Bilan de Sarkozy : les violences et la délinquance progressent

” Pourquoi tu t’es pas arrêté? je vais te niquer ta mère , je vais te tuer ! ” Et un coup de poing au chauffeur de bus, qui ne se laisse pas faire, aidé par les voyageurs ( bravo les voyageurs!) . Le prévenu a été verbalisé 25 fois dans les TCL ( Transports en Commun lyonnais). Et bien sûr, le prévenu a un casier bien rempli : vols avec violences etc…
Dans la Région lyonnaise, ces faits divers occupent presque une page du Progrès. Rien n’a changé dans les quartiers sensibles. Et les voitures brûlent chaque nuit. On ne signale plus tous ces incendies, les habitants découvrent les carcasses au matin .

Le Maire PCF de Sevran (Seine-Saint-Denis ) a vu les effectifs du Commissariat local passer de 121 à 95. Les compagnies de CRS stationnent à l’entrée des quartiers sensibles et font des contrôles sans trop s’aventurer. Or il faudrait rétablir la police de proximité, que cette police soit au plus près de la population.

Comme dit fort justement le maire de Sotteville-les-Rouen (Seine Maritime) président de l’association “Maires de banlieue ” : ” Rien dans le Grenelle de l’environnement sur la solidarité urbaine; Le plan Marshall des banlieues? La dotation de solidarité urbaine ( DSU) a été amputée de 90 millions “( Humanité du 31 octobre) les journaux reprennent le sujet et parlent de fractures ( ethnique,scolaire, emploi, logement, pauvreté ) et SECURITE; les maires de droite comme de gauche sont aussi visés par les agressions.

Ces jeunes ont une attitude de REJET , ils sont ANTIREPUBLICAINS : les incendies touchent les crèches, les écoles , les bus et souvent les immeubles même où vivent pourtant leurs voisins, leurs ” frères” en pauvreté ! Ces incendies embrasent les étages, mettant les populations en danger.
Les incendiaires ne sont pas ou peu condamnés . Ainsi les jeunes qui ont incendié un bus à Sevran en 2005 ont été ACQUITTES ( le 24/10/2007) Article du Monde du 26/10/2007- Une femme handicapée avait été grièvement brûlée.

Emission “Pièces à conviction “: Anatomie d’une zone de non-droit ( Elise Lucet) FR3 le vendredi 2 novembre

Reportage dans la cité de Clos Saint- Lazare à Stains ( 6 km de Paris)
La délinquance devient plus violente : 4 jeunes ont été tués en 4 mois! Règlements de comptes entre bandes pour le contrôle du trafic de drogue . On suit un jeune qui joue le rôle de rabatteur ( ? ) et qui monte dans les immeubles où on siffle pour avoir le vendeur (?) “Tu trouve toutes les sortes de drogues au Clos,dit un jeune , visage flouté. De la blanche de la bleue, de la jaune” …” Dans toutes les caves, tous les immeubles, il y a des vendeurs. Ce sont des petites mafias, bien organisées. Il n’y a plus de commerces à Stains, sauf une boulangerie, plus de services publics.

Un homme de 38 ans , Joe, a passé 10 ans en prison ” j’suis pour le ghetto dit-il ;J’suis en guerre. C’est nous qu’on gère , pas besoin de police…” ( Fadela lui répondra au cours du débat )
L’économie parallèle brasse un million 500 000 € par mois !
Un trafiquant de base peut gagner… 300€ par jour ! et beaucoup plus s’il est plus haut dans la hiérarchie du crime organisé.

Comprenez-vous pourquoi un professeur qui parle morale, travail , réussite scolaire à des élèves recueille parfois un sourire de commisération ? Mais le petit malfrat gagne bien plus que l’enseignant , pourtant diplômé, et que le policier qui essaie, en vain , d’arrêter les délinquants, les trafiquants !

