Après Katmandou et le Larzac, Notre-Dame-des-Landes…

Le mythe ressurgit éternellement. Il est rare que chaque époque n’ait pas eu le sien. L’Atlantide, le Paradis terrestre, l’Eldorado, les phalanstères de Fourier,  Katmandou, le Larzac, aujourd’hui Notre Dame des Landes, dernière Utopie en date.

Car il est de plus en plus évident que parmi les occupants de la ZAD de Notre Dame des Landes, certains n’ont pas l’intention de lever le camp. Déjà, de hautes et incontestées figures d’autorité, telles Esther Benbassa, Delphine Batho, José Bové,  annoncent la suite du programme. Il serait normal, disent-ils en substance, que les Zadistes qui ont obtenu une telle victoire – et sans même avoir livré bataille, pourrait-on ajouter – aient le droit de rester sur ces terres. Madame Benbassa et consort redéfinit le droit à la propriété. D’autant plus, surenchérissent-ils, que certains ont des projets pour de nouveaux types de société. La Zad, comme terrain d’expérimentation sociétale. Aussitôt le projet d’aéroport abandonné, voilà ce que l’on essaie immédiatement de nous vendre. Le coup était préparé.

Et bien joué, d’ailleurs. Il n’est pas exclu que cela ne marche pas.

L’utopie, la recherche de la société idéale, est toujours un petit peu ancrée en nos sociétés occidentales : le retour à la Nature, le refus de l’autorité et des contraintes, la remise en question de la notion même de civilisation.

Lançons-nous une nouvelle fois dans la politique de la table rase et la création d’un ordre nouveau et forcément meilleur. Absence d’instances supérieures : Etat, Police (partout, justice nulle part). Plus d’écoles sinon des Freynet. Arrêt des inventions techniques. Retour à la terre avec des moyens manuels.  Plus d’argent. Retour au troc et à l’état sauvage cher à Montaigne et à Michel Tournier. Le Belge Gérard Blitz était bien dans cet esprit-là et dans celui de l’époque, quand il crée les Club Méditerranée, ses tentes Trigano, son tutoiement obligatoire, sa liberté sexuelle, ses colliers de coquillage en guise de porte-monnaie.

Il est inutile de faire valoir, faits historiques à l’appui, qu’aucune tentative de même nature n’a jamais tenu bien longtemps à l’épreuve des faits et de la durée, y compris le Club Med des origines. Les dates, les chiffres, les documents, les témoignages, ne peuvent rien contre l’idéologie.

On voit donc déjà des revendications de genre anarcho-libertaires  qui, au nom du refus de la propriété et du capitalisme, réclameront le droit de s’approprier des terrains au mépris du droit et de la Constitution. Et des gogos pour les croire.

Inutile de leur rappeler le principe de Proudhon : la propriété c’est le vol, ou le texte fondateur de Rousseau : le premier qui, ayant enclos un terrain et s’avisa de dire: ceci est à moi et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, que de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs, n’eût point épargné au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables, Gardez-vous d’écouter cet imposteur. La contradiction entre leurs actes et les principes auxquels ils se réfèrent n’a pas l’air de les gêner.

Le gouvernement osera-t-il arracher les pieux ou combler le fossé ?

Qu’il soit permis de douter. Car quoi qu’on pense du projet d’aéroport de NDDL  l’attitude du gouvernement est autre, ni plus ni moins qu’une reculade. Appliquer la trêve hivernale à des huttes installées illégalement ne peut être une décision à prendre au sérieux. Attendre plus d’une semaine pour qu’une route départementale soit libérée, non plus.

On veut éviter à tout prix un autre Rémi Fraysse. En quoi ce risque sera-t-il moindre au printemps ?

Avec le risque que d’autres Black Bloc, No Border et autres, flairant la bonne affaire,  ne viennent se greffer au noyau déjà existant et ne revendiquent le droit à participer à la création de la nouvelle société idéale.

Avec la génération : j’ai le droit, justement décrite et analysée dans le dernier ouvrage du même titre de Barbara Lefebvre, on peut s’y attendre. Cette génération n’étant que le résultat d’une succession de générations démissionnaires et dépassées.

Ainsi nous a avertis Platon dans la République, dans un passage que tout le monde connaît et qui nous montre que l’Histoire se répète:

Lorsque les Pères s’habituent à laisser faire les enfants

Lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles

Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter,

Lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne,

Alors c’est là en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie.

Florence Labbé

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13 Commentaires

  1. un fait que les medias ignorent;;;plus de 50 villes ont invente des monnaies locales alors que ces memes personnes ont vote contre le FN,qui voulait supprimer l’euro….amusant !

  2. On nous raconte que la fin du Jardin d’Eden fut le fait d’une Femme et d’un Serpent !
    Adam ? Resté célèbre par sa Pomme ! Pas digérée ! Objet du conflit…
    Nous voilà revenus à la Création du Monde !
    La Pomme islamo/écologiste séduit le Monde entier…
    Dieu Jupiter chassera-t-il les bouffeurs de Pommes de NDDL ?
    Métaphore Biblique…

  3. Voila le moyen de s’approprier des terres qui ne vous appartiennent pas . Elle est pas belle la vie vivre avec des subventions pour foutre la merde .

