Adapter l’Etat de droit à l’Etat de guerre

Guerreoccident1-4
Le degré de détermination des politiques dans ce qu’on appelle pompeusement une guerre, sans en adopter les voies et moyens, peut s’apprécier au regard d’une échelle à trois niveaux :

1 – On se contente de s’intéresser aux terroristes qui sont passés à l’acte, avec plus ou moins de chances de les identifier, les poursuivre, les confondre et les condamner.

2 – On passe à mettre hors d’état de nuire, par internement ou expulsion, de simples suspects.

3 – On cesse de s’en remettre au bon vouloir des juges en ces matières.

Le niveau 1 est évidemment un minimum, admis par tous. Encore que, dans sa célèbre gaffe sur RTL en 2014, Bernard Cazeneuve ait malencontreusement dit que « Ce n’est pas un délit de prôner le Djihad ». Je ne cherche certainement pas à le défendre, mais je veux tout de même penser qu’il ne faisait que constater que telle était notre législation, ce qui est d’ailleurs discutable car le Coran est clairement de l‘incitation à la haine, non pas raciale, mais des non-musulmans. Et si, par hasard, ce n’est pas délictuel, il est en situation de modifier la loi. Les divergences, à ce niveau 1, portent donc sur les réductions de peine, plus ou moins automatiques, et ce qu’on fait à la fin de la peine : remise en liberté en France, ou expulsion, après déchéance de la nationalité pour ce qui concerne les Français et les binationaux. Messieurs Hollande, Cazeneuve…. et Sarkozy ne sont pas pour la double peine, même si Sarkozy évolue un peu sous la pression des évènements. Je n’ai même pas besoin d’évoquer Madame Taubira !

Le niveau 2 est déjà nettement plus musclé.

Le niveau 3 est pratiquement indicible dans notre « Etat de droit ». En tout cas, je ne l’ai entendu expressément de personne. Or, s’il faut en passer par des juges, notamment dans le cadre de l’article 411-4, qui vise l’intelligence avec l’ennemi, je crains que les meilleures intentions ne restent inopérantes. J’imagine difficilement nos juges, pour la plupart gauchisants, condamner à 30 ans de détention et à une très lourde amende des gens qui auraient été en contact avec l’Etat islamique. Encore moins des individus simplement suspects de l’avoir été, par exemple après consultation des sites djihadistes. Et même des cours d’assises, avec leurs jurys populaires, ne seraient probablement pas assez raides. En outre, les possibilités de recours que permettent les procédures judiciaires et l’encombrement des tribunaux interdisent toute réaction rapide. Alors, peut-être des tribunaux militaires, dans le cadre de l’Etat de siège. On en est loin ! Je crains qu’il y faille quelques dizaines de milliers de morts de plus.

Quant à la « surveillance » des suspects, dont certains resteront, de toute façon, imprévisibles, je ne la crois pas capable d’empêcher le passage à l’acte. On vient d’en avoir une terrible preuve avec le bracelet électronique du criminel de Saint Etienne du Rouvray. Une filature physique permanente à laquelle les effectifs policiers ne suffiront jamais serait un peu meilleure, mais toujours insuffisante. Et la surveillance des communications, par téléphone ou E-mail, est illusoire. Elle aurait surtout pour effet de multiplier le nombre de fiches S, nonobstant les précautions que les djihadistes savent de plus en plus prendre.

Je pense donc qu’il faut utiliser les possibilités de l’article 23-7 du Code Civil, qui permet de déchoir de la nationalité, donc d’expulser, et en accompagnant cela de peines très dissuasives en cas de retour clandestin, les individus « qui se comportent comme le national d’un pays étranger ». A la limite, cela pourrait aussi concerner quelques footballeurs franco-algériens, ce qui n‘est peut-être pas nécessaire… Mais cette mesure a, me semble t’il, l’énorme avantage d’être à la discrétion de l’Exécutif. Il y a néanmoins un gros hic : c’est apparemment sous le contrôle du Conseil d’Etat, ce qui rend encore la procédure inopérante, sauf à se passer de son avis ou à le rendre consultatif. Ce qu’une simple loi peut faire.

Quand à la fermeture des frontières, que tout le monde prône, je ne crois absolument pas à son efficacité. Il est bon de prendre cette mesure à titre symbolique, mais elle est vaine. Il suffit, par exemple, de regarder la frontière entre la France et la Belgique. On peut, à la limite, surveiller les autoroutes, au prix d’un sérieux ralentissement du trafic. Mais quid du dédale de rues des multiples villages frontaliers, où la frontière n’est même plus indiquée ? Et ne parlons pas des anciens sentiers de contrebandiers en zone montagneuse. Ce qui est difficile n’est pas de franchir clandestinement une frontière, mais de vivre clandestinement dans un pays.

