Burqa : sur Canal, Copé défend une loi, Dumas ose parler de Vichy !

Ce lundi matin, sur France-Infos, David Abiker dans son émission « Le bruit du net » qui témoigne de ce qui fait le buzz du jour, rendait compte d’un débat qui a eu lieu samedi 9 janvier au sujet de la burqa sur Canal + à l’émission d’Ardisson, où était opposé à Jean-François Copé, qui propose une loi d’interdiction avec une amende pour contrevenants s’élevant à 750 euros, une jeune fille en burqa, nommé Dalila. Comme on sait le faire sur un mode généralement victimaire sur cette radio, l’animateur expliquait ironiquement que M. Copé avait « trouvé son argument », en référence à la notion de reconnaissance de l’autre par « le visage » que ce dernier évoquait dans son propos et qui lui paraissait essentiel au vivre ensemble.
David Abiker avait choisi des extraits où on entendait Jean-François Copé empêcher la fameuse Dalila de l’interrompre, parlant après que celle-ci se soit longuement expliquée, contrairement au sentiment de déséquilibre que voulait provoquer la façon ici de présenter les choses. D’autant qu’il était même souligné par l’animateur que celle-ci aurait eu à batailler pour se faire entendre, ce qui est on ne peut plus faux et relève d’un parti pris qui en dit long, sur le sens autant que concernant la méthode, de ce journalisme qui n’en a que le nom. Mais plus, il passait sous silence l’essentiel du débat de fond.
Regardons précisément ce dont France-infos n’a pas rendu compte.

La burqa, un intégrisme religieux qui nie toute valeur collective

Dalila, la jeune fille est présentée d’emblée sous un jour de victime. Elle vie en France, est de mère française et de père algérien qui ne l’a pas reconnue. Ardisson et l’invitée expliquent à deux voix comment elle a été amenée à choisir la burqa. La mère lui aurait donné à elle et à sa sœur jumelle des prénoms d’origine arabe et refuser de leur laisser manger du porc pour qu’on ne puisse pas le lui reprocher. Laissant ainsi entendre, sans même s’en rendre compte, que même en l’absence du père, la crainte de s’écarter de la religion pour cette mère constituait un risque qu’il valait mieux prévenir, sans aucun doute transmis de cette façon à ses filles.
D’ailleurs, c’est à partir de cela que notre jeune fille aurait commencé à se poser des questions : Pourquoi on ne mange pas de porc ? Pour en venir à s’intéresser au coran : « Lorsqu’on a appris la religion, on a dit c’est nous, c’est notre façon de penser » Et effectivement, dans la continuité de la soumission de leur mère aux prescriptions de la religion, la transmission a été bien faite ! Il suffisait de réunir les textes avec une pensée articulée à un système de soumission et de peur, celle de dieu et du pouvoir des hommes qui dans cette religion est au-dessus des femmes juridiquement inférieures (Le coran : sourate IV verset 38) et les choses pouvaient recommencer. Elle devait passer par le voile pour aller jusqu’à la burqa, expliquant que ce sont les écoles juridiques de l’islam qui majoritairement disent que ce qu’il y a dans le coran justifie l’obligation pour les femmes de porter ce vêtement.
Ardisson insiste lourdement sur le fait que ce serait de son libre choix. On voit à quel point cela peut l’être dans un tel contexte ! La jeune fille explique qu’elle a découvert la religion et qu’elle l’a aimé, que son salaire passe dans cet investissement du religieux. Elle rajoute que la burqa est incontournable pour elle car « c’est une prescription juridique de la religion (…) Il y a des règles, on les suit, on ne se pose pas de questions » Et elle ose se dire non-soumise, un comble ! Elle rajoutait de façon presque puérile « ‘Je ne suis d’aucun courant sectaire, je ne suis pas extrémiste, pas du tout ! »…
Ardisson enchaîne en servant de faire-valoir à son invitée non sans un certain cynisme lorsqu’on connait le côté « nuit parisienne » de celui-ci : « Les jeunes filles françaises cherchent à ressembler à celle qu’on voit dans Secret Story et pour vous, c’est un peu une l’abomination ça, c’est la marchandisation du corps de la femme… » Elle : « ça représente vraiment la femme française, ce qu’on veut d’elle. Jamais de ma vie je serai comme ça ! » Rejoignant parfaitement cette mentalité de certains jeunes d’origine maghrébine qui considèrent que celle qui ne portent pas au moins le voile sont nécessairement des « putains ». Une conception machiste qui fait des dégâts dans les cités en pesant en faveur du port du voile de façon révoltante. On sait où conduit cette conception vertueuse de la religion qui oppose le pur à l’impur, tout droit au fascisme dont la burqa témoigne sans ambigüité.

