Au nom d'une liberté, prénommée France !

Je vous ai écrit il y a quelques mois, pour vous faire part de ce que je
subissais, en tant que libraire, au Bourget.
http://www.ripostelaique.com/Je-suis-libraire-au-Bourget-93-et.html
Depuis, ma situation ne s’est pas améliorée, loin de là.
Tout d’abord, suite aux divers articles parus dans la presse, des pressions officieuses puis officielles furent exercées par les NMPP(1), via mon dépositaire. Il m’a d’abord vivement été conseillé par téléphone “de me la fermer, et de faire profil bas; la direction n’aimant pas être contrariée par plus aiguisée qu’elle”, avec la menace de fermer ma boutique. .Le motif officiel de cette fermeture serait bien sûr tout autre, soit un retard de paiement. Quand on parle de liberté de la presse, permettez moi de douter, car si un journaliste ne m’avait pas avancé un peu d’argent, j’aurais tout perdu pour avoir osé dire la vérité de mon quotidien en mon échoppe, véhiculant ainsi une image de la profession trop négative alors que justement les NMPP tentent d’ouvrir des points un peu partout (sans grand succés d’ailleurs).

Je pensais pouvoir un peu respirer après cela mais NON ce fut autour du
propriétaire de prendre la relève. Son seul souci : “me faire dégager”. Pour ce faire il multiplie le loyer par trois, refuse d’écouter la commission des baux qui tente de le raisonner, pour finir aidé par le syndic par me priver de la jouissance de ma réserve.
Ceci a de lourdes conséquences sur mon activité commerciale
Il est des jours que l’on ne voudrait jamais atteindre et d’autres qui
devraient durer toute une vie.
Il en va de même pour certains instants : ce matin, en levant le nez au
travers de ma vitrine, à l’heure où chacun se presse d’avoir son train ou
son café chaud, les cieux m’ont offert ce spectacle merveilleux d’un ciel en rosée.
Une véritable caresse du bonheur en mon coeur; je me suis mise à penser à vous tous ; vous tous qui m’avez lue, soutenue, épaulée; chacun à votre manière en un bouquet de fougères, de lianes, enrubanné de votre écoute, de votre douceur, accompagné d’un énorme trousseau de clés pour tenter de me libérer.
L’heure qui s’en est suivie allait devenir pour moi, l’une de celles que
j’eusse aimé ne jamais vivre.
Posons le décor : un immeuble, jadis la seule auberge au bord de la
nationale 2. En 1978, j’acquiers la librairie avec mon père.
Un bail mixte (boutique + logement + cave) me lie à un propriétaire
charmant, vieux tenancier du café des sports qui jouxte la boutique, haut en couleur, et d’une gentillesse à toute épreuve.
La cave de mon bail n’est pas disponible, l’ancien libraire ne l’ayant pas
encore débarrassée et demandant un délai, obtenu de suite. En échange le bailleur me propose de déposer mes affaires dans les combles en attendant le déménagement, ainsi qu’une remise en état de la dite cave. Le temps passe, les années s’écoulent, le vieux monsieur disparaît, puis sa veuve, puis leur fille… ce qui nous conduit à ce 15 janvier 2009 où tout bascule.
L’immeuble, mon logement, ma boutique et ma cave n’ont subi aucune
amélioration de la part du propriétaire en trente ans. On peut parler d’une insalubrité totale pour l’appartement, d’un toit en tôle amiantée pour la boutique et d’un marécage de puanteur pour ma cave, puisque les eaux usées s’y déversent, aux dires des plombiers intervenant régulièrement pour des fuites de canalisations en tout genre. Logique, le décor se fait vieux et nul n’a pris soin de lui depuis si longtemps.
Le concierge est parti depuis vingt ans, abandonnant la cour dont il
bichonnait chaque recoin aux détritus, aux seringues, aux déjections et
vomis humains, aux rats et rampants en tout genre. Une vraie cour des
miracles, la plus belle de la ville, déjà signalée en mairie, mais pas
encore dans son guide touristique.
Mes voisins eux aussi ont changé. On ne parle plus français à tous les
étages. Les appartements sont loués à l’année par une association, qui loge gratuitement des jeunes de diverses origines peu soucieux de
mes horaires de sommeil, de la propreté des parties communes et de la
convivialité française.
