Pourquoi j’ai cessé d’être antisioniste

Bienvenue à Cuckworld, le monde magique des antisionistes. On y accuse Israël et son “lobby” de tous les maux ; on s’y pense entouré de marranes et de sayanim à démasquer : Riposte Laïque y est d’ailleurs surnommé Riposte Sioniste; on y dépense des fortunes à acheter sur Kontre-Kulture des livres qui sont déjà dans le domaine public ; on y visionne avec l’extase d’une groupie les vidéos de Dieudonné M’Pïcsou et les conférences d’Alain Bonnet. Ces deux là étant considérés comme des sommités de la dissidence, des 10ème dans de rebellitude, et tant pis s’ils s’en mettent plein les fouilles sur le dos de leurs fans crédules.

Dans un article publié en septembre sur le site Suavelos, Abdel François appelait à une “désoralisation” des esprits patriotes. Une impérieuse nécessité. J’ai assez barboté dans les méandres de ce “milieu” antisioniste pour en observer le fonctionnement et pour en comprendre la vacuité voire la contre-productivité.

Il ne s’agit pas uniquement du mouvement et des groupies d’Alain Bonnet, dont l’étoile a largement pâli ces dernières années. Ceux-là, qu’ils aillent donc vivre à Pyongyang, puisque “le programme du parti Juche” (sic) leur semble si agréable. Au-delà de ces personnes, c’est tout un système de pensée qu’il est vital de déconstruire, une pensée faussement patriote qui dévoie le patriotisme de sa raison d’être : la défense de la France et de l’Europe.

Tout antisioniste n’est pas un antisémite maladif, il faut le souligner. Certains sont eux-mêmes d’origine ou de confession juive, ils sont d’ailleurs particulièrement appréciés dans le milieu dont ils constituent un précieux alibi aux accusations d’antisémitisme. L’antisionisme n’est pas une idéologie monolithique et structurée mais plutôt une galaxie diverse : certains sont antisionistes par palestinophilie, d’autres le sont par anticapitalisme, quand d’autres ont embrassé cette voie par un véritable élan patriote, voyant dans l’immigration et l’islamisation la main d’Israël.

Quels que soient les mobiles ou les justifications de ces personnes et les cheminements qui les ont amené vers cette idéologie, il n’est pas présomptueux d’affirmer qu’ils se fourvoient et se trompent (ou feignent de se tromper) de combat. Démontons point par point leurs arguments :

La Palestine ? On s’en moque comme d’une guigne ! En quoi le problème israélo-palestinien est-il celui de la France ? Notre positionnement géopolitique devrait se faire exclusivement sur la base de nos intérêts. Or, la France a tout intérêt à être dans les meilleurs termes avec Israël, cet avant-poste de l’Occident, entouré d’ennemis prêts à en découdre. N’en doutons pas : si Israël tombe demain, ce sera notre tour après-demain.

Parlons aussi de ceux qui justifient leur antisionisme par le rejet du capitalisme auquel – selon eux – la religion juive serait intimement liée. Premièrement, le pourcentage de Juifs parmi les personnalités les plus riches et les plus influentes est bien moindre par rapport aux Chinois ou aux Russes. D’autre part, même si les Juifs formaient effectivement une caste de dirigeants ultra-puissants et richissimes comme le croient certains, ne devrions-nous pas les imiter au lieu de les haïr ? La haine des puissants est le propre des ratés. Lorsque de Gaulle parle d’un “peuple sûr de lui et dominateur” en évoquant les Juifs, c’est un éloge qu’il fait de ce peuple et invite les Français à imiter cette communauté soudée qui a su garder intacte son identité durant trois millénaires.

Quant à ceux qui croient en la responsabilité d’un lobby sioniste dans l’immigration, que leur répondre ? Des milliers de familles juives quittent la France chaque année car elles ne se sentent plus en sécurité à cause de l’islamisme galopant et des actes antisémites qui en sont le corollaire. Puis, soyons sérieux, quel intérêt pour Israël d’islamiser la France ?

Enfin, le principal défaut de l’antisionisme est d’appréhender toutes les problématiques politiques, sociales ou économiques à travers le prisme d’Israël et de ses supposés lobbys. Cette hémiplégie mentale conduit le sectateur soralo-dieudonniste à mettre sur le dos des sionistes l’immigration, la crise économique, la Révolution, le mariage pour tous, son échec au BEPC, la mort de son poisson rouge et le rhume qu’il attrape chaque hiver.

Plus haut, nous avons évoqué les antisionistes d’origine ou de confession juive et l’admiration qu’ils suscitent dans le milieu. Ces antisionistes juifs ne sont-ils pas l’équivalent de nos gauchistes repentants et ethnomasochistes ? Un type comme Gilad Atzmon qui renie sa nationalité israélienne et qui fricote avec le Hamas n’a rien à envier aux antifas immigrationnistes. Or, les mêmes qui considèrent (à juste titre) ces antifas comme des traîtres et des dhimmis applaudissent à tout rompre lorsqu’un Shlomo Sand ou un Gilad Atzmon crache sur son pays et sa communauté.

La dernière polémique en date dans le “milieu” est révélatrice de cette incohérence. Il s’agit d’une déclaration d’Ayelet Shaked, la sémillante ministre de la Justice israélienne qui a affirmé que son pays “doit rester majoritairement juif“. Horreur et consternation pour nos antisionistes qui en ont fait leurs choux gras, dénonçant le “racisme” de la ministre ! Qu’aurait-elle dû dire ? Qu’Israël est arabe ? On ne peut défendre une France française si l’on dénie aux Israéliens le droit de plaider pour un état à majorité hébreu.

Cette “incohérence” s’explique dans la mesure où l’antisionisme est très populaire dans les quartiers dits “sensibles”, notamment chez les jeunes dont une grande partie a été lobotomisée par les délires de Bonnet et de M’Bala auxquels il faut reconnaître ce coup de génie d’avoir réussi, par un habile numéro de contorsionniste, à fédérer islamistes, communistes et royalistes autour du rejet des Juifs. Mais, à long terme, un tel mouvement ne peut qu’être un château de cartes prêt à s’effondrer puisque, comme nous l’avons expliqué, ce rejet est motivé par des raisons différentes et parfois inconciliables. Les tenants de l’antisionisme marchent dès lors sur un terrain miné. On le voit bien sur le site d’E&R, dans les commentaires. Quand le mouvement adopte une position jugée favorable à l’islam ou à l’immigration, les nationalistes montent au créneau pour dénoncer à raison leur dhimmitude ; quand la prise de position est au contraire proche du nationalisme, c’est au tour des musulmans d’être dans l’incompréhension, certains en viennent alors à se demander si les sionistes n’ont pas finalement infiltré E&R. Cela explique la focalisation du mouvement soralien sur les questions sociétales, l’anti-américanisme et la franc-maçonnerie : des sujets qui créent un consensus entre réacs et islam, permettant de maintenir tant bien que mal l’unité du mouvement.

Pourquoi ai-je cessé d’être antisioniste ? Parce qu’on ne peut pas être antisioniste et patriote. L’antisioniste rejette l’existence même de l’Occident auquel il préfère une “union méditerranéenne” ou au pire des cas une “union des non-alignés”. Or, historiquement, politiquement et culturellement, la place de la France n’est pas dans cette marmite du tiers-monde mais aux côtés de ses frères, du côté du progrès et de la civilisation occidentale.

