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Malraux nous manque, avec ses amis peintres, et un chef d’État aussi…

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Le débat est clos. L’exposition du Palais de Tokyo vient de fermer ses portes. Elle en aura fait, du bruit, la peinture de Miriam Cahn ! « Ce tableau représente un enfant, à genoux, ligoté les mains dans le dos, forcé à une fellation par un adulte » s’indigna une députée du Rassemblement national qui demanda son décrochage. « Ce ne sont pas des enfants. Ce tableau traite de la façon dont la sexualité est utilisée comme arme de guerre, comme crime contre l’humanité », s’est défendue la plasticienne suisse dont c’était, à 73 ans, la première rétrospective en France. « Vu sa taille, c’est un enfant » dirent les uns. « Non, regardez bien, c’est une femme agenouillée », répondirent les autres. La plasticienne « n’ayant pas de dessin » comme on dit dans le métier, le personnage malingre aux mains liées dans le dos demeure fort ambigu. Pourquoi avoir donné comme titre à sa toile : « Fuck abstraction » ? A-t-elle voulu s’en prendre à un art abstrait qui ne saurait par nature dénoncer ce qu’elle entendait dénoncer ?

Mais pourquoi être figuratif si la figuration, incapable de représenter le réel sans ambiguïté, finit par rendre l’engagement illisible ? Avec la grossièreté de ce titre vengeur, notre plasticienne pensait-elle nous empêcher de hausser les épaules ? Il fallait au moins être un directeur de centre d’art contemporain ou un pseudo-critique d’art pour participer aujourd’hui encore à pareille comédie. Celle-ci a toujours ses défenseurs et ses subventions. Rien d’étonnant à ce qu’un collectif de vingt-six responsables de musées et d’institutions ait signé le 8 mai dernier une tribune dans Le Monde pour défendre la liberté de création : « Plutôt que d’avoir peur de choquer, nous devrions, avoir peur de ne jamais choquer. Car, oui, l’art choque. Perturbe. Dénonce. Dérange. Questionne. » Assommante énumération de poncifs dont on nous rebat les oreilles depuis des décennies !

Souvenons-nous de ce qu’écrivait Roland Barthes à propos des grossièretés de Hébert sous la Révolution : « Hébert ne commençait jamais un numéro du Père Duchêne sans y mettre quelques « foutre » et quelques « bougre ». Ces grossièretés ne signifiaient rien, mais elles signalaient. Quoi ? Toute une situation révolutionnaire. » Avec son « Fuck » si peu original, Miriam Cahn ne signale aucune situation ; elle ne fait que trahir une attitude qui entend s’adresser à la part la plus médiocre de ses contemporains et rejoindre ainsi plus sûrement le copinage du marché de l’art. Inutile d’aimer Picasso, Braque, Cézanne, le Quattrocento, l’art africain ou l’art grec. Il est même préférable de les avoir oubliés ; mieux, de n’en avoir même jamais soupçonné l’existence. Il faut au contraire s’être fait adouber très tôt par la bêtise, la puérilité et la vulgarité. Depuis l’inusable urinoir de Duchamp jusqu’à la scène de sodomie géante devant le Centre Pompidou, en passant par la boîte de Merda d’artista de Manzoni, l’éprouvette d’urine de Ben au Grand-Palais, le Vagin de la reine à Versailles, le Plug anal place Vendôme, l’excrémentiel et le sexe font recette, encouragés par lâcheté d’une classe politique tétanisée et à court d’arguments.

« Oui, l’art peut choquer, peut questionner, peut parfois susciter du malaise, voire du dégoût. L’art n’est pas consensuel. Et la liberté d’expression et de création est garantie par la loi », a déclaré de son côté la ministre de la Culture dont les termes du plaidoyer ont été complaisamment repris par les signataires de la pétition. Si l’art doit déranger et choquer, le fonctionnaire culturel, lui, ne doit ni déranger ni choquer la rue de Valois.
À son tour, le président de la République s’est fait l’écho de la déclaration de son ministre : « En ce 8 mai, où nous célébrons la victoire de la liberté, je condamne l’acte de vandalisme commis hier au Palais de Tokyo. S’en prendre à une œuvre, c’est attenter à nos valeurs. En France, l’art est toujours libre et le respect de la création culturelle, garanti ». Il n’empêche que lorsque l’auteur d’un des tapis de l’Élysée fut visé par une enquête pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Culture d‘Emmanuel Macron, déclara : « Je pense que le tapis sera très certainement retiré étant donné l’aspect emblématique de la présidence de la République ». C’était quelque temps après l’installation par ce même plasticien de deux énormes pneus de tracteur dorés à la feuille d’or au bas de l’escalier de l’Opéra Garnier. Il s’agissait de fêter le 350e anniversaire de la création par Louis XIV de l’académie de musique et de danse.

Si à l’Élysée il fut hier question de retirer le tapis, au Palais de Tokyo il fut hors de question de décrocher la peinture. « La liberté d’expression et de création est garantie par loi », paraît-il. Mais le “en même temps” veille à l’incohérence des discours et des décisions.
Profitant de la commémoration de la capitulation allemande pour rendre hommage à Jean Moulin, un président de la République bien inspiré aurait dû se souvenir des Otages de Fautrier, de cette « hiéroglyphie de la douleur » dont parla magnifiquement André Malraux, au lieu de participer à une polémique grotesque autour d’une plasticienne insignifiante. En sacrifiant sa vie pour la liberté de notre pays, c’est la noblesse dans la manière d’user de cette liberté que Jean Moulin a défendue. Nullement le degré zéro de son usage.

Jérôme Serri

Ancien collaborateur parlementaire, Jérôme Serri est journaliste littéraire et essayiste. Il a publié Les Couleurs de la France avec Michel Pastoureau et Pascal Ory (éditions Hoëbeke/Gallimard), Roland Barthes, le texte et l’image (éditions Paris Musées), et collaboré à la rédaction du Dictionnaire André Malraux (éditions du CNRS).

 




Valérie Pécresse ou l’impossible sincérité d’une candidate des Yvelines

On a beaucoup commenté le meeting du Zénith de Valérie Pécresse : manque de talent oratoire, voix souvent mal placée, ton inapproprié, récit qui sonne faux, images et métaphores convenues, absence d’imagination, ridicule de la gestualité. Les médias ont souligné son manque de sincérité. C’est évident. Mais plus profondément – et plus dramatiquement pour le pays – ne s’agit-il pas d’une impossibilité acquise par la fréquentation d’un petit monde obsédé par le pouvoir à n’importe quel prix ? Comme nous allons le voir, le rappel d’un certain nombre de faits et leur mise en perspective en dit long sur la candidate et ses amis des Yvelines.

« La France coule dans mes veines », a-t-elle lancé à la foule. Il serait bien sûr injuste d’imaginer qu’elle aurait appris sans émotion les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan en 2015 ou de la promenade des Anglais en 2016. Mais ces mots empruntés à un Romain Gary mort en 1980 et réutilisés avec une belle démagogie par les uns et les autres ne prétendirent jamais, chez lui, rassurer des Français inquiets de voir la France disparaître. Comment cette candidate à la présidence de la République pourrait-elle échapper au somnambulisme de son parti ? Le département des Yvelines où elle fit ses classes et fut élue députée pour la première fois en 2002 ne l’a-t-il pas disposée, année après année, à l’imprévoyance, à l’inconséquence, à l’impuissance et, pour finir, à une inévitable hypocrisie dans la conquête du pouvoir ?

Reconnaissant qu’elle n’était pas le meilleur orateur de la campagne, elle s’est réfugiée dans une explication peu convaincante : « Moi, je suis une faiseuse ». Valérie Pécresse serait une femme d’action. Là serait sa vraie nature. Aussi, avec elle, n’y aura-t-il « pas de fatalité au Grand Remplacement ». Laissons les exégèses sur l’emploi de ce mot, regardons ce qu’il en est dans son département !

