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Pourquoi tant de haine contre RL ? Parce que tant d'amour…

Pourquoi tant de haine contre R.L. ? Parce que tant d’amour. Entre amour et haine, le passage de l’un à l’autre est classique. Amour et fraternité pourtant est la seule façon de vivre en paix en commun mais que les religions ont toujours su diriger vers un pouvoir de domination sécularisée. L’Histoire de France est émaillée de luttes pour au contraire émanciper l’homme et surtout la femme, notamment depuis 1789, et ensuite en 1905 au nom de la Liberté pour tous y compris de conscience, mais à condition que la religion ne s’impose pas : la laïcité n’a fait qu’entériner cette séparation de l’église et de l’Etat. Façon de vivre en commun entrée dans les moeurs que viennent déranger maintenant d’autres coutumes venues d’autres cieux dont le caractère émancipateur, le moins qu’on puisse dire est qu’il laisse à désirer. Chacun à sa place : espace public à côté de l’espace privé et les bœufs seront bien gardés, c’est le sens de la laïcité. R. L n’a pas d’autres buts que de maintenir cette dichotomie chèrement acquise, malgré les invectives.
L’Islamophobie n’a qu’un sens n’en déplaise au dictionnaire Robert édition 2009: phobie (en grec) veut dire peur, donc peur de l’Islam. Curieusement le dictionnaire n’avait pas encore inscrit ce mot en 1978. Assimiler ce sens étymologique de peur, à la haine, est étonnant de la part de ce dictionnaire pourtant très littéraire ! Peur donc de l’islamisation rampante dictée seulement, comme le dit Pierre Cassen, par l’amour de la République (une et indivisible). Quant aux invectives de la part des communautaristes acceptant à l’opposé, la division, elles prouvent simplement que ces derniers ne sont pas conscients de la force d’asservissement des clergés.
Est-ce que la passion de Pierre Cassen justifie sa compromission avec des groupes d’extrême droite ? Tout dépend de la légitimité de son combat. L’un agit par amour (de la France) les autres par haine (de l’étranger). La rencontre de R.L. et de la droite extrême est une coïncidence, parce que la cible, l’islamisme, est la même. C’est un combat d’avant-garde, ce que les défaitistes ou inconscients, baissant les bras, négligent par manque de courage. Cas de conscience secondaire que n’a pas embarrassé ceux qui dans la Résistance, se sont engagés dans les Francs-tireurs et partisans (FTP), tendance communiste, quand ils côtoyaient les Forces françaises de l’Intérieur (FFI) dont faisaient partie d’autres patriotes anticommunistes, souvent de droite. La lutte contre l’envahisseur a vu ainsi la droite et la gauche se rejoindre dans un même combat : seul l’objectif comptait. Quand a été proclamée « La patrie en danger », a-t-on demandé à ceux qui s’enrôlaient s’ils étaient montagnards ou girondins ?
Louis Peretz




L'inflation, une catastrophe ?

Dans le même esprit de la pensée unique, ceux qui nous gouvernent depuis la fin des années 70, qu’ils soient de gauche ou de droite, ont fait de l’inflation un tabou. La moindre stratégie Economique qui en admettrait la perspective sert de repoussoir absolu pour les libéraux et pour le patronat. Ils s’appuient sur un argument qui paraît indéniable à première vue : l’inflation serait préjudiciable à l’ensemble de la population car elle diminue drastiquement son pouvoir d’achat.
Inflation veut dire augmentation des prix, ce qui semble être effectivement synonyme de baisse de pouvoir d’achat pour la population et surtout pour les classes défavorisées. Ce que l’on ne nous dit pas c’est que le préjudice l’est davantage pour les prêteurs, banques et financiers. Pour comprendre le mécanisme le mieux est de revenir à un modèle extrême, celui des années 1920 en Allemagne, qui ont suivi l’armistice de 1918. L’inflation avait une allure exponentielle, celle où la population voyait fondre la valeur de sa monnaie de plus en plus vite. En effet, parmi les conditions de la capitulation allemande, figurait une clause de remboursement des dommages de guerre que le vaincu devait payer aux vainqueurs, en l’occurrence à la France et à l’Angleterre. Comment un pays exsangue, qui avait tout mis dans la grande industrie pour répondre à l’effort de guerre, pouvait-il faire face à cet engagement qui était considérable ?
La solution évidente pour régler cette dette était d’émettre de la monnaie : fabriquer des D.M, avec la planche à billets. Or, on sait que plus il y a de monnaie en circulation (pour la même production) moins chaque unité, ainsi divisée de la masse monétaire, a de valeur. La masse monétaire que l’Allemagne payait aux vainqueurs a été réintroduite sur place : en effet qui aurait voulu de cette monnaie ? Il était logique pour les producteurs et commerçants qui avaient du mal à faire face aux besoins de la population, pour compenser la perte de la valeur de leur marchandise, d’augmenter leur prix à chaque nouvelle baisse de la valeur du D.M. Ce fait permanent, incitait par là même à la montée des prix par anticipation. Et ainsi de suite dans un cycle devenu infernal : plus la valeur du D.M baissait, plus les prix montaient. Par effet boomerang, les producteurs, pour maintenir leur profit devaient également monter leurs prix dans les mêmes proportions.