Nicolas Kirkitadze




Le paganisme sauvera l’Europe

Né dans une famille russo-géorgienne mi-orthodoxe mi-protestante, élevé en France dans l’école catholique jusqu’au bac, j’ai récemment décidé de suivre la voie de l’empereur Julien et de revenir à la Tradition (la seule qui mérite un “T” majuscule). Après bien des années de recherche et de cheminement, je suis amené à voir dans le paganisme non plus un tissu de vieilleries superstitieuses heureusement vaincues par le génie du christianisme (comme on a pu me l’inculquer dans la très sainte et onéreuse école privée) mais une authentique voie spirituelle capable non seulement de nous reconnecter au sacré mais aussi, par conséquent, de rendre son éclat à l’Europe. Dans mon précédent billet, j’ai tenté de démontré en quoi le christianisme était incompatible avec le patriotisme.

Ce qui m’a occasionné le plus de questionnements dans le judéo-christianisme, c’est les conséquences politiques d’une telle idéologie : l’idée d’une religion dominatrice, exclusive et universelle, seule vraie voie qui devrait rayonner parmi toutes les Nations. Si tous les peuples ont la même âme, où est dès lors leur particularité? Et quelle pertinence aurions-nous à défendre des traditions qui se sont imposées par la force sur les ruines d’autres traditions?

Le christianisme a façonné l’Europe durant quinze siècles. Cette religion aura donc toujours une place particulière dans nos cœurs, nos esprits et notre culture. J’assume avec fierté ma culture et mon éducation chrétiennes. Cependant, culture et spiritualité sont deux. Si la bannière de la croix fut jadis l’étendard de notre grandeur, elle est aujourd’hui en berne et ses zélateurs (Pape, cardinaux, chrétiens de gauche et autres) apparaissent moins comme des chevaliers servants de l’Europe que comme ses fossoyeurs. “Vous oubliez qu’il y a aussi des chrétiens tradis“, me dira-t-on. Certes, ils sont là. Mais quel est leur poids politique, médiatique ou même religieux? Leur nombre ne dépasse pas quelques milliers et leur influence est proche du néant sidéral, quand ils ne sont pas moqués et assimilés à de la bigoterie, ce qui les discrédite davantage. En outre, on peut se demander si le traditionalisme (rêvant de Croisades et de monarchie) est bien meilleure que les cathos de gauche. Si l’on combat l’islamisme et ses fatwas, ce n’est pas pour les remplacer par l’index et les imprimaturs d’une société où l’on devrait s’abstenir de consommer de la viande le vendredi et saluer d’une révérence chaque militaire ou ecclésiastique croisé dans la rue. Et puis, confier le pouvoir absolu à l’arrière-petit-fils de Franco, non merci.

Alors, que faire? Il nous reste l’athéisme. Une personne peut être athée, pas un peuple. Aucune civilisation ne s’est bâtie sur le vide spirituel. L’être humain a besoin de croire, de rêver et d’être transcendé par quelque chose ou quelqu’un de supérieur qui, s’il s’efface, laisse place à la médiocrité routinière.

Le paganisme antique offrait à chaque peuple une religion poliade, nationale, exclusive à un peuple donné. Loin des fantasmes universalistes et messianiques qui ressemblent à s’y méprendre au mondialisme. C’est le génie païen qui a façonné le Parthénon, les pyramides et tant d’autres merveilles de l’art ainsi que le théâtre, la philosophie et le sport.

Le retour à l’ancestrale voie païenne semble dès lors un moteur spirituel plus viable que celui – lassé et suranné – d’un christianisme ethnomasochiste à bout de souffle ou d’un nihilisme athée. Lorsque l’on évoque le paganisme, nos amis chrétiens et athées rient sous cape : les premiers y voient l’expression d’un satanisme dont leur dogme (seule Vérité au monde) aurait débarrassé l’Europe au Vème siècle. Les seconds considèrent le paganisme comme une méprisable superstition folklorique aussi arriérée que les autres religions.

Qu’on se le dise : il ne s’agit pas de se déguiser en druides et de prier Toutatis ou Wotan en mangeant du sanglier. Le paganisme européen doit être celui auquel croyaient Evola et Venner. Une spiritualité naturelle accordant sa juste place à l’Homme et aux éléments naturels. Le monothéisme a séparé l’homme de la nature. L’athéisme les a opposés. Le paganisme doit les réconcilier.

Singer les anciens cultes gréco-romains ou celto-germains n’est pas le but. Cela nous enfermerait dans le même carcan traditionnel que nous dénonçons chez les monothéistes. Il s’agit avant tout d’imiter l’esprit de ces temps antiques sans en reprendre nécessairement les rituels et le panthéon.

Or, qu’est-ce que l’esprit païen?

L’adogmatisme. En effet, le paganisme n’est pas une religion immuable et rigide mais un ensemble de spiritualités (non-révélées) qui sont là pour maintenir l’unité du tissu socio-ethnique et qui peuvent par conséquent évoluer au fil du temps. On reprocha aux païens l’extrême ritualité de leur culte qui serait dénué de spiritualité. Rien n’est plus faux. Même la religion romaine, ritualiste s’il en est, accordait un sens philosophique à ces gestes rituels qui semblaient mécaniques et irréfléchis aux monothéistes. Les anciens cultes furent biens moins dogmatiques que ne le sont le christianisme et l’islam.

Le non-dualisme. Les monothéistes ont mis un point d’honneur à instaurer une barrière infranchissable et verticale entre les “pauvres créatures” d’ici-bas et le divin inaccessible. Alors que les païens pensaient faire partie d’un Tout harmonieux comprenant hommes et dieux. La Mâat égyptienne est l’exemple même de cette harmonie qui régit tout et dont l’humain et le divin sont deux expressions différentes mais complémentaires. Ainsi, l’Homme n’est pas hors mais dans la nature dont il n’est plus seulement un contemplateur craintif mais pleinement acteur.

L’ethnicisme. Pourquoi défendre la France si nous faisons tous partie d’un même royaume universel? Un païen ne se posera même pas la question et donnera volontiers sa vie pour sa terre ancestrale, loin des atermoiements universalistes. Le païen pense les dieux avant tout comme des divinités culturelles propres à son pays, contrairement à l’universalisme monothéiste. Ainsi, Grecs, Romains, Celtes et Germains avaient des religions nationales exclusives à eux. Il ne viendrait jamais à un Grec l’idée de faire la guerre aux Germains pour les inciter à adorer Zeus et à s’helléniser. Ce qui n’empêchait nullement l’idée d’une conscience humaine universelle. Ainsi, les Romaisn voyaient en Zeus l’expression hellénisée de leur Jupiter et en Balder la variante germanique de leur Apollon.

L’individualisme positif. Le paganisme considère que l’homme est là pour agir ici et maintenant, et que les dieux ne sont pas des matons ou des concierges mais des adjuvants et des enseignants. L’une des raisons de la passivité des Occidentaux se trouve dans leur conception providentialiste : on attend une Pucelle envoyée par le Ciel pour délivrer la France. Dans les spiritualités païennes, agir et s’accomplir ne sont pas des actes de défi envers le divin mais au contraire un honneur qu’on lui rend. C’est plutôt l’attentisme béat qui serait vu comme un péché. L’individu n’est pas non plus un gros mot. Si le collectif prime, c’est par les individus audacieux et prométhéens qu’il est perpétué.

L’adogmatisme, le non-dualisme, l’ethnicisme et l’individualisme positif, voilà les quatre piliers de l’esprit païen tels que le concevaient Evola et Venner qui avaient compris l’urgence spirituelle pour l’Europe de retrouver l’étincelle de son génie passé et d’allumer le flambeau du futur.

