Boubakeur annonce la nouvelle maturité musulmane : humoristes, n’ayez plus peur !

Quelle semaine, oui, vraiment, quelle semaine ! Jusque dans les divers palais de la République ! J’entends par là, principalement, les salles de rédaction où se fait en réalité la politique du pays.

Tout aura été dit, entendu, supposé, soupçonné, analysé, dénoncé, vilipendé, tranché, avant d’être rendu sous la forme d’une bouillie dans laquelle un épi de blé n’y retrouverait pas ses grains de semoule. Tout, et son contraire. Comme si tout-à-coup, une gigantesque catharsis avait réveillé une bande de randonneurs du troisième âge somnolant à l’ombre d’une chesnaie. Comme si l’urgence immédiate, jetant le tumulte dans les esprits, remplaçait soudain la tranquille ordonnance des certitudes.

Jouissez sans entraves !“,  commandait la future censure encore étudiante. Quarante quatre ans après, je m’exécute et vraiment, ça fait du bien.

Quoi ! Quinze minutes de vidéo et une page de dessins mettent le feu à la planète, et Monsieur Cohn Bendit pourfend ses anciens compagnons de route de la mouvance gauchiste, ceux-là mêmes qu’il a, des décennies durant, encouragés à allumer le brasier ? « Au secours Mao ! (ou Lehmann Brothers ?) » glapit-il, tout bizarre, « ils sont devenus fous ! », même qu’il va désormais lui falloir l’appui de Madame Boutin pour amener à la raison ces incendiaires inconséquents. Heureusement, les CRS veillent. Interloqué, je découvre aujourd’hui, derrière l’insolence d’un sourire autrefois mondialisé, la connivence de notre Dany international avec les forces de la répression gaulliste. Tout ça pour ça ! La vieillesse est un naufrage, pour de bon.

Quoi ! Les héritiers de Cavanna et de Siné se permettent de franchir la ligne sans en avoir demandé la permission au Nouvel Obs ? On attend la sanction. Résultat (attendu, la veulerie fait vendre) : l’hebdomadaire de gauche dont les dernières pages sont ordinairement consacrées à la vente de propriétés à trois millions d’euros dans lesquelles les ouvriers licenciés par vagues seront peut-être un jour jardiniers, femmes de ménage ou torcheuses de vieux bourges, l’hebdo donc tourne sa mauvaise humeur vers les défenseurs d’une liberté d’expression qu’il juge soudain insupportable. On n’appelle pas ça diversion ?

La palme à ce canard-là, qui protège Charb de la pendaison et livre Millet aux surineurs de la rive gauche voire à ceux de Ramadan et de Qaradawi. Plutôt que de stigmatiser jusqu’à plus soif les sodomiseurs pré-mortem d’ambassadeur américain, le voilà qui dresse le portrait de ceux qui, pêle-mêle, tirent depuis quelque temps les sonnettes d’alarme : Zemmour et Ménard, Lévy (pas le catadioptre pour Juva-4, la vigoureuse) et Rioufol, Riposte Laïque et Renaud Camus, d’autres, nombreux et disparates, rassemblés pour l’occasion au Vel d’Hiv par des pique-assiettes pour cocktails mondains, une famille racialement répugnante, dûment signalée rue Lauriston et que la gendarmerie sera bien inspirer d’aller cueillir à l’aube.

À chaque jour suffisant sa peine, le camarade-commissaire-exécuteur Dély pourra y ajouter dès demain la bonne tête de Monsieur Brillant. « Je fais vraiment un parallèle entre la montée du nazisme et la montée de ce fascisme qui est d’ordre religieux ». Ben, dites donc ! Ça mérite le coup de grâce ça, non ? Donné, allez, par Monsieur Kassovitz, jeune molosse piaffant d’impatience en attendant qu’on le munisse enfin d’un vrai couteau.

