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Je suis le “méchant” Girondin chez qui les policiers ont trouvé plein d’armes…

fusils

Le 20 janvier dernier, la presse annonçait une perquisition dans les milieux girondins de “l’ultra-droite violente”, et l’arrestation d’un père et d’un fils chez qui avaient été trouvés trente armes, dont nombre n’étaient pas déclarées, et 200 kilos de munitions. 

nhttp://www.sudouest.fr/2016/01/20/des-armes-saisies-dans-les-milieux-de-l-ultra-droite-en-gironde-2248482-2780.php

Christine Tasin s’était étonnée de ce déploiement de forces contre un patriote, quand les banlieues regorgent d’armes tenus par ceux qui font la guerre à la France.

http://ripostelaique.com/cazeneuve-desarme-les-francais-qui-refusent-de-se-laisser-egorger.html

L’homme perquisitionné, ancien militaire, était par ailleurs présenté comme ayant jeté un cocktail molotov sur la mosquée de Libourne, en 2012. Pierre Cassen, notre fondateur, a retrouvé Christophe Lavigne. Il lui a proposé de lui ouvrir les colonnes de notre site, pour qu’il nous donne sa version des faits passés qui lui sont reprochés, et de la perquisition qu’il a subie, avec sa fiancée, le 19 janvier. Un témoignage touchant, d’un jeune Français qui, tout en reconnaissant ses erreurs passées, paraît très lucide sur les enjeux de civilisation des années à venir. Un témoignage à lire impérativement…

Riposte Laïque : La presse a parlé d’une perquisition, en Gironde, dans les milieux de l’ultra-droite, chez un père, présenté comme un marginal « déséquilibré » et son fils de 26 ans, qui aurait été condamné pour avoir jeté un cocktail molotov sur la mosquée de Libourne, en 2012. Vous êtes ce jeune homme, Christophe. Avant d’approfondir cette affaire, pouvez-vous dire à nos lecteurs qui vous êtes, exactement. Quel est votre parcours, votre profession, quels sont vos projets ?

Christophe Lavigne : Tout d’abord je tiens à vous remercier. Vous me laissez l’opportunité de m’exprimer et je dois bien admettre que j’éprouve le besoin de remettre quelques éléments en perspectives suite aux impacts médiatiques de cette affaire.

Je suis donc Christophe Lavigne, 26 ans, originaire de Haute-Savoie. J’ai été militaire durant environ cinq ans, au sein de l’Armée de l’air. J’évoluais dans le domaine du renseignement militaire. J’ai travaillé à Metz et en région lyonnaise. Je suis parti deux fois en Afghanistan. J’ai été arrêté en août 2013 suite à une délation. Je traversais à cette époque une période difficile (dépression, échec sentimental, etc.) et j’ai rédigé quelques écrits pour me vider l’esprit, en guise d’exutoire. Ces écrits étaient censés rester cachés. Dans ces lettres j’évoquais l’éventualité d’une agression sur une des mosquées de Vénissieux, sans intention de nuire à la vie de quiconque. Ces lettres ont été trouvées par un proche parent. Plutôt qu’un soutien familial j’ai trouvé des agents de la sécurité intérieure…

J’ai été placé en garde à vue durant quatre jours. Au cours de cette GAV les policiers ont fait le lien avec un jet de bouteille incendiaire sur la mosquée de Libourne, un an auparavant (je sais, ça fait beaucoup d’histoires de mosquées…). J’étais l’auteur de ces faits.

A l’issue j’ai été placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de la Santé, à Paris, durant huit mois, puis condamné, uniquement pour l’affaire de Libourne. Les magistrats ont bien compris que Vénissieux n’était rien de sérieux.

