Macron, le Président qui murmurait à l’oreille des Hezbos
À présent que l’agitation s’est calmée autour de l’entretien de 8 minutes qu’Emmanuel Macron a eu avec 2 élus libanais musulmans estampillés Hezbollah, je me demande s’il n’aurait pas mieux valu que le Président assume cet entretien avec calme, en expliquant que le Hezbollah est aujourd’hui un parti incontournable au Liban, et qu’aucun accord dans ce pays ne peut être trouvé sans sa participation.
De nombreux Français sont outrés par le fait que le Président Macron ait brièvement parlé avec des élus « Hezbos », ce qui se comprend.
Ce qui se comprend moins, en revanche, c’est pourquoi personne n’a moufté quand, par exemple, le Président Sarkozy a reçu Kadhafi en France, au motif qu’il avait renoncé au terrorisme. Quel message la France fait-elle parvenir aux terroristes quand elle reçoit leurs acolytes repentis ? Il serait bon que les dirigeants qui ont recours au terrorisme sachent qu’il n’y a pas de vie après le terrorisme, aucun retour possible à la diplomatie. La mise au ban devrait être définitive, surtout quand il s’agit de terrorisme d’État.
Inviter Kadhafi en France était une erreur, et l’éliminer en Libye était une erreur encore plus grande, puisqu’il constituait un verrou contre l’immigration illégale vers l’Europe.
Les médias français n’ont pas été scandalisés quand le Président syrien Hafez El-Assad, le père du Bachar du même nom, a été reçu à l’Élysée par François Mitterrand.
Les Libanais chrétiens protestèrent, car la Syrie occupait militairement le Liban, qu’elle pillait méthodiquement, et Hafez El-Assad avait fait assassiner 58 parachutistes français dans l’attentat du poste Drakkar à Beyrouth, en octobre 1983.
En 1982, un attentat avait été commis contre l’ambassade de France à Beyrouth, en piégeant à son insu la voiture d’une fonctionnaire de l’ambassade. Le véhicule explosa dès que sa conductrice franchit le portail de l’ambassade (11 morts et 27 blessés). Ajoutons à cela qu’en 1981, Hafez El-Assad a fait assassiner monsieur Louis Delamare, ambassadeur de France à Beyrouth. El-Assad est également responsable de plusieurs meurtres et enlèvements au Liban de diplomates, journalistes et fonctionnaires français.
Le même jour où l’attentat du poste Drakkar eut lieu, juste quelques minutes plus tôt, le quartier général de l’armée américaine à Beyrouth s’effondrait dans une exposition géante, tuant 241 « Marines » américains.
Six mois plus tôt, un camion chargé de 900 kilos d’explosifs s’écrasait contre l’ambassade américaine à Beyrouth, causant 63 morts, dont 17 Américains. Plusieurs enlèvements et meurtres de citoyens américains eurent lieu, comme pour les citoyens français.
L’une des raisons pour lesquelles Hafez El-Assad faisait assassiner des Français et des Américains présents au Liban était qu’il ne voulait plus d’observateurs occidentaux dans un pays qu’il voulait dominer sans partage, et surtout, sans témoins des exactions qu’il faisait subir à ceux qui lui résistaient.
Certains vous diront que ces crimes contre la France et les États-Unis étaient commandités par l’Iran, et exécutés sur place par le Hezbollah. Oui mais à cette époque, rien ne se faisait au Liban sans l’assentiment, voire la participation de la Syrie. Et il faut être né sur une autre planète pour ne pas savoir que le Hezbollah, dès sa fondation en 1982, a toujours été le bras armé de la Syrie au Liban, même s’il est financé par l’Iran.
Le régime de terreur que la Syrie imposait au Liban visait les Libanais chrétiens (1), les seuls à résister contre la mainmise syrienne sur le Liban, comme ils avaient été les seuls à combattre les musulmans palestiniens armés au Liban. (2)
Les Libanais musulmans, comme de coutume, regardaient sans coup férir leurs compatriotes chrétiens lutter contre les soldats musulmans syriens. Ils avaient affiché le même flegme scandaleux pendant que leurs compatriotes chrétiens combattaient les musulmans palestiniens de l’OLP (3), avec à leur tête Yasser Arafat.
Il était clair que les Libanais musulmans n’avaient pas d’allégeance pour le Liban, mais pour l’islam.
En grandissant, j’ai compris que cette tare n’est pas spécifique aux musulmans libanais. Le patriotisme étant une notion saugrenue pour les musulmans, comment nous, chrétiens, pourrions-nous être considérés comme des compatriotes par ceux dont la patrie est l’islam ?
Pendant la visite de Hafez El-Assad en France, des étudiants libanais chrétiens ont pacifiquement manifesté à Paris, pour protester contre la réception en France d’un Président terroriste et assassin de citoyens français, qui avait instauré un régime de terreur au Liban.
Des policiers français dispersèrent brutalement la manifestation, et emmenèrent des étudiants libanais au commissariat, notèrent leurs identités, qui furent communiquées à l’ambassade de Syrie à Paris.
Car des fonctionnaires de l’ambassade de Syrie allaient souvent rendre des « visites de courtoisie » au commissaire, qu’ils régalaient de présents divers, bouteilles de champagne, invitations au restaurant…
En guise de remerciement, ce commissariat communiqua les identités des Libanais chrétiens qui avaient manifesté contre la visite de Hafez El-Assad à Paris.
