Anticipations littéraires du terrorisme, de Michel Arouimi

Anticipations littéraires du terrorisme (Rimbaud, Melville, Conrad, Tchekhov, Troyat, Kafka, Camus et Ramuz). L’originalité de cet ouvrage de Michel Arouimi, paru en 2018 chez Hermann (collection « Vertige de la langue », 256 p.) est de conjuguer deux axes : une analyse des causes profondes du terrorisme islamique, et celle de la valeur « poétique » des œuvres littéraires de grands auteurs occidentaux des XIXe et XXe siècles, qui ont eu l’intuition de ce phénomène. En lisant ces œuvres, Michel Arouimi suggère d’ailleurs une équivalence entre l’évolution de la civilisation occidentale, hostile aux racines spirituelles qui sont les siennes, et l’islamisme violent, dont pâtissent d’abord les musulmans.

L’attraction exercée par l’Afrique du nord sur Arthur Rimbaud n’aurait pas que des raisons mercantiles : les lettres écrites par le célèbre poète dans cet exil fatal contiennent des observations anthropologiques qui laissent imaginer la venue du terrorisme que nous connaissons. Dans une nouvelle peu connue d’Herman Melville, une référence à Gaza, dans une situation loufoque où les personnages emploient des explosifs, ne peut pas ne pas évoquer au lecteur moderne le conflit israélo-palestinien. Le roman de Conrad L’Agent secret (1907), avec une référence discrète au Moyen-Orient, se lit comme un reflet sidérant de notre actualité la plus sombre, avec le projet d’attentats dans des salles de spectacles, etc. Ce projet est celui d’anarchistes au passé douteux, vivant à Londres, mais l’aspect physique de leur chef préfigure celui des chefs du terrorisme islamique contemporain !

Kafka, notamment dans sa nouvelle Chacals et Arabes (1917), dont l’action se déroule dans une oasis, cerne le danger d’un drame ethnique, lié à un rituel religieux antéislamique, qui menace en fait tous les protagonistes, y compris le narrateur venu du nord… Cette intuition se renforce dans la nouvelle Le Renégat d’Albert Camus ; un prêtre défroqué, subjugué par la religion de ses tortionnaires sahariens (un culte barbare, antéislamique ?) résume ainsi le projet de ces derniers : « Ils passeront les mers, rempliront la lumière d’Europe de leurs voiles noirs,[frapperont] au ventre, sèmeront leur sel sur le continent », etc.

M. Arouimi, qui souligne les points de contact et les influences entre ces auteurs, propose une lecture de La Steppe de Tchekhov et de son prolongement dans un roman d’Henri Troyat (1949), qui ajoute à cette steppe le thème musulman. Comme chez les auteurs cités plus haut, le rapport des prédateurs et de leurs victimes est à double sens. L’enjeu psychanalytique de cette ambiguïté est moins remarquable que la leçon, tirée par M. Arouimi de ces lectures, sur la proximité méconnue de l’Occident et du Moyen-Orient, qui se rejoignent dans leur mauvaise compréhension du mythe d’Abraham, fondateur pour ces deux cultures.

Le dernier chapitre de l’ouvrage est justement réservé aux altérations de ce mythe biblique dans le Coran. Rendu confus dans le Coran, le projet du sacrifice d’Abraham joue-t-il un rôle dans la psyché des terroristes contemporains ? Le Coran, dont l’inspiration n’est pas si uniforme, recèle pourtant de lumineuses sourates, qui seraient les garde-fous un peu oubliés de ce danger.

Simon Vernier, retraité de l’éducation nationale

image_pdfimage_print

8 Commentaires

  1. Assez de ces évêques de l’enseignement confessionnel qui palabrent sur le sexe des démons islamistes, alors que l’ennemi est devant la porte, prêt à les égorger!
    Nous avons déjà Macron qui passe ses journées à pérorer… et le chômage augmente; la vie est de plus en plus dure, les pensions de plus en plus basses, l’insécurité s’accroit, la laïcité se meurt.
    Les philosophes et assimilés passent leur temps à interpréter les écrits de leurs prédécesseurs, alors qu’il s’agit de CHANGER le monde.

  2. bof, ça concerne les intellectuels qui ont du temps à perdre, le terrorisme le plus dévastateur que nous constatons aujourd’hui c’est bien le terrorisme d’Etat qui consiste à génocider les FDS, un Etat dominé par des immigrés haineux et destructeur

  3. Pour les “lumineuses sourates”, je suis comme macron avec la culture française je les ai jamais vues…

    • Il a à bien celle qui dit “pas de contrainte en religion, mais je ne sais même plus si c’est dans une sourate ou les hadiths, et ce n’est jamais mi en application.

      • Il s’agit de la sourate 2, verset 256, qui fut abrogé plus tard, bien entendu, comme tous ceux qui font un peu preuve d’humanité.
        (Et je n’y vois rien de lumineux…)

Les commentaires sont fermés.