Ce dont crève la France : l’inversion des valeurs

Il est arrivé souvent, dans les cercles patriotiques, que l’on comparât les flux migratoires à une sorte d’invasion ou de colonisation, et la présence accrue de l’islam sur nos terres à une manière d’occupation. Des points communs existant entre la violence nazie et celle de l’islamisme, au point de rendre populaire le néologisme « nazislamisme », ou à défaut « fascislamisme », il était d’ailleurs bien naturel de comparer les défenseurs inconditionnels de l’islam, les bobo-intello-gauchos notamment, ceux-là mêmes qui ont désormais tous les pouvoirs en France, aux collaborateurs et collaborationnistes de la dernière guerre. Pour autant, notre situation n’est pas comparable à celle de 1939-45. Par certains côtés, si l’on voit les choses uniquement par la surface, le mal est moindre ; vu autrement, plus en profondeur, le péril est infiniment pire.

De l’homme-masse à l’individu-système

La première différence est que la subversion du pays ne se fait point par une occupation militaire en bonne et due forme, quoiqu’une violence inouïe, qui ne répugne point à l’utilisation d’armes de guerre, soit désormais installée chez nous, avec la complicité des institutions répressives de l’État, notamment judiciaires, et cela depuis quelques décennies. Nous vivons un état de choses très difficile à définir, qui n’est ni l’état de guerre ni l’état de paix : une insécurité devenue le mode normal de la vie collective, une insécurité-système. Que cette insécurité ne soit pas uniquement le fait de gens issus de flux migratoires anciens ou récents ne change rien à l’affaire, bien au contraire ; pour les « issus de », la primordiale inversion des valeurs, qui fait du criminel un personnage de droit divin, se double d’une seconde inversion des valeurs qui fait de l’étranger réel ou supposé une victime perpétuelle et un ayant-droit-à-tout ; l’inversion des valeurs morales favorise la racaille quelle qu’elle soit, l’inversion des valeurs identitaires (c’est-à-dire la préférence étrangère) donne aux « issus de » leur force de frappe inégalée. Et le levier de l’inversion des valeurs, c’est, de toute évidence, l’impunité des coupables, la pénalisation des vraies victimes. Par ailleurs, il faut toujours poser les problèmes actuels sous l’idée d’une polypathologie, d’une co-existence de plusieurs maladies chroniques dans le même organisme, ici : la France, et, dans une moindre mesure sans doute, la totalité (ou presque) de l’Europe. Une première impunité (immoralisme) n’empêche aucunement une deuxième impunité (xénophilie), ni même une troisième impunité (communautarisme), et ainsi de suite, tout comme il est possible qu’un organisme soit atteint de deux ou plusieurs maladies graves en même temps ; un phénomène abject n’annule point l’autre, au contraire toutes les pathologies se renforcent mutuellement. Comme je l’avais montré dans un article plus ancien, la guerre civile latente qui désagrège la France est avant tout de nature fratricide, cela ne l’empêche aucunement d’être aussi ethnique et religieuse. Et l’on pourrait même, sans risque de se tromper, adjoindre à ce constat morose bien d’autres adjectifs. La notion de « convergence des catastrophes », promue par l’excellent Guillaume Faye, permet de bien comprendre la maladie. Sida, cancer, peste et choléra, le tout assaisonné d’un peu de lèpre, c’est le mélange infâme à la française.