S’agissant des réactions publiques des politiques, je remarque, sans surprise, que la plupart des avocats entrés en politique, y compris Gilbert Collard et Nicolas Sarkozy, s’en tiennent au niveau 1, même si l‘attentat de Saint Etienne du Rouvray a durci un peu le discours de Sarkozy qui, depuis, parle d’enfermer les fichés S les plus dangereux.

Au niveau 2, on ne trouve déjà que peu de monde. Les principaux dirigeants du FN, me semble t’il. Et, dans la Droite traditionnelle, Fillon, Wauquiez, dont l’intervention la nuit du débat sur la prolongation de l’Etat d’urgence fut excellente, sans doute Myard et Mariani. En outre, Fillon élargit cette notion de suspects aux familles et aux proches, qui sont « ceux qui assistent muets à la dérive radicale de leurs proches et qui n’ont pas le réflexe de le signaler aux autorités » et qu‘il propose d‘expulser, au besoin après déchéance de la nationalité ( cf Valeurs Actuelles du 21 juillet ). Cette notion de proches me parait importante car elle responsabiliserait les familles, de même que les candidats terroristes, qui sauraient qu’ils exposent leur famille à l’expulsion et qui, s’ils sont expulsés, seraient privés d’un point de chute pour un retour clandestin. Marion Maréchal-Le Pen propose la dissolution de l’UOIF. Je ne sais pas si cela aurait des conséquences sur le passage à l’acte de ses affidés, mais, au moins, les maires collabos ( et ils sont nombreux, y compris chez LR ! ) ne pourraient plus subventionner cette obédience. Et les maires résistants auraient une bonne excuse pour ne pas financer du cultuel musulman sous prétexte qu’il est mâtiné de culturel.

Au niveau 3, l’atmosphère se raréfie encore. On n’y trouve, mezzo voce, semble t’il, que les Patriotes qui évoquent la « rétention administrative », procédure qui ne doit guère parler au grand public et que Cazeneuve estime inconstitutionnelle et contraire aux traités européens auxquels nous avons adhéré, ce qui est, encore une fois, très discutable.

Et pour me faire l’avocat du Diable, je dirais qu’il reste un niveau 4. Celui où on internerait ou expulserait tous les Musulmans. C’est ce que les Américains, pourtant gouvernés par un Démocrate, ont fait avec leurs concitoyens d’origine japonaise durant la deuxième guerre mondiale. J’imagine que c’est quelque chose dont la grande majorité des politiques ne veulent même pas entendre parler. Et pourtant, je ne crois pas à cette antienne d’une « Unité Nationale » incluant des gens dont le livre saint est le Coran, qui est un torrent d‘imprécations contre les infidèles et d‘appels délirants à les torturer, égorger, épiauter, brûler, etc… Mais je reconnais qu’un homme politique responsable ne saurait préconiser publiquement une mesure aussi générale sans se « griller ». D’ailleurs, si les imams dits radicaux avaient un peu de bon sens, ils feraient comme les prétendus modérés et prescriraient à leurs ouailles de se tenir tranquilles et de faire beaucoup d’enfants, qu’ils élèvent avec nos impôts et cotisations sociales. C’est sans doute le meilleur moyen d’aboutir, paisiblement, à ce Grand Remplacement conceptualisé par Renaud Camus, mais dont, déjà, le Général De Gaulle ne voulait pas, avec son célèbre refus de « Colombey les deux Mosquées ». On peut penser que la seule raison qui retient les radicaux est la crainte de voir leurs ouailles s’occidentaliser et se désislamiser. Vu la pression qu’exerce cette religion sur ses adeptes, le risque est pourtant faible !

Il s’agissait là de politique intérieure. Mais on doit faire le lien avec l’action, notamment militaire, de la France au Moyen-Orient. Il est de bon ton de dire qu’elle doit y accentuer son effort et y détruire Daesh. C’est une arme à double tranchant, les attentats que nous subissons étant, à l’évidence, en grande partie, des représailles en riposte à cette action qui, inéluctablement, a conduit à de multiples victimes civiles. J’entendais même récemment un « expert » orientaliste dire que, dans l’esprit des Musulmans du Levant, la France avait remplacé les USA comme « Grand Satan », depuis que Barak Obama avait eu des attentions pour l’Islam ( retrait d’Irak, visite à Al Azar, etc… ). Grand honneur dont nous nous serions bien passés ! La théorie officielle veut qu’il faut détruire l’EI pour éteindre son influence. Je crois que de tels succès peuvent au contraire exacerber le désir de vengeance des très nombreux apprentis djihadistes nés ou arrivés dernièrement en Europe et contribuer à faire migrer ses combattants ailleurs ( Lybie notamment ). Ceci plaiderait pour un retrait de la coalition. Mais cette décision serait peu honorable et donnerait l’impression que « le crime paie ». Je serais donc tenté de dire que cette intervention militaire était, au départ, une erreur. Mais, maintenant que nous sommes engagés, il faut la mener à bien, au moins en Syrie et en Irak, et avec des alliés déterminés ( Kurdes, Chiites iraniens, Russes, Bachar El Assad, entre autres ).

