Bravo pour l'interview d'Arnaud Gouillon, sur le Kosovo

Riposte laïque a publié, le 4 octobre dernier, une excellente interview du président de l’ONG Solidarité-Kosovo, Arnaud Gouillon. C’est avec ce jeune militant particulièrement dynamique que nous avons organisé au centre culturel russe de Paris, en 2009, une exposition de dessins d’enfants serbes du Kosovo. Et nous rendons fréquemment compte dans notre journal B. I de son aide remarquable aux enclaves serbes ghéttoïsées dans le soit-disant “Etat“ kosovar. Nous sommes donc très heureux de le voir reprendre des idées et des arguments qui sont les nôtres depuis plus de quinze ans.
Ce n’est pas par hasard que ses opinions se sont cristallisées autour du Kosovo. Cette province historique serbe, que sa reconnaissance nationale par un certain nombre de nations vassales des Etats-Unis a transformé en satellite-croupion de Washington, est à la fois le microcosme et l’illustration de la néfaste politique de l’empire occidental.
Tout y est résumé. Tout en part et tout y revient. Le changement démographique qui remplace la majorité serbe par une majorité albanaise. L’invasion islamique qui s’attaque à la tradition orthodoxe. La diabolisation des Serbes accusés d’opprimer les Albanais. La dénonciation du seul nationalisme de Belgrade par la communauté internationale, qui accepte tous les autres. L’accusation d’épuration ethnique portée contre la Yougoslavie, le pays le plus pluraliste d’Europe. Le bombardement de la Serbie, coupable du crime de vouloir défendre son territoire. Le chantage de l’adhésion à l’Union européenne, qui fixe comme condition d’entrée la reconnaissance de la nouvelle caricature d’Etat et l’arrestation du plus admirable défenseur de la chrétienté contre le prosélytisme musulman, le général Ratko Mladic.
Une accumulation de calculs cyniques de trois complices – l’Allemagne, le Vatican et les Etats-Unis – qui voulaient la disparition du grand Etat yougoslave, multiethnique, orthodoxe et indépendant, et d’erreurs fatales de gouvernements européens inféodés au dollar. L’engrenage a abouti à un édifiant résultat : la fabrication de six nouvelles nations dans une Europe dont on prétend faire un continent homogène, la consécration des haines de clocher par la reconnaissance de territoires ethniquement purifiés et la création de deux Etats musulmans (la Bosnie et le Kosovo) au cœur même de la chrétienté. Sans parler de la souillure d’une grande partie des Balkans par l’uranium appauvri des armes de l‘OTAN, la pollution du Danube par les produits toxiques suintant des décombres de la guerre et les restes de munitions à fragmentation qui continuent à tuer les enfants dans les campagnes serbes.
On comprend pourquoi ce tragique épisode – la première guerre déclenchée en Europe depuis le second conflit mondial – est devenu un trou noir de notre histoire continentale. Personne n’en parle plus. Les morts sont ensevelis dans l’oubli. Les criminels qui les ont assassinés, comme Clinton, Blair et les dirigeants qui les ont suivis comme des chiens, gagnent des fortunes en signant leurs mémoires ou en paradant sur les estrades de conférences internationales.
Pourtant, l’éclatement de la Yougoslavie avec ses conséquences est un moment capital de notre géopolitique moderne. Un de nos plus grands spécialistes, le général Pierre-Marie Gallois, qui faisait partie du comité de rédaction de notre journal, et qui vient de décéder en pleine lucidité à un âge presque centenaire, l’a montré dans des livres exceptionnels qui devraient figurer dans toutes les bibliothèques. Il a décrit comment cette opération honteuse prenait place dans la stratégie de la superpuissance américaine, comment elle marquait son mépris des instances internationales, comment elle a servi de prélude à ses agressions de l’Irak et de l’Afghanistan, comment elle a facilité son hégémonie en supprimant un leader du Tiers monde et un obstacle à son expansion vers le proche Orient et l’Asie centrale. On ne rendra jamais assez hommage à cet homme intègre et courageux qui a été l’auteur du plus brillant réquisitoire à ce jour contre l’impérialisme du Pentagone et de l’industrie pétrolière.
Je dis en toute humilité que je suis fier de l’avoir eu comme collaborateur et ami, et que je suis fier de pouvoir aider selon nos moyens le travail d’Arnaud Gouillon et de Solidarité-Kosovo.
Louis DALMAS
Directeur de B. I.
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