Débat Cassen-Maugendre : la laïcité ne nous protège pas de l’islam
Depuis 2007 et la création de Riposte laïque, à laquelle j’ai contribué par un don qui m’a valu les remerciements de Cyrano, qui s’étonnait de l’afflux inattendu, j’ai toujours suivi Pierre Cassen avec le plus grand intérêt, et dans une conformité de vues totale.
Mais sur le point de vue de la laïcité, j’ai moi-même évolué… Je pensais autrefois qu’elle serait le rempart de notre civilisation : il faut se rendre à l’évidence. Elle a été utilisée comme un instrument contre l’Église, mais elle n’en est pas un contre l’islam.
Ce débat était intéressant, mais finalement, faussé.
La phrase de Hugo « L’Église chez elle et l’État chez lui » a été prononcée au moment des débats au sujet de la loi Falloux, qui établissait la liberté de l’enseignement, c’est-à-dire le droit, pour des parents, de donner à leurs enfants l’éducation qu’ils jugent appropriée et nécessaire.
Exactement le même droit que celui de Pierre Cassen de refuser que ses enfants voient un crucifix dans leur classe, ou de les dissuader de recevoir une instruction religieuse catholique et de faire leur communion, lorsqu’ils le demandent.
C’est droit contre droit….
Le droit du parent catholique est-il inférieur au droit du parent « athée » ? De quel droit le parent « athée » peut-il imposer son droit ?
C’était pourtant ce qui se passait en 1850, (et se passe encore) : la religion de l’État maçonnique avait été imposée par Napoléon, qui avait montré assez clairement dans quel mépris il tenait le catholicisme et le pape, et en quelle estime il tenait la maçonnerie, qu’il avait implantée dans chaque ville des pays conquis par lui. Et les parents qui rejetaient ces idées ne pouvaient y soustraire leurs enfants.
Factuellement, il n’y a pas de différence entre l’athée – quelles que soient ses intentions, malveillantes, neutres ou même bienveillantes, à l’égard des catholiques -, et le musulman qui, dans l’école publique, (je ne parle pas de ceux qui se trouvent dans l’école confessionnelle, qui sont plus discrets, tout en menant leur travail de sape) demande qu’on n’étudie pas de texte mentionnant l’église ou quoi que ce soit ayant un rapport avec le christianisme.
J’ai par exemple dû me justifier auprès d’une élève de collège « athée », d‘avoir donné un texte sur l’éducation de Charles Bovary, parce que c’est le curé du village qui la dispense, entre une messe et un enterrement, dans la sacristie ou sous un arbre lors d’une rencontre sur un chemin de campagne… « Madame, on n’a pas le droit de parler de religion dans l’école laïque ».
Ou bien, au cours d‘un voyage scolaire à Rome, j’ai dû faire remettre les petits crucifix que deux élèves musulmanes et un élève juif avaient fait enlever dans les chambres de l’auberge catholique Sainte Cécile où nous logions. Puis subir au retour les cris d’un parent FCPE qui estimait que c’était inamissible que leurs enfants aient dû voir des crucifix et pour le juif, qu’on ne lui ait servi que du fromage, et pas de viande cacher.
On ne comprend pas qu’ils les aient envoyés à Rome, ou qu’ils n’aient pas demandé au préalable de faire enlever tous les crucifix de Rome et du Vatican…
Je saisis l’occasion pour rappeler que le christianisme est omniprésent dans la littérature française, et que au moins un écrivain « athée » du XXe siècle n’est pas celui qui en parle le moins. Les œuvres de Louis Aragon sont truffées d’allusions, jusqu’à faire le titre d‘un roman, « La Semaine Sainte ». Voir aussi « Si le grain ne meurt » d‘André Gide, « Le lys dans la vallée » de Balzac, et bien d’autres.
Si on refuse que le regard de son enfant soit souillé par la vue d‘un crucifix, il faut aussi lui interdire les trois quarts de la littérature, où l’on pourrait faire allusion à Dieu… Ça lui fera une belle culture….
L’argument affirmant que les attaques actuelles contre l’enseignement à la maison se justifieraient par la volonté de protéger les enfants musulmans de l’endoctrinement coranique familial fait illusion, mais n’est pas très crédible, car cet endoctrinement est puissant et que c’est lui qui exerce son emprise y compris dans l’enseignement public, de cent manières. Il jouit même de fabuleux privilèges dans certains établissements confessionnels catholiques.
Il est illusoire d’imaginer contrer la progression de l’islam par la laïcité, car comme toute loi, elle ne tient que par un consensus majoritaire. Or, il s’effrite de plus en plus, avec effectivement l’inaction, voire la bienveillance et même la complicité de certains milieux catholiques, très spécialement de gauche.
Personne ne se fera tuer pour la laïcité…
La gauche (en latin, sinistra), il faut le dire, a cette ébouriffante forfanterie et outrecuidance d’affirmer péremptoirement qu’elle a raison et que, de ce fait, elle a le droit d’imposer à tous ses conceptions.
Contrairement à ce qu’affirme Pierre Cassen, il n’y a pas eu d’équilibre laïc dans les années 80, ni avant.
Le catholicisme et l’Église catholique étaient continuellement vilipendés, brocardés, honnis. C’était seulement une apparence, le travail de sape se poursuivait activement depuis la Révolution, et ses calomnies, ses « story-tellings » de propagande mensongère. Le délabrement actuel n’est que la dernière phase de la démolition, où l’effondrement de pans entiers de cette civilisation devient visible.
