Le silence des journalistes français, sur Mohamed Sifaoui ou le suicide de Didier Constant, est scandaleux

Ce qui arrive aujourd’hui à Mohamed Sifaoui correspond à la réaction de la plupart des journalistes français par rapport à la mort de Didier Contant, ancien rédacteur en chef de l’agence Gamma. Ce grand reporter de grand talent a subi des pressions insoutenables de la part de certains de ses confrères parisiens. La presse française n’a donné comme réponse qu’un silence étourdissant. Depuis quatre ans et demi, je me bats pour que les circonstances de la mort de Didier Contant soient élucidées. Des nombreux journalistes que j’ai sollicité m’avaient promis d’en parler si Jean-Baptiste Rivoire de Canal+, auteur de la campagne mensongère à l’égard de Didier Contant, soit mis en examen. La mise en examen est intervenue le 17 mars 2008. Tous ont reçu le communiqué ; AUCUN journaliste français n’en a fait état. C’est parfaitement scandaleux, tout comme l’absence de réaction par rapport à la situation de Mohamed Sifaoui.
Rina Sherman
Chercheur, écrivain, cinéaste
http://8e-mort-tibhirine.blogspot.com/




Faire du journalisme en France ? C’est donc possible

Golias Magazine vient de nous le démontrer avec la publication du dossier « L’autre enquête sur l’assassinat des moines de Tibhirine ». Ce dossier, constitué de plusieurs articles, présente un travail journalistique hors pair sur un sujet qui a plutôt connu un « black-out » dans certains médias français.

Pourtant, les journalistes sont les premiers à être concernés : il s’agit de la mort d’un confrère. Le 15 février 2004, Didier Contant, grand reporter et ancien rédacteur de l’agence Gamma, et donc une personnalité importante dans son métier, met fin à ses jours.
Pourquoi ? Parce qu’il ne se remet pas d’une campagne calomnieuse menée par ses confrères et qui le désigne comme un double barbouze dans le contexte de sa troisième enquête sur l’enlèvement et l’assassinat des moines de Tibhirine en Algérie en 1996.

Mes nombreuses demandes pour la publication d’une investigation de fond sur les circonstances de la mort de Didier Contant ont le plus souvent connu une fin de non-recevoir, hormis pour les articles de quelques journalistes, alertés par la dérive de cette fraction de la gauche française qui persiste à apporter son soutien à l’Islam politique et meurtrier. Pourquoi ? Parce que certains soutenaient ouvertement ou discrètement le lobby « Qui tue qui ? », tandis que d’autres protégeaient tout simplement leur prochaine pige. Mais également parce que l’histoire entre la France et l’Algérie est restée plaie ouverte pour beaucoup, qui, eux, préfèrent le silence ou, pire encore, participent à des lectures qui s’inspirent d’analyses partiales ou infondées dans certains cas.

Il est entendu que chacun a droit à son opinion, mais encore faut-il, dans le cadre du discours journalistique, qui a vocation d’informer le public, qu’elle soit fondée sur des analyses solides et qu’elle se prête à être contredite publiquement. Or, Didier Contant n’a même pas pu commencer à écrire son troisième article sur l’assassinat des moines de Tibhirine, quand le silence s’est abattu sur lui.

Avec « L’autre enquête sur l’assassinat des moines de Tibhirine », Golias Magazine présente pour la première fois une analyse de fond de la polémique autour de la mort des moines de Tibhirine et la mort du journaliste, Didier Contant, polémique alimentée par les relais médiatiques du lobby « Qui tue qui ? », grâce auxquels leur acharnement contre l’Algérie a pendant un temps trouvé une place dominante dans les médias français.

Le tir est désormais corrigé. Un premier article de ce dossier, réalisé par Jean-François Soffray, « L’étrange suicide » d’un journaliste, fournit une grille de lecture sur l’idée saugrenue que le GIA est une création des militaires algériens. Finement documenté avec des recoupements complets, l’auteur décrypte les diverses interventions et écrits des défenseurs invétérés de cette thèse.
Dans un deuxième article, Islamistes ou « services » : qui a enlevé les moines ?, le journaliste démontre la faiblesse de l’argument postulant qu’il s’agit du GIA « infiltré » qui aurait été responsable de l’enlèvement des Moines de Tibhirine.

Le troisième article, La contre-enquête sur l’assassinat des moines, reprend des éléments inédits de l’investigation de Didier Contant, journaliste qui a passé un mois à Blida pour effectuer une véritable enquête sur le terrain, interrogeant de nombreux témoins directs des événements qui avaient eu lieu à Blida, ville située à proximité de Médéa et du monastère de Tibhirine. Il y est notamment question des nombreuses contradictions dans le témoignage du sous-officier, Abdelkader Tigha.

Dans l’article suivant, L’Église en Algérie au cœur du drame, vient le tour de l’initiative controversée de la communauté Sant’Egidio, organisateur de la plate-forme de Rome, signée par le FLN, le FFS et le FIS et qui préconisait un rejet de la violence, signature qui n’a en rien modifié la politique des responsables islamistes, car des actes meurtriers revendiqués par eux ont continué.
Un dernier article, La scandaleuse campagne de presse du trappiste Armand Veilleux retrace les démarches de ce père, ayant pris fait et cause pour le « Qui tue qui ? », et qui va jusqu’à suggérer que Didier Contant, tout comme l’auteur de ces lignes et auteur du livre « Le huitième mort de Tibhirine » sont tous deux manipulés par les services secrets algériens.

Pour ceux qui se sont posé des questions tout au long de ces années d’acharnement des médias français contre l’Algérie, le dossier « L’autre enquête sur l’assassinat des Moines de Tibhirine » fournira une lecture fouillée et fort bien recherchée. Il vient en complément du livre « Le huitième mort de Tibhirine », l’essai sur l’enquête que j’ai menée pour élucider les circonstances de la mort de Didier Contant. Pendant ces longs mois d’investigation, j’ai rencontré de nombreux Algériens et Algériennes. Ils racontaient avec retenue l’horreur qu’ils ont vécue dans leur pays. Pour eux, il n’y a pas d’ambiguïté. Ils savent qui a tué les leurs. Ils les connaissaient, ils les ont vus. Souvent, ils finissaient leurs interventions par la phrase suivante : « Vous ne pouvez pas imaginer le mal que nous a fait ce « Qui tue qui ? C’était presque pire… »

Rina Sherman

Paris, le 17 septembre 2007

Golias Magazine, n° 115, juillet août 2007.
En vente ici : [http://golias-editions.fr/spip.php?rubrique169->http://golias-editions.fr/spip.php?rubrique169]

« Le huitième mort de Tibhirine » de Rina Sherman, Éditions Tatamis, Paris, 2007, et, Éditions Lazhari Labter & Le soir d’Algérie, Alger, 2007. [http://8e-mort-tibhirine.blogspot.com->http://8e-mort-tibhirine.blogspot.com]/

Rina Sherman présentera son livre au :

Salon International du livre : Histoire et témoignages, Meaux, le 13 & 14 octobre 2007.
[http://www.ville-meaux.fr/Salon-du-Livre-Histoire-et.html->http://www.ville-meaux.fr/Salon-du-Livre-Histoire-et.html]
Salon International du livre, Alger, du 31 octobre au 9 novembre 2007. [http://www.sila.dz/gp_presentation.asp->http://www.sila.dz/gp_presentation.asp]