L’affiche bleue ! Avec les têtes coupées en médaillons, façon réseau Manoukian ou Paris- 1793, la pique en moins. « Fusillés ! Pan ! Pan ! En Pologne ! » hurlait Francis Blanche dans “Babette s’en va-t-en guerre“. Le peloton est en place, y‘a plus qu’à justifier sa solde.

Jolie confraternité, « cette haine vigilante » comme disait Françoise Giroud laquelle, en bonne pratiquante, s’y connaissait. En gros, on est journaliste au Nouvel Obs ou fasciste. Entre les deux, “Le Parisien” à la rigueur, ou “La Vie du Rail“, et encore. Et trente exemples du même métal, partout dans la presse, un incroyable mouvement brownien balisé par les lames des dagues soudain dégainées, les Ides de Mars rectifiées Comités de Salut Public dans une ambiance à la Dreyfus.

J’arrête là. Sans entraves, vous dis-je, allons-y gaiement.

Il était clair que rien ne se passerait ce Vendredi question croyances et billevesées. Pour une raison fort simple exposée dans un précédent article : la chape que les « modérés » ont fait tomber sur la communauté des Croyants. J’imagine le ramdam à la villa La Mecque. « Ca suffit maintenant, les Salafs-bidule, les Wahabbs-machin, les Soufis-ron-ron, les petites surfaces de proximité ! La France n’est pas (encore) le Pakistan. On s’écrase, tous ! Un pas de côté, ça ne mange pas de pain. On n’a pas dit un pas en arrière okay ? Rompez ! »

Voilà ce qui s’est passé. Les forces de l’ordre n’ont rien eu à faire pour la simple raison que l’ordre en question (de dispersion provisoire) est venu d’ailleurs. Comminatoire. Suffisamment impératif pour que la frange rejoigne le tissu, le temps d’une respiration au fil d’une course programmée pour durer.

Maintenant, puisque tout est parti de la satire et de la dérision, je lance un appel à nos gens dits d’humour. Il s’est dit, de la bouche même de Monsieur Boubakeur, une chose très importante : « Les musulmans de France « (je pensais qu’il existait des Français de confession musulmane mais bon, la République est bonne fille…) » ont fait preuve en la circonstance d’une exceptionnelle maturité ». On croirait entendre un chroniqueur sportif.

Mesure-t-on, quoi qu’il en soit, la portée d’une telle phrase ?

Elle signifie qu’en une semaine, dans notre pays, les musulmans ont fait le chemin que les chrétiens et plus particulièrement les catholiques (qui en prennent plein la gueule depuis deux cent cinquante ans), ont parcouru depuis “La Religieuse” de Diderot. Leur en faut-il, à ceux-là, de la tolérance, pour subir “Piss Christ” sans éprouver le besoin de mettre le feu au Ministère de la Culture ou pire encore, de s’en aller émasculer le Maire de Paris ?

Émasculer le Maire de Paris… Qui a ri, au fond de la classe ?

Une révolution sous nos yeux, un miracle. Ni plus ni moins. C’est, je pense, l’événement le plus important depuis la preuve apportée de la rotondité de la Terre. En disant cela, Monsieur Boubekeur, qui n’est pas n’importe qui, enterre la hache de guerre. En moins de temps qu’il en faut à une poire pour jaunir dans un fruitier, son peuple de cinq, six, huit ou douze millions de sujets, allez savoir, est entré bille en tête dans l’ère définitive de la tolérance, de la paix et de l’amour ! Il est prêt à mettre son orgueil dévot dans sa poche au bénéfice de la liberté de dire. Il s’indignera comme tout le monde aux facéties des insolents, dans le respect de la règle commune.

