Chaka Maka, Mine de Rien, de Malca Levy : nostalgie du Katanga

En lisant ce livre, j’ai été submergée par une vague de nostalgie, je voyais à nouveau mon pays, le Katanga, où vivaient en paix et bonne entente des gens de toutes origines, toutes religions et parlant au moins 30 langues. Français et swahili permettaient de communiquer…

Moïse Lévy, Juif séfarade qui avait fui Rhodes à l’époque hitlérienne, était le Grand Rabbin du Congo. Bel homme, grave et souriant à la fois, il s’entendait avec les responsables de toutes les communautés et nous vivions une ère de paix et de prospérité pour tous, ère qui s’est terminée en 1960. Sa fille Rivca était à l’école des Soeurs, mon école, alors que sa fille Malca était à l’Athénée, l’école de mon futur mari.

Etais-je trop jeune pour comprendre les problèmes ? L’harmonie était-elle réelle ? Je le crois et je l’ai retrouvée dans le livre de Malca qui nous présente un « Chaka Maka »  de contes et histoires du monde séfarade  en français et en ladino. Plusieurs ont leur origine en Afrique, elles sont racontées par des personnes différentes, elles sont réalistes sur le plan psychologique, elles le sont à tel point  que la réalité d’une fraternité possible s’est imposée à moi… Cette idée de fraternité  pourrait s’imposer à d’autres lecteurs et je ne puis que recommander la lecture d’un très beau livre, merveilleusement illustré entre autres par Anna Lauwaert.

Un des contes se passe au Congo. Je ne résiste pas à la tentation de vous présenter l’histoire de Diogène racontée par Meir Lévy :

Proverbe du Roi Salomon, Ecclésiaste

La Sainte Bible, Ecole biblique de Jérusalem, p. 852 – 7,28

Un homme sur mille, je l’aperçois bien,

Une femme sur toutes, je n’en trouve pas.

Diogène habitait dans un baril et cherchait l’homme à l’aide d’une lampe.
C’est ainsi qu’un jour, il partit en voyage.
Il quitta la Grèce, son pays et alla en Afrique avec son baril et sa petite lampe.

La première fois, on le vit en Egypte, sur la place au centre d’une ville et il y avait beaucoup de monde à ses côtés. Il dit :

« Je cherche l’homme. »

Plus tard, on le vit au Soudan, il est au centre avec de nombreuses personnes autour de lui et il dit :

« Je cherche l’homme. »

Quelques jours plus tard, on le rencontre au marché de Kinshasa, nu et avec sa petite lampe. Il était très préoccupé et cherchait quelque chose. Les gens se rapprochèrent de lui pour lui demander ce qu’il cherchait.
Il répondit : « Je cherche mon baril. » (p.60)

Si j’ai aimé ce petit conte, c’est qu’il est typique non pas tant de l’esprit voleur des Kinois mais de leur sens de l’humour : je les entends rire ! Et je souhaite aux lecteurs, à tous les humains, de savoir rire de nos humains problèmes. Le beau livre de Malca Lévy peut les y aider.

Mia Vossen

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10 Commentaires

  1. Moi j’ai horreur des donneurs de leçons. Comment peut-on rire des horreurs perpétrées par certains qu’ils soient noirs, mahométans, ou blancs, chrétiens, etc. ? Savoir rire de nos problèmes ou faire en sorte que la peur et la raison change de camp ?

  2. Diogène cherchait un “Homme” avec sa lanterne ! (je pense un Vrai !).
    Moi, j’en trouve plein, au grand jour ! Des muzz !

  3. Chère Auteur, comme les autres auteurs cosmopolites et nostalgiques de Riposte Laïque.
    Je constate que l’hyper-classe cosmopolite a systématiquement une interprétation et une expérience à l’opposé de celle des ouvriers Français ayant travaillé à l’étranger au contact permanent des populations Africaines.

    Je viens de contacter un ex-collègue qui en a contacté d’autres, nous-nous proposons de mettre en commun nos témoignages, photos, films, expériences pour les confronter à eux de l’hyper-classe de la secte cosmopolite vivant en circuit fermé, entre bourgeois cosmopolites.

    On parlera de l’impossibilité de travailler avec des Africains, le bouc émissaire blanc à chaque soubresaut social et politique avec évacuation en urgence systématique.
    Antipodes des bobos cosmopolites.

  4. Les cosmopolites vivent toujours dans les milieux les plus fermés, entre bourgeois.
    (Comme Bernard-Henri Lévy cosmopolite d’Algérie)

    Amusant pour moi qui ai travaillé dans nombre de pays d’Afrique, pas dans les milieux bourgeois entre soi mais dans la vraie vie au contact de la réalité.

    A chaque fois que le lis des articles du peuple cosmopolite j’ai l’impression de ne pas avoir vécu dans les mêmes pays, c’est systématique.

    Les bourgeois vivant entourés de bourgeois cosmopolites ont toujours l’impression que la terre est Bisounours et veulent imposer leur modèle à tous les autres dont ils ignorent tout. Je ne vous referai pas la lutte des classes du bourgeois Karl Marx Levy Mordechai tant je le hais comme tous les kapos cosmopolites.

    Tout faux toute une vie, pathétique !

  5. Il va de soi que le conte porte en lui une certaine drôlerie, mais nous ne pouvons l’appliquer à la folie meurtrière de nos contemporains. Ainsi, imaginons Diogène qui à la fin de l’histoire dirait : Je cherche mon salut loin du couteau de l’égorgeur.
    L’homme malheureusement ne vole plus les tonneaux, il trucide l’humanité par la déraison de l’idéologie et le tonneau ne peut plus être le refuge du philosophe. Pas plus que la philosophie ne sauvegardera l’humanité des égorgeurs. Alors ne rions pas trop de nos “humains problèmes”

  6. Les livres de Malca Levy ont un intérêt académique remarquable : en écrivant ces petites histoires elle fixe sur papier la langue des juifs sépharades, le ladino. Ses livres (bilingues) sont des trésors pour les linguistes, mais aussi pour tous les parents qui ont du plaisir à raconter de jolies histoires aux enfants qui ont du plaisir à recevoir de jolis livres. Noël et Hanouka approchent et les cadeaux aussi…

  7. A l’époque du Congo belge, tous les bénéfices de l’industrie minière étaient réinvestis dans les infrastructures du pays, contribuant ainsi à son développement. Hélas se bel élan devait faire place à la regression économique, à la corruption et le tout au nom de l’idéologie marxiste….

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