Après “Le djihad judiciaire”, bientôt “Esprit de France”

Nous avons eu le plaisir de croiser la route de Gérard Boyadjian. L’occasion de lui demander de ses nouvelles…

Riposte Laïque : Vous êtes acteur et réalisateur, mais vous vous faites rare ces derniers temps. Que devenez-vous ?

Gérard Boyadjian : Depuis que je suis devenu papa, j’ai pris ce temps intime nécessaire à la réalisation d’œuvres qui tournent autour de ma fille. Filmer “ses premiers pas, ses premiers regards, ses premiers émerveillements”. J’ai en définitive consacré une année entière à fabriquer une série de 12 épisodes constituant les 12 premiers mois de son existence. Cela m’a bien évidemment éloigné et accaparé. Un cheminement intérieur et essentiel dans mon parcours personnel. Voilà la liste ci dessous.

Riposte Laïque : Vous avez donc été absent de France durant plusieurs mois. Quel a été votre premier sentiment quand vous avez de nouveau posé le pied dans notre pays ?

Gérard Boyadjian : En effet, je passe plusieurs mois par an au Mexique, pays de mon épouse. Le retour en France s’avère toujours une épreuve pour moi. C’est même devenu, au fil des ans, “un crève-cœur”. L’état déplorable du pays, à tous les niveaux, m’assomme et m’attriste. J’ai mal à ma France, comme disent certains. Évidemment, je suis de ceux qui sont intimement persuadés que nous sombrons. Économiquement, socialement, historiquement, philosophiquement… Et je suis intimement convaincu que nous n’avons pas encore touché le fond. Que le plus dur reste à venir. Que le déclassement et le déclin sont des indices qui ne mentent pas. Revenir en France me procure d’une part cette joie de revenir chez moi et retrouver ma famille, mais d’autre part la tristesse indicible d’observer comment ce “chez moi” est devenu un bidonville laid, sale et violent. Revenir en France est une douleur intérieure parce que la terre de mon enfance est devenue méconnaissable.

Riposte Laïque : Dans un milieu ravagé par l’opportunisme et le politiquement correct, voyez-vous des raisons d’espérer dans le cinéma français, des œuvres nouvelles intéressantes, des artistes nouveaux intéressants ?

Gérard Boyadjian : C’est une question qui m’est souvent posée. J’y réponds de différentes manières. Avec divers angles et approches. En ce qui me concerne, l’âge d’or du Cinéma français est terminé. Pour plusieurs raisons et nombreux facteurs. Fini les “Louis Malle, Truffaut, Pialat, Sautet, Miller, etc.”. Ce n’est pas tant une question d’acteurs ou de réalisateurs mais d’époque. Le Cinéma français me semble être devenu une pâle copie de ce que les États-Unis produisent en masse, “des œuvres/produits de divertissements et d’actions”. Il y aura parfois quelques exceptions mais dans l’ensemble, rien ne pourra nous ramener vers les années d’excellence et d’apogée cinématographique (60 et 70).

Il ne faut d’ailleurs pas limiter mon propos au cinéma. Nous vivons une époque de conformisme, de médiocrité, de décadence, d’effondrement intellectuel qui engendre l’anéantissement de l’esprit critique… Dans un tel environnement, il devient très compliqué de pouvoir voir jaillir et surgir un contre-courant artistique brillant, raffiné et exigeant. À vrai dire, je ne suis ni optimiste, ni pessimiste. Je reste cet être contemplatif au regard acéré, qui dépeint et décrit la situation qu’il traverse. L’avenir dira... 

Riposte Laïque : Comment réagissez-vous quand, ce dimanche, à Limoges, cinquante manifestants se rassemblement devant l’Opéra, et protestent parce que la chef d’orchestre, Béatrice Venezi, serait fasciste, puisque proche de Giorgia Meloni ?