” Tu comprends, ici ( le quartier) c’est la merde, et ailleurs, il y a l’oseille ”
Alors, on n’a pas le choix (disent-ils) on “tape un camion , des portefeuilles, pas les petites vieilles… (?)
La police ( commissariat local ) :
Pourquoi le trafic continue ? Il faudrait arrêter la culture du pavot (Afghanistan) . Il faudrait que tout le monde soit concerné. Que la population dénonce les trafiquants

Un ancien policier dit avec découragement : ” les règlements de comptes vont continuer, l’économie parallèle aussi ”
Le procureur :
Mais la population a peur ! c’est pour cela qu’elle ne dénonce pas . Il faut aussi arrêter les détenteurs d’armes .
Le maire :
Stains est la 2e ville la plus pauvre .
Le maire adjoint, d’origine immigrée dénonce, lui, le super marché des religions.

Et, curieusement, le reportage va dénoncer … les évangélistes! Pas un mot sur les intégristes… islamistes ! On voit que la peur des représailles ne touche pas que le trafic de drogue. On assiste donc au “prêche ” d’un pasteur, presque tous les fidèles sont noirs, et une jeune fille nous dit sa foi en un monde meilleur grâce… à Dieu, qui va régler tous les problèmes de Stains .
Ce qui nous donne l’équation suivante : Drogue+ religion = paix sociale

En somme, une variante de ce que disait Marx” la religion est l’opium du peuple”

Table ronde :

Un commissaire principal – Un rappeur ( ex -détenu, tentative d’homicide, prison) – Fadela Amara

Le rappeur parle de son parcours, de la délinquance qui vient selon lui, du fait que l’on refuse du travail à ces jeunes des cités (?) Que leurs initiatives ne réussissent pas , qu’on ne les aide pas. ( personne ne dira que beaucoup de ces jeunes travaillent et réussissent )
Le commissaire ( drôle de le voir à côté de l’ex-délinquant ) a eu un discours bien dosé et juste: il faudrait rétablir la police de proximité, ne pas diminuer les effectifs de police. Arrêter les trafiquants? D’autres les remplaceront très vite. Un policier ne peut infiltrer les réseaux, il lui faut des indicateurs.

Fadela Amara règle son compte à Joe (vu dans le reportage) : ” il ne gèrera pas son ghetto ! Il faut que la République revienne dans les cités, il faut redonner de l’Education ” à ces jeunes . Et leur faire comprendre que l’argent n’est pas la valeur principale dans la vie . Tolérance zéro pour la glandouille; et la République partout . ”
Le commissaire, après le même discours du rappeur ( la faute à ) dira : ” Pas de travail ? Et comment font-ils alors pour avoir voiture, écran plat, téléphone portable…”

Le dit et le non-dit

Intéressant ce reportage mais il amène des réflexions sur le non-dit .
Les familles des victimes des tueurs ont été obligées de déménager . Ou se terrent , apeurées. Mais il y a des questions subsidiaires à se poser :
Qui profite de cette économie parallèle ? Les délinquants amènent de l’argent à la maison, beaucoup d’argent. ( l’écran plat du commissaire ). Les parents ne savent pas que cet argent provient de trafics ( il n’y a pas que la drogue) ? Comment peut-on croire cela ?

Et les citoyens, qui parfois achètent des marchandises “tombées du camion ” se rendent-ils compte qu’ils participent à ces trafics, donc à cette économie parallèle ?( Et il faut aussi parler du travail au noir, utilisé par les employeurs mais aussi les particuliers).

Peut-on espérer “convertir ” à l’honnêteté quand un trafiquant gagne 9000 € par mois ( voir 15000 ) et qu’un smicard gagne à peine plus de 1000€ ?
Quand les délinquants en cols blancs gagnent encore beaucoup plus avec des délits d’initiés ? Ou des stocks-options non imposables ?
Quand le président de la République lui-même s’octroie une augmentation de 140% et gagne 20 000 € par mois ( argent de poche) alors que tous ses frais sont pris en charge par la République ?

Mireille Popelin

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