Nous assistons actuellement à un curieux ballet aérien, des allers Angleterre-Afghanistan reconduisant de force des réfugiés afghans ayant fui leur pays, et le retour Afghanistan-Angleterre des cercueils de soldats anglais tombés dans les combats contre les talibans.
Ces jeunes Afghans musulmans cherchent à trouver refuge sur le sol britannique, ils fuient des Talibans musulmans également, mais intraitables sur l’application de la charia.
Cette migration rappelle des souvenirs aux plus âgés d’entre nous.
Il y a 69 ans des Français fuyaient leur pays pour trouver, eux aussi refuge en Angleterre, la comparaison s’arrête là, les Français venaient chercher en Angleterre un moyen de poursuivre la lutte contre l’occupant et libérer leur territoire.
Il ne semble pas que ces jeunes gens en parfaite forme physique, (pour sauter dans un camion en marche il faut du souffle et du muscle), soit animés d’un état d’esprit semblable.
Ils ont laissé aux bons soins des soldats de l’OTAN la tâche de protéger leurs mères, sœurs, parfois épouse et enfants.
Aucun semble-t-il, ne vient chercher à acquérir une formation militaire qui lui permettrait de s’engager au côté de l’armée Afghane, le sentiment patriotique leur ferait-il défaut ?
Pour cela il y a des Occidentaux qui donnent leurs vies, déjà plus de 200 soldats anglais tués dans cette aventure.
Parmi eux combien d’anglais musulmans ?
Les expulsés afghans suscitent la pitié des braves gens, surtout de gauche.
Il n’est pas certain que les épouses, mères et enfants des soldats qui ont donné leurs vies en combattant dans leur pays ressentent la même compassion à leurs égards.
Cela dit, cette remarque gratuite ne tient pas compte des réalités de cette région.
Une comparaison avec notre histoire, pour eux n’a pas beaucoup de sens, pas de nation, un territoire divisé en ethnies, vivant en organisations tribales ne pousse pas aux actions héroïques, mourir pour qui, pour quelle patrie ?
La bonne solution n’existe pas, pourtant l’affaire est engagée, il faut bien la terminer le moins mal possible.
Les accueillir tous n’est pas envisageable, secourir les plus aventureux d’entre eux, ne règle pas le problème, les refouler tous sans offrir une alternative choque nos consciences.
Si comme certains l’affirme ce sont des gens instruits, selon Martine Aubry, pour ainsi dire une élite, n’y aurait-il pas une possibilité de les former à nos valeurs démocratiques républicaines et laïques ? La laïcité ne leur est pas complètement étrangère le régime post soviétique a peut-être laissé des traces.
Remarquons tout de même qu’ils ont éprouvé le besoin de construire, en arrivant à Calais, une mosquée de campagne dans la jungle, un signe qui donne une idée de leur dépendance religieuse. Cela risque de freiner leurs engagements dans la lutte contre les talibans.
Ils les connaissent, ce sont des frères, fanatiques certes, mais de même confession, et quelle confession !
En finançant leur formation dans nos valeurs occidentales, nous ferions un meilleur investissement, qu’en poursuivant la lutte à leur place contre des islamistes.
Nous devrions ensuite leur donner les moyens de regagner l’Afghanistan avec tout le soutien et la protection nécessaire, afin qu’ils puissent participer à la reconstruction de leur pays et le faire évoluer vers une vraie démocratie. Comme dans le petit prince en les éduquant nous prenons un engagement. Une affaire de longue haleine.
Par contre en refusant cette offre ils nous enlèveraient tout scrupule de les raccompagner chez eux, ce serait leur choix.
Guy Beaupin