Un département peu exemplaire
Les Yvelines comptent, et ce n’est tout de même pas rien, plusieurs anciens ministres qui se réclament du gaullisme : Pierre Bédier, ancien secrétaire d’État de Jacques Chirac, chargé des programmes immobiliers de la Justice, notamment de la construction des prisons, a été condamné en 2009 à cinq ans d’inéligibilité pour « corruption passive » et « recel d’abus de bien sociaux ».

Cet ancien maire de Mantes-la-Jolie, auquel le magazine Marianne consacra un dossier sur ses accointances avec la mouvance musulmane rigoriste, retrouva en 2014, après avoir purgé sa peine, son fauteuil de président du Conseil départemental. « T’es Bédier ou pas Bédier ? », telle est la question posée dans certains quartiers aux candidats à une élection. Cette question qui se moque des appartenances politiques montre clairement que le système électoral repose désormais sur la compromission. Valérie Pécresse, ancienne conseillère du Président de la République Jacques Chirac, fut ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de Nicolas Sarkozy, puis son ministre du Budget et le porte-parole du gouvernement. Tête de liste dans les Yvelines lors des élections régionales, elle a été réélue en 2021 présidente de l’Île-de-France. Candidate à la Présidence de la République, il lui est reproché depuis quelques jours d’avoir fait voter des étrangers lors de la primaire des Républicains. Enfin Gérard Larcher, ancien ministre aux Relations du travail, puis à l’Emploi et à l’Insertion professionnelle des jeunes sous Jacques Chirac, ancien maire de Rambouillet, sénateur des Yvelines depuis 1986, a été réélu en 2020 président de la Haute-Assemblée pour la quatrième fois.

Ce département a connu plusieurs attentats islamistes : en juin 2016, à Magnanville, un commandant de police du commissariat des Mureaux et sa femme adjointe administrative du commissariat de Mantes-la-Jolie furent assassinés à l’arme blanche à leur domicile sous les yeux de leur enfant de trois ans ; en octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie au collège de Conflans-Sainte-Honorine, fut décapité à la sortie de ses cours. En avril 2021, une policière fut plaquée contre le mur du commissariat de Rambouillet et assassinée à coups de couteau au cri de « Allahu akbar ».

À Trappes, bastion français du djihadisme d’où partirent une soixantaine de jeunes pour la Syrie, deux enseignants furent mis sous protection policière avant de se sentir obligés de quitter la ville. À Ecquevilly, Gérard Larcher lui-même fut exfiltré par son officier de sécurité alors que des salafistes manifestaient sous les fenêtres de la mairie où il participait à une réunions avec les élus.

Des donneurs de leçons sans vergogne
Qui sait qu’au lendemain des attentats du Bataclan de novembre 2015, le Sénat décida l’installation de grilles infranchissables autour du Palais du Luxembourg, renouant ainsi sans le dire avec les idées de frontière et de mur si décriées par Les Républicains et leurs alliés centristes au nom de la construction européenne et de l’accueil de l’autre ?

Qui sait également que le président du Sénat s’est fait remettre le 9 juillet 2020 le rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur « la radicalisation islamiste et les moyens de la combattre » et que, trois mois plus tard, le 16 octobre 2020, Samuel Paty était décapité ? Or, qu’apprend-on en lisant le compte rendu de la dernière réunion de cette commission d’enquête ? Tout d’abord que le CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) n’a pas daigné se présenter devant la commission qui l’avait convoqué. Et surtout que ni la présidente de la commission ni le bureau du Sénat ne l’ont poursuivi en justice comme ils auraient dû le faire conformément à l’article 6 de l’ordonnance du 17 novembre 1958. Cette ordonnance dispose en effet que « la personne qui ne comparaît pas ou refuse de déposer ou de prêter serment devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende ». Au lendemain de la mort de Samuel Paty, le CCIF sera considéré par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, comme « manifestement impliqué » dans cet assassinat. Aussi sa dissolution sera-t-elle prononcée le 2 décembre 2020 en Conseil des ministres.

Ce renoncement du Sénat à exercer son droit de coercition n’empêcha pas le président Gérard Larcher, le 28 août 2020, après un été marqué par des actes de violences, de dénoncer « l’impuissance de l’État régalien » et de déclarer qu’il attendait « que, sur ces sujets, on arrête uniquement d’avoir des mots, des incantations, et que l’ordre et l’état de droit soient assurés ». Quant à Valérie Pécresse, elle estima que la sanction était « l’angle mort » d’Emmanuel Macron. L’hypocrisie de ces déclarations est le refuge de l’impuissance et du manque de courage qui paralysent depuis des années l’action politique.

« Valérie Pécresse, la Tigresse », dixit un expert en courage
On aurait pu croire qu’après le meeting catastrophique de la candidate des Républicains, ceux-ci se seraient ressaisis. Pas du tout ! La recevant dans son département de Vendée, Bruno Retailleau, devenu en 2014 président du groupe LR par la grâce de Gérard Larcher, lança à ses troupes : « Clemenceau, le Tigre ! Valérie Pécresse, la Tigresse ! » Il parlait en expert ! Forcé en cette années 2014 par le tribunal administratif de Nantes de retirer sa crèche du conseil départemental de Vendée qu’il présidait, Bruno Retailleau déclara à la presse qu’il organiserait « une exposition de crèches du monde » à Noël 2015, en s’armant juridiquement au préalable. Que ne s’est-il armé de courage pour tenir son engagement !

Qui a vu le 23 janvier 2015 l’émission « Bibliothèque Médicis » sur la chaîne parlementaire Public Sénat, n’a peut-être pas oublié le silence de Bruno Retailleau devant l’attitude désobligeante d’un Jean-Pierre Elkabbach remettant à sa place la jeune Lydia Guirous qui venait de publier Allah est grand, la République aussi. Dénonçant vivement le communautarisme et la montée de l’islam radical, celle-ci avait osé s’en prendre au président du lycée privé musulman Averroès de Lille, présent autour de la table. Ce défenseur des jeunes filles voilées qui avaient été exclues de leur établissement dans les années 1990 déclarera en 2018 au journal La Croix : « Nous ne faisons pas partie des Frères musulmans. En revanche, nous nous inscrivons dans leur courant de pensée ». Cet homme d’origine marocaine finit par prendre la tête de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) dont il était membre depuis sa création en 1983. Il en abandonna le nom en 2017 pour l’appeler « Les Musulmans de France ». Eux non plus ne se sont pas présentés en 2020 devant la commission s’enquête sénatoriale qui les avait convoqués.

Lors de cette émission Bruno Retailleau est resté étonnamment silencieux. Quelques jours plus tard, le professeur de philosophie de ce lycée musulman donna sa démission et dénonça dans une tribune de Libération « l’antisémitisme quasi culturel de nombre d’élèves ». Rappelons pour mémoire que le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, suspendit en 2019 une subvention au lycée Averroès après avoir appris qu’il était financé par le Qatar. Précisons qu’en octobre 2021, à l’issue d’un bras de fer juridique, la région fut sommée par le Conseil d’État de verser cette subvention.

Le renoncement à l’exposition sur « les crèches du monde », l’abandon de la jeune Lydia Guirous à la suffisance de Jean-Pierre Elkabbach, le refus de poursuivre en justice le CCIF et l’ex-UOIF, voilà quelques signes qui ne trompent pas. « Valérie Pécresse, la Tigresse ! », il fallait oser. Face aux dangers qui menacent l’unité de la communauté nationale, Les Républicains apparaissent de plus en plus aux yeux des Français comme d’inconséquents « tigres de papier ».

