Abdenour Bidar sur France Culture : les musulmans au moins ils ont des convictions…

bidarIci, notre philosophe fait passer le message que la religion est indispensable en France ; et que sans elle, nous manquons de convictions ; et que sans convictions –de ce type– : nous vivons mal…
Ou se pourrait-il qu’en faisant la promotion de toute croyance religieuse : alors…, il y aurait évidemment de la place pour l’islam en France ?… (Toujours aussi malin…)
Premier paragraphe :
– « parce que nous ne sommes plus très sûrs de nos valeurs et de nos convictions »… (Si l’islam nous inquiète : c’est bien parce que nous sommes en contradiction avec lui de par nos valeurs et nos convictions, et qu’il nous dérange et nous fatigue avec ses idées moyenâgeuses…),
– « l’islam appuie là où ça fait mal »… (C’est tout simplement lui qui nous fait mal en important des problèmes qui n’existaient pas en France auparavant…),
– « elle peine désespérément aujourd’hui à les affirmer collectivement »… (- Quel est justement l’intérêt aujourd’hui d’affirmer des convictions religieuses ? évidemment en dérangeant les autres ?…),
– « où plus personne ne pense qu’il détient la vérité »… (- Quel est l’intérêt de penser que l’on détient la vérité à propos de la religion ? sinon de partir à la conquête des autres ?…),
– « tout-à-fait tranquillement et en toute bonne foi »… (C’est-à-dire : afficher sa bêtise tout-à-fait tranquillement…).
Paragraphe suivant :
– « que ce n’est pas seulement l’islam »… (Eh bien si ! justement : il n’y a que l’islam qui vient nous empoisonner…),
– « mais aujourd’hui également »… (Les autres religions commencent à se montrer face à l’agression de l’islam, mais sans islam : celles-ci seraient restées fondues dans le paysage…).
(Il est intéressant de remarquer qu’il dit ici que les autres religions s’affirment… : ceci en contradiction avec le paragraphe précédent…)
Paragraphe suivant :
– « la présence de l’islam n’est qu’un révélateur »… (Elle n’est évidemment pas un révélateur… C’est plutôt gonflé de dire ça, car bien sûr : c’est l’islam qui s’est incrusté en tant qu’élément perturbateur étranger…),
– « qui n’était sans doute qu’endormie »… (Toujours le même sans-gêne…, car la France vivait très bien comme ça…),
– « ne fait que nous ramener »… (Eh bien justement : nous n’en avions pas besoin…)
– « La laïcité qu’on a autant de mal à définir actuellement »… (Toujours le même sans-gêne : la laïcité était très bien définie sans la présence de l’islam, et si on renvoyait ce perturbateur chez lui : il n’y aurait plus de problème de définition…)

« Le mécréant » de Georges Brassens :
Est-il en notre temps, rien de plus odieux, de plus désespérant que de ne pas croire en dieu ?
Faudrait avoir la foi, la foi de mon charbonnier qui est heureux comme un pape, et con comme un panier…
Ce gouffre entre croyants et non-croyants. « France, Islam : Questions croisées ».