Elle poursuit : « Ce sont les dictatures qui imposent aux gens comment s’habiller (…) le projet de M. Copé représente vraiment mal un pays démocratique ». Comme si la démocratie pouvait correspondre avec un « chacun pour soi » qui nie tout simplement la moindre idée de vivre ensemble, de lois communes. « En plus, vous n’avez aucune science en matière de religion » rajoute-elle, sous-entendant par là précisément qu’elle ne reconnaît pas les lois de la République mais considère comme supérieures les règles religieuses qu’elle s’applique, ce qui ne semble pas ne serait-ce qu’interroger l’animateur.

Les pratiques religieuses sont subordonnées aux lois de la République !

Copé répondait à ce moment sans hésitation: « je voudrais vous dire que je n’ai pas le sentiment d’insulter qui que ce soit (…) là où je pense que le premier contact entre deux personnes avant même le regard, c‘est le sourire, moi je peux vous sourire et malheureusement je ne sais jamais si vous répondez à mon sourire ». Une belle approche de l’humanité, la liberté de sourire et de communiquer par son entremise avec l’autre, en créant du lien social que la burqa réduit à néant !
Puis, on en arrive à l’essentiel dont ne devait pas dire mot France-Infos : Copé : « Vous m’avez dit que je ne connaissais pas la religion alors connaissez les règles avant de juger (…) mais la particularité de la France comme d’autres pays, c’est d’être un pays démocratique laïque (…) (alors) qu’est-ce que la laïcité ? Ce n’est pas du tout la négation des religions, c’est le fait que chacun puisse exercer son culte, s’il le souhaite, dans le respect de celui de l’autre (…) c’est ce qui a fait le creuset de notre pays (..) Je suis très respectueux que chacun appartienne à une communauté religieuse, associative, politique, mais à une condition, que les règles de la communauté soient subordonnées aux règles de la république, pas égales, subordonnées… (…) Et parmi les règles de la République il y a celle du vivre ensemble, hors, pour que l’on puisse vivre ensemble, il faut que l’on connaisse l’identité de l’autre. Le premier élément de l’identité c’est le visage ». Bien répondu ! Mais dommage tout de même que Copé n’est pas rappeler que la laïcité c’était aussi et surtout, le droit de ne pas croire, conquis de hautes luttes.

La burqa étrangère à la société moderne parce qu’elle interdit de se parler d’égal à égal

Copé : « Au-delà de votre personne, il y a en réalité une double difficulté, la première c’est une question de respect des femmes et la seconde c’est la question de sécurité (…) Ma difficulté avec vous, je me permets de vous le dire, c’est de discuter d’égal à égal avec quelqu’un dont je ne vois pas le visage. J’ai beaucoup de mal à parler avec vous parce que je ne vous vois pas ! C’est très difficile parce que la société moderne, la société organisée, la société du respect, elle passe par le fait d’une rencontre entre des visages… »
« Arrêtons de nous mentir, c’est ça la difficulté ! ». Effectivement, c’est le sentiment de bien des personnes de toutes origines Françaises ou non, de ressentir la burqa comme une régression incalculable en regard de la modernité. Comment prendre autrement d’ailleurs cette abjection qui détruit l’image de soi avec la personnalité, par effet de soumission à une religion dont les conséquences sont de plus en plus inacceptables. La burqa nécessite de poser par la loi des limites et de donner un signe fort à l’intégrisme, qui gagne chaque jour des parts chez les musulmans de France, en se manifestant à travers une confessionnalisation croissante de l’espace public.
Copé finissait cette partie de son intervention en disant que « Le respect de la personne commence par son identité ». La burqa est effectivement, avec la suppression de l’identité à laquelle elle procède, la fin de toute dignité au sens que l’on donne à la notion de la personne humaine dans des sociétés évoluées. La liberté des individus n’y dépend pas d’une religion mais de droits égaux, dont l’interdiction à l’entrave du droit à la libre expression est l’une des libertés fondamentales, indépendamment de la croyance ou l’incroyance, de l’origine, de la couleur…

