Maintenant que le gentil candidat rassembleur normal a battu aux points le méchant candidat sortant diviseur épileptique, on peut se demander pourquoi cette victoire parfaitement morale du gentil sur le méchant déclenche des réactions aussi alarmistes, voire apocalyptiques, chez les contributeurs de Riposte Laïque (moi le premier) ? Nous devrions pourtant tous nous réjouir qu’autant de gentillesse proclamée et affichée soit désormais à la tête de l’État. Bien sûr, Flamby n’a pour tout viatique qu’un CV d’apparatchik plutôt insipide, sans expérience à ce niveau politique, et on peut être assuré que sa maladresse et son inexpérience lui vaudront quelques bonnes gamelles dans les pince-fesses internationaux ; mais il apprendra avec le temps (enfin, espérons-le).
Mais peut-on faire de la politique en ne proposant que de l’angélisme et des bons sentiments ? J’ai entendu quelque part que Hollande était un vrai gentil qui détestait les rapports de force et n’aimait rien tant que le consensus ; sur TF1 Canteloup le fait même passer pour un véritable neuneu, notamment dans l’émission du 8 mai (1). Et cela, en effet, a de quoi inquiéter l’âme la mieux trempée car, à moins d’avoir passé les 5000 dernières années en hibernation prolongée ou en exil sur la planète Mars, tout un chacun peut constater chaque jour que la politique n’est QUE rapports de force et conflits feutrés. Clausewitz disait que « la guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens », ce qui laisse entendre que la politique et la guerre ont beaucoup en commun, à commencer par leurs objectifs ; les moyens mis en œuvre sont juste un peu moins violents dans un cas, un peu plus policés, un peu plus respectueux des lois, ils permettent d’imposer sa volonté à autrui par le bla-bla devant une tasse de café plutôt qu’en lui défonçant la gueule sans sommation.
En outre, le rôle d’un chef n’est absolument pas d’être gentil ou consensuel mais de savoir décider, de savoir choisir et d’en assumer les conséquences (voir De Gaulle ou Churchill), autrement dit de trancher (entre des personnes, entre des propositions, entre des idées, entre des actions, entre des conflits, entre des projets, etc.) ou encore de « discriminer », mais on sait à quel point ce mot est devenu une obscénité inaudible pour la bien-pensance. La discrimination est pourtant une évidence de bon sens et une nécessité logique sans laquelle nous ne valons pas mieux que des légumes et que nous pratiquons tous à longueur de temps ; par exemple, quel consensus peut-il y avoir entre la laïcité et la théocratie ? On peut essayer de combiner une moitié de laïcité à une moitié de théocratie mais cette hideuse chimère a peu de chance de faire de vieux os. En dépit de ce que la postérité a fait de lui, le grand Nicolas Machiavel avait un très solide bon sens et un responsable politique digne de ce nom ferait mieux de (re)lire son « Prince » que de regarder « Plus belle la vie ».
Notre nouveau Président doit répéter le mot « rassembler » un bon millier de fois par jour. Outre que cette manie va finir par le faire ressembler à un perroquet détraqué, on peut se demander ce qu’il faut rassembler aussi péremptoirement. La réponse est dans l’article de Roger Heurtebise : « Hollande sera pris en tenaille… » (2). En effet, sans expérience et sans projet mais avec des bons sentiments dégoulinant jusqu’à l’écœurement, Hollande va très rapidement se trouver confronté à des difficultés que son absence de fermeté rendra insurmontables :
– Comment pourra-t-il, sans épreuve de forces, imposer l’intérêt de la France face à une finance trans-nationale qui se fout des états, des nations et des peuples, parle crûment, agit brutalement et ne s’embarrasse d’aucun scrupule pour pousser ses propres intérêts sur un échiquier à la taille de la planète ? Quand c’est la loi de la jungle qui règne, l’innocent mouton se fait bouffer tout entier comme une vulgaire Blandine jetée aux lions ; ensuite, lorsqu’il revient un peu cabossé se faire applaudir par son peuple en brandissant les concessions bidons qu’il prétend avoir obtenues, il joue plutôt à Daladier revenant de Munich mais ira-t-il jusqu’à dire lui aussi : « Ah, les cons, s’ils savaient ! » ?
– Comment pourra-t-il, sans épreuve de forces, imposer l’intérêt de la France face aux eurolâtres fanatiques retranchés dans les inexpugnables bunkers de Berlin (Angela pas Jolie), Francfort (BCE) et Bruxelles (Commission Européenne) ? Puisqu’il n’est pas question de sortir de l’euro ni de l’Europe (le référendum de 2005 est bien oublié), notre avenir tout tracé est celui de la Grèce, de l’Italie ou de l’Espagne (les PIGS, comme disent si élégamment les anglo-saxons) : la méga-purge, qui va nous accélérer rudement le transit intestinal !