La « laïcité à la française » selon un poids lourd des Yvelines
Souvenons-nous de ce que Gérard Larcher déclarait le 31 août dernier au micro de Léa Salamé sur France Inter : « Je ne sais pas comment on interdit le salafisme ou comment on interdit les formes d’intégrisme. Je crois qu’il faut répandre en tous les cas les valeurs d’ouverture, de partage, de tolérance dans le respect des religions et dans le respect de croire et de ne pas croire. » Et le président du Sénat de conclure : « On en revient à la laïcité à la française ».

Dans les Yvelines, cela fait longtemps que les élus s’efforcent de faire passer leur impuissance pour de la tolérance. Tout a commencé par une incroyable absence de vigilance. C’était en 1982, l’année où fut créée l’association Tariq ibn Ziyad. Cette association qui fête cette année son quarantième anniversaire a donné son nom au Centre islamique et à la Mosquée des Mureaux. Tariq ibn Ziyad est le nom d’un chef militaire qui en 711 débarqua au sud de la péninsule ibérique avec 7 000 hommes pour y conduire la première grande expédition musulmane. D’où le nom de Gibraltar (Djebel al-Tariq) qui signifie la « montagne de Tariq ».

Alors que l’on débattait hier dans nos médias du déboulonnage des grandes figures de notre histoire, quel responsable politique s’est offusqué qu’un centre culturel islamique pût porter, depuis quarante ans, le nom d’un conquérant musulman ? Demain, nos glorieux ministres des Yvelines nous expliqueront peut-être que Tariq ibn Ziyad, loin d’être uniquement un chef militaire musulman, fut aussi le premier théoricien de la « laïcité à la française ».

Jérôme Serri




Raphaël Enthoven, je te propose un duel… sur Sud-Radio

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Cher Raphaël Enthoven

Comme beaucoup de non-vaccinés, je n’ai pas beaucoup apprécié tes insultes sur les ondes. Il t’était déjà arrivé de dire n’importe quoi sur Europe 1. C’était le 21 novembre 2017. La suppression du verbe « soumettre » dans la nouvelle traduction du Notre Père des catholiques t’avait inspiré un commentaire grotesque. Remplacer ce mot était à tes pauvres yeux un « signe d’islamophobie ». Si, devant le tollé suscité par une telle ânerie, tu t’es senti obligé de présenter rapidement des excuses, tu n’as pu t’empêcher dans ton Tweet non seulement de leur donner un tour alambiqué mais également de les assortir d’une pointe de cuistrerie en les illustrant d’un Saint-Jérôme se battant la coulpe au désert. On se fait tancer par les auditeurs mais, dans sa contrition, on tient à se distinguer.

Nous nous connaissons depuis notre collaboration au magazine Lire qui débuta dans les années 2004-2005. Tu as quitté le magazine assez tôt ; je suis parti un an après la démission de François Busnel en 2015. Ma collaboration au mensuel qui a duré une douzaine d’années n’était pas l’essentiel de mon activité. Je travaillais au Sénat. Nos itinéraires ont divergé, tu es parti vers la télévision et la radio. Nous nous sommes retrouvés pour ton anniversaire où le tout Paris était là. Il gelait à pierre fendre et des canons à chaleur réchauffaient le jardin de l’Hôtel particulier de Carla Bruni qu’une immense tente abritait pour la soirée.

J’avais de tes nouvelles en attrapant de temps à autres une de tes émissions de philosophie sur Arte ou en lisant les ouvrages collectifs sur Kant ou sur Proust dont tu avais assuré la direction. Il serait aussi stupide que malhonnête de ne pas reconnaître que tu es une personnalité brillante. On connaît ton parcours depuis le lycée Henri IV jusqu’à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm et l’agrégation de philosophie.
Nous nous sommes revus un matin dans un café près d’Europe 1. Tu sortais d’une émission. Nous avons pris un petit déjeuner et tu m’as très aimablement offert de me déposer au Sénat avec ta Smart. Tu m’as parlé de ta vie sentimentale et de tes enfants. Tout cela était fort sympathique. Avant de faire ta connaissance autour de la table de rédaction de notre magazine, j’avais lu un livre de ton père et m’étais laissé prendre au piège d’une vie que j’avais crue autobiographique, passée au milieu de meubles anciens et d’œuvres d’art. Voulant en savoir un peu plus, je t’avais invité au restaurant du Sénat. Au cours du déjeuner, tu m’avais détrompé en me racontant que tout cela était faux et que tu avais passé ton enfance au milieu de piles de pneus dans les bras de ton grand-père qui tenait un garage dans le nord-ouest de Paris, à Colombes si mes souvenirs sont exacts.

Je tombais parfois sur une de tes chroniques matinales. Mettre au jour le sens des petits riens, écrire des billets qui se voulaient peut-être secrètement des hommages aux Mythologies de Roland Barthes, pourquoi pas ? Ces chroniques, qui me laissaient indifférent, étaient certes bien troussées. Etaient-elles le meilleur des entraînements pour affronter quelques années plus tard la crise que notre pays traverse et qui est plus politique que sanitaire ?

Puisque tu aimes les petits riens du quotidien, en voilà un qui te ravira. Lors de ton anniversaire, j’avais apporté un cadeau que j’avais cru original. Il s’agissait de l’étude que Roland Barthes avait consacrée à la plus belle œuvre gravée du 18e siècle, à savoir Les Planches de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Cette étude d’une grande intelligence et d’une sensibilité peu commune existe bien entendu en collection de poche. Mais comment en apprécier la justesse sans avoir sous les yeux les gravures ? La belle édition que je t’offrais les reproduisait en regard même du texte. Je ne pouvais savoir qu’il y aurait autant de monde à ton anniversaire et encore moins imaginer qu’un piano à queue disparaîtrait sous une montagne de cadeaux.

Tu étais inapprochable, accaparé par les Beigbeder, les Kouchner, les Séguéla, les Guillaume Durand, les Christine Ockrent, des acteurs connus, d’autres moins. Je ne suis pas resté longtemps. Une petite heure. Le temps de parler à l’oreille de l’un ou l’autre. La musique était si forte. J’ai mis mon cadeau sur le tas. Il flottait dans son modeste papier kraft comme une pauvre chose au-dessus de la vague des cadeaux aux marques prestigieuses. Je suis parti au grand regret de ma femme que fascinait ce spectacle qu’elle retrouvera en 2013, à une autre échelle, dans La grande bellezza de Sorrentino.

Quelques semaines plus tard, lors d’un autre anniversaire, celui de Lire cette fois, anniversaire qui se tenait au dernier étage de l’immeuble du groupe Express rue de Châteaudun, tu vins vers moi après les discours de Jean-Louis Servan-Schreiber et de Bernard Pivot, les fondateurs du magazine, et me demandas si ce n’était pas moi, par hasard, qui t’avais offert une paire de gants en pécari de chez Hermès. A ton grand désespoir, aucune carte de visite ne les accompagnait. « Non, moi, c’est Barthes », ai-je répondu. Je ne sais même pas si tu as entendu, tant il y avait de brouhaha.

Fallait-il te demander si tu avais apprécié mon cadeau ? Ta désinvolture était sans conséquence. Elle n’était qu’un aveuglement mondain qui fait sourire chez un ancien membre du parti socialiste. Elle n’était qu’une indélicatesse, voire une impolitesse, pas encore une insulte.

