Boualem Sansal : “l’Algérie nouvelle se construit sur la haine farouche de la France”

Boualem Sansal : l’Algérie nouvelle se construit sur la haine de la France

Rien de bien nouveau, en fait. On connaît la musique depuis 1962.

Ce qui n’a pas empêché Macron de se répandre une nouvelle fois en mea-culpa, affirmant vouloir       « regarder l’ensemble de cette période historique, qui est déterminante pour nous, du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabou ».

Imagine-t-on Macron s’adresser ainsi au gouvernement vietnamien, 68 ans après Dien Bien Phu ? Il passerait pour un timbré ! En Asie, on regarde devant, pas derrière.

Une véritable injure à notre pays, à nos pieds-noirs, nos harkis et nos soldats, une nouvelle fois insultés pour avoir servi leur patrie. Ils ne savaient pas qu’un jour un immature et ignare petit président de la France les accuserait de crime contre l’humanité et de barbarie. Cette haute trahison d’un chef d’État est unique dans l’histoire des nations.

Macron est un faible, jamais il ne sera respecté.

France-Algérie, 60 années de relations explosives, de paix impossible, de fausse “amitié” éminemment hypocrite, certainement plus proche de la haine que de l’amour.

Quand Macron parle d’une visite de “travail et d’amitié”, de “relation de confiance”, “d’esprit partenarial”, pense-t-il vraiment ce qu’il dit ? Tout cela, ce sont des mots creux, de la pommade servile et mielleuse, des paroles insipides qui n’ont aucun effet sur l’opinion hostile des Algériens, qui haïssent la France pour la plupart.

Une haine qui ne les empêche pas de vouloir tous obtenir la double nationalité franco-algérienne. Nous sommes des salauds, certes, mais la France n’a pas que du mauvais. C’est une généreuse vache à lait qu’il faut traire sans retenue, puisqu’elle ne demande que ça.

Les Algériens ne sont pas des Allemands ou des Vietnamiens avec lesquels nous pouvons nous réconcilier pour regarder l’avenir ensemble. Ils sont bien trop complexés par leurs échecs pour cela et ils nous font porter le chapeau.

Au bout de la troisième génération après la guerre, ils en sont encore à exiger repentance et excuses, comme si nos mea-culpa et nos génuflexions allaient remédier à leur faillite économique et à leurs insuffisances. 

Voilà 60 ans que l’Algérie nous fait payer son ratage de l’indépendance, son incompétence, sa corruption et sa faillite économique, voilà 60 ans que la France sert de bouc émissaire idéal pour faire diversion et détourner le peuple de sa misère et son avenir sans espoir.

Taper sur la France, l’humilier, la mépriser, l’insulter, n’est-ce pas l’idéal pour faire oublier le Hirak et les centaines de manifestants emprisonnés ?

Dans 1000 ans, les Algériens mettront encore leurs échecs sur le dos de la colonisation.

En 60 ans, la Chine est passée du Moyen Âge au sommet de la compétition internationale, talonnant les États-Unis. Dans le même temps, l’Algérie, immensément riche en 1962 avec ses hydrocarbures, son agriculture exportatrice et ses infrastructures les plus modernes du continent africain, cette Algérie prospère de 9 millions d’habitants à l’Indépendance, n’a fait que régresser et se lamenter.

Le fabuleux héritage colonial a été dilapidé, en une génération, par des légions de prédateurs sans foi ni loi, qui ont laissé crever le peuple. En 2022, les 45 millions d’Algériens ne vivent que sur la rente pétrolière et gazière. Ce pays exporte son pétrole et importe tout. Le chômage de masse, avec  une jeunesse désœuvrée et sans perspective, reste le fléau du pays. Seulement 40 % de la population en âge de travailler ont un emploi. Comparons les PIB/habitant sur 60 ans. C’est éloquent.