Vous l’avez donc compris, je suis la seule tache blanche au beau milieu de ce décor. Une banque, le CIC, vient d’acquérir le bail du café des sports, celui qui me jouxte en tout sens. Conclusion : je dérange là aussi, mais pire que cela, je n’ai plus ma place ici, en ce logement, en cette boutique, en cet immeuble, en cette rue, en cette ville.
Pourquoi? Restera certainement pour moi, le seul mot sans commentaire !
Pour me bouter hors de chez moi, le propriétaire ainsi que
le Syndic “Sylma 2000” de Villemomble, vont tout mettre en oeuvre en
l’espace de six mois pour parvenir à leur fin.
– Un premier temps, multiplier le loyer et les charges par 3, refusant tout
dialogue, y compris avec la commission des baux, préférant de loin la
justice.
– Deuxième temps, faire condamner mes combles, par une porte blindée, me privant ainsi de mes biens, de ma marchandise en réserve, m’amputant de mes souvenirs des jours heureux, songeant même à tout balancer à la benne, afin de transformer les lieux pour l’association. J’assimile ceci à un acte de “marchand de sommeil”.
Je suis restée de longues heures assise, à pleurer en silence, sur les
marches de l’autre côté de cette porte, parce qu’en ce 15 janvier je n’avais pas prévu le rétrécissement de ma cage, je n’avais pas prévu de ne plus pouvoir regarder les photos de la naissance de ma fille, ou de caresser le dernier uniforme de mon père et son képi.
Pourquoi, n’ont ils pas refait une cave avant, pour que je transvase,
conformément au bail de 1978?
-Troisième temps, me menacer de détruire ma colonne d’eau montante, sous prétexte que je n’accepte pas le passage d’un simple tuyau en cuivre, non peint, plein de condensation, passant à cinq centimètres de mon compteur électrique.
La conformité étant largement piétinée, ceci me mettant en danger, mon refus me paraît pourtant logique.
Pourquoi me briser?
Pourquoi tant de haine, de violences morale, de pression, de harcèlement?
Pourquoi m’agresser ainsi, pour servir qui, quelle cause ?
Je ne suis plus en résistance, je suis en guerre.
Ce soir, je ne parviens pas à imaginer qu’ils vont réussir à me mettre hors mon échoppe, qu’ils vont vomir un tas d’arguments dont je ressens déjà les relents pour ce faire, qu’ils vont se justifier de leur bon droit, de leur projet, de leur arrogance, de leur suffisance et de la gêne que je
représente pour eux.
Impassible depuis trente ans, je n’ai jamais osé me retourner contre leurs manquements graves qui m’ont conduite à subir tant et tant d’agressions, de souillures, de souffrances et de peurs, juste par respect, par la retenue d’un vieux locataire envers son vieux propriétaire. Des moeurs d’un autre temps en un autre monde.
Je n’avais pas vu que la nuit était tombée et les loups sortis du bois.
Je n’avais pas vu que les deux extrêmes s’étaient rejoints pour s’unir dans la diversité contre deux enfants de la République.
Je n’avais pas vu que notre bon coq gaulois n’avait plus place en la base
cour.
Moi qui possède cette approche si particulière et si rare des
grands fauves, je n’ai point su et ne saurai jamais parler leur langage.
Ils sont en pleine puissance alors que je suis en total retrait, dos à la
palissade, au bord du gouffre, un souffle d’eux et tout peut basculer.
Tous les vents me sont contraires, ils vont de la bourrasque en passant par la rafale, le blizzard, la tornade pour s’unir en un typhon
dévastateur …
Ils ignorent à quel point ils n’auraient jamais dû dépasser les limites,
à quel point leur manque de respect envers ce qui reste de moi peut
demain les laminer.
Je voulais ce soir vous dire à tous un grand merci pour avoir été, chacun
à votre manière, tout simplement là me faisant ainsi peu à peu comprendre
que je n’étais plus seule car grâce à Internet vous avez fait entendre le
cri de mon silence. Puissiez -vous trouver des réponses à mes pourquoi.
Si je venais à tomber sans pouvoir me relever, sachez juste que quoi qu’il m’arrive j’aurai combattu et porté nos couleurs pour que survive et vive notre culture en 93
Marie-Neige Sardin
(1) NMPP : Nouvelles Messagerie de la Presse Parisienne




Je suis libraire au Bourget (suite)

