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L’individualisme, poison des patriotes

Une fois n’est pas coutume, je vais réagir au sujet de l’absence des patriotes sur le terrain. Comme souvent l’on réagit lorsque cela nous arrive.
Il y a 2 semaines, je me suis retrouvé dans une situation dramatique, au point que je ne pouvais plus avancer, je n’étais plus qu’une boule d’angoisse continuelle après plusieurs années de descentes douces mais régulières. J’étais en arrêt de travail avec des médicaments qui m’ont aidé sur l’instant et heureusement que je ne les prends plus. Avant d’enfin appeler au secours, la veille ma carabine à verrou était posée, chargée au 16 pour le cas. Je ne rentre pas dans les détails mais cela est en partie à cause de mon individualisme, de mon instabilité sociale et professionnelle et puis aussi surtout pour la chute presque finale, d’une propriétaire bandit au dernier niveau de salop… rie.

J’ai donc appelé au secours mon maire qui m’a entendu ainsi que quelques autres personnes, mais en restant aussi discret que possible, pourquoi ? Je pense que Christine Tasin me comprendra. Je suis éducateur par choix, ne m’y retrouvant plus dans mon métier, j’ai accepté un poste dans le 1er degré. Même si je m’entends bien avec la majorité des enseignants, il y a des sujets tabous comme la pauvreté, le malheur d’une manière générale, l’immigration, même si cela commence à être possible d’en parler. Je côtoie les enseignants depuis 20 ans, pourtant il y a en plus comme une barrière que presque tous mettent en place, presque automatiquement, je le constate depuis environ 20 ans. Tant que cela allait, j’étais intégré, mes talents artistiques, ma facilité de contact avec les enfants… faisaient le travail, mais alors que je n’ai rien à envier en terme de bagage scolaire et d’expériences, n’étant pas enseignant, seuls les PES et les enseignants en reconversion viennent vers moi naturellement et n’hésitent pas à me solliciter pour aider à la tenue de la classe.

Par exemple, je suis depuis plusieurs années raccroché aux classes des PES afin de leur permettre de prendre leurs marques. Mais voilà, individualiste lié à mon enfance à l’Assistance publique, avec un mauvais vécu des institutrices, je n’ai rien dit, puis je n’ai rien dit à ma fille qui est en internat (en 2015 nous étions à République) et puis je n’ai simplement rien dit à mes amis parce que je n’en ai pas ! J’ai fait le vide autour de moi, volontairement, j’en ai eu marre des ramasse-miettes et autres parasites. Donc, j’ai de nombreuses relations mais personne sur qui pouvoir compter en cas de coup dur. Le premier problème des patriotes est l’individualisme, volontaire ou pas !
Une note optimiste, lorsque ma propriétaire est entrée dans l’appartement censé être une colocation, un jour où évidemment je n’y étais pas, en plein confinement, elle est repartie avec la box internet.

Je me suis retrouvé avec le mur devant moi, les élèves que l’école m’avait confiés que je ne pouvais plus joindre, et qui ne pouvaient plus communiquer avec moi, mes fiches de programmes que je ne pouvais plus envoyer…
Je suis allé au-devant des copropriétaires de mon immeuble en leur expliquant ma situation puis ma demande : m’accorder un accès à Internet via leur Wifi, j’ai travaillé sur l’intérêt que nous pouvions avoir en commun. Les patriotes doivent comprendre cela, tout n’est qu’intérêt et ce terme n’est pas un gros mot ! Deux copropriétaires m’ont répondu : au premier qui souhaitait essayer un produit que j’ai et que l’on ne pouvait plus commander ; pendant un temps il y a eu un échange, j’avais ce produit, il avait l’Internet. Au 2e, qui avait besoin d’une compétence en dessin pour sa fille, j’ai fourni de l’aide en dessin et lui m’a accordé son Internet.

Je ne fais aucune morale, je suis le plus mal placé puisque j’ai failli en mourir. Permettez-moi juste de faire une suggestion :
Les patriotes seront une force le jour où localement ils formeront des petits groupes par affinités, compétences et stocks, les trois items sont indissociables. Seul, avoir 1 an de nourriture, c’est impossible pour beaucoup. Seul, la solitude, la méfiance… réduisent drastiquement le dynamisme des gens et modifient le comportement social : pouvoir appeler une personne même tard le soir sur une question, une urgence, c’est le début de la force. Savoir que l’on n’est pas seul et que l’on appelle la compétence choisie !
Seul en ville même dans un petit bourg, organiser sa résilience est une utopie !

Les patriotes doivent se retrouver localement, avoir un contact direct avec ceux des voisins qui veulent bien fonctionner comme cela. La communauté de RL est importante, avec les personnes qui savent planifier, organiser les contacts, ce n’est pas si difficile que cela. Ça prend du temps, au moins au départ, mais ce n’est pas si compliqué.

Exemple, dans un espace privé, je donne mes compétences et ce que j’ai en stock, je parle un petit peu de moi puis j’attends qu’une personne me contacte. Alors sur une carte locale, je marque l’endroit de mon contact et j’enregistre ses compétences, ses affinités et son stock, c’est dorénavant une personne qui peut m’appeler n’importe quand en cas de besoin et vice versa. Si l’on veut bien réfléchir à cela, les maillages peuvent se mettre en place assez rapidement. Bien sûr, comme toute nouvelle organisation, il doit y avoir des règles. Et alors, c’est là que les patriotes trouveront la ou les personnes capables de mener tout cela. Il faut juste que les communautés restent petites, afin de réagir vite, un but essentiel et de se sentir entouré.

Voilà, j’ai donné ma contribution, je terminerai par cela, une communauté est bien plus difficile à maltraiter si elle est organisée et si cela se sait. Des petites communautés de 50 personnes partout en France, toutes connectées, peuvent réagir très vite pour les besoins des uns et autres et tout simplement se savoir entouré. Nous mourrons en France de notre individualisme, au propre comme au figuré.

Jean Louis