Depuis trente ans, je vois la gauche remplacer les travailleurs par les immigrés

Remontons le temps. 1980. Afin de gagner les élections présidentielles de 1981, il fallait cibler cyniquement l’électorat (cet adverbe n’est pas un mot grossier mais une constante philosophique dévoyée au siècle dernier par Sacha Guitry et Pierre Brasseur à l’écran et sur scène). Mitterrand en était un Maître incontestable. Car il ne fallait pas inutilement tenter de convertir des électeurs hostiles a priori mais séduire des indécis ou des “centristes” éloignés des ornières traditionnelles. Exemple premier: le lobby des avocats pénalistes et des religieux crypto-chrétiens irréductiblement opposés à la peine capitale. Mitterrand était sur ce plan simplement opportuniste (voir son parcours d’abord pétainiste puis ministériel version IVe) et a ainsi calculé objectivement le gain. Le profit fut quasi-magique (j’étais sceptique et optais naturellement pour Mitterrand au second tour, sans presque d’état d’âme). Soyons francs en souhaitons quand même que les criminels n’étaient pas, eux, la cible du PS!
Suprême machiavélisme de l’auteur du Coup d’Etat Permanent: faire accroire aux gens que le pari était courageux! Opération intelligemment menée, il faut en convenir, même aidée par les historiens, toujours habiles pour réécrire l’Histoire!

Second “segment” à séduire: les “immigrés” sans qu’il y ait un parallèle quelconque avec les assassins, le premier segment. D’où SOS RACISME d’abord très proche dIsraël et d’essence sioniste. Je passe sur les querelles internes à SOS que j’ai ressenties, mais évidemment de loin… Au sein du Parti Communiste, l’Association fut jugée comme représentante de facto de l’anti-France! Les communistes décidèrent par réflexe de la boycotter… Puis, celle-ci, devenue quasi-incontournable, il fut conseiller pratiquer l’entrisme! Mais difficile de tricher de la sorte pour bon nombre de militants PC peu favorables à cette pratique plus proche des manières trotskistes que des traditions de la place Fabien, habituée aux attaques frontales. Notons que la CGT avait déjà pris un chemin plus opportuniste, en raison de sa population bien plus diverse, par essence plus prolétarienne, en phase avec le nouveau monde du travail. Pour ma part, en tant que cégétiste et membre du PC, ce fut instinctivement hors de question pour moi de faire semblant! Car le Parti devait selon moi y perdre son âme… et ce fut hélas le cas: avec le temps, SOS RACISME s’implanta dans la CGT et, en parallèle, le PCF devint ce que l’on sait, la courroie de transmission de la Confédération -retournement de l’Histoire!- les rôles étant désormais inversés à jamais!
Quant à la Nouvelle Gauche, autour du PS, elle abandonnait toutes ses antiques ambitions prolétaires, nationalisations en tête… en fait tout ce qui “coûtait”! Et puis tout ce qui portait comme radical NATION, avec bien sûr tout concept de nationalité, y compris celui de “l’assimilation républicaine” des femmes et des hommes, considérée soudain comme diabolique! Ainsi, dans la foulée, Valmy et ses symboles furent abandonnés comme on le sait… Mais les termes (dévoyés) comme “Républicain(e)” ou “Laïcité” devaient subsister pour la forme: aprés tout, on pouvait même prononcer le mot “socialisme” en pensant ouvertement “capitalisme”! La boucle devait être ainsi bouclée.
A cette époque, des événements se déroulaient en Afghanistan. Le gouvernement qui se voulait laïque à Kaboul était menacé par des islamistes aidés par l’OTAN. Le PCF soutenait l’armée rouge. Je la soutenais de concert. La suite, on la connait. Chacun se fera son opinion.

Ce fut de pair l’abandon, en France, au début des années 80, des nationalisations et, par ricochet, de la rupture historique entre le PS et le PC. Cette rupture était du reste programmée au vu des ambitions non voilées de Mitterrand, lequel se vantait de détruire tout communisme dans l’hexagone! Avec l’aveuglement complice de Marchais et de tout l’appareil du Parti!
En parallèle, on assistait à l’abandon de tout accueil -autant fraternel que ferme du point de vue moral- de populations étrangères dans le giron républicain. Et ce fut la porte ouverte à toutes les dérives nouvelles, à savoir “ségrégation positive”, “laïcité ouverte” ou “communautarisme à l’anglaise”… Avec les errements que l’on sait, sans omettre les bizarreries insondables, assimilant par exemple toute démarche islamique ou para-islamique à une modernité a priori “de gauche”… Par pur réflexe (?) mais sans signification intelligente! Depuis, tout ce qui est islamique est considéré comme “légitime” aux yeux de la Nouvelle Gauche, même les actes les plus barbares! Syndrome de… Freud trouverait la ville…

C’est ainsi qu’est né le fantasme d’un islam “des Lumières” qui n’a pour moi aucun fondement historique. Comme il n’y a pas, selon moi, de christianisme ou de judaïsme “des Lumières”… Pas plus que de druidisme ou d’athéisme. Ce sont tout simplement des peuples, des humains, qui ont développé des idées, ont édifié temples, pyramides, synagogues, cathédrales ou mosquées… Certes au gré de croyances ou de certitudes… Mais l’invention des idiomes et alphabets ont-ils une naissance mystique?
Pour revenir aux mythes et à la politique, la Nouvelle Gauche a remplacé l’Ancienne Gauche (avec la complicité des mass média) générant de nouvelles certitudes qui semblent dater de tout temps! Elle a sous sa coupe nombre d’associations dévolues à ses nouveaux’ principes. Les Verts y sont une espèce de laboratoire chargé de jouer la police des moeurs. Même la laïcité a ainsi été redéfinie. Tout est devenu “laïque” à présent ce qui revient à nier la laïcité! A l’image de la Constitution de 1958, mélangeant de fait loi de 1905 et Concordat… selon les lieux! Oubliés les idéaux antiques d’Anatole France et des républicains du dix-neuvième siècle, qui voulaient un pays ouvert à toutes les pensées, qu’elles soient incroyantes, agnostiques ou théistes. Et séparant espace public et sphères privées.
Voilà ce que j’ai vu et entendu il y a maintenant une trentaine d’années. La même chose vit-elle le jour à droite? Celle-ci me semble indécise! Partant de là, j’ai bien peur qu’une nouvelle Inquisition -à l’instar de l’inquisition catholique qu’il ne faut surtout pas oublier- ne voie le jour par le biais de l’avatar de la Nouvelle Gauche! J’ai peur aussi qu’il n’y ait que RIPOSTE LAIQUE qui ose publier des textes parlant de VRAIE laïcité! Mais existe-t-il un espoir de Nouvelle-Nouvelle Gauche? Le futur nous le dira.

GERARD HENRI