Oyez, braves Français, dormez en paix : la loi de 1905 sur la laïcité serait une vieille radoteuse mal fagotée qui mérite d’être euthanasiée.
Cela se passait samedi 14 décembre. Un colloque, dans une salle de l’Assemblée nationale, sur la laïcité en Azerbaïdjan, organisé par l’IDEM – Institut de découverte et d’étude du monde musulman.
Deux tables rondes, une soixantaine de participants – intervenants compris – et une magistrale leçon de laïcité… ou de duplicité ?
N’y a-t-on pas appris que, fort de ses huit millions d’habitants, l’Azerbaïdjan est à 95 pour cent musulman mais très respectueux des autres religions ? Ne compte-t-il pas treize églises chrétiennes et sept synagogues ? Le drapeau d’Israël ne flotte-t-il pas au sommet d’un immeuble, au centre de Bakou, sans que personne trouve à y redire, et sans policier ni garde pour prévenir toute action malfaisante ?
Certes, la France aurait quelques leçons à tirer de ce pays des merveilles où Alice et ses compagnes ont obtenu le droit de vote dès 1918.
S’ensuit la diffusion d’un film montrant la destruction systématique des lieux de culte au temps de l’URSS, et leur miraculeuse reconstruction – s’agissant majoritairement de mosquées – grâce à l’aide d’Allah, dûment représenté par les wahabbites d’Arabie Saoudite, et leurs indéfinissables et peu fréquentables voisins du Qatar – dixit la voix d’un participant – et commentateur, grand connaisseur de la région. Le fim n’ayant soufflé mot de ces financements, les « animateurs » de ce colloque ont répondu comme il se fait souvent dans ces lieux où règne une certaine démocratie : ils ont botté en touche. Tout cela mêlé de belles images d’églises et de synagogues où se pressent les fidèles. Que la paix soit !
Retour à la réalité : qui peut nier que l’Azerbaïdjan est menacé par le wahabbisme, « cancer de l’islam », comme s’est plu à le qualifier Tareq Oubrou, recteur de la Grande mosquée de Bordeaux, lors d’une courte intervention ?
Surtout, ne soyons pas inquiets, tout cela n’est rien ! La laïcité en Azerbaïdjan est la plus belle, la plus aboutie qui soit, la plus parfaite à ce jour. Un exemple à suivre. C’est Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la Laïcité, qui nous met en garde contre notre vision rétrograde et restrictive de la laïcité à la française. Et de nous montrer ainsi la voie de la raison.
Pourquoi pas ? A ce bémol près que la laïcité à la mode azerbhi est parfaitement communautariste. Tout ce que la France déteste – ou détestait jusqu’à ces dernières années.
A preuve certaine grande ville entièrement juive, comme nous le déclare un orateur enthousiasmé, et d’ajouter « et tout se passe si bien ». Au fait, cela ne s’appelle-t-il pas un ghetto ?
Et ce même orateur, membre du bureau exécutif du CRIF, de nous vanter les mariages mixtes entre musulmans et juifs.
Interrogé sur cet épineux sujet du mariage inter-religieux, Tareq Oubrou, grand gourou de l’islam à la française, précise que cette mixité, chez les musulmans, est réservée exclusivement aux hommes.
Quid de la femme musulmane ? Même dans ce pays laïc dont on nous vante l’extraordinaire modernité et le savoir-vivre ensemble, tout reste à faire : elle épousera un musulman et, comme l’a souligné Tareq Oubrou, il y va de l’avenir des enfants, et de leur éducation religieuse, qui ne saurait être que musulmane.
Comment se contenter d’une laïcité qui ignore le libre-arbitre, la conviction personnelle, la liberté de penser et d’agir ?
Lueur d’espoir : une voix off est venue murmurer à l’oreille d’une participante-intervenante que Tareq Oubrou ne savait pas de quoi il parle : née musulmane en Azerbaïdjan, elle a épousé un Alsacien. Ouf ! Nous voilà rassurés.
N’aurait-on pas essayé, à quelques jours des festivités de Noël, de nous vendre une sorte de laïcité inclusive pour nous habituer à l’idée que l’islam sera très bientôt la religion dominante en France ? Tout cela est-il le fruit du hasard ou s’inscrit-il dans le prolongement de ce fameux rapport sur l’intégration qui défraie la chronique et selon lequel il faudrait – mais ce n’est pas le pire – revenir sur l’interdiction du voile à l’école ? Accepter, en quelque sorte, que chaque communauté ait droit à son mode de vie, et renoncer une fois pour toutes à l’intégration et à l’assimilation dans la nation française ?
Le paquet-cadeau était plutôt bien ficelé, et les délicieux petits fours salés-sucrés du buffet auront pu contribuer à convaincre certains que là est la voie de la nouvelle France.
Merci à Thierry Mariani, président du Groupe d’amitié France-Azerbaïdjan, et à Jean-Louis Bianco, président d’un Observatoire de la laïcité qui a remplacé – fort inutilement – le défunt Haut Commissariat à l’intégration : vous confortez les Français dans leur conviction que vous êtes payés à ne rien dire ou, peut-être, à vendre notre pays et son âme au plus offrant.
Eve Sauvagère