La seconde différence est que la subversion du pays tend explicitement, non pas seulement à la conquête d’un territoire, mais plus profondément à la disparition pure et simple d’une nation, par l’immigration de remplacement, mais aussi par l’élimination radicale de toutes ses valeurs historiques, symboliques, politiques, religieuses même (je songe au catholicisme), culturelles, langagières, comportementales, etc. L’inversion des valeurs n’est d’ailleurs que le premier stade de leur élimination ; on commence par subvertir les valeurs, puis on les supprime ; par exemple, l’exaltation des droits de l’homme ou des libertés individuelles sert dans un premier temps à protéger les pires individus, et bientôt il n’y a plus de droits et plus de libertés du tout. L’élimination est physique, par métissage et par dénatalité de souche, mais aussi morale, par l’effondrement généralisé de tous les garde-fous de la sociabilité la plus quotidienne. La France doit céder la place à un objet territorial non-identifié, dans lequel il n’y a plus aucun véritable Français, mais des « résidents » de France, soit des allogènes non-assimilés et non désireux de l’être, soit des français de souche totalement lobotomisés, dépossédés de toute racine identitaire, dont le « branleur blanc », criminel psychopathe à ses heures, donnant du « mon frère » au dealer du coin, et mêlant des mots arabes à ses borborygmes, est la version basse, – et dont le bobocrate socialiste des beaux quartiers des grandes villes est la version haute, un tiers-mafieux, un tiers politicard et un tiers-intello. Toute cette engeance, du haut jusqu’en bas, c’est un peu l’homme-masse du philosophe espagnol Ortega y Gasset, mais en mille fois pire. C’est l’individu-système, branleur de souche ou branleur allogène, mais à moyen terme branleur métissé, un individu-système ayant 500 mots de vocabulaire, de la violence à revendre, une personnalité réduite à une sorte de satanisme instinctif, animal… Le branleur de haut niveau fera un peu plus illusion, avec un peu de vernis culturel et un peu moins de violence explicite, mais la différence est de degré, point de nature. On vit une époque où la dignité morale et existentielle d’un agrégé de philosophie se réduit souvent à la même chose que celle d’un caïd de zone : le cogito d’un flétan pour ces deux-là, sauf que, dans un cas, le désastre est un peu moins visible, et pourtant pire. Pire ? Oui, car l’agrégé de philo bien-pensant (c’est-à-dire sans pensée) en sait beaucoup moins sur l’état du pays que le caïd de zone, qui, lui, connaît finement tous les usages et toutes les lâchetés, et qui en profite bien. Qu’on aille dans une salle des professeurs, même à l’université, même dans une grande école, qu’on gratte un peu le maquillage, qui d’ailleurs peine de plus en plus à replâtrer la scrofule, et l’on se rendra compte…

La monstrueuse « normalité » de la Victime

La troisième différence avec 1939-45 (c’est, je crois, la plus criante et elle résume à elle seule les deux autres) réside dans la généralisation même de l’inversion des valeurs, une sorte de virus psychosocial d’immunodéficience qui s’est répandu depuis les groupuscules gauchistes des années 60 et 70 pour atteindre successivement toutes les couches de la société, y compris les libéraux-conservateurs de l’UMP en France. Le dernier mandat présidentiel en a révélé les ravages : le président le plus inactif de l’Histoire en matière d’insécurité, d’immigration, d’islam, d’immoralisme tout simplement, et vous aurez reconnu le petit Nicolas, s’est vu taxé de racisme et de fascisme pour de simples discours de bon sens… suivis d’aucun effet ! Bref, l’inversion des valeurs, circonscrite autrefois à des milieux idéologiques situés à la marge et facilement repérables, facilement réfutables aussi en raison de l’outrance des positions, cette inversion de la marge est devenue la norme, elle s’est transformée en une inversion-système, une anomie-norme, que l’hypertrophie du terme « normal » atteste parfaitement aujourd’hui, notre nouveau Président étant l’incarnation même de cette monstrueuse normalité ou « normalitude ».

Toutes les valeurs politiques, morales, philosophiques, les plus nobles, les plus propres à conserver aux nations leur dignité et leur sécurité ont été récupérées, détournées, perverties, au point de ne plus présenter d’elles-mêmes qu’une sorte d’avatar indigne, cauchemardesque. Cela mérite qu’on s’y attarde…

Durant la seconde guerre mondiale, il ne serait pas venu à l’idée du Français le plus collaborationniste de considérer les soldats nazis, encore moins leurs cadres, comme des jeunes gens en pleine déshérence, victimes de la misère et de l’oppression. Le terme « déshérence » vaut lui-même, à lui tout seul, une analyse. Juridique en son principe, ce mot signifie, pour un bien, l’absence d’héritiers, ou, pour une organisation syndicale ou politique par exemple, une rupture de continuité, une cessation. Dans le crétinisme actuel, ce terme qui sonne comme « déserrance », qui n’existe pas, mais qui suggère au public une errance malheureuse, sert à couper court à tout débat sur la responsabilité pénale des racailles et terroristes : pour la sociologie française bien-pensante Mohamed Merah aurait été un gentil gamin en pleine déshérence (« déserrance » ?)… D’une manière générale, la « déshérence sociale » désigne, sous la plume des sociologues bobos, l’état de celui qui porte le poids d’un supposé lourd héritage de désespoir et de pauvreté (un « déshéritage » ?), héritage qui expliquerait (et excuserait bien entendu) ses crimes, pardon ! ses… « errements » ! Le bon héritage fait de vous un méchant occidental privilégié, un « héritier » comme dirait Bourdieu. Le mauvais héritage vous plonge dans la déshérence, maladie qui touche, on ne sait trop pourquoi, surtout des jeunes gens issus de la « diversité » (diversité pourtant très uniforme), et de quartiers « défavorisés » (quoiqu’inondés de subventions), lesquels ne commettent jamais de fautes, seulement des « erreurs ». Or, si des poètes, autrefois, ont pu exalter le folklore viriliste et tonitruant du nazisme (quelques poètes ont même été fusillés pour cela à la Libération) ; ils n’ont jamais pris les nazis pour des victimes.