Nicolas Kirkitadze




Le Pape François le confirme : on ne peut être chrétien et patriote

Lors de la traditionnelle homélie de Noël, le pape François a lancé un vibrant appel à ses ouailles pour les inciter à “ouvrir leurs cœurs” aux migrants et à les accueillir. “Joseph et Marie étaient des migrants“, a déclaré le pontife. Ce qui premièrement est faux : lorsque le couple quitte la Judée avec le divin enfant pour aller en Égypte, c’est dans une autre province romaine qu’ils vont et non dans un pays étranger. On devine bien le message que le pontife a voulu faire passer : le Bon Dieu lui-même est un migrant, accueillir un migrant signifie donc accueillir Dieu à travers lui. De quoi faire bondir nos amis tradis comme des cabris. Quoi ? Accueillir l’étranger ? Quelle idée ! Certains accusent même d’hérésie l’héritier de Saint Pierre.

On ne peut reprocher à un peuple son refus d’être submergé, et on ne saurait blâmer ceux qui regardent estomaqués le Saint Père prêcher le métissage généralisé et la dissolution des identités. Or, quand on va dans un restaurant chinois, on s’attend à manger chinois. Si on veut un kebab, on va dans un restaurant turc. Vous me suivez ? A partir du moment où l’on se dit chrétien, on se doit de respecter les principes chrétiens. Si on les rejette, on peut toujours s’orienter vers une autre religion. Il est tout aussi stupide de se dire chrétien et de refuser l’immigration que d’aller commander un kebab dans un restaurant chinois.

Car, loin d’être hérétique, le pape François est l’un des papes les plus chrétiens depuis Saint-Pierre. Voilà un homme qui déteste le luxe, qui visite les détenus et qui nous dit de prier pour nos ennemis, fussent-ils des égorgeurs daechiens. Je ne sais pas vous mais moi, ça m’évoque les sermons d’un certain Jésus de Nazareth. Celui-ci ne disait-il pas : “Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli” en Matthieu 25 : 35 ? Et d’ajouter au verset 40 : “Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites…” L’hérésie, c’est dans les éructations des tradis de Civitas ou de l’AF et non dans la bouche du pape François qu’elle se trouve. Ces tradis pratiquants mais peu croyants qui, à grand renfort d’exégèse et de pirouettes théologiques, tentent de subvertir le message évangélique pour en faire un livre nationaliste et identitaire. On leur rappellera ce que dit Jésus à propos de ceux qui essaieraient de falsifier la parole de Dieu : “Il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu’on le jetât au fond de la mer.” (Mt. 18 : 6).

En vérité, je vous le dis, on ne peut être chrétien et patriote. Entre la fraternité de foi et la fraternité nationale, il faut choisir. C’est encore plus flagrant dans le catholicisme qui est la version la plus universaliste du christianisme, contrairement à l’orthodoxie où chaque pays a sa propre Église et conserve par conséquent une religion à dimension nationale. Nos amis dextrogyres préféreraient un Urbain II ou un Innocent III comme pape, car “ça a plus de gueule” disent-ils. Certes, le bon vieux temps des moines soldats et des Croisades peut sembler reluisant et héroïque mais n’était-ce pas en totale contradiction avec le message du Christ ? Urbain II et le mal-nommé Innocent III étaient-ils meilleurs chrétiens que François, eux qui ont usé de leur prétendue infaillibilité pour prêcher la guerre et la mort de milliers de gens ?

De plus, il n’y a rien de nouveau dans la bouche du pape François. Benoît XVI et Jean-Paul II ont eux aussi prôné l’ouverture aux étrangers, même si leurs sermons étaient nuancés de formules appelant les étrangers à respecter leur pays d’accueil. “Jean-Paul et Benoit, c’est aussi Vatican II, c’étaient des antipapes“, me rétorqueront les Jean-Catho. Soit. Alors, remontons dans le temps.

Dès les premiers siècles, le christianisme s’est montré soucieux d’universalité. Ainsi, les unions mixtes gréco-romaines ou romano-barbares étaient plus courantes chez les Chrétiens que chez les adeptes de la religion romaine traditionnelle. Entre la fraternité romaine et la fraternité chrétienne, les premiers Chrétiens avaient choisi. C’est grâce (ou à cause…) des minorités ethniques que le christianisme s’est répandu à Rome (par la communauté hébraïque) et en Gaule (par la communauté grecque).

Face aux migrations barbares, la réaction des Pères de l’Église ne fut pas celle que les Jean-Tradi voudraient croire. La quasi-totalité des clercs étaient ravis de voir s’installer dans l’Empire ces peuples qu’ils imaginaient non-civilisés et par conséquent facilement manipulables… euh… christianisables. Le but étant d’affaiblir la majorité païenne de l’Empire. C’est poussé par l’idéal chrétien et par l’insistance du clergé que l’empereur Valens autorisa les Goths à traverser le Danube en 375 et à s’installer sur le territoire romain. Mal lui en prit car ces migrants se révoltèrent et tuèrent l’empereur trois ans plus tard, à la bataille d’Andrinople. Un siècle plus tard, l’Empire Romain n’existerait plus. A ce propos, nous recommandons la lecture de Les invasions barbares : l’Évangile et les Pères face aux migrations de l’historien Philippe Henne qui balaie les préjugés que l’on pourrait avoir sur l’attitude des Docteurs de l’Église face aux flux migratoires. Certains vont déchanter, c’est sûr. Car même le grand Augustin (totem des milieux réacs) passerait aujourd’hui pour un “sal gosho 2 merde” tant ses vues sur l’immigration étaient aux antipodes de national-catholiques du XXIe siècle.

Il est tout aussi drôle de voir les Chrétiens d’aujourd’hui miauler après une “Tradition” (avec un grand “T”, je vous prie) qui serait en train d’être détruite par l’islam, la mondialisation ou les franc-maçons unijambistes de Korriban. Eux dont la religion exclusive signa la mort de traditions multimillénaires, eux dont la religion fut une catastrophe pour la science, la philosophie et l’art antiques. Eux qui mirent un point d’honneur à détruire les “idoles” et les temples (tiens, tiens, ça ne vous rappelle rien ?). Eux qui massacrèrent la pauvre Hypatie, parce qu’elle était femme, philosophe et païenne. Saint Martin, patron des militaires et de la France était un Pannonien venu en Gaule à l’âge de quarante ans pour y finir évêque de Tours. “Belle intégration !” direz-vous. Sauf que son épiscopat a été marqué par une évangélisation agressive des campagnes gauloises où il fit arracher les anciens arbres sacrés et raser la barbe des druides contraints à se faire baptiser comme l’ensemble de la population. Si je voulais être vachard, je dirais que l’Occident chrétien subit aujourd’hui ce qu’il a jadis infligé à l’Europe païenne.

Non, il n’est pas hérétique, le père Fanfan. Il ne fait qu’appliquer ce que lui dit son boss. Et si, comme l’affirme cette pseudo prophétie médiévale, il était le dernier pape ? Peut-être qu’on pourrait enfin passer à autre chose et revenir aux dieux poliades qui firent jadis la grandeur de l’Europe.

Nicolas Kirkitadze




La droite est morte : vive la France !

Dans mon précédent article, je me suis attelé à identifier les schémas psychiques de gauchisme mental afin de les déconstruire en vue d’un patriotisme épuré de ces scories qui nous maintiennent dans une mortifère adolescence politique. Si le gauchisme mental est mortifère, il est tout aussi vital de sortir du droitisme. Démontrer la nocivité et l’inconsistance de la droite (qu’elle soit “républicaine” ou “alternative”), tel est l’objet du présent article.

Car, nous l’avons vu, le gauchisme est la maladie infantile des patriotes ; le droitisme en est la maladie sénile : un stade anal sans fin. D’autant plus incurable que le patient n’est pas conscient de sa maladie. A l’instar de l’antihéros des Carnets du sous-sol, l’homme de droite se complaît dans le mal qui le ronge.

Identifions d’abord la droite… ou plutôt les droites.