Tout le temps que le flux de remboursement aux alliés se poursuivait, cette course à la fabrication de monnaie continuait. Faisant perdre de sa valeur, de plus en plus rapidement au D.M. au point qu’on a vu des consommateurs remplir des brouettes de billets pour faire leurs courses quotidiennes. Bien entendu, les ouvriers de l’industrie de guerre, non encore reconvertie en industrie de production traditionnelle, ainsi que les militaires démobilisés ne trouvaient pas de travail. Ce chômage excessif accentuait la faiblesse de la production qui poussait également à l’inflation des prix. Dans un tel contexte, ceux qui travaillaient, devant la perte du pouvoir d’achat de leur salaire, ont vainement tenté d’obtenir des augmentations de la part d’un patronat dont le capital avait généralement disparu. D’où une profonde misère qui a duré jusqu’à ce que la France et l’Angleterre, devant un tel désastre acceptent d’arrêter la demande de remboursement avant son échéance. L’Allemagne a pu ainsi se redresser, refaire partir sa production, notamment dans l’industrie lourde, y compris l’industrie de l’armement avec ce qu’on sait des suites : la deuxième guerre mondiale.
On comprend que l’Allemagne a toujours tout fait pour éviter d’entrer à nouveau dans un pareil cercle vicieux, notamment en faisant de sa monnaie, et pour les mêmes raisons, celle de l’Euro qui l’a remplacée, une monnaie stable et forte, en évitant toute augmentation importante de la masse monétaire.
La France, pour des raisons différentes a connu également une période inflationniste. Celle des trente glorieuses de 1945 à 1975. L’augmentation de la masse monétaire en circulation venait, contrairement à l’exemple précédent, des liquidités du plan Marshall, de prêts et dons. Le développement fondé sur la demande, passait par les investissements dans tous les domaines, mais en particulier dans le bâtiment, entraînant certes une inflation importante allant jusqu’à deux chiffres, mais sans commune mesure avec l’exemple précédent, car étalé dans le temps. Le retour des prisonniers de guerre, les énormes besoins de reconstruction, devaient être satisfaits par les entreprises qui ne pouvaient qu’engager les ouvriers et employés, pour faire face à cette forte demande de production. Ils ont obtenu les salaires qui augmentaient au fur et à mesure que la production augmentait. C’est dans ce cas la masse salariale qui est la source de l’augmentation des prix. Or pendant quelques années, après 1950, ces prix ont été bloqués par l’Etat Français, pour éviter l’effet ricochet alternatif entre les deux augmentations, salaire-prix mais à l’avantage du premier car il fallait pouvoir répondre aux besoins de production en hausse permanente. La croissance aidant, le pouvoir d’achat réel des salariés a augmenté pendant les trente glorieuses, en moyenne de 5% par an. On est loin d’une inflation pernicieuse qui défavoriserait les masses laborieuses.
Par ailleurs, afin de satisfaire la demande de construction et d’investissements industriels, les prêteurs dont les taux d’intérêt étaient assez bas, et sous la contrainte de la Banque de France, ne pouvaient compenser la baisse de la valeur du franc. Ce n’est que plus tard, dans les années 75, estimant qu’ils avaient été lésés, car ils étaient remboursés de leurs prêts en « monnaie de singe », qu’ils ont pu récupérer la perte de valeur de la monnaie, quand les prix et les taux d’intérêt ont été progressivement libérés.
Ce troisième acteur, le financier-prêteur, va donc inverser la tendance en faisant pression sur les pouvoirs publics pour arrêter l’augmentation du pouvoir d’achat des salariés et de la masse monétaire correspondante. En freinant et bloquant la masse salariale, les banques et organisme prêteurs diminuent en même temps le niveau de la croissance par la demande : l’augmentation de la masse monétaire qui faisait tourner la machine économique a commencé à baisser et le taux d’emploi également. Rappelons que le chômage dans les années 50 à 70 était d’environ 2% et de moins de 8% de 74 à 83. Dans ces conditions, pour maintenir un minimum de croissance, il suffisait de maintenir le pouvoir d’achat artificiellement, en remplaçant le niveau des salaires par l’offre de crédit de plus en plus facilité. Il n’est pas étonnant que par la suite les inégalités se soient accrues : la finance (la rente) qui représentait respectivement environ 30% et la masse salariale 70% de la masse monétaire totale, fasse pencher la balance dans l’autre sens : nous en sommes actuellement à 40% et 60%.
Les pays émergents récents ont compris que la stratégie fondée sur la demande, quitte à augmenter les salaires nets réels, pouvait leur être appliquée quelles que soit les risques inflationnistes. Il en est ainsi de l’Inde du Brésil actuellement, et de la Chine. Il en a été ainsi du Japon, de la Corée du Sud…et de la France qui, pendant les trente glorieuses, était également un pays émergent dont la croissance était importante, malgré une inflation souvent à deux chiffres… Les pays émergents actuels ont une forte croissance, et une inflation faible et même nulle pour la Chine .
La conclusion s’impose, ou le système repose sur cette dernière stratégie consistant à augmenter les masses monétaires d’origine salariale, (fordisme) ou, au contraire, on admet que ce soit le crédit qui fasse progresser la croissance Economique à l’avantage des fonds spéculatifs et au détriment du pouvoir d’achat réel des salariés. Dans le premier dernier cas, il faut accepter le risque inflationniste. Il suffirait que les pouvoirs publics imposent une régulation des prix et que les taux d’intérêt soient sous contrôle en cas d’emballement.
La BCE pour la zone Euro est l’organisme régulateur de l’inflation. Les pouvoirs publics en contrôlant les salaires réels freinent toute croissance qui serait d’origine fordiste, quitte à ce que le chômage augmente. L’Allemagne, avec sa hantise historique de l’inflation, ne semble pas prête à en accepter la perspective, même si ce n’est plus qu’un prétexte : tous les économistes de nos gouvernements n’ignorent pas qu’il s’agit plus d’un chiffon rouge qu’un risque réel. En misant uniquement sur le crédit à tout va, pour les particuliers, comme pour les Etats, la doctrine économique qui a entraîné la plupart des pays développés au bord du gouffre. Comme c’est dans la nature même du crédit que de rechercher le profit maximum, il n’est pas possible de le réguler à terme, les mêmes causes produiront les mêmes effets.
Quant aux dévaluations possibles, elles n’ont pas que des inconvénients : pour l’import-export en particulier, une monnaie affaiblie éviterait les délocalisations et freinerait les importations ultra-concurrentielles préjudiciables à la production interne. Mais toujours dans la pensée unique, les tenant d’une monnaie forte, ont propagée l’idée que les dévaluations étaient en quelque sorte infamantes, faisant croire qu’à une monnaie faible correspondait à un pays faible.
La séparation de certains pays de la zone Euro permettrait, en sortant de la tutelle de la BCE et des obligations du libre-échangisme, d’adapter leurs Economies à leur situation réelle et …si les pouvoirs politiques le voulaient (?), d’inverser la tendance au chômage, qui, par un certain retour des choses, est devenu, lui, exponentiel à la place d’une hypothétique l’inflation.
Une autre erreur fondamentale de la pensée unique ultralibérale : faire baisser les dépenses de la fonction publique tout en diminuant les rentrées pour complaire à la doctrine allemande de l’orthodoxie financière de l’Etat, fera peut-être l’objet d’une prochaine analyse, sauf avis contraire de votre part si ces billets vous importunent.
Louis Peretz