Il faut d’ailleurs élargir la problématique, ne pas la cantonner à la simple comparaison de notre situation actuelle avec 1939-45.

Par certains aspects notre situation est totalement inédite, totalement nouvelle et sans aucun précédent historique. De la conquête à la colonisation, de la colonisation à la Guerre de Libération Nationale et à la décolonisation, a-t-on jamais entendu un Algérien, quel que fût son camp, assimiler les colons français à des victimes ? Les Aztèques, même si l’anecdote est controversée, ont pu voir dans les conquistadors espagnols débarquant au Mexique des « dieux blancs » ; il est difficile de croire qu’un dieu blanc, ou tout simplement un envahisseur blanc, pût être perçu en même temps… comme une victime. Lorsque les Perses ont vu arriver les phalanges d’Alexandre le Grand, lorsque des peuples des trois continents du Vieux Monde ont dû plier devant la légion romaine, les désormais soumis et sujets considéraient-ils leurs maîtres comme des victimes ? La chose me semble inconcevable. Il n’est que l’abruti occidental, et particulièrement le petit Français décérébré, qui en vienne à considérer ceux qui oppriment, qui terrorisent, les racailles, les gangsterroristes, les caïds, les branleurs, exotiques ou pas, comme des victimes, dont il faudrait (au sens d’un impératif catégorique) être solidaires. Toute l’inversion des valeurs est là, dans son ampleur inédite et inégalée.

Pour désigner les Espagnols de son temps, Ortega y Gasset publiait L’Espagne invertébrée. Nous autres, dans les milieux patriotiques, nous aurions pu titrer La France invertie… Désormais, ceux qui nous portent le coup de grâce, de l’intérieur comme de l’extérieur, sont des victimes, des victimes statutaires, des victimes objectives, des victimes a priori. Le branleur de souche est une victime, le branleur étranger est une victime, le branleur métissé est une victime. Le Français de cœur, y compris celui qui vient de l’étranger (je pense à mon emblématique camarade Pascal Hilout qui le paya d’un procès), le Français de cœur est un salaud, un monstre, un a-normal. Plus généralement, est irrémédiablement anormal celui qui se comporte… normalement, au vieux sens du terme. Chaque fois qu’un professeur tance ou sanctionne un perturbateur dans sa classe, il doit essuyer le regard lourd de reproche des autres élèves, des autres enseignants, des administrateurs, des petits commissaires politiques, etc. La Victime n’est pas celui qui veut faire son métier, mais celui qui s’acharne à l’en empêcher ; ces violences, on les trouve également dans l’entreprise, pas seulement d’employeur à employés, comme le pensent ces syndicalistes et marxistes de pacotille, mais surtout de collègue à collègue, branleur arrogant contre brave salarié dans la mouise. Le totalitarisme nazi faisait de l’Aryen le nouvel Homme, celui qui devait régénérer l’humanité vieillissante ; à présent le mondial-Système fait de la Victime l’aryen du 21° siècle. Ce sont les Victimes, devenues des divinités tutélaires, qui nous indiquent la marche à suivre, y compris à grands coups de savates, car ce sont souvent des victimes aux méthodes bien musclées…