La droite “classique” est celle qui fut au pouvoir de 1958 à 1981 puis de 2002 à 2012 (après quelques intermèdes de cohabitation). Gaulliste, libérale, chrétienne-démocrate ou “progressiste”, elle fait tout son possible pour illustrer cette citation de Mark Twain : “La gauche propose des idées nouvelles ; quand elles sont devenues vieilles, la droite les reprend“. Ainsi, de nombreux élus de droite ont manifesté en 1998 pour s’opposer au PACS entre personnes de même sexe. En 2013, lorsqu’il fut question du mariage gay, les mêmes arguèrent qu’il fallait s’en tenir au statu quoi (c’est-à-dire : le PACS). A l’heure où j’écris, peu de députés LR militent pour l’abrogation du mariage gay et aucun n’oserait toucher au PACS. Parmi les opposants à la dépénalisation de l’homosexualité en 1981, un certain Jacques Toubon qui est aujourd’hui favorable à la PMA…

Après les années 80, la droite a perdu la vision et la consistance qu’elle avait sous de Gaulle qui – rappelons-le – n’était ni de droite ni de gauche mais simplement FRANÇAIS.

Chirac l’a vidée de tout patriotisme. Sarkozy l’a transformée en club bling-bling atlantiste. Fillon l’a repliée sur sa frange la plus hystérique. Wauquiez en creuse la tombe. Sa “main tendue” au FN vise à dévitaliser ce parti et à s’en accaparer l’électorat avec des discours sécuritaires et cocardiers pour appliquer ensuite la doxa libérale et européiste de son parti. La ligne Buisson, en somme. Le cocufiage, c’est maintenant.

En 2017, la droite n’est plus celle du Général ou de Pasqua, ni même de Chaban. Elle est celle des fils à papa sortis des HEC et “overbookés” ; celle des patrons qui rêvent d’une semaine de 70 heures pour leurs employés ; celle qui manifeste contre les prières de rue mais qui veut faire venir de la main d’œuvre immigrée pour l’exploiter ; celle qui peste contre la fraude et l’assistanat mais qui descend en masse au Trocadéro pour défendre un couple de parasites ; celle qui se croit subversive quand elle lit Zemmour dans le RER ; celle qui écoute Lesquen en cachette ; celle qui a voté pour Macron car elle trouvait Le Pen “dangereuse” pour son confort financier ; cette droite européiste et atlantiste qui crie “La France aux Français !” pendant les meetings ; cette droite des affaires, toujours propre sur elle, qui refuse de s’allier avec le Diable mais qui aimerait bien faire main basse sur son électorat.

Cette droite ressemble (en plus ridicule) à ce que décrivait Hervé Bazin dans Vipère au poing : un microcosme coupé du monde et englué dans des postures d’arrière-garde. On y vit sur les rentes, les vacances au manoir de bon-papa, la fausse virginité de Marie-France, les sorties à la Manif Pour Tous ; les meetings de Fillon (qui a certes volé mais qui n’a jamais divorcé ou blasphémé) ; les voyages d’affaire ; les détours au Bois de Boulogne entre deux confessions ; les recherches d’ascendance noble dans un arbre généalogique trafiqué ; les réceptions à Versailles et les dîners au Fouquet’s. La gourmandise est – avec l’avarice, l’orgueil et la luxure – le péché mignon de la droite.

Cette droite filloniste, patronale, héritière des Versaillais et traîtresse par essence, serait prête à sacrifier la France sur l’autel de ses intérêts bourgeois. Aucun patriote honnête ne saurait s’acoquiner avec cette engeance malfaisante et obscurantiste, ces ennemis du peuple travailleur.

A cela, on oppose de plus en plus une “droite alternative”, une droite “hors les murs”. Maurrassienne, barrésienne ou identitaire, cette alt-right se voit en initiatrice d’une refondation politique. Depuis plusieurs mois, l’alt-right a la cote sur les réseaux sociaux : on voit même poindre plusieurs “médias de réinformation”. Comprenez : des sites et journaux voguant à tribord.

Cette “droite alternative” se veut l’héritière des ligues, elle ne leur arrive pas à la cheville. A l’époque, il y avait des chefs qui étaient à la fois des leaders politiques et des penseurs (Barrès, de La Rocque). A l’époque, c’était “le social d’abord” contre “le politique d’abord”, Croix de Feu contre Action Française. Aujourd’hui, c’est choucroute contre couscous, Ryssen contre Conversano, RSA contre Cotorep.

Pour cette “alt-right”, la gauche commence à partir de Marion Maréchal-Le Pen. Wauquiez est un communiste. Certains ne verraient pas d’un mauvais œil une France (très chrétienne, je vous prie) dirigée par le roy Louis XX. On n’évoque pas encore le droit de cuissage, ça ne saurait tarder. D’autres rêvent d’une France blonde et païenne adorant Toutatis et mangeant du sanglier. Et puis, ceux pour lesquels l’histoire s’arrête le 30 avril 1945 avec le suicide de celui qu’ils appellent “Tonton”. Ces derniers sont heureusement minoritaires.

Pour qu’un auteur ou un politicien soit admiré par l’alt right, il n’y a qu’un seul critère : être mort. On y ressasse la Tradition (avec un grand “T”) et on rêve du Grand Soir. En attendant, c’est les soldes et le nouveau Assassin’s Creed vient de sortir : on va faire la guerre aux Sarrasins et reprendre Constantinople, ça nous détendra. On y est fan de Nietzsche (qu’on n’a jamais lu) et de saucisson. Bien sûr, on est antibolchéviques, car, c’est bien connu, les Rouges menacent de prendre le pouvoir. On est aussi pour la peine de mort… mais pas avec la guillotine qui a le sang de ce bon vieux Louis Capet.

L’inconsistance politique de cette “vraie droite” se manifeste dans ses choix électoraux. La consigne de vote : “celui qui est le plus à droite”. Ainsi entre Wauquiez et Macron, on choisit Wauquiez : entre Macron et Valls, on choisit Macron ; entre Valls et Mélenchon, on choisit Valls. Dans le clivage droite-gauche, cette “vraie droite” emboîte systématiquement le pas à la “fausse droite” dont elle dénonce pourtant la mollesse mais dont elle est la rabatteuse pour y attirer les nationalistes.

Depuis l’élection présidentielle et l’avènement de l’ovni Macron, le clivage droite-gauche a quelque peu volé en éclats. Les LR se relèvent difficilement de la défaite. Si les nationalistes semblent se droitiser après le départ de Philippot, ils se rendront vite compte que ce mélange de traditionalisme et de libéralisme prôné par les ténors sudistes est un repoussoir électoral pour les classes populaires. L’alt-right, quant à elle, semble avoir le vent en poupe : mais on peut remettre en doute ses capacités réelles à être une force d’opposition face à la majorité. Les idées défendues – si pittoresques soient-elles – sont plus que minoritaires au sein d’une population qui n’en a que faire des méditations métaphysiques sur Evola et qui aspire avant tout à la prospérité et à la sécurité.

A l’heure actuelle, les droites semblent bel et bien dead. Il n’y a pas matière à les pleurer mais plutôt à s’en réjouir. Avec le meurtre de la gauche par Macron et le suicide de la droite par ses propres incohérences, c’est un clivage vieux de deux siècles qui rejoint les latrines de l’histoire. Le camp national a enfin l’occasion de réaffirmer son essence transpartisane comme le souhaitait jadis le colonel de La Rocque et comme l’a par la suite théorisé Philippot qui – bien qu’il nous soit antipathique – a eu le mérite d’arracher le nationalisme à la droite et d’en faire un combat dépassant ces clivages surannés. Car, se cantonner à la droite ou à la gauche, c’est être politiquement hémiplégique. Pour y échapper, il est urgent que notre camp retrouve l’usage d’un cerveau complet et d’accepter que tout spectre politique a un côté gauche et droit. Il n’est pas plus de “peuple de droite” qu’il n’y a un “peuple de gauche”. Il y a un seul peuple, une seule communauté : le peuple français qui a vocation à s’unir et non à se diviser, a fortiori en cette heure cruciale. “Celui qui croyait au Ciel, celui qui n’y croyait pas / Tous deux adoraient la belle prisonnière des soldats“.