Encouragé peut-être par la vulgarité d’un Emmanuel Macron voulant « emmerder » les non-vaccinés, tu t’es permis de déclarer : « Je n’ai jamais rencontré d’antivax ni con ni monstrueux ». Mais ça ne t’a pas suffi. Le 23 janvier sur Sud Radio, tu précisais qu’« on a pris pour une insulte ce qui n’était dans [ton] esprit qu’un constat ». Croyant te sortir de ce mauvais pas, tu t’es enfoncé : « je n’ai jamais rencontré un antivax qui ne soit ni con ni monstrueux ni complotiste, ni fou, ni sous informé… ». Et tu as poursuivi : « Mon erreur a été de théoriser mon expérience, il y a peut-être des antivax rationnels, je ne les connais pas ». Cela ne s’appelle pas théoriser, ami philosophe ! Cela s’appelle généraliser.

Tu vas un peu vite en besogne ! Ton devoir de chroniqueur serait de ne pas te contenter de l’eau qui alimente ton moulin. Vois-tu, cher Raphaël, je suis ce que l’on appelle aujourd’hui un « antivax », c’est-à-dire un citoyen à jour de tous ses vaccins mais qui s’élève contre une « thérapie génique » improprement appelée « vaccin ». Depuis le 25 janvier d’ailleurs, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, croit paraître, comme Purgon ou Diafoirus chez Molière, plus savant en parlant désormais non plus de « vaccin » mais de « vaccin-médicament ». J’en viens donc à l’essentiel : tu as conclu ton explication incertaine en déclarant : les antivax rationnels qui ne seraient pas des cons, « qu’on me les présente ! »

Quand tu veux, cher Raphaël ! Je ne te donnerai pas rendez-vous sur le pré. Je te propose que nous nous retrouvions plus civilement dans le studio de Sud Radio. Pas à trois. Pas à quatre. A deux, avec un animateur-témoin. Et il ne s’agira pas de savoir lequel de nous deux est le plus « con ». Car la démocratie, c’est le débat, pas l’insulte. C’est aussi le courage. Tu es un homme de radio, d’honneur peut-être. Vois avec Sud Radio pour l’organisation prochaine de ce débat ! Je compte sur toi.

Jérôme Serri




Macron n’est en rien un disciple de Machiavel

 

Macron devrait (re)lire Machiavel !»

Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour qu’Emmanuel Macron avoue la raison pour laquelle il avait nommé Agnès Buzyn chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur et que tout le monde soupçonnait : « Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout ». Et Emmanuel Macron d’ajouter : « C’est ça, la stratégie ».

La Légion d’honneur n’a jamais été créée pour « emmerder » une catégorie de Français. Elle est « la récompense de mérites éminents acquis au service de la nation soit à titre civil, soit sous les armes ». Les nominations ou les promotions dans cet ordre national n’ont pas à entrer dans une quelconque stratégie qu’elle soit vaccinale ou électorale. En s’exprimant comme il le fait dans un entretien donné au Parisien le 5 janvier dernier, Emmanuel Macron ne peut que laisser penser aux Français que cette décoration récompense autre chose que des mérites. Peut-être s’apercevra-t-on demain, quand la lumière sera faite sur ce qui se trame depuis deux ans avec l’industrie pharmaceutique dans les coulisses du pouvoir, peut-être s’apercevra-t-on qu’Emmanuel Macron a abîmé la fonction présidentielle jusque dans l’ordre prestigieux dont il est le grand maître.  Cela suscitera-t-il l’indignation et la colère chez les anciens et les nouveaux titulaires de la Légion d’honneur ? S’il est trop tôt pour le dire, il n’est jamais trop tard pour se rappeler que, chez Corneille, dans Le Cid notamment, l’honneur est au-dessus de tout, même du bonheur.

La séquence présidentielle que nous venons de connaître est aussi inquiétante qu’inacceptable, et ce pour plusieurs raisons : tout d’abord, en tant que Président de la République, Emmanuel Macron est le garant de l’unité nationale et doit s’empêcher de diviser les Français ; ensuite, de par cette magistrature suprême, il est de droit le grand-maître de l’ordre de la Légion d’honneur et n’a donc pas à en disposer en dehors des règles qui le régissent ; troisièmement, compte tenu de son rang, il est tenu de s’exprimer en toute occasion avec dignité.

Qui saurait énumérer, sans plaisanter, les « mérites éminents » d’Agnès Buzyn ? Chacun se souvient de ses étonnantes déclarations au début de la crise, de la précipitation avec laquelle elle s’est saisie, sur ordre, de l’occasion des turpitudes de Benjamin Griveaux pour abandonner son ministère de la santé et se lancer dans la compétition des municipales à Paris. Souvenons-nous également de ce qu’elle déclarait au Monde le 17 mars 2020 : « Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu. » On ne savait pas que la désertion était au nombre des mérites éminents, surtout en temps de guerre.

Puisqu’ « emmerder » ceux qui refusent de se soumettre à Macron et voient avec satisfaction les récalcitrants à la troisième dose être de plus en plus nombreux à les rejoindre, puisqu’« emmerder jusqu’au bout » ces Français qui disent « non » à la dictature sanitaire en marche, puisque  les provoquer en décorant non seulement Agnès Buzyn mais également Jean-François Delfraissy et les membres d’un comité scientifique œuvrant dans une totale opacité, puisque c’est  là une « stratégie » de l’aveu même du  président-candidat, il est clair alors que la Légion d’honneur attribuée il y a un an à Karine Lacombe faisait déjà partie de cette stratégie honteusement désinvolte à l’égard du sentiment de l’honneur. Souvenons-nous de ce que Luc Ferry avait annoncé sur Sud Radio le 23 décembre 2018 : « On a mis un gamin à l’Elysée et on va le payer très cher ».

Le point commun de ces personnalités prétendument éminentes fut d’avoir toutes ensemble pilonner à leur manière et avec le concours des médecins de plateaux de télévision, l’opinion publique : elles n’eurent de cesse en effet de discréditer les traitements contre le Covid-19 et de contraindre par l’intimidation les médecins de ville à piétiner le serment d’Hippocrate, afin que l’industrie pharmaceutique ait le champ libre pour imposer l’expérimentation à grande échelle de « pseudo-vaccins » ARN messager. Macron avait dit vrai, c’était la guerre. L’aviation fut envoyée pour dégager le terrain à coups de mensonge et permettre à l’infanterie, seringue au fusil, d’avancer. Et ce, quoi qu’il en coûte en vies humaines et en effets secondaires.

Il s’agit donc bien d’une stratégie, mais elle n’est ni simplement ni immédiatement électorale. Elle est au service d’un changement de société et de civilisation qui passe par une soumission des nations à la Commission de Bruxelles afin d’assurer une transition vers la disparition irréversible de la démocratie et de mettre en place, par l’informatisation de toutes nos données, une surveillance généralisée de type totalitaire. C’est cette vision que traduit la parole la plus insupportable d’Emmanuel Macron : « Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen ». L’arbitraire d’un pouvoir totalitaire décidera demain qui est irresponsable, qui ne l’est pas ; qui est un citoyen, qui ne l’est plus.

Celui qui en pleine épidémie a pris la liberté d’interdire aux médecins de ville de soigner, celui qui a pris également la liberté de fermer des lits d’hôpitaux, portant ainsi atteinte à la liberté des soignants et des malades, cet homme est devenu l’un des pires irresponsables qu’on puisse imaginer à la tête d’un pays moderne. La violence et l’indécence des propos d’Emmanuel Macron révèlent un dérèglement inquiétant au sommet de l’Etat.

Se demandant comment Emmanuel Macron ose faire le lien, jamais opéré dans nos démocraties, entre responsabilité et citoyenneté, certains en concluent qu’il s’agit là d’une surenchère pour complaire à son électorat et empêcher ainsi Valérie Pécresse, son faux adversaire, de se détacher dans la compétition électorale. Sans doute faut-il avoir exercé son imagination dans des rédactions sans exigence pour produire des analyses coupées des réalités. Pendant que l’un « a très envie d’emmerder les non-vaccinés », l’autre ressort le Kärcher de celui qui disait « Casse-toi, pauvre con ! ». La France a de quoi être fière de ses enfants !

