Une France sans Dieu ni roi ou une France chrétienne : qui a raison ?
Il est toujours difficile de se définir… La référence de la fondation de la France a changé au cours du temps, en fonction de l’objectif politique alors poursuivi : Clovis, Vercingétorix (un demi-millénaire les sépare), Charlemagne, Hugues Capet, la Révolution de 1789 (ou 1793 ?), Napoléon (fondateur de la modernité) ?
La France reste cette chose étonnante, cet attachement qui fait que les étrangers qui s’engagent dans la Légion montent une crèche à Noël au bout d’à peine une année ; oh, pas parce qu’ils sont chrétiens (même si cela se peut), mais pour marquer que la France guide leurs pas, par un atavisme étrangement acquis, sorte d’amalgame subtil et précieux. Un attachement charnel qui se créée comme à – presque aimons-nous à penser, mais est-ce vraiment le cas ? – aucune autre nation, aucune autre terre.
Ce miracle, renouvelé depuis 1500 ans, d’où vient-il ? Ce sujet, cette interrogation existentielle, a épuisé bien des ouvrages et suscité bien des articles et récits de Banville, Maurras, de Michelet, Hugo ou Barbey d’Aurevilly… et bien d’autres.
Cet article fera seulement deux remarques, deux modestes hypothèses sur, peut-être, des racines de ce qui a permis de renouveler ce miracle de la France et de son peuple à travers l’histoire.
La France n’a jamais été totalement chrétienne
La première, au risque de faire sursauter certains : la France n’a jamais été totalement chrétienne.
Entendons-nous bien : il ne s’agit pas par exemple de nier la conversion de Clovis ou que notre culture, notre philosophie soient issues du christianisme. Mais… il est toujours resté, pour que la France soit la France, dans le peuple une idée de la grandeur de Rome, du culte de la force des Gaulois, de la brutalité païenne qui permet la survie, de la lutte pour sa terre et les siens.
Le Français est avant tout un paysan, qui défend sa terre, adore ses Dieux personnels et est prêt à résister au monde entier. Ce caractère propre, c’est par exemple Clovis qui attend des années après Tolbiac pour se convertir ou Philippe le Bel qui devient le fossoyeur de l’Ordre du Temple et génère une succession de Papes à Avignon. Le Français, fut-il récent, pieds dans son sol, sur le socle de sa croyance préchrétienne, résiste par tous moyens et rend les coups.
Sans la puissance de Rome, jamais le monde n’aurait connu le christianisme. Quand l’Arianisme domine, ce sont les Francs qui résistent. Qui allient leur force, leur brutalité, leur haine (car oui, il faut haïr ! Ceux qui ne haïssent plus rien acceptent l’inacceptable : il est des causes, des pensées, des idées, des textes qu’il faut haïr), à la défense des principes du christianisme naissant.
La France est ce syncrétisme entre la terre, la force, les Dieux antiques et le christianisme.
La France est chrétienne
La seconde : depuis Clovis, l’histoire du peuple de la zone géographique de la France d’aujourd’hui est indissociablement liée au christianisme.
C’est après Clovis qu’on peut dater la notion de « France » proprement dite, qui désignait alors quelques terres d’Île… de-France seulement : dans ce curieux septième siècle dont l’organisation sociale n’en finissait pas de quitter l’Empire de Rome, où les campagnes parlaient encore Gaulois et où se manifestaient les prémisses d’une nation différente à la fois de la Gaule, de Rome et des Francs.
Le peuple de France a apporté sa force au service du message du Christ, issu des quatre récits biographiques dits du Nouveau Testament où il est bien difficile de trouver meurtres glorifiés, appel à la guerre ou autres justifications de l’esclavage (vous avez reconnu de quel autre texte je parle).
Une fois ce constat fait, deux possibilités s’ouvrent : l’une de croyance, l’autre pas. Commençons par l’autre.
Une France sans Dieu (ni roi)
S’il n’y a pas de Dieu ou, pour reprendre le mot de Laplace « Dieu est une hypothèse dont je n’ai pas eu besoin », alors la France s’est développée dans la chrétienté puis s’en est émancipée, d’abord en 1789 en même temps qu’elle interrompait de manière spectaculaire la lignée de ses rois, puis en 1905 et 1910 pour arriver aujourd’hui à une église sans pouvoir, une désacralisation des rites chrétiens et une floraison d’autres croyances, installées comme hétéroclites.
Puisque dans cette branche de l’hypothèse, il n’y a pas de Dieu, il s’agit finalement d’un choix raisonnable, conforme au réel, à la science, de progrès en somme. Rien de grave, au contraire une occasion de grandir.
Mais… le monde n’est pas ainsi. Les peuples ne sont pas ainsi. Les individus ne sont pas ainsi.