Nicolas Kirkitadze




Que devient le chien Dobrynya?

Le 18 novembre 2015, le RAID lançait l’assaut contre le groupe d’Abdelhamid Abaaoud, l’un des commanditaires des attentats du 13 novembre. Cet assaut n’a heureusement fait que des blessés légers du côté des policiers (certaines sources affirment qu’ils se seraient blessés eux-mêmes…). Un seul mort fut à déplorer : la chienne Diesel, vite devenue une martyre aux yeux d’un Occident attendri.

Les réseaux sociaux s’étaient alors enflammés et d’aucuns avaient réclamé rien de plus que la Légion d’Honneur pour la défunte. Un article moqueur m’avait alors valu une volée de bois vert. Sans rancune. Le comble du chauvinisme fut cependant atteint lorsque des élus et des internautes ont parlé d’une chienne “patriote”… Eh oui, Diesel était sans doute toujours volontaire pour aller au casse-pipe et faire son devoir civique, l’amour de la France éternelle chevillé à la patte. Sa maman peut en être fière. Un détail fut cependant vite éludé : c’est une balle Brenneke qui a ôté la vie à cette éminente patriote. Ces balles, employées par les troupes d’assaut de divers pays dont la France, ne correspondaient pas aux armes retrouvées près des corps des terroristes…

Quoi qu’il en soit, le ministre russe de l’Intérieur, Vladimir Kolokoltsev, avait officiellement présenté ses condoléances à la France et promis de leur envoyer un chien pour “remplacer” la regrettée Diesel. Ce fut vite fait : un petit chiot nommé Dobrynya débarqua quelques semaines plus tard sur notre territoire pour servir la République. Il intégrait dès janvier 2016 le Centre de Formation des Unités Cynophiles. Précisons que c’est un mâle. Dans le folklore russe, Dobrynya est un bogatyr (chevalier) tueur de dragons et défenseur de l’opprimé. Ce nom fut également porté par au Xe siècle par un personnage historique : Dobrynya le Brave, meilleur général et ami du prince Sviatoslav de Kiev. C’est donc un prénom hautement symbolique de la grandeur et la bravoure russes.

La déception fut cependant au rendez-vous. En décembre 2016, les médias claironnaient l’inaptitude du jeune berger allemand à intégrer le RAID. Il allait être réformé. Dobrynya souffrirait d’une malformation héréditaire de l’arrière-train qui l’empêcherait de se mouvoir rapidement. Impossible donc d’en faire un chien d’assaut ou un chien détecteur de drogues, puisqu’il est incapable – du fait de sa massivité – de se faufiler partout, expliquait un officier cynophile.

Ce désaveu public du quadrupède fut accueilli assez froidement par le peuple russe, qui porte une grande affection aux chats et aux chiens. Le hashtag #RendezNousDobrynya a ainsi été partagé plusieurs milliers de fois sur les réseaux sociaux. Une demande qui ne fut pas entendue par la France. En août 2017, on décida que le chien était définitivement inapte au service et, à seulement deux ans, il se vit mis à la retraite. C’est dans la contrée de Cannes-Écluse que le jeune Russe passera – on l’espère – d’heureuses années en compagnie d’un propriétaire attentionné.

On ne peut bien sûr reprocher à la police française de rechercher l’efficacité et d’avoir réformé ce chien qui ne correspondait pas aux attentes et aux critères auxquels doit répondre tout chien policier. Le désaveu public de Dobrynya ainsi que la description détaillée et médiatisée de ses infirmités a cependant pu passer aux yeux de la Russie et de nombreuses personnes d’origine russe – dont l’auteur de cet article – pour de la discourtoisie envers ce peuple au grand cœur qui avait offert à sa petite sœur France un cadeau à quatre pattes pour atténuer son malheur. Dans la culture russe, refuser un cadeau ou le dénigrer est un comble de muflerie et peut jeter un froid sur une amitié. Bien sûr, la Russie ne gardera aucune rancune de ce traitement médiatique infligé au jeune Dobrynya. Mais il était inutile d’afficher ce pauvre quadrupède à la une des médias et d’en faire un invalide parasite. La courtoisie diplomatique aurait exigé de ne pas en piper mot et de lui trouver une tâche à sa mesure ou tout simplement d’en faire une mascotte de la police.

Certains sont nuls pour offrir des cadeaux, d’autres sont nuls pour les recevoir.

Nicolas Kirkitadze




Affaire Grégory : que devient Murielle Bolle ?

Voilà trente-trois ans que dure l’affaire Grégory. Les rebondissements tragiques de cet été en font sans doute une affaire maudite, ou, du moins, une affaire qui restera à jamais gravée dans les annales judiciaires et l’inconscient collectif. C’est long, trente-trois ans, c’est presque le temps d’une vie. L’une des principales protagonistes de l’affaire est Murielle Bolle, belle-sœur du principal suspect Bernard Laroche, actuellement âgée de 48 ans. Impliquée à quinze ans dans une saga judiciaire où l’indicible le disputait au tragique, la vie de cette femme sera à jamais marquée par cette affaire à laquelle – n’en doutons pas – elle restera à jamais associée dans la mémoire impitoyable des médias et de l’opinion. Si mes précédents articles ont pu être sévères envers cette dame et son comportement obstiné, elle m’inspire aujourd’hui de la compassion.

Après une incarcération éprouvante entre le 28 juin et le 4 août, Murielle Bolle a été remise en liberté (très) surveillée assortie d’un régime digne des pires moudjahid. Elle demeure mise en examen pour “enlèvement de mineur suivi de mort“.

Condition sine qua non de sa libération : Murielle Bolle n’a pas le droit d’habiter ou même de se trouver momentanément dans son département natal des Vosges. Elle a heureusement pu compter sur une âme généreuse qui a accepté de l’héberger dans sa résidence secondaire. Il s’agit de Jean-Charles Boizot, ancien maire d’une petite cité thermale de la Nièvre. Pour lui, à n’en pas douter, Murielle Bolle est innocente… et victime. Cette conviction a poussé l’ex-édile à lui prodiguer une aide généreuse.

Voilà donc quatre mois que Mme Bolle vivote dans cette solitude nivernaise quasi-monacale. En effet, elle a interdiction d’entrer en contact avec toute personne impliquée de près ou de loin dans l’affaire. Interdiction également de parler aux journalistes. Les seules personnes autorisées à la voir sont ses fils et son compagnon.

Si le port du bracelet électronique et l’assignation à résidence n’ont pas été retenus, il lui est de fait conseillé de rester dans son domicile. En effet, son logeur révèle à nos confrères du Parisien la présence constante de gendarmes patrouillant près de chez elle, ce que l’ancien maire trouve abusif. D’autre part, elle doit pointer à la gendarmerie deux fois par semaine. N’ayant pas de véhicule, c’est encore sur l’aide de M. Boizot qu’elle doit compter pour s’y rendre.

Elle ne sort que très peu“, confie une habitante de la commune. De fait, rares sont ceux qui l’ont croisée, à part quelques habitants qui se sont mobilisés pour lui apporter l’aide financière et matérielle nécessaire. En effet, ne pouvant travailler, elle ne dispose que d’une faible aide financière qui ne lui permet pas de finir le mois correctement. Cependant, malgré sa discrétion, celle qui est mise en examen pour meurtre a su capter la compassion, voire la sympathie, de la plupart des habitants qui la considèrent désormais comme une femme innocente, victime d’une machine judiciaire implacable.