Depuis les vociférations de sa campagne de 2017, depuis les accusations de crimes contre l’humanité lancées au visage de son propre pays, depuis la négation de toute culture française, depuis l’humiliation insensée du chef  d’Etat-major des armées, depuis les déhanchement vulgaires d’une fête de la musique en bas résille menée dans la cour de l’Elysée par un DJ affichant sa fierté d’être « noir et pédé », depuis les alanguissements photographiés aux Antilles dans les bras d’un jeune homme torse nu, depuis ce cri inédit dans la jungle politique : « Alexandre Benalla, lui non plus, n’a jamais été mon amant », depuis l’exhibition de mauvais goût d’un T-shirt représentant un chat éborgné par un tir de LBD, depuis les hoquets rigolards devant les galipettes de deux histrions sur les pelouse du jardin de la Présidence, depuis tous ces comportements indignes qui semblent des rushes d’un péplum sur la décadence de Rome, il est absurde de vouloir trouver derrière les manières d’être et de faire de cet homme les leçons d’un Machiavel, comme s’y essaie un certain snobisme journalistique. Durant les « années folles » le Président Deschanel ne grimpait pas aux arbres du jardin de l’Elysée parce qu’il avait lu Le Prince. Depuis quand la faille psychologique serait-elle due à la fréquentation assidue d’un célèbre traité politique ?

Jérôme Serri

Ancien collaborateur parlementaire, Jérôme Serri est journaliste littéraire. Il a publié Les Couleurs de la France, avec Michel Pastoureau et Pascal Ory (Hoëbeke), Roland Barthes, le texte et l’image (Éditions Paris-Musées) et participé à la rédaction du Dictionnaire Malraux (CNRS éditions).

 




Art contemporain, santé publique, conflits d’intérêt et Légion d’honneur

Quel rapport entre la présentation d’une boîte de Merda d’artista de Manzoni dans un musée devant lequel les gens font la queue après avoir entendu la critique d’art en souligner l’intérêt, et l’injection d’un produit dans un vaccinodrome devant lequel s’allonge une file de gens qui auront entendu les médias en vanter les bienfaits ?

Si la comparaison entre une déjection et une injection est perçue comme provocante, elle parlera à ceux qui, s’inquiétant des effets secondaires du « vaccin », ne craignent pas de penser qu’après les atteintes portées à la vie de l’esprit, ce sont les atteintes portées à la vie du corps qui sont désormais à l’ordre du jour.

Les thuriféraires de la Macronie commencent de s’étrangler : « Mais ça n’a aucun rapport ! Qu’est-ce que l’art a à voir avec la santé ? » Rien, précisément, puisqu’il ne s’agit ni d’art ni de santé, mais de tout autre chose.

Lorsque Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture de 2002 à 2004, expose en 2008 Jeff Koons au château de Versailles, dont il préside l’établissement public depuis 2007 alors qu’il est depuis 2004 le conseiller de François Pinault, hommes d’affaires et collectionneur d’art contemporain, il n’y a bien entendu aucun conflit d’intérêts ! Sur les dix-sept œuvres exposées, six appartiennent au célèbre milliardaire. Le 10 novembre 2009, une œuvre de Jeff Koons est vendue près de 6 millions de dollars chez Christie’s à New York, la salle de vente dont François Pinault est le principal actionnaire. Le catalogue de la vente publie en double page (pp 35-36) l’exemplaire de l’œuvre (il en existe trois) qui fut présenté dans la chambre de Marie-Antoinette à Versailles, sans préciser qu’il ne s’agit pas du même exemplaire. Vendue une première fois neuf ans plus tôt, l’œuvre a vu sa valeur augmenter de 500 %, grâce notamment à l’aura versaillaise. Quelques mois plus tard, le 15 avril 2010, Jean-Jacques Aillagon est promu officier de la Légion d’honneur.
Lorsque Karine Lacombe, l’infectiologue financée par Gilead, vient expliquer sur les plateaux de télévision le 30 avril 2020 que le remdésivir (commercialisé par ce laboratoire) est « un traitement encourageant », il n’y a bien entendu aucun conflit d’intérêts ! Le 8 octobre, malgré les résultats négatifs d’un essai clinique de l’OMS, la Commission européenne signe un accord avec Gilead. L’objectif est de s’assurer l’approvisionnement de 500 000 traitements pour un montant d’un milliard d’euros. Jugé inefficace et dangereux, ce médicament est finalement mis au rebut. Quelques mois plus tard, le 1er janvier 2021, Karine Lacombe est nommée chevalier de la Légion d’honneur.

Lorsqu’il est question de conflits d’intérêts, vouloir distinguer art et santé est inutile. Le rapport s’établit de lui-même puisque l’argent ignore la distinction des secteurs pourvu qu’il puisse y couler à flots. Ce qu’il cherche, c’est toujours et partout la meilleure pente. C’est  ainsi que coule l’argent. C’est ainsi que coule désormais un pays.

On ne va tout de même pas faire des histoires pour une malheureuse petite boîte de Merda d’artista sur l’étagère d’un musée national ! C’est vrai, après tout, pourquoi pas ? Oui, pourquoi pas un « Plug anal » place Vendôme ? Pourquoi pas un « Vagin de la Reine » dans les jardins du Château de Versailles ? Pourquoi pas l’auteur de la « Machine à caca » au Louvre ? Pourquoi pas des vidéos d’enfants se masturbant dans un musée à Bordeaux ? Pourquoi pas un crucifix plongé dans l’urine à Avignon ? Pourquoi pas à l’Opéra Garnier un plasticien poursuivi pour pédophilie et dont les œuvres décorent l’Élysée ? Pourquoi pas la photo d’un pauvre type s’essuyant les fesses avec le drapeau français à Nice ? Pourquoi pas une scène géante de zoophilie devant le Centre Pompidou ? Pourquoi pas un Mickey en érection sous les verrières du Grand Palais ? Oui, pourquoi pas, pourquoi pas ? La liste de ces manifestations susceptibles de rendre le monde des adultes respectable aux yeux de leurs enfants est si longue qu’un livre ne suffirait pas à en épuiser l’énumération.

Ce sont les élus qui nomment les administrateurs, les experts, les personnalités qualifiées, leur fixe des objectifs, les écoutent, font parfois semblant de comprendre ce qu’ils disent, les laissent agir sans oser les contrôler, finissent par accepter de voir leur pouvoir se rétrécir au profit du leur. Ce sont eux qui se sont couchés par inculture devant l’imposture contemporaine, par lâcheté devant la puissance financière du marché de l’art, par insuffisance intellectuelle devant l’argument d’une liberté d’expression dont ils ne veulent pas voir le dévoiement. Ce sont ces mêmes parlementaires qui, au nom de la liberté, viennent d’en voter à l’Assemblée nationale et au Sénat la suppression en apportant leur soutien à l’ignominie gouvernementale du « passe sanitaire ». Préférant leur rémunération à leur honneur, ils ont tout simplement voté les pleins pouvoir à Big Pharma.

Jérôme Serri




Avec Larcher, ce n’est plus de la démocratie, c’est de la médecine vétérinaire

Jeudi 15 juillet, Gérard Larcher, président du Sénat et ancien vétérinaire, déclarait sur RTL : « Le passe sanitaire est un levier qui doit nous conduire à ce fameux matelas vaccinal que certains situent au-dessus de 90 %. C’est naturellement le passe sanitaire restrictif des libertés. Mais est-ce que la pire restriction des libertés, c’est pas de reconduire au confinement ? Est-ce que la pire restriction des libertés, ça n’est pas le couvre-feu ? Donc, j’allais dire, faisons la balance entre avantages et inconvénients. Cette restriction, parce que c’est une restriction des libertés, elle devra se faire sous le contrôle du Parlement. En tous les cas, j’y suis favorable sous cette réserve. »

C’est là un raisonnement sommaire tenu devant un journaliste qui ne teste pas la solidité de son interlocuteur. Voyons les questions qui ne lui ont pas été posées.
Première déclaration : « Certains situent le matelas vaccinal au-dessus de 90 % ». Quelles sont ces personnes ?