Roland Dumas défend la burqa que Michel Cymes dénonce comme un avilissement !

Roland Dumas sur le plateau assis à côté de cette Dalila anonyme, était invité à prendre la parole sur le sujet par Ardisson, en tant qu’« ex-patron « du Conseil Constitutionnel. Ardisson : « Alors, est-ce que vous accepter qu’elle soit comme ça ? » Dumas « mais oui, je trouve que c’est très sympathique ! » Ardisson : « Ca ne vous dérange pas ? ». Dumas : « pas le moins du monde et je considère que ceux qui envisagent de légiférer sur ce sujet prennent une très grave responsabilité… »
Il compare ensuite le port de la burqa aux autres pratiques religieuses comme les tenues vestimentaires des juifs pratiquants… « Le principe de laïcité » dit-il alors « c’est de ne pas toucher aux religions » Incroyable ! Cette réduction de la laïcité à un droit de tout faire des religions ! Comment comprendre ici que ce personnage puisse feindre d’ignorer qu’en France, l’exercice de la religion est garanti pour celui qui le souhaite, telle que la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 le prévoit, mais tant qu’elle ne crée pas de trouble à l’ordre public. Tout le problème de la burqa c’est bien qu’elle crée ce trouble, en atteignant la dignité humaine et en créant, par l’infériorité de la femme que ce vêtement proclame, un malaise dans notre société qui proclame elle, l’égalité entre hommes et femmes.
Copé : « Ca n’a rien à voir avec les autres façons de s’habiller des autres religions. Je tiens à vous dire que pour moi qu’il est inimaginable de construire la société de demain avec des gens qui vivent ensemble sans pouvoir reconnaître leurs visages »
Michel Cymes, médecin, animateur d’émissions médicales sur la 5, à côté de Copé, réagit : « Je ne suis pas d’accord avec M. Dumas (…) La burqa, le voile intégral, c’est une négation totale de la personnalité, c’est un avilissement ! (…) On ne peut pas nier que dans un grand nombre de cas, c’est le mari qui va imposer à sa femme que personne, aucun autre homme que lui, ne puisse voir même ses mains, ni son visage (…) Pas mal de femmes ont aujourd’hui la burqa parce qu’elles ne veulent pas choquer leurs maris (…) si on autorise la burqa, d’autres femmes (que vous) pourront le faire mais imposé par leur maris » Et celles qui demain après l’avoir voulu désireraient s’en sortir ne le pourront plus ! C’est un piège qui se refermera sur elle pour définitivement les emmurer.

Roland Dumas identifie une loi contre la burqa aux persécutions des juifs sous Vichy : ignoble !

