Abdennour Bidar continue de s’adresser aux musulmans en présentant les contradictions de l’islam. Il nous présente aussi deux auteurs qui ont apparemment déjà publié des livres qui abordent ces problèmes.
Premier paragraphe : Abdennour fait la description de la société islamique comme étant une société qui est en équilibre entre un monde moderne occidental et une culture ancestrale rétrograde moyenâgeuse. (Il faut bien sûr ne pas oublier à cette description que s’ils acceptent le modernisme occidental : c’est que c’est lui qui principalement les entretient financièrement avec la manne pétrolière ou gazière… Sinon, vu leur explosion démographique, ils seraient obligés de repartir faire des razzias…, ou de se partager des brins d’herbe…)
Paragraphe suivant : Avec sa soumission à des règles tenues pour divines, l’islam se trouve –au niveau sociétal– en contradiction avec les libertés fondamentales de l’homme. À cela, Abdennour n’oublie pas d’en remettre une couche pour faire comme si l’islam actuellement en France avait toujours été là : – « que nous Français… ne sommes justement pas seuls »… (C’est effectivement vrai pour beaucoup de sujets, mais dans ce contexte, lui, a en fait à l’esprit : les musulmans… C’est-à-dire ceux qui nous ont amené des problèmes venus d’une autre civilisation et d’un autre âge –comme des maladies ou des animaux exotiques– qui n’existaient pas en France avant leur arrivée…) – « L’islam est donc bien une religion comme les autres »… (C’est vrai au niveau de la contradiction entre la liberté et la soumission, mais au regard du reste : c’est évidemment une manière de noyer le poisson en généralisant qu’il n’a pas de différence avec les autres religions…)
Paragraphe suivant : L’anecdote illustre le fait qu’il n’y a pas de discussion possible : on s’adresse à un mur… –moyenâgeux…– Mais Abdennour n’oublie pas de terminer en répandant la nouvelle que les mentalités en général sont en train d’évoluer dans le bon sens… – « les musulmans de France font considérablement évoluer aujourd’hui »… (Jusqu’à présent, on ne les a pas encore beaucoup entendus parler, donc j’attends ses exemples dans la prochaine émission…)
Ces contradictions qui empoisonnent l’islam : N°11 du samedi 2 août 2014
Place à Abdennour Bidar. « France, Islam : Questions croisées ». Aujourd’hui : Ces contradictions qui empoisonnent l’islam. (Musique)
(Voix de femme maghrébine) Cette fois, je vais vous demander d’appeler le père Noël, très fort. – « Père Noël ; des cadeaux… » C’est magique, hein, voir le Père Noël ? Quand on pose la question aux enfants : « Est-ce que vous y croyez au Père Noël et tout ? » Y disent : « – non, c’est Walid qui se cache derrière la barbe », mais n’empêche, Y jouent le jeu. On fête Noël, on fête Pâques, on fête toutes les fêtes musulmanes et chrétiennes, on fête tout avec mes enfants, mes petits-enfants. (Musique)
Ces contradictions qui emprisonnent l’islam. France Islam : Questions croisées. Abdennour Bidar. Bonjour à tous. Depuis les printemps arabes de 2011, le monde musulman n’en finit plus d’envoyer au reste de la planète, une multitude de signaux contradictoires, qui prolongent le chaos du 20ème siècle déjà chaotique que cette civilisation vient de traverser. Depuis la fin du 19ème siècle en effet, c’est un pas en avant, puis deux pas en arrière, et ainsi de suite jusqu’à maintenant : tantôt l’occidentalisation, la libéralisation des mœurs, et la démocratie ; tantôt la révolution islamique et l’état islamique ; tantôt le progressisme et le socialisme arabe ; tantôt les militaires, et ainsi de suite. En 2001, le philosophe iranien Daryush Shayegan écrivait dans son livre « La lumière vient de l’occident » que le monde musulman demeure enfermé dans le cercle d’une valse-hésitation interminable entre le « pas-encore » vis-à-vis de la modernité, et le « plus-jamais » vis-à-vis de la tradition. Et partout dans cette civilisation –pas seulement au niveau du pouvoir– s’observe ainsi une véritable dissociation, un profond divorce, une juxtaposition sans cohérence entre d’un côté : une modernité déjà bien présente –à de nombreux égards–, et de l’autre : des archaïsmes qui durent ou qui reviennent notamment sur le plan de la religion avec tout son cortège de coutumes et de traditions. En disant cela, je pense à l’intellectuel Abdelwahab Meddeb qui a si bien parlé de la maladie de l’islam : cette maladie qui est avant tout celle d’une civilisation qui n’a toujours pas trouvé son propre chemin dans la modernité, et dont l’adhésion à cette modernité reste contradictoire. Dans ces sociétés en effet, règne d’un côté le même modernisme absurde et matérialiste qu’ailleurs : celui de la société de consommation, du règne de l’argent, des nouvelles technologies, etc., mais ce modernisme cohabite ici régulièrement sans connexion ni harmonie avec l’absence ou le retard d’une modernité morale et politique qui serait synonyme de liberté de conscience, de liberté des mœurs, d’égalité hommes-femmes, de démocratie. En particulier : la démocratie venue d’occident est perçue comme une libération par les uns, mais elle est vécue par d’autres comme une invasion par l’impérialisme occidental contre lequel il faudrait perpétuellement résister et défendre la tradition islamique. Ce rapport dissocié à la modernité est notamment évident et tragique quand on regarde les pays du Golfe. Le Qatar, ou l’Arabie Saoudite sont littéralement écartelés sans aucune cohérence de civilisation entre hyper modernisme et hyper traditionalisme. Le Qatar a d’un côté des universités partenaires des plus grandes universités américaines, une chaîne d’information « Al Jazîra » de taille mondiale, et il s’est fait une spécialité de financer l’accueil des plus grands événements sportifs : en tennis, football, etc., mais à côté de cela, c’est une société restée totalement patriarcale, où l’homme a encore tous les droits, et la femme seulement celui d’obéir, une société aussi où les ouvriers d’Asie du sud sont traités de façon archaïque comme des esclaves. Et c’est pire encore en Arabie Saoudite où la loi religieuse est appliquée de façon bien plus conservatrice, et où –à la différence du Qatar– la liberté de religion de la minorité chrétienne est très, très réduite. Dans ces états richissimes, l’argent qui coule à flots permet toutes les incohérences entre modernisme et traditionalisme : mais pour combien de temps ? On ne fabrique pas de la civilisation seulement avec des pétrodollars… (Musique)
