Le passe sanitaire, une arme de décérébration massive ?
L’heure est grave. Et c’est un euphémisme ! Depuis que le locataire de l’Élysée a pris la parole à la télévision pour imposer la vaccination à tous les Français sous peine de restreindre considérablement leurs libertés, je suis passée par toutes les phases : incrédulité, incompréhension, sidération, accablement… et maintenant colère ! Une immense colère qui ne s’éteindra que lorsque l’imposture du passe sanitaire aura pris fin.
Laissez-moi tout d’abord vous dresser les préceptes clés que je m’efforce d’appliquer en tant qu’enseignante et qui s’avèrent être la parfaite antithèse des mesures énoncées par l’exécutif.
En voici la liste :
– Tenir parole envers mes élèves. « Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis » et impose de ce fait le respect. Rien à voir avec les discours contradictoires et mensongers de celui qui jure ses grands dieux ne jamais vouloir imposer la vaccination obligatoire pour se dédire quelques mois plus tard.
– Faire preuve d’autorité et de bienveillance, jamais d’autoritarisme. Rien à voir avec le mépris et la morgue de celui qui dissimule mal son agacement face à la moindre contrariété et qui, à défaut d’argument probant, tombe aussitôt dans l’invective quand il n’est pas content.
– Se montrer équitable en toute occasion afin d’instaurer une harmonie au sein du groupe. Rien à voir avec celui qui préside à la destinée d’un pays qu’il divise en traitant celles et ceux qui refusent catégoriquement ou temporairement de se faire vacciner comme des parias.
À ces préceptes se superpose un principe essentiel qui m’anime dès que je franchis le seuil de ma salle de classe : faire de mes élèves des êtres éclairés, dotés d’un esprit critique aiguisé et d’un libre-arbitre toujours affûté. En effet, il est toujours l’heure du doute dans le pays de Descartes, n’en déplaise à celui qui se plaît à citer Pasteur à longueur de discours.
En guise d’exemple, je prendrai l’un des points du programme de français étudié en classe de troisième, intitulé : « Dénoncer les travers de la société ». Lors des études de textes, une telle problématique me permet de mettre à jour les mécanismes des systèmes autocratiques protéiformes ayant jalonné le XXe siècle. Je m’appuie ainsi sur une floraison d’œuvres littéraires de grande facture telle La ferme des animaux de George Orwell, satire politique de la dictature stalinienne.
Dans cette fable animalière, l’auteur démonte les processus par lesquels le dictateur s’empare du pouvoir. Ce dernier commence par jouer sur la peur de ses condisciples. Puis il les infantilise et leur tient un discours paternaliste. Il dresse alors les animaux les uns contre les autres, manipulant sans vergogne la masse des moutons crédules qui étouffent la voix des contestataires plus avisés et enfin, il abuse d’un outil de propagande bien rodé consistant à faire croire qu’il agit pour le bien de tous et qu’il n’est guère aisé d’être un chef… Aucune voix dissonante n’a le droit de cité. Résultat : le peuple est tétanisé et ne parvient plus à désobéir.
Que mes propos soient clairs : je ne jette pas l’opprobre sur les vaccinés. Je ne me permettrai pas de remettre en cause la légitimité de leur choix, quelles qu’en soient les raisons : médicales, familiales, professionnelles, personnelles… D’autant plus que parmi les personnes vaccinées, bon nombre refusent le passe sanitaire et prônent la liberté de chacun. Mais a-t-on encore le droit de craindre l’asservissement programmé d’une population déjà pressurisée ?
Parmi les premières victimes du passe sanitaire : tout le personnel des établissements de santé. Une bien drôle de façon de remercier celles et ceux qui se faisaient applaudir le soir aux fenêtres au début de la pandémie… J’imagine que les enseignants se verront eux aussi contraindre, dans un proche avenir, à se faire vacciner. Eux aussi sont pourtant en première ligne pour régler tous les maux de la société… jusqu’au péril de leur vie ! Mais le pouvoir n’en a cure… Il a tort ! Imaginons un instant qu’un tiers des soignants et des enseignants vienne à tirer sa révérence ? Qu’adviendrait-il alors des hôpitaux ? De l’école ? Sans même parler de tous les autres domaines d’activité risquant de péricliter.
Il est grand temps de sonner la fin de la récréation pour reprendre nos droits, tous nos droits. Les nôtres mais également ceux de nos élèves et de leurs parents qui n’ont pas à choisir entre le vaccin et l’école. Laissez donc les enfants tranquilles ! Bon nombre d’entre eux, soumis au port du masque durant toute la dernière année scolaire ont dû supporter des discours culpabilisants à leur égard. Résultat : beaucoup souffrent d’anxiété.
Nul doute qu’après les soignants, c’est probablement toute la population qui sera soumise à ce régime. Il est donc grand temps de réagir, que ce soit par le biais de tribunes mais aussi et surtout de mobilisations citoyennes visant à tourner définitivement la page ce qu’il est bien convenu d’appeler une « dictature sanitaire ».
« Vous pouvez tout à fait aller faire les courses, aller voir vos amis, être chez vous, voir vos proches. Mais vous ne pouvez pas aller dans des lieux où il y a du brassage (…) Franchement, je n’appelle pas ça priver quelqu’un de la liberté. », a récemment répondu en marge du tour de France le président de la République aux sceptiques. Moi si, et je ne pense pas être la seule !
D’après le chef de l’État, nous ne serions pas en dictature car toutes nos « libertés sont maintenues », de même que le cycle électoral : « les gens sont allés voter ». Quand on connaît le taux d’abstention record aux dernières élections… Par ailleurs, il ajoute que nous pouvons exercer nos droits, nous faire rembourser tous nos tests et nous faire vacciner gratuitement. Sauf que dans son discours martial, le principal intéressé a déjà annoncé que les tests PCR sans prescription médicale ne seraient plus remboursés à partir de cet automne. Ah… le fameux « en même temps ».
Diviser pour mieux régner semble être devenu le leitmotiv de ceux qui nous gouvernent. Gabriel Attal distingue ainsi une « France laborieuse et volontariste qui veut mettre le virus derrière elle et travailler », « largement majoritaire » et une « frange capricieuse et défaitiste, très minoritaire ». Et d’ajouter : « C’est soit la vaccination générale, soit le tsunami viral ». Avec de tels raisonnements manichéens au sommet de l’État, je me dis que ce n’est pas demain que j’arrête de faire étudier La ferme des animaux à mes élèves !
Véronique Bouzou