Et si la présidente du grand parti d'opposition dissolvait son parti ?
Il est toujours de bon ton de s’en prendre à la perfide Albion. Certes, ces gens ne sont pas toujours exemplaires, ils eurent eux aussi assez souvent recours à la traîtrise, et la façon dont ils traitent actuellement leurs prisonniers d’opinion ou politique n’est vraiment pas à admirer, et leur soumission à l’endroit du « nouveau monde » n’est assurément pas à louer, même si ailleurs, c’est grandement aussi pire. Mais s’il y a un point sur lequel nous pouvons être admiratifs, c’est le comportement de leurs politiciens. En général, si l’un deux met son mandat en jeu par un vote, il a au moins la décence de se retirer et de présenter sa démission s’il n’est pas adoubé. On en a même vu un, récemment, qui a osé limiter son action, en affirmant, haut et fort : « L’intérêt du pays avant l’intérêt du parti ». Malheureusement, celui qui s’en va est, la plupart du temps, remplacé par un autre tout aussi nul, mais au moins, les électeurs ont l’illusion de changer…
Dans notre doux pays en bonne et vigoureuse marche vers l’enfer – et pas forcément pavé de bonnes intentions, nous ne risquons pas de voir de tels comportements : nos politicards sont des professionnels qui, tout comme la moule, s’accrochent au rocher nourricier et ô combien généreux pour la caste aussi obèse que goulue.
C’est ainsi que les choses se dégradent, le moindre rigolo se voulant « président » de son groupe, (souvent « groupuscule »), et cherchant par tous les moyens à conserver un statut plus que précaire et seulement propre à donner un semblant d’illusion aux quelques adeptes qui le suivent, idiots utiles qui ne se rendent même pas compte qu’ils participent à l’effondrement national, du fait des divisions qu’ils provoquent.
Mais il y en a parfois un au-dessus de la mêlée, et qui utilise la bonne vieille recette du « diviser pour régner ». Ainsi, un manœuvrier aussi pervers qu’audacieux a trouvé bon de faire émerger, puis de faire mousser un parti d’opposition, et de faire en sorte que ledit apparaisse comme radicalement pestiféré, un parti qui ne servirait que de repoussoir, mais assurément très utile pour canaliser les suffrages des mécontents, tout en étant assuré que ce parti n’arriverait jamais au pouvoir. Ses successeurs furent, certes, beaucoup moins futés, mais ils gardèrent quand même la formule, c’était le ticket gagnant aux tombolas électorales, la martingale qui vous donnait le premier prix à tous les tirages ! Imparable !
Le souci pour le pays, c’est que ce système fonctionne sans erreur et sans bugs depuis quarante ans, et les gens n’y voient que du feu. Les séquences se déroulent inexorablement et sans surprises : gros scores pour le parti opposant aux élections non stratégiques, rejet systématique pour les scrutins importants, « le plafond de verre » comme ils disent… Quand ce n’est pas le « front républicain », comme si ce parti n’était pas républicain : un comble !
Il paraît que faire toujours la même chose en espérant un résultat différent est la pire des stupidités, et celui qui a dit ça avait un cerveau et savait s’en servir. Sans être à son niveau, on peut au moins essayer de réfléchir et tenter l’approche vers une certaine lucidité.
Actuellement, ce parti d’opposition semble caracoler en tête si l’on en croit les sondages, c’est d’autant plus suspect que les sondages autorisés sont uniquement ceux qui reçoivent le visa du système. On a vu aussi comment les grands partis, ceux qui hier se partageaient le pouvoir, en faisant semblant d’être d’implacables ennemis, se sont retrouvés laminés, leurs combinaisons électorales étant devenues trop déchirées et laissant découvrir de grandes plaques de misérabilisme. L’agonie étant souvent aussi longue que douloureuse, ils persistent à vouloir encore paraître, ne serait-ce que pour un petit rôle de figurant. Pourtant, et vu leur nombre, vu les tendances qu’ils peuvent encore exprimer, il y a, dans l’électorat qui les soutenait, une majorité tout à fait confortable, et parfaitement en mesure de donner au pays, non seulement un chef compétent, mais surtout un avenir, une espérance que nous n’avons même plus.