Ci-dessous un texte complémentaire au témoignage paru dans notre numéro 64
Derrière ma caisse, derrière ma vitrine, derrière mon rideau de fer, derrière ma porte blindée, derrière ma grille protectrice, derrière l’entrée sécurisée du magasin, derrière mon écran, j’écris ton nom dans la poussière et leurs cris ; je t’observe, je t’écoute, je te nomme, je t’invoque tant et plus, tu as trouvé grâce en mon coeur… mais rien!… que ton silence et leurs chants.
Drapée dans mon mutisme, je range méthodiquement chaque souffrance à sa place ; seuls électrons libres de ma vie, elles vont bâtir une à une ma résilience.
Derrière mon écran d’ordinateur, j’observe, j’écoute la Vie ; je l’évite, je me terre, j’ai honte, j’ai froid, je me tais, je vous lis et je vous écris de ma prison.
J’en possède les clés mais où sont-elles enfouies? Dans quels plis de mes terreurs, dans quels replis de mes larmes désormais invisibles errent-elles ?

L’ombre, la vraie, l’obscure ne fait pas la une de la presse. Celle que je vis et dans laquelle je m’enfonce un peu plus chaque jour est un feu d’artifice de dénis, de doutes, d’abandons. Les vôtres, les leurs, les miens, qui insidieusement tissent cette toile du “on achève bien la victime”. Par maladresse, souvent par effroi, mais toujours par interrogations, vous refusez les faits en bloc.
Pourtant, dans une grosse chemise, chaque PV, chaque expertise, chaque preuve, de la plus infime à la plus accablante, tout est minutieusement rangé ; parce que j’ai appris, en quatre ans et demi qu’une parole de victime cela équivaut à un zéro pointé dans la balance, mais pas que dans celle de la justice, dans celle de vous tous, aussi. Avouez le, en lisant le premier témoignage, qui ne s’est pas dit : “c’est impossible, c’est pas vrai, c’est trop ceci ou cela ….” ? C’est humain cette réserve, je ne peux vous en vouloir, mais pourtant, comme cela est destructeur pour la victime, car dire, évoquer la vérité, les faits, cela équivaut à monter sur l’échafaud ; nul n’éprouve l’envie de se faire lapider sur la place publique une deuxième fois… d’où les silences, les oublis, les suicides puisqu’une victime ne peut plus rien partager avec un ou une non victime sans ressentir ce besoin de prouver encore et encore que tout est vrai, craché juré !
Impossible d’admettre une telle escalade. Mais que fait donc la police, que font donc les élus, que fait donc Monsieur Le Président ?
Ils se lassent, ils détournent les yeux , ils sont déjà sur la défensive car mon profil n’est pas celui d’une victime dite “normale”, trop provocatrice, trop folle, trop déstabilisante… Silence radio donc, pour une fois d’une seule et unique voix.
Comme quoi , dans le département 93, nos élus, maire, député, sénateur, savent s’unir quand il s’agit d’éviter de faire des vagues, sur des sujets glissants, comme la sécurité, l’islamisation du département et le déséquilibre qui en découle pour nous “souchiens” Il leur est plus simple, plus facile, plus politiquement correct de penser que j’ai tout inventé, construit… juste pour faire joli, ou pour me faire remarquer, ou je ne sais quoi d’autre plutôt que de s’attaquer au problème à l’heure ou l’on prône la diversité au détriment de notre République et de ses valeurs.

Je ne crois pas que mes grands pères, mon père aient servi la France, défendu son territoire et ses valeurs, pour que je vive cela. Ils l’ont fait pour que je sois libre dans ma tête, libre dans ma vie, libre dans mon coeur. Ce qui ne veut pas dire qu’ils n’aimaient pas le ailleurs, ou l’autre… puisque mon père m’a montré tant de lieux où nos différences devenaient les vraies richesses de nos amitiés dans le plus grand respect de chacun.
Seulement voilà, l’heure n’est plus au partage, mais à la domination !
L’heure n’est plus à convivialité, mais à la violence et aux clans !
Je ne peux m’empêcher de penser à ce qu’à vécu Fanny Truchelut ; elle, que l’on a condamnée pour un voile, mis ou à retirer, à de la prison et de fortes amendes. La même justice fait un non lieu sur un viol, proposant des indemnités financières en échange “du droit à laisser à mes violeurs une seconde chance” ! Pourquoi condamner Fanny ? Les femmes voilées n’ont subi aucun outrage, aucune humiliation, pourtant, elles seront soutenues par des associations qui se porteront partie civile alors que je suis seule, aidée par la présence infaillible du docteur Emmanuelle Piet , présidente du CFCV (Collectif Féministe Contre le Viol. NDLR).
Nous savons tous que bien souvent les femmes qui portent le voile comme une arme religieuse sont les plus agressives, sachant manipuler la société pour obtenir le larmoiement général et la compassion de chacun ; Fanny a été jugée coupable, moi, je suis une victime, pourtant nous subissons le même traitement social de la part des biens pensants, alors que sur le fond, Fanny a été aussi victime d’une provocation dans son propre établissement.
Des agressions voulues pour ce que nous sommes, des Françaises aux caractères bien trempés, pour qui le verbe “soumettre” résonne comme un détonateur et attachées à nos valeurs, nos traditions républicaines.
Nous sommes les nouvelles résistantes du XXIème siècle, au nom d’une liberté, prénommée France.
Expression Libre: http://m.neige.free.fr et www.mneige.lalibrairie.com

