beheaded-middle-street-right-public-view/
Cette scène atroce se passe, Madame Lagarde et chère Christine, dans le pays dont vous considérez jusqu’à preuve du contraire le défunt souverain comme un défenseur de la cause féminine. Pour être plus précis, cette barbarie sans nom a lieu à La Mecque, capitale universelle de la tolérance, de la paix. Et de l’Amour. De l’Amour, Christine Lagarde !
Je ne sais quelle conclusion tirer de cela vous concernant en tant que personne. Peut-être avez-vous interrompu trop tôt un traitement contre une pathologie du discernement ? Peut-être, sans doute à mon avis, une raison beaucoup plus “terre-à-puits” vous pousse-t-elle à désamorcer le reproche éventuel, léger, déférent, quasi obséquieux, que l’on pourrait faire à un monarque autorisant de tels crimes sur son sol ? Un collège de médecins et de spécialistes en forages nous éclairerait là-dessus, mais rien n’est sûr.
Ce qui est certain en revanche, c’est qu’une femme accusée de je ne sais quelle abomination pour nous vénielle, a été proprement et publiquement trucidée de trois coups de sabre, celui-là même, allez savoir,  que notre Président a brandi il y a peu, http://api.dmcloud.net/player/embed/4e7343f894a6f677b10006b4/52c13cab94a6f620e235c75d/effff0f784824e929a36ae12bd98153a?exported=1 , affirmant qu’il en aurait bien besoin pour ses oeuvres. Le prêter aux frères Kouachi ? Le louer à Coulibaly? On peut tout supposer.
La femme châtiée, donc. Les deux premiers coups n’ayant apparemment pas suffi, d’une part à l’occire, d’autre part à décoller sa tête de son corps selon la règle écrite dans le Grand Livre des Marches à Suivre pour Honorer Dieu, on lui en met un dernier, comme pour une pintade, une dinde ou une côte de porc récalcitrante. Si vous avez pu aller au bout du châtiment sans vous répandre dans un doggy bag, vous aurez remarqué, Madame et chère Christine, que l’action se passe sur un passage pour piétons dont on peut se demander s’il mène : à une mosquée et/ou école coranique ? À un pensionnat de filles ? À un orphelinat d’État ? Au cimetière, directement ?
Pardon ? J’ai mal entendu. Vous avez dit “c’est dégueulasse” ? Je suis bien d’accord. Les 1000 coups de fouet (50 par semaine pendant 20 semaines) infligés au malheureux déviant Raif Badawi, et qui vont le tuer si vous, l’amie intime, ne mettez en demeure l’Arabie d’arrêter le massacre, font partie du même musée vivant des horreurs.
http://www.lefigaro.fr/international/2015/01/19/01003-20150119ARTFIG00343-arabie-saoudite-condamne-a-1000-coups-de-fouet-pour-avoir-defendu-la-laicite.php
Tandis que l’on larmoie pire que dans Les Barbouzes, du regretté Lautner, je mise sur une grâce accordée par le nouveau Roi au nom du Miséricordieux. Il y a des morts qui peuvent bien tomber, parfois.
http://informationsurlapolitique.blogspot.fr/2015/01/larabie-saoudite-dit-revoir-le-dossier.html
La mise en parallèle des choses maintenant. Elle s’adressera, par votre charmant quoique austère quelque peu, biais, aux survivants de Charlie Hebdo :  “Chers compatriotes frappés au coeur, vous affirmez ne plus désirer chatouiller le Prophète aux endroits où ça l’énerve. Vous avez raison. Vous ne pourrez jamais, à vous seuls (mais on est là aussi, nous, hé !), résorber le problème posé à l’échelle d’une planète, et qui va s’amplifiant jour après jour. En revanche, un champ nouveau s’ouvre à vous, que vous pouvez entreprendre d’explorer dès maintenant avec l’ardeur des pionniers. Je veux parler de l’armée des valets dont la récipiendaire de cette missive représente l’éternelle féminité affrontée au monde des mâles dominants. Infinis espaces !
Ils sont tellement lâches, hommes et femmes, tous, si prêts à n’importe quelle soumission-compromission pour vendre leur salade, à ce point tenus de toutes parts par les couilles (pardon Madame !) qu’à aucun moment ils ne risqueront le millième de ce qu’ont subi vos amis pour vous faire taire. Et ceci d’autant plus qu’ils ont mis la France dans la rue pour vous panthéoniser de votre vivant tout en écrasant par avance les dénonciateurs de vos assassins, enclenchant ainsi ce qui sera sans aucun doute la plus belle supercherie historique de notre long, très long, trop long, j’en ai peur, itinéraire français. Comme le disait très justement Laurent Obertone après le terrifiant supplice d’Hervé Gourdel : “Nous sommes capables de transformer la décapitation d’un Français en une campagne géante de lutte contre l’islamophobie“. Exact, et multiplié par 17 en Janvier 2015 !
Alors, vas-y Charlie, défonce les ! Mohamed te fout la trouille ? Comme les Français tétanisés mais debout (à quelle heure?), Christine Lagarde comprend ça accepte le transfert de ta verve sur elle”.
Vous comprenez et acceptez, n’est-ce pas, Madame et chère, très chère Christine ? Aux noms combinés de la Sainte Liberté d’Expression et des alliances franco-islamiques, vous acceptez, je veux l’entendre de votre très autorisée bouche, que Luz et ses copains, rescapés du Paradis d’Allah, logiques avec eux-mêmes et fidèles à leur style, redoublent d’ardeur contre votre zèle à les avoir maintenus en état de créer, et de quelle manière !
Drôleries au paroxysme ! Grâce à vous, ces démolisseurs de toute idée de nation, de pays, de peuple, vont découvrir, au nom de la France qui les a pour toujours ennoblis, les charmes d’une idée toute simple, toute belle, toute limpide, qui porte le nom, rangé par vous dans le tiroir des choses passées, de patrie. Et les dangers que des gens comme vous lui faites courir. Bravo Christine ! Ce n’était pas gagné d’avance.
Je suis pour ma part ravi. Bonne année mondialisée donc, bon séjour à Riyad et faites attention : il est là-bas, au pays des Mille et une nuits, des passages pour piétons sur lesquels on glisse. Ca colle un peu aux talons des bottes en cuir car ce n’est pas, comme chez nous ces jours-ci, sur du verglas. Vous l’aviez deviné. Coquine !
Jean Sobieski
*Pardonnez cette familiarité, mais vous ressemblez à s’y méprendre à mon aïeule Olga Peterenkova, qui tenait les orgues à la Cathédrale Saint-Etienne de Vienne (Autriche), pendant le siège de la ville par les Turcs, en 1683.

Artist:

Maximilien Liebenwein

(Austrian, 1869–1926)

Title:

La victoire de Jean Sobiesky lors du siège de Vienne par les Turcs

, 1907–1907