Lorsque ces étudiants sont retournés au Liban, ils furent arrêtés à l’aéroport de Beyrouth à leur descente de l’avion par des soldats syriens, et emmenés pour un interrogatoire musclé. L’un d’entre eux, suspendu à une poulie, fut torturé et forcé de livrer le nom d’autres manifestants libanais anti-syriens. Un autre jeune Libanais perdit un œil durant l’interrogatoire qu’il subit. D’autres furent victimes de brutalités dont je ne connais pas les détails.
Ce n’était pas la peine de nier, car les manifestations anti-syriennes à Paris sont infiltrées par des agents syriens qui filment discrètement les manifestants.
Je me souviens aussi que Jacques Chirac a été le seul Président occidental à aller en Syrie pour assister à l’enterrement de Hafez El-Assad. J’étais accablée, je n’arrivais pas à le croire.
En 2008, Nicolas Sarkozy invita Bachar El-Assad, (le fils de Hafez) à assister au défilé du 14 juillet.
J’étais ulcérée, car l’armée française allait défiler devant le fils de l’assassin de 58 parachutistes français !
Quel mépris pour l’armée française ! Et quel cynisme envers les familles endeuillées des soldats tués au Liban !
Invité à ce défilé, Jacques Chirac ne voulut point venir. Il était fâché contre Bachar El-Assad, car ce dernier avait entre-temps fait assassiner Rafic Hariri (musulman sunnite) ancien Premier ministre libanais et ami des Chirac.
Les Libanais sunnites pensent que Rafic Hariri a financé la campagne présidentielle de Jacques Chirac. Par la suite, monsieur et madame Chirac ont habité à titre gracieux un luxueux appartement quai Voltaire à Paris, propriété de Rafic Hariri, qu’ils ont continué à habiter après sa mort, avec l’accord de son fils, Saad Hariri.
Donc pour résumer, Jacques Chirac fut le seul Président occidental à aller se recueillir sur la tombe de Hafez El-Assad, assassin de dizaines de citoyens français, mais il refusa de rencontrer son fils Bachar, car ce dernier avait tué son ami libanais musulman Rafic Hariri. Je crois que ça se passe de commentaire.
Que penser du fait qu’Amine El-Husseini, grand mufti de Jérusalem, ait pu se réfugier tranquillement en France, APRÈS son étroite collaboration avec Hitler ?
Que penser du fait que des terroristes musulmans assassins de chrétiens et de juifs ont été soignés en France, comme Yasser Arafat, par exemple ?
Je passe sur le long séjour de l’ayatollah Khomeiny en France, courtisé par les intellos et pseudo-intellos gauchos et cocos, qui n’avaient remarqué ni son turban, ni sa barbe. Dans « révolution islamique », ils n’avaient capté que « révolution », un mot qui déclenche un orgasme chez les gauchistes. Les journalistes françaises de l’époque, féministes jusqu’à la moelle quand il s’agit du méchant homme blanc hétérosexuel, s’entorchonnaient la tête comme des fatmas de Prisunic pour avoir l’honneur de voir ce barbu malodorant tenir le crachoir.
J’étais une enfant à l’époque, et je ne vivais pas en France, donc c’est en découvrant ces informations dans les archives que mes cheveux se sont dressés sur ma tête.
Aujourd’hui, nous faisons une crise collective d’apoplexie pour 8 minutes d’entretien avec 2 élus Hezbollah, un parti devenu malheureusement incontournable au Liban.
Mais nous oublions que d’autres Présidents français ont fait bien pire par le passé, sans émouvoir grand-monde.
Pourquoi cette passivité lorsque les terroristes sont Hafez et Bachar El-Assad, et ce branle-bas de combat quand il s’agit des terroristes du Hezbollah ?
Les Français devraient-ils s’offusquer d’un entretien de 8 minutes à l’étranger avec les représentants d’un parti ennemi d’Israël, après avoir subi en silence la réception en grande pompe à l’Élysée de plusieurs chefs d’État ennemis de la France ?
À l’époque où les Assad (le père, puis le fils) étaient reçus en France, n’était-il pas clair que la Syrie était alliée du Hezbollah depuis sa fondation (et encore aujourd’hui), et que le Hezbollah était un danger pour Israël ?
Ça fait 38 ans que le Hezbollah a été fondé, et il n’a été critiqué que lorsqu’il s’est révélé être un danger pour Israël.
Comment se débarrasser du Hezbollah ? Ce sera le sujet de mon prochain article.
Eva Christian
(À SUIVRE)
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(1) Preuve qu’Assad n’est pas ami des chrétiens, et qu’il ne « protège » pas les chrétiens de Syrie. Ils les laisse survivre, car il ne veut pas que sa communauté (alaouite) soit la seule minorité non-sunnite en Syrie, qui est un pays très majoritairement sunnite.
Et merci de ne pas me rappeler que Bachar El-Assad est néanmoins un « allié de l’Occident », car il a lutté contre l’Etat Islamique.
Ce n’est pas parce-que Staline a fait plus de victimes que Hitler que ça fait de Hitler un chic type.
(3) O.L.P. = Organisation de Libération de la Palestine, dont le but était de libérer la Palestine à partir du Liban, par peur de se confronter à l’armée israélienne. Une version précoce du travail à distance, en quelque sorte.