A quand une vraie commémoration du 11 novembre ?

Comme chaque 11 novembre, depuis une vingtaine d’années, les médias vont nous servir une soupe qui tronque une partie fondamentale de l’histoire de la 1ère guerre mondiale. Tous, voués au renoncement à l’éloge de la défense de la patrie, inspirés par un internationalisme pacifiste soixante-huitard, se contenteront d’évoquer les répétitifs rappels des mutineries de 1917, de montrer les images de traumatisés et de gueules cassées.

Comme dorénavant dans notre société, la primauté sera donnée à la victimisation, les héros étant considérés implicitement comme des anomalies. On insistera sur les fusillés pour l’exemple, les déserteurs frappés d’indignité qu’il faudrait réhabiliter. On fera semblant d’oublier qu’il existait des Fonck, Guynemer, Driant, Carré (l’enfant soldat), Ygon et Dumont (à Douaumont) et bien d’autres. Bref l’exemple de la lutte à mener pour défendre la démocratie ne sera toujours pas à l’ordre du jour, alors que le pays est pourtant en guerre.

emile-driantC’est une insulte aux sacrifices fournis par nos anciens. Car si au sortir de cette guerre, la quasi-totalité dénonçait la stupidité de cette boucherie et aspirait au pacifisme, il ne faut pas oublier qu’ils s’étaient battus avec la résolution de défendre la patrie envahie. C’est cette « résolution du devoir à accomplir » selon l’expression de l’historien Jean-Jacques Becker, aujourd’hui passée sous silence, qui leur avait permis de tenir plus de 4 ans dans la rudesse des tranchées, de l’inconfort et du froid, du deuil des compagnons et de la brutalisation. C’est cette résolution qui avait fait de certains des héros à présent négligés.

Hormis les 1,5 % de réfractaires à la mobilisation générale de 1914, ce fut le consentement au conflit qui prévalut. Et si des poilus refusèrent de monter à l’assaut en 1917, ce ne fut qu’après plus de 3 ans de guerre et par refus d’obéir aux ordres aberrants de sanglantes offensives décrétées par un état-major déconnecté de la réalité du terrain. La volonté de poursuivre le combat se maintint, une fois la garantie obtenue de ne plus recourir à de stériles attaques.

Les généraux de cet état-major, au mépris du respect de la vie humaine de leurs troupes, prenaient les poilus issus du peuple pour de simples variables d’ajustement à leur volonté de prestige individuel. On retrouve d’ailleurs ce même mépris parmi les élites économiques et politiques actuelles. Nos aristocrates des temps contemporains négligent les vies brisées par les licenciements provoqués par leurs politiques mondialistes ne s’opposant pas aux délocalisations. Ils négligent tout autant les vies brisées par les conséquences négatives d’une immigration déraisonnable qu’ils appellent de leurs voeux (victimes de la délinquance, personnes d’origine européenne devenues minoritaires dans leur quartier, baisse de la valeur de leur propriété, montée d’un communautarisme étranger à l’esprit républicain, etc.)

Pour paraphraser donc Clemenceau qui affirmait que la guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée aux militaires, et surtout aux traîne-sabres de l’état-major, il nous faut, nous, membres de la Nation reprendre en main notre destin pour ne pas le confier à des élites indifférentes à nos peines. Le reprendre passe d’abord par le retour à une authentique commémoration de ce qu’ont effectué nos anciens.

Or l’utilisation du mot commémoration pour le 11 novembre est devenue malheureusement une imposture. Comme tous les mots commençant par « com », ce terme suggère la mise en mémoire avec l’autre. Or évoquer la Grande Guerre de la manière actuelle, ce n’est plus l’évoquer avec nos poilus, avec ce qu’ils ont vécu. C’est l’évoquer en falsifiant ce qu’ils étaient. En occultant la priorité de leur résolution à se battre pour défendre leurs acquis, on trahit leur mémoire, on les abandonne dans les fosses de l’histoire. Il est cynique d’employer alors le terme de commémoration.

Réhabilitons l’héroïsme des poilus. Evoquons quelques grandes figures de la Grande Guerre, leur courage et leur esprit d’abnégation. Mais évoquons aussi la résolution de quasi tous à se battre pour défendre leur France. Même s’ils n’étaient pas tous de super combattants, ils firent tous de leur mieux. La patrie ne s’y trompa pas en édifiant le tombeau du soldat inconnu.