Car si j’ai bien compris, c’est maintenant portes ouvertes. D’où l’appel. Messieurs Gerra, Canteloup, Timsitt, Benguigui, El Maleh, Bigard et cent autres, allez-y ! Le halal, la djellaba, le poil au menton, la fesse à l’est et l’estampille NI (Norme Islam) au front, la future loi contre le blasphème, les délires des illuminés et tout le toutim, c’est donné ! Plus de menaces respectées à la lettre, plus de fatwas suspendues sur vos têtes, plus d’employeurs pétrifiés par la trouille. Monsieur Boubekeur et ses amis vous invitent à brasser avec eux la grande sauce de l’esprit français. Promis, ils souffriront en silence, agenouillés sur les mêmes bancs des mêmes églises unifiées que vous, jusqu’au Jugement Dernier. Si on les convie à France-Télévisions, ils s’esclafferont sur commande à vos innocentes saillies. Juré craché, et got mitt uns dans la fusion des âmes.

Champagne !

Mesdames Balasko, Roumanoff, Pulvar, Aram, et vos compagnes de scène dont l’inaltérable stupidité souchienne constituait jusqu’ici le fond de commerce, foncez ! Le voile, la soumission au gros connard en marcel, le polygame alternatif engraissé à l’Urssaf (40 ans de cotisation, je sais de quoi je parle avec une retraite de médecin officiellement diminuée de 8% depuis ce mois-ci), la cloison à la mosquée, le sixième moujingue guetteur dès l’âge de quatre ans et tout le reste des sourates modernisées que vous allez écrire aux genoux des enturbannés made-in-Paris, c’est pour vous !

Messieurs Cantat Frères, dépêchez-vous de mettre en musique le texte (de qui est-il, devinette… ?) que je joins à cette ardente supplique. Une page vient de se tourner, vous êtes libres, libres, entendez-vous dans nos campagnes ! Pour de bon cette fois et non plus empêtrés comme tant d’autres dans des prises de tête sur l’odieuse, la terrifiante, l’ignoble et par là destructible France.

C’est l’embellie pour tous. Le grand silence des fraternités sur la cité enfin apaisée. L’heure pour les soldats recrus de fatigue de rentrer enfin chez eux.

Vous en êtes, les uns et les autres, dans l’immense armée des justiciers démobilisée par décret. Rideau. La guerre est finie, c’est Monsieur Boubakeur qui s’en porte garant au nom de sa communauté !

Alain Dubos

Le Voile

La sœur

Qu’avez-vous, qu’avez-vous, mes frères ?
Vous baissez des fronts soucieux.
Comme des lampes funéraires,
Vos regards brillent dans vos yeux.
Vos ceintures sont déchirées.
Déjà trois fois, hors de l’étui,
Sous vos doigts, à demi tirées,
Les lames des poignards ont lui.

Le frère aîné

N’avez-vous pas levé votre voile aujourd’hui ?

La sœur

Je revenais du bain, mes frères,
Seigneurs, du bain je revenais,
Cachée aux regards téméraires
Des giaours et des albanais.
En passant près de la mosquée
Dans mon palanquin recouvert,
L’air de midi m’a suffoquée :
Mon voile un instant s’est ouvert.

Le second frère

Un homme alors passait ? un homme en caftan vert ?

La sœur

Oui… peut-être… mais son audace
N’a point vu mes traits dévoilés…
Mais vous vous parlez à voix basse,
A voix basse vous vous parlez.
Vous faut-il du sang ? Sur votre âme,
Mes frères, il n’a pu me voir.
Grâce ! tuerez-vous une femme,
Faible et nue en votre pouvoir ?

Le troisième frère

Le soleil était rouge à son coucher ce soir.

La sœur

Grâce ! qu’ai-je fait ? Grâce ! grâce !
Dieu ! quatre poignards dans mon flanc !
Ah ! par vos genoux que j’embrasse…
O mon voile ! ô mon voile blanc !
Ne fuyez pas mes mains qui saignent,
Mes frères, soutenez mes pas !
Car sur mes regards qui s’éteignent
S’étend un voile de trépas.

Le quatrième frère

C’en est un que du moins tu ne lèveras pas !

Paroles de Victor Hugo.
Musique à composer.
Source : Wikisource

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