Alors les bonnes âmes qui voulaient seulement ne pas aller à la messe, et pouvoir éventuellement rigoler aux enterrements, s’effraient : quoi ? mais tout fout le camp, ma bonne dame ! on ne voulait pas ça !
Non, on ne voulait pas ça, mais quand on fait un trou dans la digue, elle finit par céder, et on comprend (un peu) à quoi elle servait. Mais il est trop tard.
Car qu’est-ce qui chiffonne l’athée non hostile dans le christianisme ?
Des croyances « pas scientifiques », ridicules, des incohérences ?
Par exemple la virginité de Marie, qui enfante sans avoir connu d’homme, ou que Jésus ait marché sur les eaux.
Mais que l’Ancien Testament dise dans la Genèse 6,2, que « les fils de Dieu trouvèrent que les filles des hommes leur convenaient et ils prirent pour femmes toutes celles qu’il leur plut » et que Moïse ait écarté les eaux de la mer pour laisser passer 600 000 Hébreux avec leurs chariots, leur bétail, leurs volailles, cela ne les défrise pas.
(Pourtant, depuis, Frankie Zapata l’a fait. Pourquoi pas Jésus ?)
Est-ce si douloureux pour l’ego d’admettre qu’il y a des choses qu’on ne sait pas, qu’on ne comprend pas, mais qu’elles ne sont pas fausses pour autant ? Les connaissances scientifiques ne sont pas moins sujettes à une remise en question que les convictions religieuses… Et elles peuvent être maintenues pour des raisons plus ou moins légitimes, raisons d’État, raisons politiques, raisons de pouvoir personnel ou de pouvoir d’une caste, et même être délibérément dévoyées, comme nous avons toutes les raisons de le suspecter actuellement dans l’affaire du virus.
Les comportements coercitifs, voire totalitaires qui se manifestent actuellement ne sont pas le fait de l’Église. Pas plus que les massacres du XXe siècle, qui ont été le fait de dirigeants se proclamant athées.
Non, la « scientificité » d’une conception ne garantit pas son authenticité. Ce n’est pas parce que les élucubrations démagogiques de Marx ont été qualifiées de « socialisme scientifique », que ses théories sont « scientifiques ».
En revanche, une connaissance objective et honnête de l’Histoire de l’Église oblige à reconnaître que son cheminement, avec ses tribulations, a été guidé par cette phrase de l’Évangile : Jean 8 32 « vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira ». Les bolcheviks, et les gens, leurs émules, qui sont aux commandes en France actuellement ne peuvent pas en dire autant.
Pas plus qu’ils ne peuvent dire comme saint Augustin : « Où il n’y a point de justice, il n’y a point de république. » La cité de Dieu (413-426). Pas plus que « L’amour des richesses est la racine de tous les maux. » ibidem
Non, les laïcistes, même non laïcards, ne peuvent plus dire qu’ils sont les défenseurs de la liberté, qu’ils sont porteurs de plus de justice, de plus de liberté…
Dans le cas de l’avortement, même sans être indigné par la suppression d’une vie, le patriote devrait s’inquiéter de la disparition annuelle de 220 à 230 000 enfants, dans le temps où 400 000 allogènes sont accueillis légalement à nos grands frais, sans parler des illégaux qui deviennent légaux de facto en posant le pied sur notre sol…
Là aussi, encore un trou dans la digue… On ne fera pas de commentaire sur S. Veil…
Mais, difficile d’imaginer qu’une personne de pouvoir ne puisse pas envisager que sa loi ne soit pas une porte ouverte… En repoussant une limite, on autorise tous les déplacements ultérieurs. Celui qui regarde les déplacements des limites du dernier siècle ne peut pas nier qu’ils nous ont logiquement menés là où nous sommes.
C’est-à-dire que nous avons perdu la bataille démographique (10 millions de manquants depuis 1975, avec toute leur descendance) et qu’il suffit d’attendre encore un peu que les Marcel et les Josette aient disparu pour que les enfants autochtones deviennent tout à fait minoritaires.
Donc, ce débat a été intéressant, mais sans perspective, que le constat d‘un immense échec, d‘un effondrement dont il n’est pas certain que nous nous relevions jamais.
Nous allons continuer à patauger dans cet « hédonisme consumériste » évoqué par Jean-Pierre Maugendre jusqu’à ce que tout s’effondre totalement.
L’islamisation est en quelque sorte inscrite ans la déclaration de Vatican II, Nostra Aetate, qui affirme « l’Église regarde avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique »… Les catholiques pour qui la désobéissance est un péché, ont accepté ce nouveau dogme sans rechigner, et s’appliquent à accueillir leurs frères musulmans en leur chantant « je t’aime » pendant que ces derniers répondent « moi non plus ». Ça ne les trouble pas, ils continuent.
Pourtant, ils devraient bien, encore une fois, écouter St Augustin :
« Jamais je ne rougirai, si je m’égare, d’être ramené dans la bonne voie. » Saint Augustin ; De la Trinité (400-416)
Et voilà… ces bons républicains, bien à cheval sur la laïcité quand il s’agit de réprimer les catholiques, et pas du tout quand il s’agit de faire respecter la loi commune par des musulmans, qui n’ont que les Droits de l’Homme à la bouche, sont en train d‘imposer tranquillement une dictature.
J’ai comme l’impression qu’il y en a qui doivent se sentir un peu biaisés…
Nadia Furlan