Ils rêvent de déchristianiser Notre-Dame
Devant Notre-Dame encore en flammes, le chef d’État avait eu une pensée pour les catholiques de France et partout à travers le monde, en particulier en cette Semaine sainte.
Fort bien. Rien à redire. Sinon, que toute référence au catholicisme, ou de manière plus large au christianisme, est par la suite totalement absente de son discours. Ce que fait remarquer et déplore Mgr Aupetit. « Catholique n’est pas un gros mot » ose-t-il dire de manière surprenante. En effet, les autorités catholiques ne nous avaient pas habitués à une telle affirmation de soi.
Rappelons que le ministre de l’Intérieur, également ministre des Cultes, n’a pas daigné, quant à lui, adresser le moindre mot aux catholiques en particulier ou aux chrétiens en général. Il a même déclaré : « Notre-Dame n’est pas une cathédrale » « C’est notre rassemblement … c’est notre Histoire. »
Cette dernière affirmation est incontestable, mais il faut aller jusqu’au bout, Monsieur le ministre des Cultes : notre rassemblement, notre Histoire, se sont faits dans et par le christianisme, et la mémoire collective en a gardé l’empreinte profonde comme l’ont montré les manifestations spontanées. C’est ce que cette tragédie nous aura révélé à et sur nous-mêmes.
On imagine mal la même pudeur si un lieu juif ou musulman avait été atteint. « La grande mosquée de Paris n’est pas une mosquée, c’est le monument construit par la France en remerciement aux musulmans qui ont combattu lors de la Première Guerre mondiale. » Imagine-t-on tel préambule ? « L’assassinat d’enfants dans la cour de l’école Ozar Hatorah est avant tout une offense à la mémoire de Jules Ferry ! » Une telle déclaration est-elle envisageable ?
Certains, tel Alain Delon*, se sont également émus de l’allocution tardive du Pape, arrivée après les messages de chefs d’État étrangers, Trump et Poutine notamment, et dont on aurait attendu qu’il fût le premier à adresser son soutien à ses ouailles, particulièrement affectées en la période de la Semaine sainte. Une visite sur place, avant les cérémonies et cultes qui commencent le Jeudi saint, étaient également tout à fait possible.
Cette dépossession des catholiques de leur cathédrale se poursuit tout au long de la semaine. Voire, la déchristianisation de celle-ci.
Avec autant de hâte et de précipitation que le parquet a annoncé ouvrir une enquête pour incendie involontaire, « doit-on reconstruire Notre-Dame à l’identique » est la question qui s’est immédiatement posée alors que les cendres de Notre-Dame n’étaient pas encore refroidies.
Apparemment, l’opinion publique est plutôt favorable à cette option si l’on en croit un sondage qui lui donne une large majorité de 65 %. Mais pour l’instant, la vox populi n’a pas l’air de s’être fait entendre. « On peut en débattre » entend-on de la part de certains élus, le mathématicien Vilani entre autres, Franck Riester, le ministre de la Culture et autres élus de la mouvance, ce qui pourrait paraître, à première vue, mieux que l’indifférence ou l’hostilité d’élus de la Mnef ou Mnil dont il n’est pas utile ici de rappeler les propos qui font l’objet d’une plainte judiciaire.
À première vue seulement.
Les propos du ministre, en particulier, laissent entrevoir une préférence certaine pour un projet nouveau. D’une part, on peut s’attendre au pire : on l’a vu dernièrement avec les sculptures de Jeff Koonz. D’autre part, sans préjuger du projet retenu, on peut d’ores et déjà anticiper que, allant à l’encontre de l’esprit du Moyen Âge où les bâtisseurs et artistes étaient quasiment anonymes, la nouvelle flèche deviendrait l’œuvre d’art d’un artiste particulier qui s’attirerait ainsi un prestige considérable et détournerait le regard de Notre-Dame en tant qu’expression de l’Occident chrétien.
Egalement, c’est une façon de renier une partie de notre histoire, celle de l’apport de la période romantique dans le domaine artistique et religieux. Ce sont bien Hugo et Viollet-le-Duc qui ont donné le nouveau souffle à Notre-Dame et son rayonnement. C’est bien le roman de Hugo qui, après l’épisode révolutionnaire, a fait prendre conscience aux Parisiens et aux Français de l’esthétique de la cathédrale, jusqu’aux gargouilles, peu goûtées à l’époque classique qui ont inspiré, dit-on, la figure de Quasimodo. La rénovation de Viollet Leduc témoigne du regard que porte la période post-révolutionnaire sur le Moyen Âge remis à l’honneur.
C’est le Romantisme – et sa sensibilité particulière – qui a exalté le goût des racines historiques et culturelles européennes. Profiter de l’incendie pour supprimer la flèche serait un formidable contresens et une immense trahison.
Cette obsession de modernisme et d’ouverture à tous crins révèle surtout la méconnaissance, l’indifférence, pire, le rejet de notre Histoire pour ce qu’elle est.
La cérémonie d’hommage aux pompiers de Paris, très émouvante au demeurant, est également révélatrice de l’attitude de nos élus envers notre embarrassant héritage chrétien.
Je ne vais pas commenter le choix, tout sauf innocent, du texte de Hugo sur Notre-Dame, qui a été lu. On se reportera à l’article de Jeanne Bourdillon. Une façon comme une autre d’islamiser Notre-Dame un petit peu. Après tout, cela a déjà été fait lors de la rénovation de la cathédrale Saint-Jean de Lyon, où le maître d’œuvre avait gravé dans la pierre Allahu akbar. Quant à savoir si l’art ogival est un art arabe comme l’appelle le poète, c’est l’objet d’un autre débat.
Retenons également les mots de Castaner qui félicite les pompiers d’avoir, en sauvant Notre-Dame, sauvé Paris. Comme l’eût dit Cyrano, c’est un peu court jeune homme. On pourrait envisager ces mots pour le Sacré-Cœur de Montmartre, pas pour Notre-Dame.
Enfin, last but not least, si l’on en croit le blog de Julien Michel, accordons tout de même le bonnet d’âne de compétition de l’inculture, la médaille d’or de l’anticatholicisme, le prix du meilleur espoir féminin, à la journaliste Bénédicte Le Chatelier, qui déclare sur la chaîne LCI, sans rire ni s’étouffer de honte que :
« Notre-Dame n’est pas un lieu religieux mais (que) les catholiques continuent de se l’approprier. »
Inutile de commenter. Devant de tels propos, on ne peut que s’incliner.
Hé bien, puisque l’on se pique de traiter Notre-Dame comme une œuvre d’art mondialiste, pourquoi, en s’inspirant de Magritte, ne peut-on envisager de placarder sur le tympan de Notre-Dame : Ceci n’est pas une église.
Florence Labbé
- Émission du 18 avril, de Pascal Praud sur CNews.
- * lalettrepatriote mardi 16 avril