Le besoin de transcendance, de croire, d’espérer après la mort, de se prosterner devant plus grand que soi est inhérent à chacun, à des degrés divers. Un peuple sans croyance installée cherchera à étancher sa soif de croire ailleurs, dans la religion de la consommation, de l’argent, ou tout simplement dans une autre religion, tout particulièrement si elle correspond à sa nature profonde, celle de cette alliance Rome-Christianisme, de la force qu’il admire chez le païen qui sommeille, dans le combattant Gilet Jaune ou le Légionnaire.
Aujourd’hui, ce qui étanche le mieux cette soif de croire, qui a conservé ses rites visibles, qui conquiert, c’est le coran qui l’apporte le mieux, le plus largement et au plus grand nombre. Pourtant son texte est infâme, incohérent, rempli de bruit et de fureur, d’injustices et de mort. Son historicité est douteuse au mieux, ses personnages falots et imprécis. Mais… il faut faire cinq prières par jour, le ramadan et toute une série de rites (les habits !) visibles qui réconfortent cette envie, ce besoin fondamental de croire, d’être encadré, de ne pas avoir à penser, de ne pas se retrouver devant le vertige du Vide métaphysique, cette peur animale terrible. Ce sont les rites qui créent l’illumination. L’église à Rome les a (presque) oubliés (un désarmement lors d’une accalmie, mais toujours en temps de guerre pour les âmes), là où le coran les prescrits avec rigueur.
Permettez de proposer cette conclusion temporaire : pour résister à une croyance, surtout totalitaire comme celle du coran, il faut une croyance, une aspiration haute… Les « valeurs de la République », la mystique républicaine laïque fait pâle figure dans ce rôle : elle ne tiendra pas. Cette digue-là fait trois mètres, alors que la vague en fait cinq. Désolé d’écrire cela sur « Riposte Laïque », si précieux fer de lance de la résistance aux ignominies du coran : la laïcité ne suffit pas, ne suffira pas. Il faut faire rêver plus que par une religion d’absence qu’est la laïcité.
Passons à la seconde branche, qui suppose qu’il y a un Dieu et que la France a un rôle à jouer.
Une France chrétienne
S’il y a un Dieu… qu’est-ce que la France ? Tolbiac et la conversion de Clovis, une Église institutionnelle qui s’articule avec le pouvoir royal jusqu’à Charles X, qui s’accommode tant bien que mal de différents régimes politiques jusqu’en 1910, jusqu’à aujourd’hui où elle ne s’appuie plus que sur quelques lambeaux de liens avec l’État (la loi Debré dans l’enseignement, par exemple).
Dans une perspective chrétienne – croyante, du moins -, de manière similaire sans doute au rôle du peuple Juif porteur de la parole divine à travers les vicissitudes de l’histoire mondiale, la France joue un rôle particulier. Ce qui a été exprimé ainsi par Jean Paul II en 1980 : « France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? »
La France est femme, mère, féminine. Comme la lune ou ces déesses guerrières Athéna ou Brigit (on y revient !). Marie la guide, la protège et se désole de ce qu’elle devient. L’incendie de Notre-Dame à Paris, toujours dans cette optique, semble un cri d’alarme, une injonction de réveil lancée aux Français, à tous les Français, à tous ceux qui ont entendu et entendront cet appel, qui se sont révoltés ce jour-là. Les pierres de Notre-Dame n’ont pas d’importance, ces pierres-là sont le cœur des Français. Elles ont brûlé. Presque.
Le peuple n’est pas un monument, il est des êtres de chair en mouvement qui doivent croire. Il est Jeanne d’Arc, il est le cœur brûlant. C’est cela que la Dame a exprimé – pourtant le royaume de France lui a parfois refusé sa dévotion.
Pour que des Français se lèvent, et la suivent ; pas l’église de Rome et ses politiques complexes, mais Elle, avec la foi du charbonnier qui, le cœur sûr, va défendre sa terre, pour la France, lui-même, sa femme, ses fils et ses filles, ses ancêtres, ses dieux… et Notre-Dame.
Qui a raison ?
Je ne sais pas qui a raison. Le silence le dira. Ce n’est pas dans la meute et le bruit que les grandes décisions se prennent, mais dans le grand silence et l’écoute.
Mais je sais que la seule défaite certaine est celle des lâches, celle qui se donne sans combattre, celle où la perte est déjà dans les têtes.
Il y a des signes encourageants, de résistance à une mondialisation qui tue, sans âme dévouée au veau d’or moderne (qu’il est bien vide pourtant, en réalité ! Les colis Amazon ne s’emportent pas dans une tombe…), des signes de spiritualité sans la naïveté criminelle – y compris parmi certains prélats -, de courage (bravo Némésis et Mila), d’ingéniosité, de pétulance et de débrouillardise (bravo Pierre et Christine, bravo Thaïs et d’autres).
Jeanne, qu’attends-tu de nous ?
John Vallès
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