Marie-Neige Sardin
(1) http://www.ripostelaique.com/Je-suis-libraire-au-Bourget-93-et.html




Je suis libraire au Bourget (93), et voilà ce que je subis depuis 2004

Je suis libraire dans le 93, sur la commune de Le Bourget depuis 1978, soit plus de trente ans à ce jour au service des Bourgetins. Ma boutique se situe dans le centre-ville, près de la gare et de l’Hôtel de Ville. J’ai d’abord tenu cette librairie avec mon père, puis seule depuis sa mort en 1995. J’ai une fille de 22 ans, que j’ai élevée seule. J’ai la réputation d’avoir un caractère peu facile à manier, une personnalité que l’on adore ou que l’on déteste !
Étant fille de militaire, il va sans dire que les choses doivent rouler droit, entre politesse, respect mutuel et bonne humeur.
Je suis née à Montreuil en 1957, j’aime donc mon département pour sa diversité et les échanges culturels variés qui se font au gré des conversations. Ceux qui veulent davantage de renseignements sur moi peuvent consulter le site de la boutique (1) dans les rubriques “présentation et blog à part”. Une amie m’a parlé de votre site, que je ne connaissais pas il y a encore quelques semaines. Je vous écris, car j’espère que vous aurez le courage de parler de mon affaire, pour m’aider à briser un mur du silence qui me désespère, et me mine la vie.
Les gros ennuis ont commencé pour moi en janvier 2004, par un braquage à main armée dans ma librairie et une série d’agressions qui ont fait la une du journal “Le Parisien” à cette époque. J’ai eu le « malheur » d’avoir reconnu dans les braqueurs le chef de la bande d’une des cités de la ville, qui n’était même pas masqué, sans doute certain de son impunitié. J’ai déposé plainte.

Le 22 juin 2004, j’ai été agressée dans ma boutique par quatre individus, en plein jour, qui m’ont entraînée de force dans l’arrière-boutique, puis dans mon appartement, situé au-dessus de la librairie. J’ai subi un viol, dont le seul but était de me faire retirer ma plainte du mois de janvier. Faute de preuves jugées suffisantes, le coupable, qui n’a jamais donné le nom de ses complices, bénéficiera d’un non-lieu par le juge d’instruction. Par la suite, on va dénombrer 21 agressions en tout genre avec une séquestration en avril 2007 et une brûlure à l’acide le même mois. (voire l’article de monsieur Yvan Rioufol [Figaro – Réformes -Lever les malentendus->http://www.lefigaro.fr/debats/20070629.FIG000000062_reformes_lever_les_malentendus.html)
Je vous restitue certaines de ces agressions.

Séquestration en avril 2007

Au moment d’ouvrir ma boutique, par une porte située dans la cour, à 16 heures, deux individus cagoulés me sautent dessus, et me « saucissonnent avec du gros scotch, des genoux jusqu’à la bouche. Je suis transformée en momie, et je commence à étouffer. J’ai la force de me traîner jusqu’à la porte, et de taper avec mes pieds, alertant les passants, qui appellent les policiers, qui me sauvent de justesse. Les enquêteurs me diront que cela ressemble à un contrat, suite à mon témoignage pour le braquage subi en 2004. Les coupables ne seront jamais retrouvés.