PIB/hab en 1960 : 90 dollars en Chine et de 246 dollars en Algérie

PIB/hab en 2021 :  12 500 dollars en Chine et 3800 dollars en Algérie

Le PIB par habitant a été multiplié par 15 en Algérie et par 140 en Chine !

https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/NY.GDP.PCAP.CD?locations=CN-FR-DZ

Par conséquent, pour Boualem Sansal, Macron a plus à perdre qu’à gagner dans cette visite officielle de trois jours à Alger.

“Grâce à Poutine, l’Algérie a trouvé le moyen d’obliger la France à la repentance et l’humiliation permanentes”, déclare notre écrivain rebelle.

“L’Algérie nouvelle, tel est le nouveau nom du pays, il faut absolument le retenir, qui a succédé à l’Algérie obscure des frères Bouteflika, se construit sur la haine farouche de la France et la dénonciation permanente de ses crimes coloniaux et post-coloniaux.”

Visiblement, Macron, en quête de gaz pour cet hiver et de laissez-passer consulaires pour expulser les clandestins algériens, n’a toujours pas compris que les Algériens vont exercer leur chantage habituel pour obtenir repentance et visas.

Selon le ministère de l’Intérieur, l’Algérie n’honore que 5 % des demandes de laissez-passer consulaires exprimées par la France.

Pour le gaz, c’est trop tard, l’Italie a raflé la mise. Pendant que Macron, président de l’Union européenne, tentait de discuter avec Poutine en pure perte, Mario Draghi, plus rusé, allait dès avril négocier un surplus de gaz avec Alger.

L’Italie aura donc 9 milliards de m3 supplémentaires, passant de 21 à 30 Mdsm3 de gaz algérien.

La France n’aura rien. Ce qui fait dire à Macron que “nous ne sommes pas en compétition avec l’Italie” et qu’il n’est pas venu pour ça, mais pour signer “une déclaration commune pour un partenariat renouvelé, concret et ambitieux”.

Encore une fois, derrière les risettes de façade, Macron n’aura rien obtenu, mais il aura accordé 8 000 visas étudiants supplémentaires. Éternel dindon de la farce.

En 2005, la France a provoqué l’ire des Algériens, en évoquant “le rôle positif de la colonisation”. Ce climat ne s’est jamais apaisé, malgré les bassesses de Macron.

En 2017, c’est le candidat Macron qui humiliait la France en qualifiant la colonisation de “crime contre l’humanité et de barbarie”.

Exercice de soumission misérable, à des fins électoralistes, qui n’a rien changé aux relations bilatérales. La France reste et restera ce salaud de pays colonisateur, coupable de tous les maux.

Mais le pire de toute cette visite officielle, est d’avoir proposé une rencontre amicale de football France/Algérie, “afin de conjurer le passé”.

On sait comment se terminent les rencontres de foot quand l’équipe d’Algérie est en compétition. Qu’elle gagne ou qu’elle perde, les supporters envahissent les Champs-Élysées et saccagent tout.

Notre naïf Président oublie sans doute la rencontre de 2001.

“Le 6 octobre 2001, dans un Stade de France bondé, des sifflets avaient retenti durant l’annonce des joueurs et au passage de l’hymne français. Un quart d’heure avant la fin du match, à la 76e minute, des centaines de supporters de l’Algérie ont envahi la pelouse causant la suspension puis l’arrêt du match. L’équipe algérienne était alors menée 4 buts à 1 par les Bleus.

Macron veut-il entendre à nouveau siffler la Marseillaise ? Ce sera le cas, assurément.

Après 60 années de relations plus sournoises qu’amicales, ce n’est pas un match de foot qui va apaiser les tensions, bien au contraire.

La génération FLN a quasiment disparu, mais les rancœurs envers la France sont toujours tenaces.

Ceux qui nous affirmaient que les nouvelles générations feraient table rase du passé pour aller de l’avant, comme l’ont fait les Allemands et les Vietnamiens, se sont lourdement trompés.

Comme le dit avec sagesse et raison Boualem Sansal, “l’Algérie nouvelle se construit sur la haine de la France”. Repentance ou pas, excuses ou pas, dans 1000 ans, nous en serons au même point.

Jacques Guillemain