Ce grand parti d’opposition prétend aimer son pays, sa Nation, est-ce vraiment le cas ?
Il y a plein de gens qui ont de bonnes idées, de bonnes intentions, et une réelle sympathie pour l’honnêteté. Mais tant que ces richesses sont cachées ou éparpillées, ça n’apporte guère de résultats concrets. Il faut avoir le courage de regarder les choses en face, et ce n’est pas toujours facile, par exemple, quand on se rend compte que l’on est atteint d’une très grave maladie. Et notre pays est très gravement malade, certains diraient même « en état de mort cérébrale ». Alors, pourquoi ça ne marche pas ? Pourquoi ça continue ? Pourquoi ça ne change pas ?
La réponse a été donnée ci-dessus. Le grand parti d’opposition n’arrivera jamais au pouvoir, il aura beau changer de chef, de forme, de nom, passer du soutien à l’islam au rejet de l’islam, rien n’y fera. Et le patronyme du fondateur restera gravé à jamais, indélébile, indestructible. Par ailleurs, même s’il concentre un certain nombre de personnes de haut niveau et de grandes compétences, leur nombre est fort insuffisant. Quant à la présidente, aussi méritante soit-elle, elle n’a pas le talent, pas le crédit, et sa lamentable prestation face à un gamin qui lui a tendu un gros piège dans lequel elle est tombée à pieds joints, nous montre qu’elle serait totalement incapable de s’en sortir si par miracle les électeurs la portaient au triomphe. Et pire, elle n’aurait pas les « divisions » nécessaires pour engager le combat. Ajoutons encore que dans ce cas, la nouvelle opposition ne lui ferait pas de cadeau, et l’émeute serait assurée, ce ne sont pas les aides extérieures qui manqueraient… Elles seraient même certainement très très généreuses…
Le pays en reprendrait pour quarante ou cinquante ans de dictature, et pas légère cette fois.
Ce cas de figure étant posé, quelle solution ?
Impossible de connaître la bonne, mais posons le scénario suivant :
– La présidence du grand parti d’opposition actuel pourtant en tête dans les sondages déclare aimer son pays et estime que l’intérêt de la Nation passe avant l’intérêt du parti et de la présidence du parti. Elle constate que son parti a toujours échoué électoralement, et servi l’adversaire. En conséquence, la présidence du parti dissout le parti et donne fin à ses mandats…
Une situation totalement nouvelle apparaît, et l’actuelle majorité est tout aussi désemparée que l’actuelle opposition. Plus de « plafond de verre », plus de « front républicain », puis de parti diabolisé, plus de fascistes, plus d’extrême-droite, plus « d’heures-les-plus-sombres », enfin, la liberté. Le personnage attendu pourrait alors émerger sereinement et être élu royalement, les opposants d’aujourd’hui trouveraient alors leur union dans une personne ne provenant d’aucun parti, une personne neuve politiquement, inattaquable, insoupçonnable, et pouvant fédérer. Quant à l’actuelle majorité, elle est tellement fictive et composée de quelques arrivistes et de misérables apeurés qu’elle fonderait totalement dans l’espace de quelques jours…
Notre pays doit redevenir grand, et pour ce faire, il n’a assurément pas besoin d’un gouailleur à sa tête, mais d’une autorité, d’une vraie, saine, solide, se cantonnant aux fonctions qui lui reviennent : les fonctions régaliennes. Et donner aux citoyens les responsabilités qui leur incombent.
Maintenant, tout porte à montrer que les politicards en place soignent d’abord leur ego et leur gamelle, et le souci du pays n’est peut-être pas leur réelle priorité…
Entre ce qu’ils disent, ce qu’ils pensent et ce qu’ils font….
Alain Bonvin