Dans les temps difficiles que nous allons vivre, cette commémoration est indispensable.

Jean Pavée

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11 Commentaires

  1. J’étais à la commémoration du 11/11/18 ce matin et la cérémonie fut plutôt belle avec l’appel fort des noms du monument suivi de la Marseillaise chantée par tous, y compris les enfants des écoles.
    Je suis moins satisfait de la messe qui a précédé où on a trouvé moyen de mêler à la gloire des morts pour la France, la commisération pour les migrants et l’accueil des pauvres migrant et la solidarité pour les migrants et …. et … ET MERDE !
    Le 11 novembre est il devenu la fête de l’armistice pour les envahisseurs islamistes ?
    MERDE MERDE ET MERDE ! QU’ILS CREVENT OU QU’ILS AILLENT SE FAIRE VOIR AILLEURS !

    • ouais surtout qu’ils n’aiment pas les chrétiens que nous sommes pouahhh!
      yenamar

  2. à quand en France ? je ne sais pas…ce que je sais, c’est que je suis aujourd’hui en Pologne, et des milliers de personnes convergent depuis 8 h00 ce matin vers le point de départ de la Marche de l’Indépendance, fête nationale en Pologne ; ça chante l’hymne, ça tambourrine, il y a drapeaux rouge et blanc, ballons et enfants…à voir pour le croire que cela existe encore une telle unité populaire

    • c’est le nouveau patriotisme français : congés, …avec çà on va aller très loin !

  3. Tous les généraux de l’état-major ne sont pas à mettre dans le même sac : c’est Nivelle qui décida de la désastreuse offensive du Chemin des Dames, prise d’une position indéfendable par le sud, préparation par acheminement d’artillerie lourde parfaitement repérée par les aviateurs allemands, etc.

    Nivelle limogé, ce fut Pétain qui ramena la confiance parmi les poilus (avec, d’ailleurs, la légende parfaitement fausse des décimations ; il y eu en fait très peu d’exécutions).

    Pratiquement chaque français ayant servi sous les ordres de Pétain au cours de la guerre, c’est pour cela qu’il fut quasi-unanimement accepté comme chef d’état en 1940. Mais là, il avait mal vieilli…

    • “…c’est Nivelle qui décida de la désastreuse offensive du Chemin des Dames…”
      Un peu poussé par le gouvernement… quand-même!!

  4. “La force de la cité ne réside ni dans ses remparts, ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses citoyens…” Thucydide
    Puisse l’héroïsme des poilus, en ces temps cruciaux, ne pas être vain et raviver notre ardeur à NE PAS SUBIR davantage l’invasion, la soumission, voire la partition, mais bien au contraire d’engager sans tarder, le sursaut salvateur et libérateur de la France, pour que le printemps 2017 nous apporte la Victoire.

    • Détrompez vous Paskal. La Grande Guerre a eu comme conséquence inattendue de rapprocher les Français, cléricaux et anticléricaux.

      Se côtoyant dans les tranchées, ils ont appris à mieux se connaître et apprécier leur bravoure commune. Lié à l’Union sacrée qui réunit tous les partis politiques face à l’agresseur allemand, cela contribua à l’apaisement de la querelle et à l’acceptation progressive, par quasi tous, de la loi de 1905.

      A l’image du curé de Sainte-Hermine, à l’occasion de l’inauguration du monument Clemenceau, qui constate “qu’au cours de ce banquet, ceux qui nous ont le plus combattus [les anticléricaux] jadis en auraient profité pour proclamer que les prêtres avaient fait vaillamment la guerre et avaient eux aussi, payé leur tribut”. Clemenceau avait, lors de son discours, rendu hommage aux aumôniers militaires.

      Les symboles de cette réconciliation passèrent par la décision du gouvernement, en 1920, de transférer au Panthéon de Paris le cœur de Gambetta, illustre fondateur de la République, et d’honorer le souvenir de Jeanne d’Arc en proclamant fête nationale le deuxième dimanche de mai.

      En mai 1921, les relations diplomatiques furent rétablies avec le Vatican, le pape Benoît XV se montrant autrement plus conciliant que Pie X, notamment en promettant de consulter Paris avant la nomination des évêques. Le dialogue avec le Vatican aboutit, en 1924, au compromis des « associations diocésaines » élaboré par le pape et le gouvernement: l’État français concède aux associations diocésaines placées sous l’autorité des évêques le statut d’« associations cultuelles ».

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