Espérons que l’ignoble attentat de Saint Etienne du Rouvray va booster les Français et les inciter à réclamer qu‘on adapte enfin sérieusement l‘Etat de droit à l’état de guerre. Quand au Haut Clergé, pape François inclus, il restera probablement, tel l’ineffable Mgr Lebrun, Archevêque de Rouen,  sur sa ligne traditionnelle : le masochisme bêlant et la pose oecuménique en compagnie de l’enfumeur en chef qu’est Dalil Boubakeur.

Eric BURNOUF

image_pdfimage_print

9 Commentaires

  1. au fait où sont passés les commentaires judicieux de l’auteur de ce livre (que chaque responsable de notre PATRIE devraient pour appliquer la défense de notre territoire : Le Lieutenant-Colonnel Jean-François Cerisier GUERRE A L OCCIDENT GUERRE EN OCCIDENT ni articles éclairants ni commentaires n’apparaissent plus ? paule di Malta

  2. “Mais on doit faire le lien avec l’action, notamment militaire, de la France au Moyen-Orient.” Plus qu’un lien, l’intervention militaire de la France au Moyen Orient est une monumentale erreur laquelle permet aux islamistes (à toute la communauté musulmane ?) non seulement de justifier leurs assassinats sur notre sol et j’irai plus loin, de les “orner” de légitime !
    Il y a tellement de travail à faire pour remettre de l’ordre dans notre pays et d’y faire régner la Démocratie, le Droit, la Justice, la Liberté d’opinion…à commencer par faire le ménage dans toute le classe politique. Il faut commencer par là !
    Les zones de non droit, la corruption, la mafia gouvernementale…ils ne le font pas, parce que leurs objectifs et intérêts ne se situent pas là.
    Ils disposent de tous les outils pour remettre la France debout et pourtant, ils continuent de la “monnayer” et de la vendre…à qui ? Leurs choix nous démontrent “le comment” et leur trahison pose la question “pourquoi”?

  3. Les 700 zones abandonnées au non droit -incubatrices de salopards- montrent que notre état de droit est mort, sacrifié sur l’autel du vivre ensemble. En regardant le film “la bataille d’Alger” pourtant tourné par un FLN, on se rend compte qu’une volonté d’éradiquer le terrorisme est productive. Bien sûr, la dentellière de Bauveau ou le caudillo Franco-espagnol sont trop obtus pour se rendre compte qu’ils sont dépassés.

  4. Il y a un temps pour les palabres, il y a un temps pour l’application de la M.R.T. ou MEDO pour les initiés. Puissions-nous espérer que le chef d’Etat-Major aux armées ait exprimé une idée de manoeuvre salvatrice pour la France, en attente du feu vert du Politique, si tant est qu’il le donne ? Dans l’hypothèse où le politique viendrait à refuser la décision opérationnelle du Commandement, le Politique et le Militaire devront chacun prendre leurs responsabilités : la fulgurance devant primer sur les calculs politiciens. Il en va de la survie de la France.

  5. On viendra nécessairement au niveau 3. Il suffit simplement d’attendre que le niveau des morts annuels nous y conduise inexorablement ( 500 ? 1000 ? ) : patience, on y va.

    • nos spéculations et analyses sont à la limite des faibles moyens d’investigation dont nous, citoyen lambda disposons, après recoupement des infos recueillies sur le “net”. A contrario, nos gouvernants disposent de moyens puissants dans le domaine du renseignement, des statistiques qui leur permettent de faire des simulations donc d’anticiper : “gouverner c’est prévoir”. Curieusement, rien de tout cela, bien au contraire, ce qui maintes et maintes fois a été constaté ici, avec pertinence, sur RL. Spéculer sur le niveau 3, au profit de l’attentisme, c’est aussi prendre le risque d’être confronté à une situation devenue incontrôlable et ainsi de perdre l’avantage qui nous reste.

  6. Bien sûr que cet engagement était une erreur ! De même qu’en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye … !
    Avait-on besoin de les libérer de leurs dictateurs ? Au nom de quoi ?
    Bien sûr qu’il faut gagner ces guerres ! Ou partir ! Maintenant que nous avons foutu le bordel partout, on se retire ou on gagne …
    Mais personne n’a la volonté réelle d’en venir à bout ! Ni de se retirer …
    Résultat : on les titille juste assez pour qu’ils aient envie de nous faire la peau, avec la rage au ventre et la vengeance à la bouche !
    Entre leurs hésitations et leurs trouilles, il faudrait savoir ce que veulent nos dirigeants, mais il est évident qu’ils nous entraînent vers une guerre intestine inéluctable.

Les commentaires sont fermés.