Pendant ce temps, l’enquête continue. Mme Bolle a ainsi dû passer un “test psychologique” sur ordre de la justice afin de définir sa personnalité. Le rapport de l’expertise, rendu public en septembre, parle d’une “personnalité entêtée” qui chercherait à tout prix à protéger son défunt beau-frère. Ces conclusions accablantes, qui seront prises en compte dans le dossier et lues au procès comme preuves à charges, se basent entre autres sur… le “test de l’arbre” : une méthode d’analyse psychologique créée par le professeur suisse Charles Koch en 1952. Il est demandé à l’impétrant de dessiner un arbre d’une taille standardisée. La forme du tronc et des branches serait révélatrice de l’état d’esprit de la personne… Cette méthode est aujourd’hui jugée farfelue dans la plupart des pays européens et aux USA ; aucun expert ne se hasarderait à l’employer dans une affaire criminelle. Elle n’est plus guère enseignée qu’en histoire de la psychologie. Pour anecdote, le rapport conclut ainsi : “ Nous remarquons la présence d’une zone oblongue sur la surface du tronc, pouvant attester, d’après l’index de Wittgenstein, d’un événement majeur, traumatique, qui serait survenu dans la vie de l’intéressée entre 13,4 et 16,2 ans.” Elle avait en effet 15 ans au moment de l’affaire. Pour les magistrats, ce “traumatisme” serait l’agression qu’elle aurait subie pour se rétracter après avoir accusé son beau-frère. Et si c’était plutôt l’affaire elle-même ? La mort d’un enfant de cinq ans, sa garde à vue de vingt-cinq heures, puis le meurtre de son beau-frère, ne sont-ce pas là des événements susceptibles de laisser des séquelles chez une adolescente ?

Il n’est pas question ici d’établir qui est coupable et qui est innocent dans cette sombre affaire, même si l’on peut légitimement s’étonner de l’inculpation de Murielle Bolle pour “enlèvement suivi de mort“. On s’étonnera encore plus de voir qu’une ménagère de 48 ans est considérée comme plus dangereuse que des fedayin dans la fleur de l’âge qui reviennent du jihad. Selon le Huffington Post, “la moitié des 240 jihadistes de retour en France sont en prison”… On peut le dire autrement : “la moitié des jihadistes de retour en France sont en liberté”. Et encore, il s’agit seulement des chiffres officiels. Pendant ce temps, les pandores préfèrent patrouiller devant le domicile de Murielle Bolle.

Nicolas Kirkitadze




Patriotes, sortons du gauchisme mental

Le camp national a certes gagné le combat des idées, mais il connaît une cuisante défaite sur le terrain culturel et politique, cantonné au simple rôle d’opposant factice et de repoussoir électoral. Certains s’en accommodent : ils ont la gueulante facile et savent au fond d’eux qu’arrivés au  pouvoir, ils ne seraient pas meilleurs que ceux qu’ils dénoncent. “Le pouvoir ? Que Dieu nous en garde !” répétait souvent Jean-Marie Le Pen…

D’autres refusent ce rôle de braillards et voudraient réellement prendre le pouvoir pour (disent-ils) “changer les choses”. Ils s’étonnent dès lors que, nonobstant la décrépitude de la gauche, la droitisation des esprits et un contexte plus que favorable, leurs idées soient à la traîne et peinent à séduire le peuple.

Parmi les nombreuses embûches qui obstruent la voie élyséenne, on cite pêle-mêle : les médias, les lobbys, l’intelligentsia, le système électoral, la propagande, la finance, l’oligarchie, etc. Chacun de ces éléments concourt sans doute à priver les patriotes du pouvoir. Mais ce qui plombe réellement le camp national, c’est… lui-même.

Le nationalisme français souffre, depuis ses débuts dans les années 1880, d’un mal qui le ronge et lui ôte toute crédibilité, tout avenir politique sérieux : le gauchisme mental. Si pour le camarade Lénine, le gauchisme était “la maladie infantile du communisme”, il est, un siècle plus tard, une maladie sénile du nationalisme. Le nationalisme est au XXIe siècle ce que le communisme fut au siècle précédent : un éternel épouvantail que l’on agite, que l’on utilise, que l’on combat (sans jamais l’achever) mais auquel on donne l’illusion qu’il pèse lourd et peut “renverser la table”. Au final, chacun y trouve son compte.

En effet, même la droite la plus radicale verse dans le gauchisme mental. Par ce terme, entendons non pas la gauche sur l’échiquier politique (qui a toute sa place dans le combat patriotique – par essence transpartisan) mais un certain nombre d’attitudes et de réflexes pavloviens que les patriotes dénoncent chez leurs adversaires et dont ils sont hélas les premiers thuriféraires. Pour un patriotisme crédible, apaisé et d’avant-garde, il est impératif d’identifier ces travers et de s’en départir.

Le pire des fléaux est sans doute la division. Comme les communistes des années 70-80, le camp national est fracturé en quantité de groupuscules, de mouvances et de clubs qui se font mutuellement une guéguerre des plus viles. “Mettez deux communistes ensemble, ils feront une tendance. Mettez-en trois, l’un d’eux fera une scission“. Cette blague s’applique parfaitement aux patriotes. Du royalisme au philippisme, en passant par le gaullisme, l’identitarisme et le national-paganisme, le camp national est plus morcelé que jamais. Il est salutaire que chacun développe son analyse et propose son propre angle de réflexion. Il n’y a pas de mauvais patriotisme, tous les avis sont bienvenus et méritent d’être étudiés. La chose devient plus problématique quand ces mouvances, au lieu de s’unir, se combattent entre elles. La division est donc le symptôme le plus grave du gauchisme mental.

Vient ensuite l’incapacité à se remettre en question. Le gauchiste, à court d’argument, conclut par un tonitruant “facho !” pour couper court au débat. Le natio, lui, crie au bobo dès qu’un désaccord surgit, dès qu’un contradicteur le met face à ses incohérences ou dès qu’il juge son interlocuteur “trop mou” (entendez par là : quelqu’un qui est contre le port d’arme et la peine capitale). “Bobo” contre “Facho”, donc… Un duel plus burlesque qu’épique, les deux adversaires ayant plus en commun qu’ils ne sauraient l’imaginer. A l’instar de la gauche qui se fracasse souvent sur les récifs du réel, les patriotes sont hélas incapables de voir la réalité au-delà de leur prisme idéologique. Le manichéisme dénoncé chez l’adversaire n’est que le pendant de leur propre manichéisme. On a pu le constater dans l’acharnement dont certains ont fait preuve envers Me Dupond-Moretti. Les mêmes seront pourtant heureux d’avoir un avocat de cette trempe s’ils se retrouvent au prétoire pour avoir contesté la réalité d’un génocide ou frappé un élu de la République… Le manque de réciprocité et d’impartialité est un des traits les plus caractéristiques du gauchisme mental.

Citons aussi le discours antisystème. Dans un monde relativiste, individualiste, globaliste, consumériste et sans âme, il est évident qu’un patriote digne de ce nom est contre le Système. Faut-il encore que cette opposition soit mesurée et non pavlovienne, sous peine de tomber dans les travers de ceux-là mêmes qu’on prétend combattre. Il suffit qu’un journaliste ou une personnalité “en vue” dise quelque chose, pour que la patriosphère crie au “fake news” et clame le contraire… Vaccins, retraite, sondages, sécurité, météo, tous les sujets y passent : “ils nous mentent, ma bonne dame…” Là encore, on est face à un sectarisme digne des gauchistes les plus obtus. Pour eux, il vaut mieux avoir tort contre un patriote que d’avoir raison avec lui. Pour nous, c’est le contraire. Dans les deux cas, l’émotionnel sort gagnant : la Raison est aux abonnés absents.