L'impossible relance économique

Tout le monde le savait, mais en général personne ne le disait :
l’économie normale ne fonctionne que sur la valeur travail. C’est pour
l’avoir oublié que nos classes dirigeantes nous ont enfoncé depuis des
décennies. Elles ont poursuivi sereinement la politique de l’offre
décrétée par les pays anglo-saxons (consensus de Washington) et
appliquée également en Europe, en particulier en France depuis 1983 et
confirmée par les traités européens.
Seule la libre entreprise, dans un marché soi-disant autorégulé pouvait
amener la prospérité aux populations. Certains pensent qu’il n’y aurait
plus qu’à attendre que l’orage passe, pour réparer les dégâts, à la
lumière de la dernière crise, retaper le système et à nouveau relancer
la machine en faisant attention à freiner les mouvements de capitaux et
autre excès financiers. Ce qu’ils appellent « réguler ». Tout le monde
pense, et c’est possible, que si le système capitaliste disparaissait
entièrement on aurait obligatoirement un système totalitaire à la
soviétique. Les deux systèmes semblent désormais aussi dangereux l’un que l’autre.
Il y aurait pourtant une solution, qui consisterait à instaurer un
système intermédiaire, entre le tout libéral, même régulé
provisoirement, et le marxisme intégral. Cela consisterait à obliger
les entreprises et le système financier à se rattacher à la valeur
travail-temps : un vrai plan de relance dans lequel le pouvoir d’achat
ne serait plus dopé artificiellement par le crédit facile comme il l’a
été, mais par un crédit bien tempéré, comme l’indique l’expression «
payer à tempérament ». Nécessaire mais pas suffisant.