La prison m’a fait beaucoup de bien. J’ai démissionné spontanément de l’Armée de l’air et j’ai décidé de changer radicalement de vie. J’ai pu faire le point sur beaucoup de choses. J’ai décidé de recommencer ma vie à Bordeaux où la vie est belle et où je possède des attaches familiales. J’ai taché de me reconvertir dans l’univers du vin. J’ai terminé récemment une solide formation. Je vis tout à fait normalement, je possède un appartement, une voiture, etc. Je m’apprête même à me marier!

Riposte Laïque : Les médias ont parlé d’une trentaine d’armes confisquées, de 200 kilos de munitions, réparties en trois lieux : chez votre père, chez votre fiancée et chez vous. Confirmez-vous les faits, et pourquoi aviez-vous chez vous des armes non déclarées ?

Christophe Lavigne : Pour ce qui est de mon père je ne peux directement m’exprimer. Il fait l’objet d’une autre mesure de justice et j’ignore ce qui s’est passé dans le détail. Je peux dire néanmoins qu’il s’agit d’un grand collectionneur. Il collectionne les armes, certes, mais aussi les pièces de monnaie anciennes, les livres, ou encore les bandes-dessinées… C’est un passionné, un homme très sympathique et cultivé. Je suis épaté, à chaque fois que je passe chez lui, de voir à quel point il sait établir de bons rapports avec son voisinage. Lire les descriptions que j’ai pu lire dans la presse concernant mon père me consterne et me blesse profondément. C’est un homme bon et bienveillant. Un travailleur qui a passé la moitié de sa vie en Afrique. Les armes qu’il possédait étaient essentiellement des armes anciennes ou des armes que l’on pouvait acheter encore dans les années 90 avec une simple pièce d’identité… Pas de kalash…

Pour ma part je possédais cinq armes, pas de kalash non plus… Une était selon moi dans les règles (il se trouve que non, bien malgré moi). Je possède en effet une licence de tir sportive. Les quatre autres ne l’étaient pas. Au vu de mon passé, je savais parfaitement que l’on chercherait à retirer mes armes. Les forces de l’ordre savaient néanmoins parfaitement ce qu’elles cherchaient… Il était impossible de “finasser”. Ces armes étaient en ma possession essentiellement dans un cadre sportif. Mon passé est suffisamment lourd à porter et je n’ai aucune envie d’employer des armes à l’encontre d’autrui. On pensera ce que l’on veut, mais je pense être très loin d’incarner le rôle d’un personnage proche de « l’ultra-droite violente ». Les termes employés dans la presse prêtent même à sourire, tant ils sont ronflants. C’est d’ailleurs tellement gros que ça a du mal à passer. Mes connaissances, et je connais un peu de monde, savent parfaitement qui je suis.

Riposte Laïque : Que s’est-il donc passé au juste, ce mercredi 20 janvier ?

Christophe Lavigne : La perquisition ne s’est pas déroulée le mercredi 20, mais le mardi 19. Ma fiancée et moi étions levés depuis environ 06 heures du matin, à mon appartement de Libourne. Vers 07 heures du matin, nous avons aperçu une activité anormale sur le parking, des voitures qui roulaient feux éteints, des hommes casqués et armés de pistolets-mitrailleurs… Le premier réflexe a été de se dire: « tiens, ils viennent chercher des djihadistes ».  En réalité, c’était pour ma pomme. Ils sont rentrés chez moi en colonne d’assaut (casques, cagoules, outils d’intrusion, etc.), mais ayant ouvert immédiatement et n’ayant opposé aucune résistance la pression est tout de suite retombée. J’ai répondu à leurs questions, indiqué où se trouvaient les armes. Mes ordinateurs et téléphones n’ont pas été saisis mais « aspirés » entièrement par des techniciens pour analyse. J’ai été placé en garde à vue, environ 36 heures. J’ai été correctement traité. Je dispose d’un avocat. Je serai jugé en correctionnelle à Libourne fin février pour détention d’armes non déclarées.

Riposte Laïque : Toutes vos armes et munitions ont donc été confisquées, même celles que vous déteniez légalement ?