L’émotionnel est justement un des traits que je tenais à citer ici. S’il est normal d’être passionné, il l’est moins de devenir hystérique et indigne. Par exemple, je ne saurais vous dire ma tristesse et mon dégoût lorsque je lis : “Cinquante migrants se sont noyés en mer, chouette! Sabrons le champagne !” ou (lorsqu’une personne de gauche décède) : “Qu’il brûle en enfer, pet à son âme!“… Ces paroles, expression d’une colère certes explicable, sont d’autant plus abjectes quand elles émanent de personnes qui se disent défenseurs des valeurs chevaleresques et se prétendent chrétiens ou païens. Celui qui se réjouit de la mort de Pierre Bergé sera le premier à s’outrer des commentaires euphoriques des gauchistes lorsqu’il sera question de Jean-Marie Le Pen ou d’une autre “figure” nationaliste. Leur maxime est : “Les gauchistes nous méprisent, alors méprisons-les”. Or, ce n’est pas par la bassesse qu’on vainc la bassesse mais par la grandeur. En outre, de tels propos orduriers discréditent le mouvement national et le font passer pour un ramassis de haineux sans cœur et vulgaires.

Enfin, on ne peut évoquer le gauchisme mental sans parler de la “culture de contestation” qui en est le ciment. A l’instar des ados anars qui dénoncent tout (“résister c’est exister”) mais sont incapables de proposer quoi que ce soit, certains patriotes se murent dans une posture d’arrière-garde consistant uniquement et exclusivement à vilipender : immigration, chômage, insécurité, islam, niveau de vie, mensonges médiatiques, mondialisation, etc. Que diable proposent-ils ? Rien. Ce néant intellectuel a été étalé au grand jour lors du débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Quoi qu’on en pense, ce dernier est dans une culture de gouvernement, d’innovation, de proposition, quand sa malheureuse adversaire se mure dans une bulle d’où elle se contente de lancer des anathèmes. Les nationalistes n’ont visiblement tiré aucune leçon de cette déculottée électorale.

A lutter avec les armes de ton ennemi, tu deviendras comme  lui“, disait Friedrich Nietzsche. Avis aux patriotes qui tombent dans cette plaie de l’esprit qu’est le gauchisme mental, nullement exclusif à la gauche politique. Pour devenir une force d’avant-garde, le camp national doit passer de la division à l’unité, de l’émotion à la Raison, de l’hystérie à l’apaisement, d’une culture de contestation à une culture de gouvernement.

Nicolas Kirkitadze




Vers une présomption de non-consentement ?

L’idée fait son chemin, petit à petit, imperceptiblement mais inexorablement. Dans le cadre du renforcement (certes nécessaire) de la lutte contre les criminels sexuels, on évoque de plus en plus souvent de créer une “présomption de non-consentement” des présumées victimes. Le gouvernement l’a d’ores et déjà avalisé pour les crimes sexuels commis sur les mineurs, mais de plus en plus d’associations – et d’intellectuels – réclament sa généralisation à tous les crimes et délits présentant un caractère sexuel. On susurre que Marlène Schiappa en serait une fervente partisane et qu’elle en ferait la promotion.

Concrètement, cela consiste à acter qu’une personne déposant plainte pour un rapport sexuel qu’elle définit comme un viol ou une agression sexuelle est présumée victime et que ledit rapport est présumé non-consenti. Ce n’est donc plus au plaignant de prouver la véracité de ses dires mais au mis en cause de prouver son innocence et le caractère consenti du rapport. Ce qui est plutôt difficile à moins d’avoir des témoins qui tenaient la chandelle ou un voisin voyeur… Encore plus difficile à prouver s’il n’y a eu aucun rapport sexuel (comme dans l’affaire Loïc Sécher ou l’affaire Iacono). Comment prouver la non-existence d’un rapport que la justice considère comme ayant eu lieu et qu’elle présume non-consenti ?

Il y a peu de chances qu’une telle loi voie le jour. Elle serait de toute façon invalidée par les Sages, de par son caractère anticonstitutionnel : la “présomption de non-consentement” du plaignant n’étant autre que la négation de la présomption d’innocence du mis en cause, principe fondamental du droit, garanti par la Constitution et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Toutefois, le fait même qu’une telle proposition émerge au sein de la société (parfois, au sein même des professionnels du droit) peut légitimement nous inquiéter sur l’évolution de la justice et des droits, donc celui – fondamental – d’être considéré innocent avant la preuve formelle de sa culpabilité. En 1693, le gouverneur du Massachussetts – suite au sanglant épisode des sorcières de Salem et au scandale qui en a résulté – déclarait : “Il vaut mieux que cent sorcières vivent, plutôt que d’ôter la vie à un seul innocent“. Trois siècles plus tard, les féministes disent : “Il vaut mieux que cent innocents croupissent en détention, plutôt qu’un seul agresseur en réchappe”.

En effet, ce que les partisans de la “présomption de non-consentement” oublient à dessein de préciser, c’est que le mis en cause – présumé coupable – serait immédiatement écroué et placé en détention préventive. “Ce n’est que provisoire”, direz-vous… Certes. Mais, premièrement, les délais d’instruction sont de plus en plus longs en France, pouvant parfois atteindre deux à trois ans. Plusieurs mois ou années passées en détention alors qu’on est innocent est sans doute une chose horrible. Même un seul jour est de trop.

Deuxièmement, même acquittée une personne soupçonnée de viol demeure l’objet de suspicion et de rejet aussi bien dans sa vie sociale que professionnelle. En outre, même si on l’indemnise pour le temps qu’elle a passé en détention, cela n’enlève pas la blessure psychologique d’avoir eu son nom sali. Précisons également que les délinquants sexuels ne sont guère appréciés par leurs codétenus qui n’hésitent pas à les passer à tabac.

On comprend l’intention de ceux qui veulent introduire cette présomption : il s’agit de faciliter la libération de la parole chez les victimes et d’éviter que d’autres subissent les mêmes sévices. Mais, comme souvent, l’enfer est pavé de bonnes intentions. En l’occurrence, rhabiller ainsi la loi fondamentale serait la porte ouverte à toutes sortes d’abus futurs. Concluons par une citation de Montesquieu, avocat de formation : “On ne doit toucher à la loi que d’une main tremblante“. Avis aux Schiappa et autres apprenti-e-s sorcier-e-s.

Nicolas Kirkitadze




#BalanceTonPorc : une délation d’Etat assumée

Il est des jours où notre société ressemble furieusement à un asile d’aliénés en proie à une folie collective provoquée par cette drogue à laquelle carbure l’Occident : la mentalité SJW (Social Justtice Warrior) dont les symptômes sont un culte pavlovien des minorités et la haine sectaire de la prétendue “majorité dominante”. Comme l’a jadis dénoncé le regretté Umberto Eco, c’est dans les réseaux sociaux que cette folie a trouvé un tremplin pour se propager.

#BalanceTonPorc, c’est ce hashtag qui figurait dans les trending topics de Twitter au début de cette semaine. Lancé au cours du week-end dernier par la journaliste féministe Sandra Muller, dans le but d’inciter les femmes à “dénoncer les harceleurs”, ce hashtag consistait à rapporter un harcèlement ou une agression dont les femmes auraient été victimes et à donner le nom des présumés coupables.

Un hashtag repris plusieurs centaines de fois. Unetelle dénonce son patron qui lui a effleuré le coude ou qui l’a complimentée sur son parfum, telle autre balance son voisin qui lui lance des regards lubriques quand il la croise ou son collègue lourdingue qui chante des chansons paillardes pendant la pause, d’autres évoquent ces mufles qui s’assoient dans les transports, jambes écartes, comme s’ils étaient fiers d’avoir des burnes… Tout cela relèverait du “harcèlement sexiste et sexuel“, nouvelle expression orwellienne qui vient s’ajouter à la logorrhée schiappesque. Si les “accusés” ont le privilège de voir leurs noms (et parfois leurs photos) défrayer twitter, il n’en est pas de même pour les accusateurs dont certain(e)s postent avec des pseudonymes.

