Campagne d’Ukraine : l’avant-guerre se termine

La guerre engagée contre la Russie début 2014 ne prendra pas fin avec la campagne d’Ukraine, bien au contraire, et tout indique que l’axe atlantico-uniopéen prépare déjà une suite, selon au moins trois scénarios possibles.
Le scénario d’opportunité pourrait démarrer par une opposition musclée à la normalisation de l’Ukraine démilitarisée, avec l’inconvénient que l’armée russe y est déjà. Les deux autres scénarios sont au contraire facilités par la fixation de l’armée russe en Ukraine, obtenue grâce à l’ostensible préparation d’une offensive sur le bassin du Don. Ils ont pour théâtre vraisemblable la trouée de Suwalki et pour prétexte déclencheur une prétendue attaque russe contre la Lituanie (pays où les russophones sont opprimés sous un statut d’apatrides) pour désenclaver Kaliningrad. Un scénario consiste en une agression conventionnelle vers Kaliningrad et Saint-Pétersbourg, suffisamment puissante pour déstabiliser le monde et suffisamment impuissante pour être défaite et justifier une frappe nucléaire, l’autre scénario consiste à procéder directement à celle-ci après une autre provocation dramatique. En ce mois de mars 2022, l’OTAN continue bruyamment son déploiement vers les pays baltes et la Norvège en ignorant ostensiblement les pays voisins de l’Ukraine.
En toile de fond il ne faut pas perdre de vue que :
– l’Union Européenne, condamnée à l’expansion permanente, est un facteur de déstabilisation en Europe,
– les Etats-Unis sont convaincus d’une “destinée manifeste” sacrée au-dessus des règles internationales, ignorent qu’une guerre peut être perdue et iront aux extrêmes pour éviter d’en perdre une,
– le monde ne peut plus se permettre de nourrir les Etats-Unis et se trouve de toute façon au bord d’un effondrement de l’économie réelle,
– les Etats-Unis doivent forcer le monde à remettre à zéro le compteur de leur dette,
– convaincus qu’une troisième guerre mondiale leur sera aussi bénéfique que les deux premières, les Etats-Unis pourraient la provoquer pour forcer le monde à annuler les dettes,
– les Etats-Unis veulent aussi la continuation de leur “repas gratuit”, et leurs déclarations insistantes sur un nouveau recours aux armes nucléaires en font l’argument ultime pour imposer au monde un dollar surévalué,
– l’UE a choisi la Russie pour cible car elle représente une alternative humaine, démocratique et chrétienne à son matérialisme intégral “transhumain”,
– la coalition antirusse écarte la Russie des organisations internationales pour en faire d’abord un pays “normal” parmi 193 puis un pays insignifiant et banni qui peut être attaqué,
– les Etats-Unis ne peuvent pas être dissuadés car ils sont persuadés qu’ils peuvent gagner un échange nucléaire, et aussi que la Russie ne ripostera pas,
– les fallacieusement nommées “sanctions” ne sont ni des contre-mesures selon le droit international ni des moyens de coercition pour forcer la Russie à faire quoi que ce soit, mais des actes préparant la phase militaire,
– la guerre a été déclarée, plusieurs fois et dans des termes irrévocables, depuis 2014,
– la montée en puissance militaire est agressive mais faible afin d’être défaite et de justifier des frappes nucléaires, les répétitions et la propagande visent à acoutumer les états-majors à l’idée de la guerre pour qu’ils ne réfléchissent pas le jour J.
Tels sont précisément les thèmes des douze chapitres du Onzième Coup de Minuit de l’Avant-Guerre, qui évoque les scénarios ci-dessus, y compris celui passant par l’Ukraine tout en considérant l’option baltique plus probable. Auto-édité en 2019 et esthétiquement actualisé (confirmation de la fin du traité FNI) pour les éditions Retour aux Sources en 2020, cet essai est d’une actualité chaque jour plus criante. Apprenant que l’édition 2020 est épuisée sur Amazon, l’auteur précise qu’il reste des exemplaires de l’édition 2019 pratiquement identique sur https://www.lulu.com/fr/fr/shop/-stratediplo/le-onzième-coup/paperback/product-1qk6rjjj.html.
L’avant-guerre se termine.
Stratediplo