En effet, la soif du profit est inéluctable dans un système capitaliste
où l’argent rapporte en tant que tel. Un vrai plan de relance
consisterait à mener une politique de la demande, c’est-à-dire
augmenter très sensiblement les bas revenus, immédiatement, ne
serait-ce que pour parer à l’urgence. Seule façon de remplacer les
liquidités manquantes à cause de la restriction du crédit, par un
afflux de liquidités qui, comme on le sait, sont le moteur de la
croissance économique.
Cette crise pourrait être une occasion inespérée de réconcilier le
social avec l’économique. Une certaine inflation pourrait en être la
conséquence. Il suffirait alors de dévaluer le Franc, (réinstallé comme
monnaie nationale, en plus de l’Euro comme monnaie internationale),
dévaluation compétitive qui aurait l’avantage de réajuster notre
économie réelle, notamment d’arrêter la course à la délocalisation.
Inutile de demander à Sarkozy de prendre des mesures dans ce sens, même s’il le voulait (peu probable), il n’en a pas le droit, à cause des
traités européens. Ils sont il est vrai déjà en partie transgressés
(critères de convergence oubliés, aides aux banques). Ce qui confirme
que les traités ne sont que ce qu’ils sont, des accords circonstanciels. Démonstration par l’absurde que l’Europe s’est engagée sur une mauvaise voie. Il n’est pas trop tard d’en revoir certaines dispositions, et la remettre sur les rails dans une bonne direction, à condition que nos politiciens en aient la volonté, ou, qui sait (?), qu’on les force à le faire, par exemple en adoptant, toujours en France, une nouvelle constitution qui redonnerait la main au peuple souverain grâce à l’Assemblée référendaire (www.citoyenreferent.fr).
Louis Peretz




Il est normal que le voile soit rejeté par la société civile

Bernard Teper (UFAL) qui est un ardent ancien défenseur de la laïcité a raison de distinguer les sphères publiques et privées pour mieux faire comprendre qu’il existe des limites d’influence entre les religions et l’ensemble de la population. Ceci dit, cela me paraît insuffisant.
Comment définir les zones de rencontres entre ces deux sphères, sachant que lieux commerciaux où pénètre le public sont à la base des lieux privés.Que deviennent les droits des propriétaires du fonds de commerce qui ont engagé leur argent pour le créer, face aux droits de ceux qui engagent le leur pour obtenir un service ou produit en échange ?
Peuvent-ils, dans certains cas trier leur clientèle ? L’affaire Truchelut est un exemple qui oppose ces deux droits.Aussi, la récente affaire de l’auto-école qui refuse le droit d’accès dans sa voiture école, donc dans sa propriété, à une femme voilée correspond-elle, comme le cas précédent, à l’adage connu : charbonnier est maître chez lui ? Un client quelconque peut-il dans tous les cas exiger ce qu’il est en droit d’attendre de son interlocuteur à partir du moment il paye ? Ce dernier n’a-t-il pas également des devoirs ? Questions délicates, dont les réponses générales sont insuffisantes, et qui, à mon sens, resteront non réglées par les tribunaux : le fond de l’affaire subsiste quand l’un ou l’autre refuse la transaction pour des raisons qu’il s’agit alors de justifier au cas par cas.