Je viens de vous parler un peu du monde musulman et de sa modernité contradictoire ou dissociée, parce qu’on ne peut pas réfléchir sur la relation entre la France et ses musulmans sans la relier à ce fond d’écran mondial, sans avoir conscience que nous Français–avec notre tendance si française à nous croire seuls dans l’univers– ne sommes justement pas seuls : tous nos problèmes intérieurs sont en rapport –direct ou indirect– avec ce qui se joue dans le monde global. En l’occurrence, l’islam de France souffre lui aussi de cette division interne que je viens d’évoquer à propos du monde musulman entre passé et présent, tradition et modernité. Là aussi, le rapport à la modernité manque souvent de cohérence. L’exemple le plus flagrant à mes yeux est celui du rapport à la liberté de conscience et d’expression. Beaucoup de musulmans de France sont sincèrement attachés à ces deux libertés, et de façon légitime, ils les revendiquent pour leur croyance quand ils estiment que ces libertés sont bafouées : telle musulmane revendiquera ainsi le port du voile comme liberté d’expression, tel autre musulman revendiquera un espace de prière sur son lieu de travail. Mais ce voile et cette prière sont le plus souvent considérés par la croyante ou le croyant comme un ordre de dieu, une loi divine supérieure à toute loi humaine, à tout choix humain : – comment, donc, dans ces conditions voulez-vous parler de liberté de conscience sans contradiction ? Car la même conscience se dit alors à la fois libre et soumise : libre d’être l’esclave de dieu : ce qui est contradictoire… L’islam est donc bien une religion comme les autres, et c’est plutôt en soi une bonne nouvelle : sauf que là, ça veut dire que l’islam souffre des mêmes contradictions que toutes les autres religions dans le monde moderne. Celui-ci, est basé en effet sur le principe de la liberté de conscience : – or de quelle façon un être humain pourrait-il se considérer comme réellement et pleinement libre dès lors qu’il accepte sa soumission à un dieu tout puissant ? Dira-t-il que son dieu le laisse libre de choisir d’obéir ou pas ? De nombreux croyants essaient de s’en sortir comme ça. Mais le problème de l’islam est qu’il reste fondé sur une loi religieuse. Comment dire par conséquent que dieu laisse l’homme libre s’il lui donne une loi : c’est illogique, et en réalité, on ne s’en sort pas. Et ce qui m’inquiète aujourd’hui, c’est le développement et le succès de ces services Internet qui fabriquent de la loi islamique au kilomètre : je veux parler de ces sites de fatwa en ligne, de fatwa en direct : c’est-à-dire de règles religieuses charitablement édictées par des dignitaires religieux du Moyen-Orient sur les thèmes les plus variés : – les relations avec les non-musulmans ; – le mariage ; – la contraception ; – la sexualité ; – etc. Ces maîtres de religion font de la vie entière une prison de règles religieuses, et vis-à-vis de ceux-là en particulier, la liberté spirituelle déjà si difficile à acquérir, devient absolument impossible. (Musique)
Il y a des différences extrêmement importantes entre les musulmans sur la place et la valeur qu’ils accordent à la loi religieuse dans leur vie, mais le plus spectaculaire peut-être : ce sont les très fortes contradictions qui existent à l’intérieur même de la conscience de certains croyants. Combien de fois l’ai-je constaté : je ne compte plus… Je discute avec un musulman parfaitement ouvert, éduqué, cultivé, capable de réfléchir avec finesse, profondeur, intelligence sur tous les sujets, mais voilà que tout-à-coup il se ferme dès qu’on touche à la religion. Soudain : c’est le tabou, l’interdit, l’intouchable… Sans crier gare, mon interlocuteur –qui l’instant d’avant discutait de tout, débattait de tout avec aisance, riait de tout avec enthousiasme– s’est maintenant raidi et figé dès qu’on aborde le sujet religieux. – La vérité absolue du Coran ; – la valeur éternelle de la Charia – la loi religieuse– ; – la vénération du prophète Mohammed : sur tous ces thèmes, c’est la fin de non-recevoir la plus ferme opposée aux questions posées par la raison et par l’esprit critique. Pour le philosophe que je suis, formé à discuter de tout : la pilule est alors particulièrement difficile à avaler. Mais surtout, ce qui me frappe : c’est cette dissociation mentale, comme si on appuyait sur un interrupteur : « Off » – « On », entre le moment où la discussion est totalement ouverte, puis le moment d’après où elle est cette fois totalement close. Heureusement : heureusement, là aussi les choses bougent, et je vous parlerai demain, de la façon dont les musulmans de France font considérablement évoluer aujourd’hui–pour une majorité d’entre eux– leur rapport à la Charia : – évoluer dans un sens dont nous avons tous besoin pour le Vivre-ensemble. (Musique)
C’est tout pour aujourd’hui. À demain. Et que la paix soit sur nous tous. (9’18’’).
Elie Prodhomme