À mort, l’alcoolique Hugo Lloris !
Le petit monde du football est en ébullition. Le capitaine de l’équipe de France, Hugo Lloris, fait la une de l’actualité, comme conducteur de voiture.
A-t-il tué quelqu’un au volant ? Non.
A-t-il, comme Karim Benzema, conduit sans permis de conduire ? Non.
A-t-il, toujours comme Benzema, roulé à 200 km/h sur un tronçon limité à 100 km/h ? Non !
C’est bien plus grave. Il a été contrôlé positif à l’alcool, à 2 heures du matin, dans la périphérie de Londres. Apparemment, il avait mangé au restaurant avec ses deux partenaires de l’équipe de France, Olivier Giroud et Laurent Koscielny, qui, tous deux, jouent également dans des clubs anglais, dans la périphérie de Londres. Quand on sait que ce dernier, titulaire indiscutable en défense centrale de l’équipe de France, avait été privé de la compétition, en Russie, à cause d’une rupture du tendon d’Achille, on peut penser que les trois amis se retrouvaient pour la première fois, à Londres, dans un grand restaurant londonien.
Sans doute, si l’on écoute les curés de la Sécurité routière, auraient-ils dû manger au Coca-Cola, à la Badoit ou à l’Orangina. Ou bien, vu qu’ils n’ont pas trop de problèmes d’argent, auraient-ils dû prendre un taxi s’ils voulaient pouvoir profiter de l’instant pour arroser comme il se doit un titre de champion du monde entre amis. Mais les choses ne se sont pas passées ainsi. On peut penser que les trois hommes ont repris leur voiture, que Giroud et Koscielny, qui avaient probablement bu autant que Hugo Lloris, sont passés à travers les gouttes contrairement au malchanceux capitaine de l’équipe de France.
En Angleterre, le taux d’alcoolémie autorisé est de 0,8 gramme, le plus élevé d’Europe. Lloris, qui dépassait ce taux, a été placé en cellule de dégrisement durant 7 heures et n’a été relâché qu’à 9 heures du matin. Il sera convoqué devant les juges anglais le 11 septembre prochain et risque 1 an de retrait de permis, 6 mois de prison et 5 000 livres d’amende. Il se dit que Hugo ne dépassait que de très peu la limite autorisée. Il n’est absolument pas accusé d’avoir eu une conduite dangereuse, d’avoir traversé des villes à toute allure ou d’avoir provoqué un accident. Il n’a absolument pas eu une attitude agressive. Rien de tout cela, simplement il a dépassé la limite autorisée.
En France, que risquerait Hugo Lloris ? Il y a deux types de sanctions. Soit vous êtes pris entre 0,5 gramme et 0,8 gramme d’alcool dans le sang, et dans ce cas vous perdez 6 points (la moitié de vos 12 points, si vous les avez encore) de votre permis de conduire et vous aurez une amende pouvant aller de 135 à 750 euros. Soit vous êtes pris au-dessus de 0,8 gramme, comme le capitaine de l’équipe de France, et vous aurez le retrait automatique de votre permis, jusqu’à 1 an, la voiture mise en fourrière et autres joyeusetés.
“Même en l’absence de tout signe d’ivresse manifeste, le fait de conduire un véhicule sous l’empire d’un état alcoolique caractérisé par une concentration d’alcool dans le sang égale ou supérieure à 0,80 gramme par litre ou par une concentration d’alcool dans l’air expiré égale ou supérieure à 0,40 milligramme par litre est puni de deux ans d’emprisonnement et de 4 500 euros d’amende.”
Que faut-il boire pour atteindre 0,8 gramme d’alcool ?
Hugo Lloris mesure 1,88 mètre et pèse 78 kg. Si l’on en croit ce site, s’il a bu son dernier verre il y a une heure, il aura atteint les 0,8 gramme en buvant une bière de 30 centilitres, 3 verres de vin de 10 centilitres (soit à peu près une bouteille à trois) et un digestif fort, pour fêter le titre.
Pour dépasser 0,5 gramme, seuls une bière et deux verres suffisent.
Cela fait-il de Lloris un délinquant ? L’homme ne s’est jamais fait remarquer par des frasques, comme Benzema ou Ribery, surpris avec une prostituée mineure, ou comme Benzema, mouillé jusqu’au cou dans l’affaire du chantage à une cassette torride de son équipier Valbuena. Il paraît vivre une relation sereine et paisible avec une femme magnifique, prénommée Marine, avec laquelle il a eu deux filles.
Bien élevé, il a cru devoir présenter des excuses, par ailleurs assez minables, expliquant qu’on ne doit pas boire quand on conduit, que ce n’est pas bien, qu’il a honte de ce qu’il a fait et qu’il ne le refera plus.
Apparemment, la Fédération française de football paraît décidée à ne pas le sanctionner, expliquant que c’est une affaire privée. Un autre international français, Sydney Govou, avait été contrôlé avec 2,6 grammes d’alcool dans le sang au volant d’un bolide. Loin de voir en lui un assassin potentiel, les supporters adverses, à chaque fois qu’il touchait un ballon, entamaient une chanson, le chambrant gentiment : “Il est des nôtres, il se saoûle la gueule comme les autres…”
On ignore si Hugo Lloris aura droit à ces traits d’humour à son prochain match en Angleterre ou en France.
Toujours est-il que ce qui lui arrive peut tomber sur n’importe quel conducteur qui, ayant passé une soirée sympathique avec des amis, reprendra la route, même pour un trajet court, et verra sa vie basculer même s’il n’a pas représenté la moindre menace pour quiconque par sa conduite. Et comme le débat sur cette question est interdit et qu’on en reste à un discours de culpabilisation des automobilistes qui ont osé dépasser les barèmes fixés, cela va encore s’accentuer.
Aux nombreux soumis qui sévissent sur ce site dès qu’on parle de la Sécurité routière, sur la vitesse ou l’alcool, qui vont encore me faire le coup du “la loi, c’est la loi”, me traiter de complice des alcooliques, voire d’assassin de la route potentiel, et autres leçons de morale à deux balles, je répondrai en évoquant cette phrase du Christ : “que celui qui n’a jamais péché lance à Hugo Lloris la première pierre”.
Martin Moisan