– Comment pourra-t-il, sans épreuve de forces, imposer cette purge à la fraction de son électorat (15 % tout de même) qui préfère le gauchisme braillard repeint du rouge vif à bandes vertes dont on fait les goulags ? Quoique, pour les verts, on a vu très vite que quelques places confortables offertes aux Thénardiers des p’tits zoziaux pouvaient calmer les appétits (pour un temps).
– Comment pourra-t-il, sans épreuve de forces, empêcher les délires « sociétaux » de ceux pour qui le substrat biologique de l’être humain n’est qu’une invention de ploucs archaïques et ringards tandis que leurs caprices d’adulescents post-modernes doivent être sanctifiés comme des droits absolus ? Quand le PACS a été voté en 1999 (sous Jospin, déjà la gauche), on nous a bien dit qu’il n’était pas question de légaliser le mariage homosexuel et aujourd’hui c’est de l’adoption « homoparentale » dont il est question. La perpétuelle fuite en avant sur ces questions, au nom d’un modernisme assimilé au désirable, annonce le jour où les « déviances » d’hier seront devenues la norme et où la norme d’aujourd’hui sera à son tour dénoncée comme raciste.
– Comment pourra-t-il, sans épreuve de forces, empêcher les CPF (Chances Pour la France) de la RATP (Religion d’Amour, de Tolérance et de Paix) qui ont voté pour lui à 93 % (comme le numéro du département le plus pourri de France, quel symbole !) de croire que désormais tout leur est dû au titre de la reconnaissance clientéliste obligatoire, qu’ils n’ont même plus à faire semblant de se gêner, que la France leur appartient comme une proie et qu’ils peuvent en toute impunité la renvoyer à la barbarie et à l’âge de pierre dont ils rêvent tant ? Les drapeaux étrangers ostensiblement brandis à la Bastille devant les télés ne sont pas la manifestation de l’amour qu’ils portent au pays d’origine de leurs parents ou de leurs grands-parents, mais sont autant de bras d’honneur adressés à la France des sous-chiens qu’ils détestent et niquent de toutes leurs forces (sauf les guichets d’aide sociale), c’est la prise du pouvoir par la racaille lobotomisée et inculte qu’est notre jeunesse d’aujourd’hui. Ceux qui annonçaient que l’islam pourrait devenir dominant dans une ou deux générations par raison démographique se sont lourdement trompés de quelques décennies : il n’est pas indispensable qu’une minorité atteigne 50 % de la population pour devenir dominante, il suffit qu’elle soit suffisamment active et déterminée et c’est donc ici et maintenant que l’islam agressif, conquérant, sempiternellement revendicatif et constamment alimenté par une immigration massive sans contrôle, prend le pouvoir via ce qu’il a de pire, et je ne vois pas comment Hollande pourrait stopper cette catastrophe (pour autant qu’il en ait le désir car dans son camp, avec les sinktankistes fous de Terra Nova, les bobos branchouilles et les commissaires politiques pseudo-anti-racistes, c’est plutôt la complaisance et l’aveuglement enthousiaste des collabos qui dominent).
– Comment pourra-t-il enfin, sans épreuve de forces, imposer aux sous-chiens que nous sommes, cette forfaiture qu’est le droit de vote des étrangers ? Car, même si ce droit se limite aux élections locales comme on nous l’affirme la main sur le cœur (et on sait ce que valent de telles promesses), on ne pourra éviter la sécession des zones dites de non-droit qui ont voté massivement pour Hollande (72 % dans mon bureau de vote du 93) ; en outre, on oublie un peu vite que les élus locaux élisent à leur tour le Sénat et fournissent également les signatures aux candidats à la présidentielle ; c’est dire que le droit de vote des étrangers n’est pas une broutille « sociétale » pour faire joli et moderne mais un séisme de magnitude 9 dont la France ne se relèvera jamais.
Bref, avec Hollande et son charisme de notaire de province (quand il était rondouillard, il était drôle et spirituel, maintenant il est maigre et chiant), ça va aller mal pour la France, ça va aller mal pour les patriotes et ça ne peut qu’aller de plus en plus mal. Si j’étais pessimiste, je dirais même qu’il est bien trop tard pour changer quoi que ce soit à notre destin, il y a longtemps que le point de non-retour a été franchi sans que nous réagissions et nous n’avons plus d’autre possibilité que celle de notre inéluctable remplacement. La suite de l’histoire ressemblera alors sans doute à celle du « Bobo Jocelyn » (bien vu, les auteurs !) : interdiction des partis et des sites résistants, emprisonnement de tous ceux qui renâclent, africanisation et islamisation de la population, désintégration de la société dans le tribalisme et la violence, dégénérescence de l’esprit, extinction des Lumières. Et si un jour un vent de révolte doit souffler, celle-ci ne pourra être que particulièrement sanglante (se souvenir du Liban et de la Yougoslavie), mais on estimera peut-être que tout vaut mieux que la soumission abjecte et l’extermination sans combat. Mais mon optimisme me dit que, comme tous ceux qui l’ont précédé, Hollande ne réalisera peut-être pas son programme ; et ça, ce serait la meilleure nouvelle de son quinquennat !
Michel Tonarelli