Brighelli : la fabrique du crétin, vers l’apocalypse scolaire

Vers l’apocalypse scolaire est le second volume sur l’état de l’école. Il présente le cheminement de l’enseignement français vers sa fin, vers une école garderie où tout le monde s’ennuie, où les « méthodes modernes » doivent cacher le manque de contenu utile.

L’école « fabrique à la chaîne une masse de consommateurs semi-illettrés et satisfaits d’eux-mêmes » nous dit l’auteur, de plus en plus effaré devant le fait que ce qui devait « démocratiser » l’enseignement et « réduire les inégalités » a eu pour résultat d’augmenter les inégalités entre les citoyens. Les enfants de riches savent encore lire, écrire, calculer, raisonner, et le livre nous montre l’évolution qui a permis cette aberration en France, folie adoptée par la Belgique.

Comme d’autres, Brighelli a cru que dénoncer les dysfonctionnements servirait d’avertissement, permettrait une réaction salutaire. Il a bien compris que la dérive de l’école se fait en parallèle avec la décadence de la nation, décadence qui va jusqu’à permettre à des enfants sans culture, sans orthographe, sans désir de s’instruire, de donner leur opinion en tout domaine, d’empêcher un enseignement des BASES bien nécessaires au progrès individuel comme au progrès d’une société….

Oui, on a été jusqu’à estimer que grammaire et orthographe n’ont pas à être étudiées en tant que telles mais dans le cadre de chaque cours et chaque enfant est censé faire « l’observation réfléchie de la langue » au lieu d’étudier des règles.

Inutile d’être enseignant pour réaliser que cette « observation », les élèves n’en ont rien à faire, et surtout pas dans des classes surpeuplées où les enfants de milieux défavorisés sont de plus en plus nombreux. Et ce nombre incite à aligner tout le monde sur les moins doués. C’est ce qu’on appelle la « démocratisation de l’enseignement » ! Brighelli y voit sa destruction car appauvrir les programmes n’est rien de moins qu’appauvrir la culture, la vraie richesse d’une société….

Les élèves s’ennuient dans cette école où ils n’apprennent rien ou, plus précisément, où rien ne reste dans leurs cerveaux et Brighelli parle carrément de « crime contre l’esprit d’abord, contre la nation ensuite ».

L’auteur critique aussi les écoles devenues mixtes où les filles se montrent tellement supérieures aux garçons que ces derniers se font remarquer par leur attitude agressive plutôt que par leur travail. Il critique cette école qui veut « éduquer » au lieu d’instruire et précise que « plus on éduque au lieu d’instruire et moins on y parvient ».

Brighelli critique l’abandon des héros de l’histoire qui servent de modèle, qui donnent de l’enthousiasme aux jeunes. Les héros ont été remplacés par des victimes et les gens trop doués suscitent la méfiance, non l’émulation…

Alors, notre école est-elle vraiment entrée dans « l’apocalypse scolaire » ? N’y a-t-il rien à faire ? Il y a à faire et l’auteur nous encourage tous à nous battre pour une résurrection de l’école. Une petite anecdote pour vous inciter à lire ce livre, à agir dans l’intérêt des jeunes, de notre avenir : il y a quelque temps, on me demande d’aider un jeune migrant. Il est en Belgique depuis plusieurs mois, ne sait rien, ne comprend rien…. Je le crois débile, lui donne et lui explique la grammaire de base du français, répète, lui fais faire de petits exercices qui lui apportent aussi un peu de vocabulaire simple. Récemment, j’ai pu lui dire qu’il est intelligent, qu’il progresse bien et qu’il pourra faire les études difficiles qui le tentent. Son sourire a illuminé la classe….

Mia Vossen