Ramadan 2007

Les panneaux publicitaires sur le coté de la boutique affichent une pub jugée indécente par mes voisins du Taxiphone et sa clientèle. Il faut savoir que ce n’est pas moi qui décide de la nature de ces affichages, mais la société inser. Malgré tout, ces images sont jugées, en plein ramadan, provocatrice de la part de ressortissants du quartier.
Un jour, j’ai vu ma boutique envahie par un groupe de femmes musulmanes, qui, venant d’ accompagner les enfants à l’école, me sont tombées dessus, de nouveau à cause de l’affichage, appuyant leurs paroles de menaces physiques et “de me faire tout sauter” pour cause de ramadan.
J’étais terrorisée, mais n’ai pas voulu le montrer. Personne ne va considérer cette intimidation comme un fait important, même si j’ai fait un courrier au commissariat et un mail au Préfet”

Quelques jours après…

Un couple pénètre en la boutique, rien d’extraordinaire, voir normal puisque jour de marché. Ils me demandent le coran. Tout en moi se met à trembler.
Je dis, que je ne fais les livres que sur commande, le plus neutre possible dans ma voix.
« Ah oui, et tu l’as lu le coran toi », me demande l’homme.
« Parcouru monsieur », lui dis-je.
« Parce que si tu arraches pas les filles nues que t’as mises partout, nous on va te le lire et te le faire répéter, tu craches sur le coran en plein ramadan,tu sais ce qu’ on lui fait au mouton ? », poursuit l’homme.
Avec sa femme, ils vocifèrent de plus en plus, je fais pipi sur moi. J’ai si peur, je surveille ses mains, il est si près de moi, le reste se poursuit en arabe, la femme se bouge enfin de la porte, je peux passer telle une anguille, dehors, je me réfugie au café d’à coté je ne dis rien, juste ” un café”. Je me retiens de ne pas pleurer, ne pas dire, j’attends, je leur ai laissé la boutique. Au bout de 5 minutes, je me hasarde, ils sont partis et je reprends mon commerce comme s’il ne s’était rien passé .”

… Encore quelques jours plus tard

“Un bel après midi d’octobre, un dimanche où tout me semble calme et détendu autour de moi…
Au soleil, les vitres de la boutique paraissent totalement crasseuses, méritant une intervention style tornade blanche. Je m’y colle, avec mon sceau, mes chiffons et mes produits, je fais donc le ménage.
Perdue dans mes pensées, je frotte, astique en tout sens, quand soudain, alors que je suis penchée pour tordre la serpillière, des mains me saisissent, me retournent et me collent le long de la vitrine. Mon sang se glace, mon regard se voile, prend du recul et permet à mon instinct de survie de se mettre en place.
Ils sont quatre ou cinq, issus de nulle part. Pourtant, celui qui me maintient, je le connais, c’est celui du “coran” et de sa commande, les femmes arrivent et font ce cri qui leur est propre. Elles s’agrippent à mon pantalon, le tirant vers le bas, tandis que d’autres s’en prennent à mon pull pour le relever. Je sens l’air fendre mon corps, je me débats, me tortille comme une anguille, ce qui facilite mon déshabillage. La haine m’envahit, je ne peux crier, j’en veux à la terre entière de me laisser subir cela, un attroupement s’est formé, seule la langue arabe est usitée. Alors je me mets moi aussi à prononcer des phrases dans cette langue; j’ignore ce que j’ai dit, je sais juste que papa n’avait jamais voulu me les traduire, mais qu il s’en servait souvent lorsque nous étions à Tanger quand j’étais petite et que nous traversions la ville à pied.
Maintenant , je réalise peu à peu, j’ai froid, peur,et vais me blottir au fond de mon lit. Cette fois, il n’y a pas eu viol, mais nouvelle intimidation, et humiliation. Je n’en suis pas fière, mais je n’ai pas eu le courage d’aller déposer plainte, cette fois.

Ramadan 2008

Pour le ramadan 2008, la méthode a été différente, mais tout aussi nuisible et destructrice. Une personne restait devant ma boutique, et signalait mon « racisme » à l’ensemble de ma clientèle. En panique, j’avais joint le journaliste Ivan Rioufol sur son portable. Voilà ce que je lui ai dit.
Merci d’avoir répondu tout de suite et d’être présent ; je vous joins la photo de la personne qui harcèle ma clientèle depuis vendredi soir en faisant le siège de la boutique et notifiant mon racisme à ma clientèle.
Elle me menace de fermeture de mon magasin, de me gazer à la bombe lacrimo si je tente de sortir de la boutique.
Nous allons tenter de l’enregistrer, avant toute chose demain, s’il venait à m’arriver quelque chose de grave, c est la seule preuve que j’ai.
Merci

