Après un long silence, bouleversant discours d’Oskar Freysinger

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Allocution lors de l’assemblée générale de l’UDC Valais romand à Troistorrents le 24. 11. 2017

Chers amis,

Le pain d’hier est rassis.

Le pain de demain n’est pas cuit.

Profitons donc du pain d’aujourd’hui.

Car le pain d’aujourd’hui doit être mangé frais. C’est l’instant présent vécu intensément, c’est la vie palpitante qui ne peut pas être différée ou conservée pour plus tard. C’est le seul capital dont la dépense nous enrichit.

Je ne reviendrai donc pas sur le pain rassis d’hier si ce n’est pour vous remercier du soutien indéfectible que vous avez toujours porté, non seulement à ma personne ou à l’UDC, mais aux principes et aux valeurs qui sont au cœur du combat que nous incarnons : La souveraineté, l’indépendance, la neutralité armée, la responsabilité individuelle, les droits populaires, l’identité et la liberté.

Notre parti ne se bat pas pour placer des pions sur des cases ou des piédestaux au prix de l’abandon de ses idéaux. Notre parti n’est pas non plus une fin en soi mais uniquement un moyen pour faire triompher une certaine idée de la gouvernance et du vivre ensemble.

Que sont les honneurs, les prébendes et le copinage d’autre qu’une douce drogue qui endort le sens critique, émousse la volonté de se battre et noie la soif de liberté dans le confort ? Les petites compromissions quotidiennes et l’avachissement par l’habitude nous amènent insidieusement à trahir nos idéaux et dessèchent notre âme avant la mort.

Vous qui êtes ici rassemblés et qui prouvez par ce fait votre courage et votre attachement aux fondements de notre civilisation, vous qui formez, dans votre chair et votre esprit, le lien entre ce qui fut et ce qui sera, vous qui n’avez pas abandonné vos idéaux et refusez d’abdiquer devant le brave nouveau monde qui se met en place, vous exprimez ainsi votre soif de vivre, l’intensité de la flamme qui brûle en vous, votre désir de vérité.

Je m’incline devant vous, devant votre détermination, votre sens du sacrifice, votre honnêteté intellectuelle et morale.

Dans une société qui érige l’absurde en absolu, transforme le néant en dogme et frappe du sceau de l’infamie toute opinion divergente, vous osez rester debout pour brandir l’étendard de la liberté et de la dignité individuelle.

Si vous êtes là, ce soir, si vous m’avez suivi et soutenu pendant ces longues années de combat, c’est que vous refusez de plier l’échine devant la tiédeur, le relativisme, la lâcheté et la veulerie qui se répandent dans notre société et mettent en péril notre culture plurimillénaire.

Je m’incline devant vous chers amis, car en risquant d’être les derniers chrétiens dans un monde vidé de sens vous méritez le même respect que les premiers chrétiens dans les catacombes.

Un monde est en voie de disparition et personne autour de nous ne s’en émeut.

La civilisation la plus extraordinaire que la terre ait connu est en train de se suicider et personne ne songe à lui porter secours. L’Occident, à force de nier son héritage spirituel et à vendre son âme pour quelques deniers risque de céder la place à une barbarie dont nous commençons seulement à entrevoir la férocité.

Et que font les décideurs ? Ils nous disent que tout va bien, madame la marquise, que le gouffre béant vers lequel nous fonçons n’est qu’un mirage, que la planète est en de bonnes mains si nous laissons les apprentis sorciers accomplir leurs miracles.

Dans ce contexte, il est de notre devoir de donner l’alerte, de résister, de défendre la dimension spirituelle qui donne un sens à notre vie. Ne serait-ce que pour le principe, au risque de sombrer la tête haute au nom de la dignité, nous n’avons pas le droit de nous laisser gagner par le découragement et la morosité.

« La garde meurt, mais ne se rend pas » !

Chers amis, c’est lorsque tout est sombre qu’apparaît dans le ciel la clarté des étoiles. C’est depuis le fond du gouffre que l’on voit vraiment le ciel, non pas depuis la cime où notre regard est irrésistiblement attiré par le vide sous nos pieds.

L’UDC Valais qui fut un bébé rachitique en 1999 s’est transformée avec les années en adolescent turbulent, puis en adulte responsable. Notre mouvement a plus que jamais toutes les cartes en mains pour réussir son pari fou, celui qui consiste à nager contre le courant pour remonter à la source de toute chose, pour redonner un sens à notre pays, notre combat et notre existence.

Ne croyez pas les marchands de faux espoirs lorsqu’ils vous promettent un monde libre de toute contrainte, de toute frontière, un monde d’immédiateté, de jouissance continue, sans entraves, un monde de liberté totale. Ces promesses ne nourrissent que les imbéciles et se contentent de polir le parquet de la superficialité. Si ce paradis ressemble un tant soit peu à l’Union Européenne, je préfère d’ailleurs rôtir en enfer.