  4. Comme pour le Larzac , ces zadistes sont en définitive des voleurs et nos gouvernants sans co….vont leur laisser l’usufruit de terrains vendus pour un aéroport qui ne se fera pas, où comment voler les paysans avec bonne conscience ! Avec un bail à 99 ans pour l’euros symbolique ces voleurs de terre vont pouvoir faire leur vie ! Au Larzac les anciens “zadistes” ne sont plus très nombreux, mais fut une époque où nombre d’entre eux autoproclamés paysans (mais qui n’avaient que quelques mètres carrés de terre, une technique pour emmer….l’adlministration) percevaient des aides du ministère de l’agriculture (au grand scandale des vrais paysans expropriés, eux !)

    • Nous rejoignons là les mêmes problèmes des ” sin tierra” ( les sans terre) du Brésil, Venezuela, Argentine et tant d’autres. Les terrains (propriété privée ou de l’état) sont bons à prendre. Et devant le fait accompli, c’est à dire 4 planche et deux tôles, les gouvernements reculent. Ainsi se construisent les favelas, les zones de non droit et les potagers de cannabis.
      Y a t il un COUILLU dans le pays ?????? Pour redresser la barre et mettre le tord nez à ces bandes de pouilleux ?. C’est plus facile de claquer des millions pour poser de panneaux 80 km/h et capturer des gens qui bossent que de risquer un incident.
      Quelqu’un a t il vu les couilles de G. Côlon ??

  5. On interrogeait un zadiste :
    Toi tu es pour le partage ?
    Absolûment !
    Si tu as deux maisons tu en donnes une au peuple ?
    Naturellement !
    Si tu as deux voitures,tu en donnes une au peuple ?
    Sans aucun doute !
    Si tu as deux poules,tu en donnes une au peuple ?
    Ben …non,parce-que les poules je les ai .
    L’histoire originale s’appliquait à un coco…mais c’est pareil.

    • Excellent , Jill !
      Bien mieux que ne le ferait une foultitude d’ analyses politiques savantes , votre petite anecdote résume la VRAIE nature du socialisme ; car on oublie parfois que le socialisme est fait avant tout par …. des socialistes .

  6. La Légion pourrait peut-être rappeler à ces pouilleux ce qu’est le droit de propriété .
    C’est simple,on déploit un régiment en tirailleurs avec des chiens aux avant postes ,on avance,en ratissant tout ce qui se présente et en traitant au lance-flamme leurs baraques .Quand ils sont tous hors zone,on sécurise pour les empêcher de revenir.
    Oui,mais pour commander une telle opé il faut en avoir une sacrée paire ;et c’est précisément ce qui manque le plus à ceux censés nous gouverner .Les zadistes sont là,et pour longtemps …en fait,tant qu’ils le voudront .

  7. Une société où il n’y a pas de droit de propriété ne peut pas se développer valablement.Ceux qui sont prêts à tout partager ( travail, sexe, argent, enfants…) ne sont que 1% des gens. Pour les autres, ils veulent récolter ce qu’ils ont semé et ne sont pas dans l’utopie égalitaire.Le problème est que cette minorité n’est souvent même pas capable d’acheter des terrains: il est plus facile de les voler! Si tout le monde faisait comme eux on reviendrait à la barbarie et à la criminalité quotidienne.

  8. Dans leurs beaux raisonnements sur la notion de propriété , Proudhon et Rousseau font l’ impasse sur un aspect pourtant essentiel de la question : il ont oublié de préciser que ” l’ imposteur ” qui avait enclos le terrain en déclarant ” ceci est à moi ” , était également celui qui l’ avait cultivé , mis en valeur , pour sa famille , lui-même et ses troupeaux .
    Déjà , depuis la plus haute antiquité , les besogneux étaient confrontés à des individus qui aimaient récolter là où ils n’ avaient point semé et ils étaient contraints d’ enclore leurs biens pour que des ” zadistes ” avant la lettre ne viennent pas les spolier .
    Ces feignasses ont fait des petits . On les retrouve aujourd’ hui chez Mélenchon , ce qui reste du PS et toute la racaille d’ extrême gauche …. zadistes compris !

    • Les ” besogneux ” ont été appelés colonialistes,en Algérie et ailleurs …Les feignasses sont toujours les mêmes.

      • Sauf qu’au moment de la colonisation de ce qui allait devenir l’Algérie on ne peut pas dire que les terres (bien souvent insalubres) avaient été mises en valeur ! Sans les colons que serait ce pays aujourd’hui qui à notre départ était exportateurs de denrées agricoles et qui aujourd’hui les importe ?

        • Mon commentaire se réfère à ce qui s’ est passé à l’ aube de l’ humanité , lorsque les civilisations sont nées .
          Votre façon de ramener mon propos à ce qui s’ est passé en Algérie est pour le moins …. réducteur . Il faut parfois s’ élever pour comprendre .

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