Boualem Bensaïd peut demander à être libéré grâce à… Robert Badinter !

Nous avons tous en tête les attentats terroristes islamiques de 2015, Charly Hebdo en janvier puis le Bataclan et l’Hyper Casher en novembre. Mais se souvient-on des tueries de 1995 ? Le RER, Saint-Michel, la rue de Rennes ? La nouveauté et la soudaineté de ces violences, bientôt suivies par l’effroyable attentat de Madrid puis celui de New-York, avaient créé le chaos, la panique et la peur dans l’opinion.

Ces  événement vieux de 25 ans nous sont rappelés par une actualité judiciaire qui ne peut que susciter l’émoi et l’indignation.

En effet, détenu depuis vingt-cinq ans, un des auteurs principaux, sanguinaire et sans tabou, de ces tueries, le poseur de bombes Boualem Bensaïd, condamné à la prison à vie pour son rôle majeur dans ces divers attentats du GIA qui avaient causé la morts de 8 personnes et en avait  blessé 200, sollicite son élargissement. L’audience de cette affaire aura lieu ce 29 mai 2020.

La révélation de la possibilité de cette requête a quelque chose de parfaitement choquant. En effet, elle souligne toute l’arrogance de cet individu qui, jugé aux côté de Smaïn Aït Ali Belkacem, l’artificier du groupe,  s’était montré particulièrement provocateur à l’audience, interrompant ses juges et dénigrant celles qu’il appelait les « soi-disant victimes » de ses actes. Il n’a absolument pas abandonné ses convictions et ne manifeste toujours aucune considération pour ses victimes.Dès lors, pourquoi devrait-on faire preuve de la moindre clémence à son égard ? Il faut au contraire manifester une volonté de mémoire et un refus du pardon.

Mais en même temps, pour reprendre l’expression symptomatique d’un certain Président, si la peine de mort n’avait pas été abolie en 1981, il est probable que nous n’aurions pas eu à nous poser ce genre de question.

Mais voilà, Robert Badinter, avocat de métier mais aussi ministre et garde des Sceaux à l’avènement de François Mitterrand, a supprimé la seule sanction susceptible de répondre à ce type de crime.

J’ai déjà eu l’occasion de dire, ici même et ailleurs, que la peine de mort devait avoir, selon moi, une place essentielle dans l’arsenal répressif de la justice et un rôle éminent dans la condamnation des auteurs de crime de sang. Elle est la seule réponse possible à de tels actes. Quoi que l’on dise, elle est la seule mesure à avoir le caractère d’exemplarité requis. Appliquée avec détermination et sans haine mais avec le seul soucis de faire respecter les lois de la République et de protéger ses citoyens, elle ne dénature nullement les droits de l’homme.

Certains avanceront que la justice ne peut pas, au nom du peuple français, se comporter comme les criminels et que cela aurait un côté inhumain. Cela est parfaitement faux car en cas de guerre, le pays demande à ses jeunes soldats de tuer sur le terrain et cela en revanche ne choque personne, pas même Robert Badinter sans doute. Et même si les énormes conflits du passé particulièrement meurtriers ont disparu, cela n’empêche pas des engagements comme ceux du Mali où la France fait face au terrorisme islamique et tue des terroristes.

Je le répète à l’occasion de la demande irrecevable de Boualem Bensaïd, l’action de Robert Badinter a été une mauvaise chose pour la justice, une mauvaise action menée contre la France.

Avant ce coup d’éclat particulièrement néfaste, Robert Badinter avait permis, grâce à son éloquence mal utilisée, à de nombreux assassins de continuer à vivre voire de recouvrer une liberté immérité et dangereuse :

  • Michel Bodin, coupable de l’assassinat d’un retraité
  • Mohamed Yahiaoui, tueur d’un couple d’artisans boulangers
  • Michel Rousseau, coupable du meurtre d’une enfant de sept ans
  • Jean Portais, déjà condamné deux fois aux assises pour d’autres faits, coupable du meurtre d’une jeune femme lors du braquage d’une bijouterie, puis du meurtre d’un policier qui l’avait interpellé
  • Norbert Garceau, coupable (récidiviste) du meurtre d’une jeune femme
  • En 1972, il est le défenseur de Robert Bontemps de triste mémoire dont il ne sauvera pas la tête
  • Il défend Patrick Henry tueur d’un enfant de 7 ans et lui sauve la tête.

Si tous ces assassins ont eu la vie sauve, leurs victimes, elles, en ont pris pour perpète sans remise de peine possible et je ne suis pas sûr que Badinter en fût le moins du monde ému.

Pour éviter que les familles des victime de 1995 ne se sentent encore meurtries et flouées par la justice, Boualem Bensaïd devra rester en prison.

Jean-Jacques FIFRE