Envahisseur vertical, envahisseur horizontal

Ainsi, la Victime s’apprêterait à nous sauver de nous même… Parfois la victime se nomme Métis, Étranger ou Musulman, mais pas de manière systématique. Il existe aussi d’autres Victimes, elles aussi sacrées, qui peuvent bien être de souche, celles-ci, mais qui font partie de cette nouvelle force totalitaire : les Jeunes, par exemple, les Gens du Voyage, les LGTB avec leur mariage homo qui va régénérer la France, les Indignés, les Anonymes, etc. Nous vivons le siècle de la tyrannie victimaire, du totalitarisme victimaire. L’inversion des valeurs est un culte totalitaire de la victime, une sorte de tyrannie de la repentance et de la pénitence, pour parler comme Pascal Bruckner, mais qui ne se limite pas à une confrontation entre Occident et pays « pauvres » ou ex-colonies. La tyrannie de la repentance peut n’avoir aucune connotation géostratégique. Un professeur peut avoir 35 victimes a priori dans sa classe, quand bien même ces 35 ne seraient pas issus de l’immigration ni d’un quartier dit défavorisé. Il y a 35 victimes parce que le système veut cela : le Jeune est nécessairement victime ; la transmission d’un savoir est nécessairement une intrusion sacrilège dans la tranquillité du Jeune. J’ai siégé dans de nombreux conseils de discipline dans ma carrière : les branleurs de souche que nous avions à virer de notre petit établissement rural étaient toujours désignés par les petits commissaires politiques de l’institution comme des « adolescents en grande souffrance ayant besoin de l’aide, du soutien et de la compréhension des adultes ». Je l’ai déjà écrit : une telle situation suffirait à éteindre une nation dans toutes ses dimensions morales, culturelles, historiques, charnelles, politiques… Ajoutez à cela les cohortes prolifiques des Victimes venues d’ailleurs, et vous aurez compris l’étendue du désastre.

Il y a l’envahisseur vertical d’Ortega y Gasset, le branleur de souche comme je l’appelle, et il suffit déjà de sa présence pour anéantir toute trace de civilisation en Europe car il est, pleinement, réellement, un néo-barbare. L’envahisseur vertical d’Ortega y Gasset préfigure l’actuel individu-système, le branleur blanc, le « chav », le « wigger »… Mais cet envahisseur vertical est toujours complice des envahisseurs horizontaux, c’est-à-dire géographiques, ou dit autrement : allogènes. Qui ne fut pas témoin, au moins une fois, de ces scènes grotesques émaillant les rues de nos villes grandes ou petites, voire de nos villages, où l’on voit un branleur blanc rotant sa bière, donnant du « mon frère » à un dealer de type maghrébin, ponctuant ses borborygmes de mots d’argot parisien et de locutions arabes ? « Wallah, j’te jure, faut qu’j’demande du fric à ma daronne pour acheter d’la garou [cigarette en arabe], p’tain, wallah, j’kiffe la clope, mon frère ! » C’est de cette façon que s’expriment des blondinets pré-pubères, y compris dans mon village où l’on n’a jamais vu un arabophone, ni d’ailleurs un Arabe. L’ennemi est avant tout intérieur ; l’immigration de remplacement n’est jamais qu’un gigantesque opportunisme.

La vérité reste que le pire ennemi du Français de souche, c’est avant tout et irrémédiablement… le Français de souche, l’individu-système et son crétinisme totalitaire, son idéologie d’inversion des valeurs au service des Victimes a priori. C’est une majorité de ces Français de souche qui viennent de châtier un Président a-normal, car insultant les Victimes, pour lui substituer un monstre de normalité systémique surnommé Flamby. Il ne manquait au Système que la coïncidence entre les actes et la parole ; aujourd’hui, c’est fait ; tout est devenu épouvantablement normal. Sarkozy a au moins pour lui d’avoir incarné et assumé au sommet de l’État, pour la dernière fois, la dernière rhétorique insolente, résistante à sa façon, j’allais dire : sacrilège. Cette insolence, pourtant sans effet notable, n’est plus. « Enfin, nous sommes libres ! », criait une caricature d’actrice bobocrate. Enfin, nous sommes normaux, pouvait-elle ajouter… En revanche, des Victimes de plus en plus nombreuses se lèvent, aidées et soutenues par leur nouveau délégué, le Président normal, normalisateur et normaliste, et elles réclament réparation, c’est-à-dire vengeance, et en criant et en frappant bien fort. Elles sont nos bourreaux.

Jacques Philarcheïn

Billet rédigé le 14 juin 2012

image_pdfimage_print