Copé réagit à nouveau : « En dissimulant son visage, on dissimule son identité et on pose des problèmes de sécurité. » A bout d’argument, Roland Dumas alors se lâche : « C’est exactement le raisonnement qu’on a connu des législateurs de Vichy !». Roland Dumas reprend ici un thème souvent utilisé par les jusqu’au boutistes de la libre installation en France des immigrés et de la fin de toute référence à la nationalité, en identifiant la maîtrise de l’immigration à une chasse à l’homme comparable à celle menée hier par les nazis organisant la déportation. Une manipulation de l’histoire qui déshonore ceux qui en font usage. On n’a pas le droit de prendre de cette façon les morts en otage, ces victimes de l’holocauste, dont on dénature la valeur du témoignage avec le risque par cette confusion de détruire les bases sur lesquelles repose notre vigilance, face au risque que se réveille réellement un jour « la bête immonde » : le fascisme.
Copé : « M. Dumas, je le regrette, parce que j’ai beaucoup de respect pour vous, mais cette formule est profondément insultante et déplacée » Dumas : « C’est ce que je pense… » Copé : « Vous savez ce que c’était la législation de Vichy ! » Dumas : « Et oui, bien sûr ! » Copé : « Elle conduisait des hommes à la mort (…) comment osez-vous faire des comparaisons comme celle-là ! » Dumas : « Parce que ce texte est là que vous préconisez. » Copé : « Mais enfin, Vichy c’était d’interdire à des hommes et des femmes d’exercer des professions, d’envoyer des enfants à l’école, c’était la conduite à des arrestations et des déportations. Ca n’a rien à voir avec ce sujet enfin ! ». On ne peut que partager l’indignation de Copé à cet endroit, en regard de cet argument d’un Roland Dumas défendant l’indéfendable, en reflet de ces élites qui par lâcheté politique sont amenés, comme on l’a vu trop souvent dans l’histoire, à la trahison de leur peuple !

Les femmes qui portent la burqa même dehors restent dedans

Ardisson redonne la parole à cette Dalila en la remerciant pour son « courage » qui explique que, si la loi est votée, c’est sa liberté de se déplacer qui va être mise en cause. Ardisson en rajoute : « Vous ne pourrez plus sortir de chez vous » Elle réplique : « plus jamais ! » Un argument hautement fallacieux, car la burqa, c’est faire précisément que ces femmes qui la portent soient encore dedans lorsqu’elles sont dehors, pour mieux affirmer combien elles sont par la religion la propriété d’un homme, renvoyées par ce déni de toute liberté et de toute autonomie à une forme d’esclavage. Le seul espoir qu’elles puissent avoir de pouvoir choisir de l’enlever, c’est de l’interdire !
Copé revient sur l’expérience de la loi d’interdiction des signes ostentatoires dans les établissements scolaires de mars 2004 pour expliquer qu’il n’y a eu aucun problèmes d’application la concernant, contrairement à ce que certains avaient par avance dénoncé comme une loi d’exclusion scélérate et raciste. Au contraire, elle a été une loi d’intégration.
La jeune femme réagira en disant qu’en « mai 2004, l’ONU a jugé cette loi comme étant d’intolérance religieuse… » Copé : « Il me semblait qu’il y avait de quoi juger bien d’autres cas d’intolérance religieuse dans le monde… » Une conclusion qui en disait long sur le fossé qui sépare la France laïque de la généralité des pays qui dans le monde laissent s’installer derrière une burqa un massacre droits.

Le choix de la liberté pour toutes les femmes : Interdire sans état d’âme la burqa !

La République a eu ce jour là, un défenseur auquel on ne peut que décerner un hommage de courage, face à la mise en scène d’une victimisation proprement inconvenante, jusqu’à l’utilisation perverse de la défense de cet islam totalement intolérant par l’entremise de l’argument des persécutions antisémites qui en d’autres temps ont conduit des millions d’être humains aux camps de la mort : infecte !
Cette victimisation entend faire passer la notion de valeurs collectives, de vivre ensemble, d’intérêt général, de droits humains et de laïcité, pour des obstacles à l’exercice d’une seule liberté, celle au nom d’un droit à la différence de la religion à créer des apartheids de droit sur le territoire de la République, de la France des Droits de l’homme et du citoyen, de l’égalité entre les sexes.
Il n’y a pas de compromis possible avec la burqa dont le mouvement de revoilement des femmes de confession musulmane est l’antichambre et le laboratoire, il n’y a comme réponse que la loi qui doit sans état d’âme l’interdire !
Guylain Chevrier
historien

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