Mesdames, la chasse aux porcs (blancs, sinon on est raciste) est ouverte. Les médias en font un “succès féministe”. Gonflée artificiellement, la campagne médiatique à la limite de la légalité fait des émules, d’autres pays imitent l’initiative française : Grande-Bretagne, Italie, Belgique, Allemagne… Pour une fois, la France a été à l’avant-garde. La délation fait toujours führer.

Si cette campagne a eu un certain succès, il mérite la nuance : le hashtag #BalanceTonPorc a effectivement été publié plusieurs centaines de fois, mais il est intéressant de faire un tour sur les profils de celles qui l’ont utilisé. Militants féministes, sympathisants de gauche, antispécistes, antiracistes, LGBTistes, végans… Est-ce à dire que les femmes de droite ne se font jamais harceler ? A moins que la notion de “harcèlement” varie et qu’un acte considéré comme tel par une militante de gauche ne le soit pas forcément par une femme de droite.

Les femmes n’ont pas été les seules à “balancer”, beaucoup d’hommes ont participé à cette campagne pour dénoncer des voisins, collègues ou patrons ayant une attitude “inappropriée” avec les femmes. Sans compter les nombreux twittos sous pseudo et sans photo valable, dont on ne peut dire avec certitude si ce sont des hommes ou des femmes. Face à ces hommes, les féministes sont partagées : certaines félicitent ces messieurs de leur contribution à cette chasse aux porcs, d’autres pensent au contraire que le fait pour un homme de s’immiscer dans une campagne féministe est une manière sournoise de perpétuer le patriarcat…

D’autres, dans notre camp, ont aussi essayé de reprendre cette campagne et de parler des harceleurs gauchistes. Mal leur en a pris… Ainsi, Pierre Sautarel, rédacteur de Fdesouche se retrouve poursuivi en justice pour avoir mis en lumière le viol d’une militante antifa par ses camarades rouges. Dénoncer les agresseurs, oui, mais pas tous…

Une semaine plus tard, la chasse aux porcs (riches et blancs) est encore loin d’être close. Ainsi, Pierre Joxe s’est retrouvé accusé d'”agression” par Ariane Fornia, fille d’Éric Besson et écrivainE féministe. Le bougre lui aurait touché la cuisse en 2010, à l’opéra.

Parmi les réactions de soutien, Brigitte Macron s’illustre. En déplacement au Théâtre Antoine pour regarder une pièce autobiographique  (encensée par le monde de la culture) dont l’auteure met en scène son propre viol, la Première Dame a encore tenu à réagir : “Quelque chose est en train de se passer, c’est formidable !” et, tel Urbain II appelant ses ouailles à libérer Jérusalem, Brigitte de conclure par : “Je pousse à rompre le silence“.

D’autres personnalités ont aussi réagi : “Ce n’est pas de la délation mais un devoir civique“, a déclaré Aurélie Fiippetti. Son ex-compagnon, alors avocat, avait usé du même argument pour défendre l’assassin de René Bousquet : “C’est un meurtre civique” (sic) avait-il déclaré… La gauche a décidément une drôle de conception du civisme.

Disons-le clairement : une femme qui a été victime de harcèlement ou d’agression a le droit inaliénable de réclamer justice. Mais cette “libération de la parole” doit se faire au commissariat ou au prétoire, comme le prévoit la loi. En aucun cas dans les colonnes d’une presse à scandale ou sur les réseaux sociaux, temples du lynchage et de l’injure gratuite.

Il y a une certaine dose de perversité dans cette campagne. Un homme mis en cause dans le cadre de la loi a la possibilité de se défendre en justice et de faire valoir sa parole au même titre que celle de la présumée victime. Ici, on se situe hors de la loi. Celui qui a été “balancé” (pour des faits supposés remontant à plusieurs décennies, donc prescrits) n’a aucun moyen de prouver qu’il est innocent. Dès lors, la condamnation n’est plus judiciaire mais morale et sociale. Or, l’opinion publique a la dent dure et la mémoire méchante.

Nicolas Kirkitadze




Affaire Weinstein : et la présomption d’innocence ?

 

Désormais soupçonné de quatre viols et de plusieurs agressions sexuelles, le producteur Harvey Weinstein – qui faisait jadis la pluie et le beau temps à Hollywood – est réduit à l’état de loque : viré de sa propre compagnie, largué par sa femme, lâché par ses anciens amis, et bientôt déchu de la Légion d’Honneur, insulté et lynché par les procureurs moraux des réseaux sociaux qui se précipitaient – il y a encore quelques mois – pour voir ses films. Arx Tarpeia Capitoli Proxima.

Si vous cherchez la présomption d’innocence, passez votre chemin. Elle est aux abonnés absents dès lors que tombe une accusation d’agression sexuelle ou de violence envers les femmes. L’opinion publique – avide de scandales glanés dans les bas-fonds de la haute société inaccessible et secrètement jalousée – obéit à un code pénal aux accents d’archaïsme tribal remanié à la sauce SJW : la parole de l’accusatrice compte double, celle du mis en cause ne compte pas, surtout s’il a le tort d’être riche et puissant. Coupable, Weinstein l’est forcément : mâle, blanc, juif, multimillionnaire… autant d’éléments accablants. En effet, il ne faut pas négliger la dimension antisémite de certaines attaques.

Le cas de Weinstein est loin d’être isolé. Rappelons à titre d’exemple Katsav, Polanski, Strauss-Kahn, Pistorius ou Hamilton, ce dernier, octogénaire, fut réduit au suicide, ne pouvant supporter l’avalanche quotidienne d’accusations de viols. On observe en effet un curieux effet domino dans ces affaires : enhardies par le témoignage d’une présumée victime, des dizaines d’accusatrices sortent de l’ombre et relatent des faits remontant parfois à plusieurs décennies… Commence alors une véritable chasse au dahu relayée par la presse jaune. Les médias se font une compétition du diable : c’est à qui dénichera les détails les plus salaces.

Et l’accusé ? Coupable avant même d’avoir été jugé, parfois sans même que les présumées victimes déposent plainte. Même ses éventuels soutiens ne sont pas à l’abri. Ainsi, Oliver Stone, après avoir timidement pris la défense de Weinstein, s’est retrouvé à son tour accusé d’agression sexuelle par une obscure mannequin.

Les annales judiciaires nous apprennent cependant qu’un amoncellement de témoignages accablants n’est pas toujours synonyme de vérité. Loin de nous l’idée de remettre en doute la parole de ces femmes, c’est à la seule justice de trancher ; et quand une femme a été victime d’agression, c’est naturellement son droit de témoigner. Mais que cette “libération de la parole” se fasse (par facilité ?) dans les colonnes d’une presse à scandale plutôt que dans le bureau du procureur est éminemment condamnable et lâche.

Loin d’être freinés par les autorités, le lynchage et la délation gratuite sont même encouragés : en témoigne le hashtag #BalanceTonPorc, lancé par une journaliste féministe sur Twitter. Il consiste, pour les femmes, à rapporter les présumés harcèlements qu’elles auraient subis dans la rue, au travail ou dans d’autres lieux publics. Cette campagne à la limite de la légalité est soutenue par l’ensemble des médias qui encensent le “courage” (sic) de celles qui ont – souvent anonymement et sans preuves – jeté en pâture le nom de leur voisin ou de leur patron.

Nicolas Kirkitadze