Seconde déclaration : « La pire restriction des libertés serait le confinement ». Gérard Larcher ne fut-il pas, en pleine épidémie, le plus farouche défenseur du maintien de la date des municipales ? Se confiner était inutile, il fallait aller voter ! Pour lui, maintenant, le confinement devrait à nouveau s’imposer en cas de refus des Français de se faire vacciner. Pareille incohérence n’a rien à envier à celles de l’exécutif. Comment se fait-il que ses fiches n’aient pas été remises à jour sur l’absurdité du confinement généralisé ?

Troisième déclaration : « Cette restriction des libertés devra se faire sous le contrôle du Parlement ». Le président du Sénat ne s’est-il pas plaint à plusieurs reprises de la tentation d’Emmanuel Macron de réduire les droits du Parlement ? Ne déclarait-il pas au Figaro le 4 mars 2020 : « Je demande tout simplement que les droits des parlementaires ne soient pas bafoués ». Quand la tentation autoritaire d’Emmanuel Macron menace les droits du Parlement, Gérard Larcher s’en inquiète, mais lorsque cette tentation passe à l’acte en s’en prenant aux libertés fondamentales des Français, il l’approuve. C’est minable ! À neuf mois des élections présidentielles, ce poids lourd des Républicains (LR), qui n’a de « gaulliste » que le nom, se met dans la roue d’Emmanuel Macron pour sauver les meubles.
Gérard Larcher se dit « favorable à cette restriction de liberté » à condition qu’elle soit sous le contrôle du Parlement. En quoi le Parlement est-il une garantie de quoi que ce soit ? Trois mois avant l’assassinat de Samuel Paty, le Sénat n’a même pas eu le courage, comme il en avait le devoir, de poursuivre devant la justice le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), pour non-présentation devant la commission d’enquête sénatoriale. Silence des médias.

Gérard Larcher (71 ans) s’est fait vacciner. Roselyne Bachelot (75 ans), quoique vaccinée, a été contaminée et hospitalisée. Est-ce par crainte d’être contaminé malgré la vaccination que le président du Sénat se ferait tester chaque semaine ? Dernière question : pourquoi les médias ne l’ont-ils jamais interrogé sur la fermeture, durant la crise, de plus de 1 800 lits d’hôpitaux ? N’a-t-il pas été président de la Fédération hospitalière de France de 1997 à 2004 ? N’a-t-il pas remis en 2008 un rapport au chef de l’État sur une réforme hospitalière placée sous le signe mortifère d’un équilibre budgétaire inconséquent ?
Puissent les Français cesser de se faire manipuler et la France, reprendre rapidement en main son destin !

Jérôme Serri




La leçon de virilité de Bernard Kouchner

Quelle audace, ce Bernard Kouchner ! Toujours prêt à donner des leçons, il vient d’expliquer dans Le Journal du Dimanche qu’il faut que tous les Français se fassent vacciner. Mettant ses pas dans ceux du Président Macron, il file à son tour la métaphore guerrière : ceux qui ne veulent pas se faire vacciner sont « sinon des déserteurs, du moins des alliés du virus ». Et le « French Doctor » d’ajouter : « refuser la vaccination, c’est une trahison ».

Cher Docteur, comme vous y allez ! Lorsque leur autorité de tutelle demandait à vos confrères de renvoyer leurs patients chez eux avec une ordonnance de Doliprane et le numéro du SAMU en cas d’aggravation de leur état de santé, on ne vous a pas entendu protester contre la trahison du serment d’Hippocrate. Se taire avec autant de courage devant ce qui allait virer à l’intimidation des médecins de ville n’était sans doute pas non plus, à vos yeux, trahir ce serment. Dans cet entretien avec l’hebdomadaire, vous ne vous en tenez pas seulement à l’accusation de trahison, vous ajoutez : « Il faut sortir de ces discours complotistes que l’on voit beaucoup sur les réseaux sociaux et de cette gloriole virile qui consiste à se vanter de ne pas être vacciné. Quelle virilité ! » Il faut que vous soyez vraiment aveuglé par le désir de vous rappeler au bon souvenir du Prince pour oser plaisanter sur la virilité de vos compatriotes déterminés à ne pas se faire piquer comme des cobayes. Ne vous en déplaise, ils ont le droit de n’avoir aucune confiance dans des produits expérimentaux pour lesquels les autorités sanitaires n’ont aucun recul. Et ce d’autant plus que le patron de Pfizer vient d’annoncer que les deux injections s’avèrent insuffisantes pour protéger les personnes vaccinées. Votre diagnostic est celui d’un piètre médecin : vous confondez virilité et lucidité.

Est-ce parce que vous n’avez pas tout à fait perdu l’espoir, à 81 ans passés, de devenir le « Monsieur migrants » d’Emmanuel Macron, comme vous l’aviez confié au Point le 11 janvier 2020, est-ce pour cette raison que vous poussez votre zèle de courtisan jusqu’à vous en prendre à je ne sais quelle défaillance de la virilité chez vos compatriotes ? Parce que la virilité, ça vous connaît ! Vous qui n’avez fait, comme le rapporte votre fille Camille dans son livre, que vouloir, simplement vouloir « péter la gueule » à Olivier Duhamel, le mari de votre première femme, l’ami politologue qui chuchotait à l’oreille des puissants et paradait sur les plateaux de télévision, le violeur de votre fils, vous, l’altruiste, le défenseur des causes lointaines, le sempiternel donneur de leçons, vous avez donc renoncé à « péter » virilement la « gueule » à celui qui vous a trahis, vous et les vôtres ? Même votre fils, qui pourtant souhaitait que l’ignominie ne se sache pas, aurait compris que vous colliez une raclée à son infâme beau-père. Les Français ne vous auraient pas désavoué, ils vous auraient applaudi.

Vous dont la vie est sans doute dévastée, j’imagine, par cet indicible malheur, vous qui en portez le poids autrement plus lourd que ce « sac de riz pour la Somalie » sous lequel, ministre de Mitterrand, vous avanciez courbé devant les caméras, vous qui dénonciez encore récemment, avec une belle inconséquence, le « honteux repli sur soi » d’une France qui n’avait pas su accueillir autant de migrants qu’Angela Merkel, vous qui n’aviez que le « devoir d’ ingérence » à la bouche, pourquoi ne vous ingérez-vous pas dans ce monde obscur des Pédophiles sans frontières. L’exotisme des droits de l’homme au bout du monde vous ferait-il plus rêver que les droits de l’enfant à votre porte ? Après ce qui vous est arrivé, vous auriez une véritable légitimité à prendre la tête de ce combat. Vous auriez surtout l’occasion de rattraper votre rendez-vous manqué avec la virilité.

Jérôme Serri




« Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant ! »

« Échangerais crime contre l’humanité contre crime de lèse-majesté ». C’est fait, Monsieur le Président ! Et vous n’avez à vous en prendre qu’à vous-même. La gifle que vous avez reçue lors de votre déplacement dans la Drôme, si elle fut humiliante pour le président de la République, le fut également pour le pays tout entier. Dans la mesure où elle s’en prenait au dépositaire de l’autorité suprême, elle n’était pas très différente de celles qui, depuis des années, atteignent des professeurs ou des élus locaux. Leur différence est une différence de degré, nullement de nature, car la figure du maître d’école ou du premier magistrat de la commune a en partage avec la figure du Président une semblable sacralité.

