Barbarossa financier

« Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe », a affirmé ce matin Bruno Le Maire.

Il est devenu fou.

C’est la guerre totale contre la Russie qui est déclarée, une guerre économique peut-être mais une vraie guerre quand même, qui peut faire autant de dégâts et de victimes qu’une guerre physique.

Les pays occidentaux attaquent massivement et frontalement la Russie, avec la volonté de tuer, comme Hitler l’a fait en 1941 contre l’URSS. C’était « Barbarossa ». Aujourd’hui c’est un véritable « Barbarossa financier » qui est engagé.

Poutine, quelques jours avant son attaque de l’Ukraine, s’attendant à cette déclaration de guerre économique totale, disait : “De toute manière quoi que je fasse, ou que je ne fasse pas, j’y aurai droit”. Il a choisi, tant qu’à faire, d’y aller. 

Tombé dans le piège que les Américains lui tendaient ? On peut le voir ainsi, mais pas uniquement.

Le Maire se comporte comme Sarkozy s’est comporté lors de la guerre contre Kadhafi : le sicaire des Américains.

Détruire économiquement la Russie, faute de pouvoir la détruire à coups de bombes atomiques, c’est ce qui est recherché, la guerre en Ukraine n’en étant que l’avatar. La guerre économique visant à tuer la Russie, parce que la Russie a, la première, contesté l’hégémonie impérialiste, injustifiée et frauduleuse du dollar sur la planète entière, c’est le fond du problème, et l’unique fond.

L’Amérique, rien que pour ses finances publiques, est endettée à hauteur de la somme astronomique de 30 000 milliards de dollars. Dette souveraine vertigineuse qu’elle ne remboursera jamais, tout simplement parce qu’elle ne pourra jamais la rembourser. Dette dont tôt ou tard les créanciers réclameront le remboursement. C’est inéluctable !

Cette dette a été accumulée au fil du temps par l’émission massive de papier-monnaie sans contrepartie, tout en faisant en sorte que le cours du dollar ne s’effondre pas comme il aurait dû le faire, grâce à l’écrasante suprématie militaire américaine sur le monde entier.

En souscrivant à la dette souveraine américaine, tous les pays du monde qui l’on fait se sont rendus dépendants de l’Amérique. Les rares pays qui ont essayé de se libérer de cette sujétion en ont été sauvagement punis : ce fut le cas, entre autres, de l’Irak de Saddam Hussein et de la Libye de Kadhafi.

La Russie, ce qui était parfaitement son droit, s’est débarrassée de ses créances d’État sur l’Amérique qu’elle considère comme douteuses à terme, non sans raison. Pour les États-Unis ce n’est pas seulement un acte de défiance, c’est un acte d’hostilité délibérée.

Il ne faut surtout pas, selon les USA,  que d’autres pays suivent l’exemple de la Russie. L’effondrement du dollar y entraînerait une épouvantable catastrophe économique.

Il faut punir la Russie de ce qu’elle a fait là. Comme lui déclarer la guerre n’est pas possible, en raison de ses sérieuses défenses nucléaires, il fallait trouver autre chose.

Deux bons prétextes ont été trouvés et cultivés pour pousser l’ours russe à réagir comme il l’a fait et à donner à l’Amérique et ses alliés inféodés une bonne raison morale affichée de procéder à leur Barbarossa financier.

En dépit des promesses faites à la chute de l’Union soviétique de ne pas étendre l’OTAN à l’est, alors que cette alliance ne se justifiait plus, tout a été fait pour que l’Ukraine, dont le gouvernement a été mis en place par un coup d’État fomenté par les Américains, demande à entrer dans l’OTAN. Ce qui ne pouvait qu’être considéré comme inacceptable par les Russes.

En 2014 une première guerre a éclaté en Ukraine, une partie de la population n’acceptant pas ce nouveau gouvernement illégitime. Pour y mettre un terme, un accord (Minsk II) entre les parties, sous l’égide de la diplomatie française et allemande, qu’il faut féliciter, a été trouvé. Les Nations unies ont approuvé.

C’est alors que les Américains ont donné un coup de pied dans ces accords, lesquels, de leur seul fait, n’ont jamais été appliqués par les Ukrainiens. La guerre était inévitable.

L’issue de la guerre physique en Ukraine est des plus incertaines. Les Russes seront les plus forts là où la population est majoritairement russophone et russophile, comme le Donbass.

Ailleurs ils ne pourront pas tenir durablement le terrain, s’ils l’occupent. Mais cette guerre de terrain n’est pas ce qu’il y a de plus important dans ce conflit.

Dans la guerre économique totale qui a été déclarée, et qui est l’essence même du conflit, la Russie va se battre avec une terrible énergie, de toutes ses forces. Comme elle a su le faire par le passé contre Napoléon et Hitler.

En face, que font les pays occidentaux ? Leurs élites, politiques et médiatiques, suivent les États-Unis, pas forcément les populations qui seront les premières à souffrir à l’instar de la population russe. Wall Street et la City sont derrière les élites.

Évidemment on retrouve du côté de ceux qui n’épousent pas les thèses bellicistes officielles… les tribuns ! (Mélenchon, Zemmour, Le Pen…).

L’épreuve pour tous risque d’être longue.

Capitaine de vaisseau (H) Yves Maillard
Ancien attaché naval près l’ambassade de France à Moscou

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4 Commentaires

  1. L’Ukraine est d’ores et déjà vaincue!

    L”Allemagne est vaincue!

    La France est vaincue!

    Les USA sont vaicus!

    L’OTAN est Kapout!

    La Russie va sortir vainqueur de cette provocation, et gare aux miches des Européens de l’Ouest, ils vont se faire remonter les bretelles par VLAD!

  2. Un peuple qui a connu la guerre civile et la famine dans les années 20, la répression stalinienne et la famine dans les années 30, puis en 1941 l’invasion allemande avec ses 25 à 30 millions de morts et l’épouvantable siège de Léningrad et qui a survécu à tout cela, ce peuple a une endurance physique et une force morale dont nos sociétés de consommation occidentales sont bien incapables. Au petit jeu des sanctions, il n’est pas difficile de voir qui tiendra le plus longtemps.

  3. tous derrière biden ! le gaz de schiste et les gafam au pinacle

  4. Quand on sait que les Russes ont incendié Moscou, je pense que ce n’est pas l’embargo financier qui fera fléchir Poutine, et à terme bien au contraire, après probablement une transition difficile de quelques mois ou de quelques années (comme d’ailleurs pour les embargos agricoles qui s’est retourné contre la France)
    Les Russes mettront en oeuvre un système financier propre, et s’ils prennent attache avec les Chinois (qui détiennent par ailleurs une grosse part de la dette US) et l’Inde, voire l’Iran -interdit de $) ; les mesures “occidentales” n’auront pour effet à terme que de se fermer le marché Russe, or les Russes ne produisent que peu de “services” mais beaucoup de matières premières essentielles.
    Et ça va se terminer une fois de plus contre la France !
    D’autre part, ils peuvent aussi utiliser les cryptomonnaies pour des échanges sans banque et pour une protection “monétaire”.
    Le BTC a de beaux jours devant lui !

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