Abdennour Bidar : Bonjour à tous.
La semaine dernière, je vous proposais l’idée que si l’islam inquiète et déstabilise autant notre société française, c’est peut-être parce que nous ne sommes plus très sûrs de nos valeurs et de nos convictions. En ce sens-là –si vous me passez l’expression– : l’islam appuie là où ça fait mal. Une anecdote à ce sujet qui en dit assez long –me semble-t-il– : il y a quelque temps, je regardais le journal de 20 heures sur France 2, et le journaliste interrogeait un homme âgé quelque part dans une région rurale du sud de la France : « Et vous monsieur : qu’est-ce que ça vous inspire toutes ces histoires autour de l’islam et des musulmans ? » La réponse fut simple, mais lumineuse : « Les musulmans, eh bien, eux au moins, ils ont des convictions… ». Je crois que cette réponse nous dit beaucoup de choses : – non pas que la France n’ait plus du tout de convictions bien sûr, mais elle peine désespérément aujourd’hui à les affirmer collectivement, et à entretenir dans la société tout entière le sentiment qu’elle fait corps autour de ses convictions ; qu’elle forme une véritable communauté nationale autour de valeurs réellement partagées. C’est là-dessus que je vais me concentrer aujourd’hui en prenant un exemple : celui de la Laïcité. Mais avant même de m’y arrêter, je voudrais souligner à quel point cet homme âgé avait raison. Du côté de l’islam et des musulmans, s’affirme en effet un type de conviction qui est devenu très minoritaire dans notre société et qu’on appelait autrefois ici : « La foi du charbonnier ». Georges Brassens –souvenez-vous– s’en était gentiment moqué dans sa chanson « Le mécréant » : « Je voudrais avoir la foi, la foi de mon charbonnier qui est heureux comme un pape, et con comme un panier ». La foi du charbonnier : c’est la conviction religieuse à la fois simple et absolue que dieu existe et que sa propre religion est la vérité : la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Alors bien sûr, gardons-nous des généralisations comme toujours : tous les musulmans n’ont pas une conviction religieuse de ce type. Comme dans les autres religions, exactement il y en a qui doutent, il y en a qui pensent, il y en a aussi beaucoup bien sûr –et heureusement– qui sont complètement revenus du préjugé ordinaire de tant de croyants, que leur religion serait la meilleure de toutes, voire la seule vraie. Il n’en reste pas moins que la vieille foi du charbonnier est présente chez beaucoup d’autres musulmans qui demeurent convaincus de la supériorité de l’islam, de la divinité absolue du Coran dont ils estiment que rien ne peut être remis en cause. Or, c’est cela dont –me semble-t-il– nous avions perdu l’habitude en France, dans notre pays si déchristianisé, si sécularisé, si laïc, où la religion donc, avait perdu autant de terrain depuis deux siècles. Dans notre société où plus personne ne pense qu’il détient la vérité dans notre société occidentale où tout est devenu relatif, révisable, relativisable, où tout peut être toujours discuté, négocié, etc., nous avions presque complètement oublié que des individus peuvent considérer, tout-à-fait tranquillement et en toute bonne foi –c’est le cas de le dire–, qu’ils possèdent la vérité, qu’ils ont un texte sacré qui est la vérité pure. Il y a là un défi auquel, dans nos sociétés relativistes et sorties de la religion, plus rien n’a pu nous préparer. (Musique)
Je me souviens d’un magnifique discours prononcé par Jean Jaurès à la chambre des députés en janvier 1910. Il montrait que dans les sociétés modernes, les croyants et les non-croyants vivent les uns à côté des autres sans se douter la plupart du temps à quel point –je le cite– : « un abîme prodigieux et un gouffre effroyable les sépare ». Voilà ce qu’il disait plus complètement : « dans l’apparente uniformité de la vie moderne, dans l’apparente familiarité de nos rapports, dans l’estime réciproque que nous avons, que nous affectons, que nous croyons avoir les uns pour autres, du camp des croyants au camp des incroyants. Si chacun pousse ses principes jusqu’au bout, c’est un gouffre terrible qui se creuse. » Voilà selon moi devant quoi, face à quoi l’islam en particulier nous ramène maintenant, car la foi musulmane telle qu’elle s’exprime chez un certain nombre de musulmans est un bloc de foi absolu, et cela vient percuter de plein fouet notre société qui croyait en avoir fini avec ce type de croyance religieuse, revendiquant ainsi une vérité absolue, un sacré intouchable et indiscutable, une loi divine supérieure à toute loi humaine. À nouveau donc : à nouveau, le gouffre évoqué par Jean Jaurès s’ouvre sous nos pas, et d’autant plus que ce n’est pas seulement l’islam –il faut toujours le préciser–, mais aujourd’hui également dans les rangs du judaïsme et du christianisme notamment, des courants entiers qui recommencent aussi à vouloir affirmer dans l’espace social ce type de conviction absolue en une vérité indiscutable. (Musique)
Pourquoi ? Pourquoi nous tournons nous aujourd’hui à nouveau vers la laïcité : ce principe inscrit dans la constitution et dans son article premier, que notre 5ème république est indivisible, laïque, démocratique et sociale. Si nous recommençons à réfléchir autant à cette laïcité, c’est que nous nous retrouvons devant une difficulté que nous pensions avoir laissé derrière nous. La difficulté de vivre ensemble en bonne intelligence, entre croyants et incroyants –et je le répète– car à mes yeux : c’est un fil rouge, un fil directeur majeur de cette série d’émissions : la présence de l’islam n’est qu’un révélateur, car elle ne fait que ranimer dans notre pays, et au-delà d’ailleurs dans notre civilisation occidentale, une très vieille querelle qu’on croyait morte et enterrée et qui n’était sans doute qu’endormie : la querelle entre religion et athéisme, qu’on a appelé jadis la guerre des deux France : entre d’un côté la France catholique, et de l’autre : la France anticléricale. Nous sommes un très vieux pays dont les racines sont à la fois païennes et chrétiennes, et l’islam derrière son étrangeté, ne fait que nous ramener à notre plus vieux conflit domestique : celui du choix entre une France sans dieu et une France avec dieu. La Laïcité : la Laïcité est ce principe qui historiquement depuis la fin du 19ème siècle nous a permis de régler ce conflit. La Laïcité en effet a séparé l’État des Églises pour rassembler tous les membres de notre société : croyants, non-croyants, agnostiques dans le bénéfice des mêmes droits. La Laïcité qu’on a autant de mal à définir actuellement, est pourtant quelque chose de très simple : c’est le principe qui garantit aux croyants et aux non-croyants exactement la même liberté de conscience et le même droit d’expression limité pour tous, à égalité, parce que la loi du 9 décembre 1905 appelle l’intérêt général de l’ordre public. Voilà comment la Laïcité nous aide depuis plus d’un siècle, ou comment elle doit nous aider à combler le gouffre toujours prêt à s’ouvrir, ou à se réouvrir à nouveau entre non-croyants et croyants. Elle crée, cette Laïcité, une communauté de droits, elle crée la communauté de jouissance d’une liberté d’expression dont les limites sont celles de la conciliation, de l’accord possible, de la concorde entre ses libertés, parce que –vous le savez– la liberté des uns doit s’arrêter là où commence celle d’autrui, là où elle empiète sur celle d’autrui, là où elle empêche les hommes d’une même société de communiquer, d’échanger, de se rencontrer, et d’interagir dans une vie sociale vraiment partagée. La Laïcité est un principe qui doit toujours être mis au service de la liberté de chacun et de la cohésion de tous : c’est-à-dire –pour utiliser un mot magnifique que nous n’employons plus aujourd’hui– au service de la « concorde ». C’est le critère d’une bonne compréhension et d’un bon usage de la laïcité, elle doit nous aider à fabriquer toujours plus de liberté, d’égalité, et de fraternité. (Musique)
C’est tout pour aujourd’hui : que la paix soit sur nous tous ! À demain ! (8’57’’)

Elie Prodhomme

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