Il ne s’agit ni d’un « acte isolé » ni d’un « fait divers ». Encore moins du « sentiment » d’avoir été giflé, comme votre garde des Sceaux prétendra peut-être vous en convaincre. N’avez-vous jamais eu à traiter durant vos études le sujet suivant : « Le mot chien ne mord pas » ? Vous venez d’être personnellement rattrapé par le réel. Un réel qui claque plus fort que les mots. Quels que soient les mobiles et le profil de son auteur, cette gifle est un symptôme supplémentaire de la descente aux enfers dans laquelle vous emmenez le pays depuis quatre ans. Vous en êtes le premier de cordée, même si vous avez, dans cette « marche » à l’abîme, quelques insignes prédécesseurs. Ce qui toutefois vous en distingue, c’est une fâcheuse habitude de pousser le bouchon un peu trop loin. Vous semblez en effet prendre un malin plaisir à jouer avec le feu. Prenez garde ! Le vôtre est plus à craindre que celui de nos militaires. N’en déplaise à ceux de vos ministres qui se sont ridiculisés par des commentaires fallacieux de la lettre des généraux, c’est le feu avec lequel vous croyez pouvoir jouer impunément qui risque de vous contraindre demain, vous ou votre successeur, à faire appel à celui de nos armées.

Votre gifle a déjà fait le tour du monde, comme ce doigt d’honneur sur les photos où, en bras de chemise, vous vous noyez dans le regard d’un Antillais torse nu que vous tenez par la taille. Quelques mois plus tôt, vous aviez livré la cour de l’Élysée à des musiciens en bas résille arborant sur leur T-shirt le slogan suivant : « fils d’immigrés, noir et pédé ». Si vous souhaitiez humilier la France en faisant danser les bobos de la capitale sur le perron du palais présidentiel, votre agresseur, en vous collant une danse mémorable, s’est peut-être souvenu de la vôtre, autrement plus violente sur un plan symbolique.

Malgré d’insistantes protestations auxquelles vous êtes resté étonnamment sourd, vous avez laissé un pseudo-artiste suspendre au-dessus du tombeau de Napoléon, pour le bicentenaire de sa mort, une réplique du squelette de son cheval. Vous qui regrettiez de ne pas avoir un Jack Lang à vos côtés, vous avez théorisé cette profanation des Invalides en déclarant sur une chaîne américaine qu’il fallait « d’une certaine manière déconstruire notre propre histoire ». Ne vous étonnez pas que votre gifleur vous ait pris au mot et « démonté la gueule », comme on dit dans le milieu ! Ce dont il ne s’est, hélas ! pas rendu compte, c’est que, par cette sa gifle vengeresse, il participait à son tour – perversion du « en même temps » oblige – à cette défiguration de la fonction présidentielle qu’il entendait dénoncer.

Au festival de la BD d’Angoulême, vous vous étiez fait photographier avec dans les mains un T-shirt du dessinateur Jul montrant un chat à l’œil crevé sous lequel étaient imprimées les lettres « LBD ». Imaginez que pour le prochain festival un Gilet jaune fasse réaliser un T-shirt vous représentant giflé avec, sous votre caricature, la légende suivante « LBD : La Baffe Délectable » !

Avec une indignation surjouée dans laquelle la peur le dispute à l’hypocrisie, la classe politique, toutes tendances confondues, s’est empressée de dénoncer l’atteinte inacceptable à la fonction présidentielle que vous étiez censé incarner. Que ne vous a-t-elle mis en garde des dangers vers lesquels vous couriez à chaque fois que le Président Macron fut victime non pas du comportement d’un ahuri mais de celui – la chose est autrement plus grave – d’un Emmanuel sans tenue ni retenue, s’esbaudissant dernièrement qu’un hurluberlu fasse des galipettes sur la pelouse de l’Élysée ! « Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant ! », est-il écrit dans l’Ecclésiaste.

Jérôme Serri




Gérard Larcher, la lettre des généraux vous est aussi destinée

Monsieur le Président,

Afin d’illustrer le « délitement de la patrie » qui inquiète nos militaires et, comme le confirme un récent sondage de l’ensemble des Français, je rappellerai quelques-unes des faiblesses inexcusables de la classe politique.
Puisque nous parlons de délitement, êtes-vous fier qu’après l’assassinat d’un couple de policiers à Magnanville dans votre département des Yvelines, après la décapitation de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine toujours dans les Yvelines, ce soit à nouveau dans votre département, chez vous, à Rambouillet, qu’une policière ait été égorgée ?

Puisque nous parlons de délitement, êtes-vous fier que la presse se soit intéressée aux relations dangereuses de votre ami Pierre Bédier avec les milieux islamistes radicaux ? Êtes-vous fier d’avoir participé à sa réinstallation à la tête de votre département après sa condamnation à six années d’inéligibilité pour « corruption passive » et « recel d’abus de biens sociaux » ?
Puisque nous parlons de délitement, êtes-vous fier d’avoir répondu à celui qui vous informait il y a dix ans des trafics d’armes d’une ville voisine, Trappes pour ne pas la nommer, et vous prévenait des risques d’attentat, êtes-vous fier de lui avoir répondu : « Vous êtes pessimiste » ? Êtes-vous fier que certains intellectuels venus vous rencontrer soient allés jusqu’à vous dire : « Président, le problème des politiques, c’est leur lâcheté ».
Puisque nous parlons de délitement, êtes-vous fier, vous le prétendu gaulliste qui, pour être à la croisée de toutes les sensibilités, ne voulez surtout pas entendre parler de frontières, êtes-vous fier d’avoir, au lendemain des attentats de 2015, fait installer autour du Sénat, dans la plus grande discrétion, des grilles infranchissables ?

Puisque nous parlons de délitement, êtes-vous fier que votre prédécesseur, Christian Poncelet, ait refusé d’installer le drapeau français dans l’hémicycle au prétexte que la France allait prendre la présidence de l’Union européenne ? Êtes-vous fier, lorsque la même demande vous fut faite un peu plus tard d’avoir usé d’un stratagème pour que certains de vos collègues ne puissent vous imputer une initiative sans doute trop patriotique et pas assez européiste à leurs yeux ?

Puisque nous parlons de délitement, êtes-vous fier que le projet d’exposition sur les couleurs de notre drapeau, le seul au monde à avoir été représenté par les plus grands peintres de Delacroix à Picasso, êtes-vous fier que ce projet n’ait pu voir le jour et remplir d’étonnement et de fierté le cœur des Français ? Pensez-vous qu’on les rassemblera mieux autour de leur histoire en suspendant, pour le bicentenaire de la mort de Napoléon, sous le dôme des Invalides, au-dessus du tombeau de l’Empereur, le squelette en plastique de son cheval Marengo ?
Puisque nous parlons de délitement, êtes-vous fier d’avoir laissé une sénatrice socialiste déposer sur le bureau du Sénat une proposition de loi rédigée en écriture inclusive ? Êtes-vous fier d’avoir eu à la tête de la commission des affaires culturelles de la Haute Assemblée une collègue centriste qui, dans sa région, rédigeait des textes dans cette écriture illisible ?

Puisque nous parlons de délitement, êtes-vous fier que nos généraux soient obligés de vous rappeler que le rôle de nos armées, à l’instar de vos grilles infranchissables pour votre palais, sera demain, de par votre incurie, de protéger la France et les Français, si le malheur de ce qu’ils appellent pudiquement une « explosion » advenait ?
Puisque nous parlons de délitement, comment osez-vous déplorer, devant l’assassinat d’une policière dans votre ville, « l’atteinte au pilier de la loi et du respect de l’autorité de l’État », alors que vous-même n’avez pas utilisé, à l’encontre des représentants du CCIF et de l’ex-UOIF, le pouvoir de coercition qui était le vôtre ? Êtes-vous fier que le Sénat n’ait pas eu ce courage, que vous demandent d’avoir les militaires, d’appliquer la loi en poursuivant ces représentants en justice pour ne s’être pas présentés devant la commission d’enquête sur la radicalisation islamiste en juin dernier, quelques mois avant l’assassinat de Samuel Paty ?