Il me semble qu’il faudrait distinguer, non plus tant le domaine public ou le domaine privé, imbriqués l’un dans l’autre dans ce type de relations, mais le domaine civil. Non plus seulement les lieux, mais les personnes, la société. La loi de 1905 a séparé le domaine public du domaine privé d’abord sous l’angle financier, le plus urgent, chacun ayant son propre domaine. Mais en supprimant alors toute implication financière des pouvoirs religieux dans l’Etat, elle n’a pas tout supprimé. Cette loi ne permet pas en effet d’éviter toute influence de communautés spirituelles indirectement dans le domaine civil, donc celui de l’Etat. C’est l’Etat qui rassemble tous les citoyens dans un même moule, celui du citoyen, membre de la société, celle qui se reconnaît dans la République déclarée une et indivisible incluant son organisation, ses mœurs, us et coutumes et non seulement les imbrications financières.
La société civile, par réflexe d’autodéfense ancestrale, en conserve la mémoire collective. Ainsi définie elle n’accepte les groupes et individus qui se distinguent de la communauté que s’ils sont là pour maintenir sa cohésion, ou pour la protéger. Par exemple, les pompiers qui ont des droits de priorité, font du bruit avec leurs avertisseurs, etc. sont acceptés pour le service reconnu qu’ils rendent, comme les militaires ou les policiers en uniforme. Des groupes de manifestants, sont acceptés, s’ils sont reconnus officiellement ou dans le passé comme étant inoffensifs. Les lois, décrets, et arrêtés règlent le comportement des citoyens dans la communauté, quel que soit le lieu, public semi privé ou même privé dans sa manifestation. Des individus ou des groupes ont estimé que leur liberté de conscience individuelle par nature, les autorisait à se maintenir telle quelle dans la société civile sans se préoccuper de l’impact qu’elle pouvait avoir dans leur imbrication dans la société.
Comment alors reprocher à la société civile où tous ceux qui la composent se confondent naturellement dans le « paysage », qu’elle refuse d’accepter ceux qui, par leur auto-discrimination risquent d’en changer l’état si celle-ci se prolonge ? Tout groupe issu de la société civile doit donc avoir un comportement neutre, sans distinction volontaire de races de couleurs, de religions, qui sont tolérées, à condition de ne pas manifester cette différence. Ce qui suppose de s’intégrer, de se faire admettre. A ces personnes « étranges » de respecter alors le principe de neutralité, comme la laïcité le fait en respectant les religions, en ignorant ce qu’elles ont de particulier, en refusant d’en apprécier plus l’une que l’autre, en refusant d’en aider une quelconque. Cette neutralité doit être alors réciproque.
La tolérance, vaut acceptation de cette réciprocité : il est normal pour un pays dont les droits de l’homme sont reconnus depuis longtemps, qu’il y ait tolérance aux différences reconnues, sous réserve que celles-ci soient involontaires et neutres dans leur contact avec la société, sous peine d’être considérée comme facteur de division. Le voile pour les femmes musulmanes peut paraître à leurs propres yeux comme signe naturel d’appartenance à une communauté à base religieuse– elle apporte sa maison avec elle – mais cette communauté n’a de justification pour la société civile en France que si elle est bénéfique à la société. Sinon elle restera étrangère. En ne se fondant pas dans le paysage, elles interpellent la communauté existante : il n’est pas étonnant qu’elle soient rejetées, d’autant plus que leur symbole visible, est celui d’une régression par rapport à l’émancipation de la femme obtenue à grand peine par la société dans laquelle elle pénètre en force.
Si discrimination il y a, il s’agit avant tout d’une auto-discrimination anti-républicaine. Elle apparaît alors comme une menace envers la société civile qui en refuse la manifestation visible, que cette discrimination soit religieuse ou pas.
Louis Peretz