Christophe Lavigne : Oui, toutes. Je sais que mon père possédait des armes en règle. Même celles-ci ont été confisquées (même un arc et des couteaux), dans un cadre administratif et non judiciaire. État d’urgence oblige…

Riposte Laïque : Comment expliquez-vous que le Préfet Pierre Dartout ait donné ces instructions à votre encontre ? Avait-il des raisons de penser que, suite à votre action contre la mosquée de Libourne, il y a trois ans, vous représentez, en période d’état d’urgence, un danger pour l’ordre républicain ?
 
Christophe Lavigne : C’est de toute évidence ce  qu’il pensait. Pour ma part je sais parfaitement qui je suis. Je prépare un mariage, je cherche un boulot, j’écris un bouquin. Je suis heureux de vivre à Bordeaux. La volonté d’un coup médiatique n’est pas non plus à exclure, il ne faut pas se leurrer. Mais dans l’ensemble la population est de moins en moins dupe. J’ai reçu beaucoup de messages de soutien et les commentaires lancés sur la toile ont dû faire grincer quelques dents…

Riposte Laïque : Quelles sont, pour vous, les conséquences familiales et professionnelles d’une telle exposition médiatique ?

Christophe Lavigne : Les conséquences familiales sont minimes. Ma famille me connaît. Mon entourage est très présent pour m’appuyer. Je tiens d’ailleurs à remercier les nombreuses personnes qui se sont manifestées.

Sur le plan professionnel cela se complique un peu… Étant en recherche d’emploi je rencontrais déjà quelques difficultés suite à la précédente affaire. A l’heure où une simple recherche sur Google permet à un recruteur de se faire une opinion il est évident que ce battage n’est pas bon pour moi, surtout avec des titres aussi accrocheurs…

Riposte Laïque : Vous avez 26 ans. Êtes-vous inquiet pour l’avenir de votre pays ? Comment voyez-vous la France quand vous aurez l’âge de votre père ?

Christophe Lavigne : Comment ne pas être inquiet ! Et pas seulement pour la France. Une crise économique et sociale dramatique, des mouvements migratoires jamais vu auparavant et qui sont en train de déstabiliser l’ensemble du continent européen, le terrorisme de masse, d’énormes problèmes écologiques… Enfin, la liste des catastrophes est plutôt longue. Et après on s’étonne que des gens cherchent à se défendre, à ne pas se laisser broyer par « tout ça ».

L’avenir parait bien sombre, il faut être objectif. Mais j’ai quand même bon espoir, partout on voit poindre des réactions saines, des initiatives populaires. Il y a une prise de conscience accélérée au sein de la société française.

Ce qui me rend rudement triste, c’est d’observer la méthode avec laquelle les populations enracinées de ce pays ont été massivement désarmées, symboliquement de manière physique (quasiment), plus d’armes. Et concrètement de manière morale (volonté de combat inexistante). Le concepts de défense est aujourd’hui purement et simplement rejeté par des millions de citoyens, qui ne sont donc que des contribuables. Mon cas est symptomatique, il faut savoir qu’avant le second conflit mondial une grande partie des hommes et femmes de France portaient un revolver sur eux en quasi-permanence. Le cas des populations de Calais est également révélateur de cette réalité.

Riposte Laïque : Souhaitez-vous ajouter quelque chose, à l’intention des lecteurs de Riposte Laïque ?

Christophe Lavigne : Je n’ai rien de spécial à ajouter, si ce n’est qu’il faut rester fort. Je ne compte pas me laisser écraser, mon esprit est combatif. Je serai condamné pour détention d’armes non déclarées, c’est le jeu, et je l’accepte. Mais la délectation avec laquelle la presse a publié ces articles me révolte profondément. La volonté de nuisance n’est pas voilée. C’est limite si on ne trouve pas mon numéro de téléphone dans les journaux… Mais j’ai la certitude que cela les discrédite profondément. De poins en poins de citoyens  sont  dupes.

Propos recueillis par Pierre Cassen