Gérard Boyadjian : Je n’ai pas eu fait de cette nouvelle. Mais j’avoue ne pas être surpris. Il fut un temps où on qualifiait de fascistes ceux qui prônaient la censure, aujourd’hui c’est l’inverse. C’est ceux qui cassent, fracassent, harcèlent, musèlent et censurent… qui désormais s’intronisent anti-fascistes. C’est l’État français qui censure Russia Today et Sputnik mais qui parallèlement accuse les autres de “fascistes”. Oui, nous vivons une époque d’inversion des valeurs absolue. Pasolini l’avait déjà brillamment exprimé, il y a plus de 45 ans. Œuvrant et luttant pour une liberté d’expression pleine et entière, j’ai exposé et aborde justement dans mon prochain documentaire “Esprit de France” ce que l’autoritarisme d’État permet en termes de répression des avis divergents, des opposants politiques, des contrevenants intellectuels…

Riposte Laïque : Un commentaire sur la dernière provocation de Médine, encourageant son public à taper sur des effigies de deux élues du Rassemblement national ?

Gérard Boyadjian : J’avoue ne pas avoir grand-chose à dire sur “le Médine”. Ce qui m’amuse (et m’accable aussi), c’est de constater, en permanence, que ces pseudo-artistes qui s’imaginent puissants, corrosifs, dérangeants, anti-système sont complètement alignés avec le pouvoir en place et l’agenda politique en cours. D’où les subventions dont ils bénéficient. Ils prétendent toujours exercer leur liberté d’expression “d’artistes” (le fameux “nik ta mère, nik la police, j’te baise sale p…”), mais que dès qu’ils subissent l’ironie et les foudres d’un artiste capable de leur dire droit dans les yeux : “Retourne sur ton chameau, dans ton désert… Et n’oublie pas d’emporter tes babouches de bédouin avec le sac poubelle qui te sert de femme, en sortant”, soudainement ils chialent et miaulent auprès des institutions, s’estimant victimes de racisme. À l’instar de beaucoup d’autres, Médine n’est qu’une conséquence logique (mais tragique) de notre effondrement.

Riposte Laïque : Avez-vous des projets en cours, et si oui, lesquels ?

Gérard Boyadjian : Évidemment ! J’ai toujours des projets en cours. Des créations qui portent sur des thématiques autres que la controverse nationale, le combat politique, la bataille patriotique. Des films qui parlent de la nostalgie, la transmission, des anciens qui nous quittent…

Des œuvres qui ont pour vocation de graver le beau, sculpter la grâce et immortaliser la vie.

Néanmoins aujourd’hui, j’inaugure un documentaire inédit de 1 h 45 min, “ESPRIT DE FRANCE”.

Trois ans après le “Djihad Judiciaire”, je présente une œuvre dense, étayée et tragique sur l’état de la France. Un état des lieux terrible. Un inventaire féroce. Avec un spectre large, je ratisse tous les sujets qui subissent une censure et une répression d’État systémiques. Une œuvre qui décortique les entrailles d’un Régime en perdition. Qui expose la nature du Régime politique. Comment nous avons glissé d’un Régime dit démocratique vers un Régime autoritaire. Avec tout ce que cela implique. Ce documentaire sortira fin mai 2023.

Teaser : “Esprit de France” teaser – Soutenez ce projet – YouTube . C’est un travail colossal et j’invite tous mes compatriotes à le soutenir financièrement et à le partager massivement : Cagnotte : Esprit de France – Leetchi.com

Riposte Laïque : Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

Gérard Boyadjian : D’une part, vous remercier de m’offrir cette tribune. Remercier Pierre Cassen pour son combat en faveur de la liberté d’expression. D’autre part, remercier mes compatriotes qui souffrent et dont je suis solidaire. Ce documentaire que l’État – accompagné de ses leviers institutionnels à la botte – fera tout pour museler, censurer ou condamner, est aussi pour eux.

Je ne sais plus qui disait que les systèmes vérolés tiennent toujours plus longtemps que ce qu’on voudrait mais qu’ils s’effondrent beaucoup plus vite que ce qu’on imaginait.

Et de conclure en rappelant cette pensée que Louis Ferdinand Céline exposait :

Si vous ne mettez pas votre peau sur la table, vous n’avez rien”

Propos recueillis par Pierre Cassen

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2 Commentaires

  1. J’me disais aussi qu’il manquait qlq’un sur Riposte Laïque, qlq’un dont j’avais vu ma première vidéo (le chameau, je crois) !
    Merci à vous, Gérard !

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