Révision constitutionnelle : le grand changement

Deux voix ont fait accepter une révision de notre constitution de 1958. Qu’est-ce qui va changer ?
L’article 11 :
Un référendum populaire devrait permettre à 10% de la population (soit au moins 4.300.000 des électeurs !) de se réunir pour demander une loi sur une question d’intérêt national (un projet de loi). Mais si on lit l’article qui y est consacré, on s’aperçoit que ces électeurs ne sont que le « soutien » d’une partie (1/5e) du Parlement à faire une pareille demande. C’est-à-dire qu’il faudrait au préalable un ensemble de 182 députés et sénateurs pour enclencher pareil processus. Il ne s’agit pas d’une initiative d’origine populaire (pétition) mais parlementaire !
Impossible en plus de révoquer une loi récente avec cette méthode, alors que les constitutions Suisse, Italienne ou Vénézuelienne le permettent.
Nous verrons probablement que les lois organiques qui vont être promulguées pour appliquer cette formidable « avancée » vont en restreindre suffisamment le champ pour la rendre inopérante.
Sur l’article 6 :
Le mandat d’un Président de la République n’est renouvelable qu’une fois.
Qui peut imaginer trois mandats successifs ? En France, ça s’est arrêté à deux, et toujours à bout de souffle pour le dernier mandat. Au-delà ce serait faire partie de certains pays qui n’ont de démocratique que le nom ! Même le Venezuela qui peut révoquer ses représentants à mi-mandat en a refusé la possibilité lors du dernier référendum qui révisait sa constitution. Belle avancée !
Sur l’article 61-1
La possibilité pour tout justiciable d’invoquer la non constitutionnalité d’une loi qui concerne une instance en cours.
Ce sont des cas évidemment exceptionnels qui vont certainement être encadrés par une loi organique. Voilà un cas type où la théorie va se heurter à la pratique. Belle avancée !
Sur l’article 65 :
Tout justiciable pourra demander des comptes au Conseil supérieur de la magistrature. Soit. Mais après accord du Conseil d’Etat ou de la cour de cassation… Belle avancée !
Sur l’article 71-1
Instauration d’une sorte de super médiateur, le Défenseur des droits
Il n’est pas fait mention de droits de l’homme et du citoyen. Il s’agit donc d’un recours du même type que celui de médiateur de la République, concernant les différents d’un justiciable avec les organismes publics Le nom change, et la fonction dure 6 ans. Belle avancée !
Sur l’article 49-3 qui donne tous pouvoirs à l’Exécutif
Il est supprimé sauf concernant le vote du budget : c’est justement là que se décident les répartitions des subventions (notamment les 40 milliards d’euros d’aides aux entreprises) et autres aides de l’Etat, et la répartition en général du PIB entre la rente du capital et le travail. La majorité pourra toujours faire voter cette loi comme les autres lois sans risque, comme auparavant (cet article n’a pas été utilisé depuis des lustres). Belle avancée !
L’article 48 :
L’inscription à l’ordre du jour pendant deux semaines tous les deux mois au lieu au moins une par semaine, des propositions de loi des parlementaires, aura comme effet d’en limiter la possibilité. : minimum auparavant, et maximum désormais. Bien entendu les amendements ne sont soumis au vote que si le gouvernement les acceptent auparavant. Pour les minorités parlementaires, une semaine une fois par mois. Belle avancée !
L’article 16 (pouvoir exceptionnel) est maintenu. Le droit de grâce également, seulement à titre individuel.
Les langues régionales font partie du patrimoine. On est heureux de l’apprendre ! Mais pourquoi l’avoir inscrit dans la Constitution s’il n’y a pas des arrière-pensées ?
La dyarchie du pouvoir entre les deux chefs de l’Exécutif reste entière (article 20).
Le Sénat est toujours composé majoritairement d’élus au suffrage universel indirect, donc de façon peu démocratique car non représentative de l’ensemble des électeurs.
Les pouvoirs de nomination des directeurs des organismes d’Etat peuvent se discuter devant le Parlement avec un droit de veto au 3/5 e évidemment sans véritable portée.
Article 18 :
Le Parlement aura la chance d’entendre la voix de son maître. Réelle avancée…pour le Président de la république
Aucune disposition concernant le mandat unique qui reste du domaine de la loi électorale.
Il n’est pas question d’accorder le moindre droit au peuple de réviser lui-même sa constitution à son initiative : l’article 89 est toujours inchangé, qui ne réserve cette initiative qu’au pouvoir Exécutif ou à quelques parlementaires. Seul l’Exécutif peut accepter une révision et décider ou non de faire appel au référendum pour la faire voter. Tout est verrouillé. La méfiance, voire le mépris, des politiques envers la population reste d’actualité
Innovation : la possibilité de trouver les articles de notre Constitution dans une table des matières bien classée. Toutefois aucune explication officielle n’existe quant aux motivations qui ont conduit à leur rédaction. Cela reste discrètement du domaine des spécialistes de la classe politique. « on ne vous dit pas tout » ! Le bon peuple continuera à tourner la tête et dire : je ne comprends rien à la Constitution. Il sera comme devant, obligé de faire confiance à ceux qu’il a élus…
Qui pourrait croire que ces mini « avancées » vont changer quoi que ce soit à la politique ? Est-ce que cela justifiait, cher Jack, de vendre son âme au diable ? Cherchez l’erreur…
Louis Peretz