Si la lettre des généraux fait tant de bruit, c’est qu’elle tient un discours de vérité que les politiques ne tiennent plus depuis longtemps tant ils se sont laissé gagner et paralyser par l’idéologie de la déconstruction. Si cette lettre fâche tant la classe politique qui se délecte dans le fantasme d’un putsch militaire pour surjouer une indignation dont elle n’est plus capable devant le délitement du pays, c’est que les militaires, approuvés par une large majorité de Français, pointent du doigt le somnambulisme de cette classe politique. Au gouvernement comme dans l’opposition, le déni de réalité est devenu le cynisme d’une stratégie de mauvaise foi pour se maintenir au pouvoir ou pour le conquérir.

« Moi, je ne peux m’habituer au terrorisme islamiste », avez-vous déclaré sur BFM TV au lendemain de l’attentat de Rambouillet. Vous rendez-vous compte de ce que vous dites ? Comme vos grilles infranchissables installées au lendemain des attentats de 2015, l’énormité de ce « moi, je » est la preuve de l’insupportable « nous d’abord » d’une classe politique qui n’a plus le souci de la France et des Français.

Jérôme Serri




La StradaZeneca, pitoyable version de la télévision française

Dans La strada, sur un terrain vague, le grand Zampanò, un hercule de foire, marche torse nu à grandes enjambées sur un tapis autour duquel se sont attroupés quelques habitants d’un quartier misérable. Roulements de tambours. Le spectacle commence : « Voici une chaîne d’une épaisseur d’un demi-centimètre en fer forgé, plus résistant que l’acier ; par la simple expansion des pectoraux, c’est-à-dire des muscles de la poitrine, je vais faire sauter cette chaîne. Pour réussir ce tour de force, je vais gonfler mon thorax comme une chambre à air ; je peux me rompre une veine, cracher le sang. Un jour à Milan, un type qui pesait deux fois plus lourd que moi a perdu la vue en faisant cet exercice. Pourquoi ? Parce que c’est le nerf optique qui fournit tout l’effort, et une fois qu’on a perdu la vue, on a tout perdu. S’il y a des personnes sensibles dans l’assistance, il leur est recommandé de fermer les yeux, il y aura peut-être du sang. »

Le cirque à domicile
Le 3 mars, sur un plateau de télévision devenu, avec son auréole de projecteurs, un cirque à domicile, un mini-Zampanò en costume-cravate entend briser les chaînes de sa condamnation à de la prison ferme. Les roulements de tambour annonçant le spectacle ont retenti les jours précédents : « Mercredi prochain au 20 heures de TF1, mesdames-messieurs, Nicolas Sarkozy sera l’invité de Gilles Bouleau ». L’inévitable boniment du politique ne se fera cependant entendre qu’à la fin de l’entretien. Voulant savoir si ses démêlés judiciaires avaient modifié ses relations avec Emmanuel Macron, le journaliste lui demanda : « Est-ce que l’actuel Président de la République vous consulte en vous disant « que feriez-vous à ma place ? ». Reformulée, la question se fit immédiatement plus personnelle : « D’ailleurs, que feriez-vous à sa place sur la vaccination, par exemple ? »
Après une brève déclaration d’amour adressée à la France au cours de laquelle il crut faire frissonner le pays avec cette confidence : « Je suis français par tous les éléments de ma peau », le Nicolas Sarkozy que l’on connaît entra en piste pour répondre à la question de la situation sanitaire du pays : « Sur la situation, elle est très difficile. Pour moi, c’est clair, et je l’ai dit au Président de la République, la seule solution contre le Covid, c’est vacciner, vacciner matin et soir, vacciner sept jours sur sept, parce que le problème n’est pas le confinement, le problème c’est le virus, le virus sous toutes ses formes, et la seule réponse à ce virus, c’est la vaccination, il faut vacciner jour et nuit, sept jours sur sept, c’est la seule façon de s’en sortir et c’est la façon d’ailleurs qui coûtera le moins cher. »

Un ancien président qui saute comme un cabri
Non seulement Nicolas Sarkozy a rappelé qu’il payait ses impôts en France, non seulement il s’est inquiété du coût pour le contribuable français des poursuites judiciaires et des enquêtes dont il a été l’objet depuis dix ans, mais en plus il sait, lui, de façon certaine, que le vaccin est la solution la plus sûre et surtout la moins coûteuse pour le pays. Après quinze mois durant lesquels le Gouvernement a trompé les Français, les a effrayés, privés de liberté, manipulés, confinés, culpabilisés, infantilisés et sanctionnés, sauter ainsi sur sa chaise comme un cabri en disant « le vaccin, le vaccin, le vaccin » et n’avoir que cela à dire aux Français, n’est pas à la hauteur de la fonction occupée hier. Nicolas Sarkozy n’a fait que jeter sa désinvolture à la figure des Français. N’apprenait-on pas le lendemain sur BFM TV que le chef du service de réanimation à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière avait été testé positif au Covid-19 après avoir reçu le vaccin Pfizer ? Puis, quelques jours plus tard, que Le Danemark, la Norvège et l’Islande, suivis par d’autres pays, puis aujourd’hui par la France, suspendaient le vaccin AstraZeneca ? Qu’à cela ne tienne, Nicolas Sarkozy entend éclairer le choix des Français lors de la prochaine élection présidentielle. Le bruit court qu’il pourrait leur demander de voter Emmanuel Macron.

La chienlit de la gestion gouvernementale
Mensonge sur les masques, maintien de l’ouverture des frontières, interdiction de prescrire faite aux médecins, mise à l’index de l’hydroxychloroquine, instrumentalisation de la peur, confinement, abandon des essais cliniques, utilisation aberrante des tests PCR. Plus achat par l’Europe, auprès du laboratoire Gilead, de doses massives, inutiles et dangereuses de remdésivir, couvre-feu, fermeture des restaurants, des bistrots, des lieux culturels et des salles de sport, endettement du pays, conflits d’intérêts, insultes, menaces de mort, plaintes diverses et variées, comité scientifique sans comptes-rendus, conseil de défense flottant et autoritaire, plateaux de télévision saturés par une parole aux ordres, comptes Twitter censurés, course précipitée au vaccin, opacité des contrats, désorganisation à tous les niveaux, annonces contradictoires, parlement dépassé, commissions d’enquête inutiles, cynisme de la nomination dans l’ordre de la Légion d’honneur d’une infectiologue ayant des conflits d’intérêts avec Gilead et enfin exfiltration de l’ancienne ministre de la santé vers la Suisse avec une nomination promotionnelle à l’OMS. Face à cette monumentale chienlit, l’ancien président de la République, plus caricatural que l’image qu’en donne ses imitateurs, s’est réfugié dans un boniment à la Zampanò.

Où est l’opposition ?
Où est donc l’opposition dont il est difficile de dire que l’ancien président ne fait pas partie même si certains de ses obligés sont « en même temps » dans la majorité ? Les Français, pour ne pas perdre espoir, n’auront entendu que Florian Philippot, Jean-Frédéric Poisson, Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau leur parler des traitements, quelques rares parlementaires, quelques journalistes tout aussi rares, et aux avant-postes, quelques chercheurs de haut niveau, des médecins, des personnels soignants, tous opposants courageux à la soumission de l’Etat à des intérêts qui ne sont pas ceux du pays.

Jérôme Serri