Observez bien les signes avant-coureurs d’un totalitarisme nouveau qui porte le masque du progrès, du bien, de la tolérance et de l’ouverture :

En abolissant l’argent physique, en généralisant l’usage des puces sous-cutanées et des nanoparticules, en globalisant et en formatant les esprits dès la jeunesse, en abêtissant les foules par un matraquage médiatique orchestré, en cherchant à censurer l’internet, en détruisant les différences au nom de l’égalité et les identités au nom de l’ouverture on détruit la diversité, on réduit le choix et par là-même la liberté. En Italie, les gens ne disposent déjà plus du libre accès à leur propre compte en banque au-delà de quelques centaines d’euros. Actuellement, la législation européenne est adaptée afin que les banques puissent confisquer l’argent des épargnants lors de la prochaine crise financière, car les états, surendettés et en faillite technique aujourd’hui déjà, en seront incapables. Tout est fait pour transformer le citoyen en numéro, en nomade du travail dépendant du système et corvéable à souhait.

Nos dirigeants voudraient tant rejoindre l’Union Européenne, ce projet totalitaire, bureaucratique, sans légitimité populaire, afin de ne plus avoir à s’excuser d’être Suisses. C’est comme si le fait d’être indépendants était une tare, comme si la démocratie directe était une maladie honteuse, comme s’il était égoïste de ne pas vouloir monter dans le train qui mène au goulag.

Or, lorsqu’on s’aperçoit que ceux qui prônent cette voie ont des intérêts particuliers évidents à défendre, qu’ils sont achetés par des groupes financiers globalisés de plus en plus puissants, on est en droit de se méfier.

Chers amis, si nous sommes fiers d’être Suisses et défendons cette exception politique avec toute notre âme, c’est que notre pays n’est pas seulement une expérience réussie, mais un moule pour esquisser un monde de demain plus juste et plus respectueux de la dignité humaine. Détruire ce moule serait une catastrophe planétaire, car il viendrait alors à manquer la seule application réelle d’une gouvernance pacifique, constructive et respectueuse de tous les partenaires impliqués.

Ces prochaines années risquent d’être aussi féroces que déterminantes pour ce que sera la vie sur terre, autant au niveau global qu’au niveau individuel. Des forces puissantes disposant de moyens financiers et militaires illimités sont en train de se mettre en mouvement. Si nous abdiquons dans nos cœurs avant le combat déjà, ils prendront le contrôle de nos vies sans coup férir.

Chers amis, quels que soient les aléas de la vie, que ce soit dans la déception de la défaite ou la joie de la victoire, dites-vous que l’essentiel est ailleurs, qu’il est en vous et qu’il vous dépasse pourtant infiniment. C’est une étincelle qui brille dans vos yeux et vos cœurs et dont rien ni personne ne peut se rendre maître. Pas même vous-mêmes. C’est cette force qui anima Socrate et Jésus-Christ, qui donna son courage à Galilée, son inspiration à Goethe, c’est elle qui souffla leurs plus belles mélodies à Mozart et Beethoven. C’est elle qui nous élève et nous grandit. Cette force, c’est votre être profond, c’est votre vrai « moi » et elle vous relie à l’infini. En trahissant son âme, notre société a abandonné l’espoir. En abandonnant l’espoir et la foi, elle a réduit la vie à sa simple matérialité. En réduisant la vie à sa matérialité, elle l’a ancrée définitivement dans le domaine spectral de la mort. Voilà pourquoi le progressisme promeut des formes de sexualité stériles, l’avortement, l’euthanasie et la libre distribution des drogues. Être moderne ne signifie rien d’autre que de puer le cadavre.

En défendant notre pays, nos traditions, notre culture, en chérissant la mémoire de nos ancêtres, en défendant notre libre arbitre sur la terre saturée du sang, des larmes et de la sueur de générations d’hommes et de femmes qui ont cru et espéré avant nous, nous nous inscrivons dans un mouvement qui nous élève et qui donne un sens absolu à l’existence de l’homme sur terre.

Chers amis, nous ne sommes pas le fruit du hasard, mais le fruit du destin. Nos vies et notre pays s’inscrivent dans une destinée qui nous dépasse. Nous ne pouvons bien sûr pas sauver le monde, mais nous pouvons poser des actes individuels comme des petites pierres dans la grande mosaïque de l’univers. Il est ainsi de notre devoir de refuser l’accord-cadre avec l’Union européenne qui signifie la fin de la démocratie directe, de refuser la prise en otage de l’opinion publique par la télévision d’État en votant oui à « no billag », de nous battre contre les directives Schengen dont le seul but est de désarmer le citoyen honnête pour qu’il ne puisse se défendre lorsqu’on lui prendra tout.

Je ne suis venu ce soir que pour lancer un appel à la lutte, au combat. C’est la dernière qui sonne, chers amis, alors rassemblons nos énergies et surtout restons unis dans la phase de troubles et de chaos qui nous attend. Comptons sur nous-mêmes, sur nos propres forces, faisons ressurgir en nous l’esprit de nos ancêtres et triomphons de la peur et de l’abattement, car c’est de notre détermination que dépendra le sort de nos enfants et de nos petits-enfants.

Chers amis, je suis fier de ce que nous avons accompli ensemble et curieux de ce que nous allons encore accomplir. Les formes changent, l’esprit reste, immuable et infini et guide nos pas vers la vérité.

 

Oskar Freysinger

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