Sarkozy et le pouvoir d'achat

Est-ce que les élites qui nous gouvernent sont obtuses, ne savent pas comment fonctionne un commerce, ce qu’est un marché libre et non faussé, ou font-ils semblant ? Histoire encore une fois de vouloir nous faire avaler des couleuvres. QUI A DIT QUE LA CONCURRENCE PERMETTAIT DE FAIRE BAISSER LES PRIX ? La concurrence a certes des avantages pour le consommateur, celle de mieux le servir, de lui donner des produits dans des conditions les meilleures, de lui donner l’occasion de choisir ce qui lui convient le mieux, mais s’il est question parfois de lui permettre de payer moins cher le même produit, ce n’est qu’occasionnel. Une marge, qu’elles soit arrière ou avant reste un marge. Donc une grande surface ne fait pas dans la philanthropie. Si elle baisse ses prix c’est qu’elle le répercute ailleurs pour, en final maintenir ses marges brutes. Il faut bien récompenser ses actionnaires.
La concurrence peut parfois empêcher que des prix s’envolent quand un marché s’ouvre. Le seul cas où les prix peuvent effectivement baisser, c’est quand un intermédiaire, le commerçant donc, arrive à faire des économies d’échelle en diminuant ses propres prix d’achats et en économisant sur ses frais fixes. C’est ce qui s’est passé quand Leclerc et autres ont investi dans des grandes surfaces en diminuant en même temps les frais fixes de personnel (vendeurs, etc.) et en présentant les produits dans des entrepôts sans fioritures, sans faire de bel achalandage, etc. Mais c’était au début, dans une période où il était pensable de gagner des parts de marché au détriment des petits commerces de proximité, dans une période où le pouvoir d’achat de la population était en hausse.
Maintenant que les grandes surfaces sont implantées, maintenant qu’elles ont des clientèles captives (grand choix de produits sur place, possibilité pour le client de faire ses courses moins fréquemment qu’auparavant, de les stocker etc.,) maintenant qu’elles ont réussi à maintenir des marges suffisantes en pressurisant leurs propres fournisseurs, elles ne vont pas se poser longtemps la question : faut-il baisser volontairement notre marge brute en baissant les prix pour faire plaisir au gouvernement ou à la population, ou faut-il faire plaisir à nos actionnaires en leur offrant toujours autant sinon plus de dividendes ? Faire plaisir (?) aux deux consisterait à diminuer encore leurs frais fixes, c’est-à-dire de diminuer les frais de personnel…
Dans ces conditions, penser qu’un « hard discounter », dont le rayon d’influence est limité, les choix de marchandises dans une surface plus petite qu’un Hyper, serait assez fou pour l’attaquer sur les prix, est une illusion : la concurrence quand il s’agit de se faire la guerre des prix a ses limites. D’autant que les ententes explicites ou implicites sont la règle.
Le premier moyen de faire pression sur les fournisseurs est de leur imposer leur propre prix d’achats. Une autre façon consiste à gagner sur le montant même du chiffre d’affaires, en les payant à plus long terme, (alors que vendant au détail, ils sont évidemment payés comptant). Bénéfice financier qui s’ajoute à la marge bénéficiaire classique. Sans compter qu’ils peuvent toujours diminuer le nombre des caissières déjà peu payées, en les remplaçant par des automates (ça commence déjà). Le self-service serait alors complet. Il ne restera plus comme dans « les Temps modernes » de Charlie Chaplin, qu’à se faire servir à manger également par un automate !
Louis Peretz




Vive discussion sur les mosquées, au réveillon du Jour de l'An

J’ai été Invité au réveillon du jour de l’an. Autour d’un beau feu de cheminée nous étions en famille, je dirais en grande famille car en plus des couples des couples, surtout des anciens, il y avait une majorité de militants de la section P.S. de notre charmante ville de Provence. Je ne sais pas comment ça s’est passé, mais j’étais placé à table à côté de « camarades » permanents de cette section, que je connais bien sans que je sois moi-même membre du parti. La conversation a tourné, comme par hasard sur la Laïcité. J’ai timidement dit que la Laïcité était en danger, que le communautarisme divisait les Français, alors que la devise de la 1ère République était « une et indivisible ».
L’argument de mon voisin de gauche (dans les deux sens du terme) a été :
Lui : il faut être réaliste : il y a une communauté musulmane importante dont il faut tenir compte. Par exemple, 4 garages pour les lieux de prière, ce n’est pas normal.
Moi : c’est leur problème
Lui : s’ils demandent un permis de construire pour une mosquée, on le leur accordera, si comme on l’espère on remporte les municipales
Moi : à la condition expresse que ce soit avec leurs propres deniers, et encore si la mosquée ne prend pas trop de hauteur. Souvenez-vous dans notre paysage du « monument » du Mandarom.
Lui : Parfaitement, comme il n’y avait pas de permis de construire, on a réussi à le faire détruire. Mais pour les musulmans, il faut respecter la diversité, il faut être tolérants. Regarde le nombre d’églises que l’on continue à aider pour qu’elles ne tombent pas en ruine.
Moi : Oui quand il s’agit de monuments historiques. Sinon ce sont les municipalités qui décident de leur consacrer une partie de leur budget. Une mosquée à la rigueur à condition qu’on ne la voit pas. Quand j’ai acheté un appartement dans un grand lotissement dans les années 70 , juste en face de ma fenêtre on venait de construire une église. Je n’étais pas très heureux, mais le bâtiment ne dépassait pas le premier étage. Le clocher était à peine visible. Je m’en suis accommodé du fait de sa discrétion.
Lui : Tu es Villiériste.
Moi : La tolérance, l’égalitarisme, est devenu un dogme. Tu dis que tu me ranges parmi les Viliéristes. (Je m’énerve). Je ne suis pas Villiériste, ni dans un autre camp. Je refuse d’être catalogué. J’ai mes convictions personnelles. Tant pis si certains que je n’aime pas, disent comme moi, mais c’est probablement avec des motivations différentes.
Un autre voisin : tu es sincère, mais objectivement tu ne peux empêcher d’être d’un côté.
Moi : j’entends exactement le même type d’argument qu’on entendait dire des communistes au temps ancien où ils traitaient ceux qui n’étaient pas d’accord avec eux, « d’objectivement fasciste » Je n’accepte pas un tel argument, qui n’en est pas un. C’est au contraire la preuve d’un certain sectarisme.
A l’arrivée du plat principal, nous nous sommes calmés, car le bon vin aidant, le ton avait monté, non sans que je me sois fait traité de « passéiste ». C’est de ma faute, je n’ai pas pensé que parmi la gauche il y avait des Chrétiens bien intentionnés. Chacun est évidemment resté sur ses positions. Moi en estimant qu’il fallait que chacun reste discrètement à sa place, eux que l’égalité dans ce cas était encore républicaine. Mais je ne me suis pas empêché de penser que derrière le mot de réalisme, se cachait, au contraire une certaine naïveté, celle de croire qu’en accordant un peu de la main, on risque de se faire manger le bras.
Louis Peretz