Je n’ai pas pu enregistrer la personne pour le moment.
Je suis désemparée et me terre en ma boutique. Il est a noter que je suis la dernière librairie française ”
Cette pression a duré quinze jours.
Mes réactions face à ce harcèlement sont très variables ;
– Pour 2007, j’avais fait un courrier par mail à la préfecture:
Monsieur Le Préfet
Je vous informe par le présent émail, des menaces de mort verbales, ainsi que de destruction de mes biens, soit la boutique, par un groupe de femmes musulmanes pour ce jour et divers hommes du voisinage, un jour antérieur.
Motif:
La société “inser” tel, 08 11 65 40 30 touche 1, client 29656, a fait son travail en affichant la promo des magasines de la semaine; il se trouve que certains ont une classification sexy. L’affichage est décidé au niveau national, je n’ai aucun pouvoir décisionnaire sur lui et me trouve sur le territoire français.
Pour cause de Ramadan, ils m’ interdisent d’afficher, me menacent gravement et m’ordonnent de tout retirer.
Je vous passe les propos, dont certains émis en arabe, ne sont pas compréhensibles pour moi, sauf pour le geste qui consiste à passer le doigt sur la gorge.
Je vous demande donc Monsieur le préfet tout simplement, une aide, pour ne pas subir de nouvelles agressions au nom d’une religion que je respecte, car, j’exerce simplement mon métier.
Recevez monsieur mes sincères salutations »

Pour le Ramadan 2008, je n’ai alerté personne à part le journaliste Ivan Rioufol, avec qui nos échanges ont gardé cette spontanéité et cette fraîcheur sur laquelle je peux compter en toute confiance.
Les pouvoirs publics ne font rien pour moi. Ils jugent sans doute en avoir trop fait pour les agressions antérieures et trouvent plus convenable pour eux de me faire passer pour une déséquilibrée notoire que d’agir.
Le maire de la ville est Monsieur Vincent Capo-Canellas. C’est un proche du maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, que vous avez épinglé pour sa construction de mosquée municipale, payée par la ville. J’ai eu le tort de soutenir, aux dernières élections municipales, un ami de jeunesse, Gérald Durand, un homme se réclamant des valeurs de la République. Cela a été le prétexte pour le maire de me tourner le dos, conduisant ainsi la police nationale et la police municipale à faire de même. J’ai également commis un autre crime de lèse-majesté en osant faire, en 2006, deux grèves de la faim pour obtenir plus de sécurité, et notamment des caméras, fait relaté par France-info et sur mon site dans :
http://m.neige.free.fr/archive_securite.html
Tout ceci m’a conduit à un immense isolement au sain d’une ville qui privilégie “la diversité” au “souchien”; une ville qui préfère les commerces communautaristes récents, aux vieux commerçants ayant des idées autres et osant les exprimer. Ainsi, en quelques années, les boucheries traditionnelles ont disparu, au profit des boucheries « hallal ». Il n’y a plus de charcuterie, plus de poissonnerie, plus aucun commerce traditionnel dans le centre ville. Par contre, on trouve de la restauration rapide kebab, des pizzas « hallal », et une sandwicherie où le seul jambon qu’on vous serve est du jambon de dinde. Si vous réclamez du jambon de porc, on vous dit d’aller en chercher ailleurs, chez les « Français ».
Je me demande pourquoi le maire pratique ainsi. Faire mettre des contraventions à tous les clients, tous les livreurs, d’une quincaillerie en place depuis 50 ans, n’est-ce pas dans le but ou de plomber ce commerce, ou de le faire partir pour convenances. C’est chose faite, la quincaillerie a déménagé !
Je reste donc, dans ce centre-ville, avec une toute petite boucherie, l’ultime commerçante dans la pure tradition de librairie-presse-papeterie et je sais que l’on va TOUT me faire pour que je cède d’une manière ou d’une autre; car aujourd’hui je peux affirmer que je suis entrée en résistance.
Je suis malheureuse surtout du changement d’attitude des gamins à mon encontre. Avant 2004, tout allait bien, maintenant, je sens qu’ils ont entendu des choses horribles sur moi, je vois bien qu’ils n’ont plus le même regard quand ils sont dans ma boutique.
Je me sens de plus en plus désespérée, sans perspective. Ce commerce est ma vie, et je sens que je n’aurais pas la paix tant que je n’aurai pas déguerpi. Je suis déjà morte depuis longtemps alors que l’on me laisse exercer mon métier, lui seul m’aide à tenir, c’est si beau les yeux d’un enfant lorsqu’il découvre une histoire, une bande dessinée, une manga, quelque soit la religion de ses parents et sa couleur de peau, ce regard là est toujours empli par le même émerveillement.
Ma drogue à moi, ce sont eux.
Marie-Neige Sardin

(1) http://m.neige.free.fr et www.mneige.lalibrairie.com