Il faut mettre Fabius à l'Agriculture !
Fabius titube en post-prandial. On parle de malaise vagal. Mon oeil. Le “malaisé vagal” pâlit et grimace avant de tomber d’un coup, foudroyé par la mise en grève brutale d’un nerf important. Rien de tel derrière ce micro. Le représentant de la France urbi et orbi sourit béatement et semble chercher un hamac pour accro au ti’punch sous les cocotiers de Le Marin (Antilles). Je diagnostique un taux d’alcoolémie largement supérieur à 1,80g. Cela étant, il peut être moindre mais “dopé” par la prise d’une petite poudre de perlimpinpin brute de narine (gauche évidemment). Quoi qu’il en soit, seuls ceux qui eurent la primauté de l’haleine ministérielle pourraient le cas échéant ajouter une pièce au dossier déjà lourd de ce satrape sous contrôle US.
Nous aimerions être là dans “Les Vignes du Seigneur“, petit chef d’oeuvre cinématographique français et “fernandelien” des années 50, avec une réplique gravée dans le marbre, lorsque que le poivrot de service délivre à son rival, entre deux fous-rires, cette sentence complètement avinée mais définitive : “Mon pauvre vieux, je dois te dire que tu es cocu !”
Passons sur ce que font les épouses quand les maris sont au loin. Même période faste de notre cinéma, Raimu titube et tombe dans son pétrin. “La femme du boulanger” s’est carapatée comme la Pomponette qui finalement reviendra à sa litière. “Je suis dans le pétrin“, nous répète le Depardieu de ces années noir et blanc témoins d’une France en paix avec elle-même au sortir du chaos. Nous y sommes à notre tour, merci Laurent.
“Je ne suis pas un écrivain qui boit, je suis un buveur qui écrit“, nous assène Antoine Blondin au sortir d’un pub irlandais où, fin stratège, il a filé un coup de pied à un celte, sous le bar, provoquant la bagarre rugbystique de laquelle il s’extrait pour s’en aller finir la soirée sous d’autres voutes de cave. France joyeuse des troisièmes mi-temps, France d’un Belmondo complètement pété estoquant des voitures dans la cité normande luisante des pluies d'”Un singe en hiver“. France des mélancolies douces partagées entre soi, dans la culture libertaire, paillarde, insolente et pourtant familiale, fraternelle, équilibrée entre les extrêmes, qui nous a fabriqués, nous de ces temps-là. Temps révolus. L’époque n’est plus guère au rêve, même sous Irouleguy.
Regardons, atterrés, cette France enfuie derrière les tronches paniquées des valets commis au chevet du grand homme venu spécialement de Paris pour s’en prendre une belle au nom du peuple “le plus intelligent du monde“. On est mal, au moment où déferle sur nous la vague de ceux qui attribuent au Diable en personne la suave vapeur des chais de Pauillac, de Vougeot, de Riquewirh ou de Cahors. Ceux-là y mettront un jour le feu grâce à d’autres qui leur auront offert gite et couvert au nom du devoir de subir. Si toutefois rien n’est fait pour leur permettre de regagner sans trop tarder leurs pénates, la paix imposée à tous. Qu’ils y reviennent avec dans leurs bagages la pitrerie conformiste qui tant nous désole.
Consolons-nous : le temps est venu des Salons du Vin. il y en a partout. Blanc, rouge, rosé, bulles, liqueurs, bontés du ciel changeant de nos saisons. Laurent Fabius nous précède à sa façon très personnelle dans les allées de cette immense et rassurante foire. Envoyé spécial, il montre à la planète pétrifiée comment un amateur français de cabernet, de merlot ou de syrah se tient lorsque les destinées de sa nation sont en jeu. Maîtrise de soi et genou de fer.
On le porte un peu plus loin. C’est sans doute parce qu’il avait oublié son verre de dégustation.
Alain Dubos
(Préférence Margaux).