La provocation du voile

Bonjour à tous, et en particulier à Pierre. Ci-joint ma contribution. Bon courage.

Je ne comprends pas ce que pas ce que veut dire Annette Caspard dans votre numéro 18 de cette semaine. Il me semble qu’il y a une contradiction dans son propos quand elle dit admettre que l’attitude de Mme Truchelut de refuser l’intromission du voile dans son établissement faisait la preuve d’une discrimination et que dans ces conditions il lui fallait respecter « obligatoirement » l’attitude de ses clients. Comme dirait Kadhafi, je paye, donc j’ai le droit de m’imposer partout. Il s’agit en l’occurrence d’une réciprocité de respects : les « voilées » se sont-elles posée la question de cette réciprocité ? Se sont-elles demandé si elles n’allaient pas gêner par leur simple présence des personnes que leurs voiles indisposeraient ?

Un restaurant ou un hôtel est un lieu privé-public.Il y a deux propriétaires, Mme Truchelut et le public qui pénètre dans ce lieu. Les droits sont différents. Chacun doit respecter l’autre, mais le droit de choisir la présence et le contact de ceux qui s’y côtoient en fait partie. Aucun ne peut empiéter sur l’autre. Un propriétaire a le droit de mettre à la porte quelqu’un qui l’importune. Liberté de l’un contre liberté de l’autre, respect de l’un contre respect de l’autre. L’équilibre est difficile. Ce qui explique qu’on en discute encore.Pour ma part je balance en faveur de Mme Truchelut parce que je mets derrière le voile tout un symbole d’oppression, même si celles qui le portent ne veulent pas l’admettre. Pourquoi les esclaves ne se révoltent-ils pas contre leur maître? Parce qu’ils ne savent pas ou ne veulent pas savoir, qu’ils le sont.

Quand vous lisez « Le chien et le loup » de La Fontaine préférez-vous être le chien ou le loup ? Ce que je n’admets pas c’est le prosélytisme du chien. L’erreur a été que les deux animaux se sont rencontrés, Que chacun se tienne éloigné de l’autre, et tout se passera bien. Que dit la « voilée » ? : « je porte ce voile en toute liberté, car chez-nous cette liberté fait partie de la tradition ». Le problème est que ce « chez-nous », cette tradition n’est pas le même pour tous.

A chacun ses traditions, à chacun sa liberté, elle ne sont pas toujours compatibles. Même si certaines « voilées, se sentent bien à l’abri du voile, choisi, disent-elles en toute liberté, ont-elles le droit de le proclamer urbi et orbi ? Annette Caspard dit : « si on m’impose une façon de me comporter qui ne me convient pas, moi je refuse et je sors ». Sa contradiction est : si je veux tout de même entrer dans les lieux qui m’intéressent, peut-on m’en empêcher ?

N’est-ce pas alors de la provocation de sa part que de le tenter, ce qui rompt l’équilibre des droits ? Il faudrait inventer le délit de la provocation. Pourquoi les « voilées » n’ont pas respecté la liberté de la propriétaire ? Pourquoi l’attaquer sous prétexte d’un refus alors, qu’elles-mêmes sont sous un interdit, édicté par le pouvoir religieux, celui, de ne pas provoquer les hommes par sa féminité ? Délit de discrimination contre délit de provocation. Par un souci d’harmonier des relations entre les membres de la société civile, il ne faut pas confronter les deux, c’est pourtant ce que les « voilées », ont fait.

A mon sens elles sont au moins autant coupables que Mme Truchelut.. Espérons qu’en appel, l’avocat saura faire admettre aux juges qu’il ne s’agit pas d’une quelconque discrimination raciale (la race des femmes voilées ?) mais d’un cas exemplaire du respect de la Laïcité républicaine.

Louis Peretz