Cocorico : hommage à Renaud Lavillenie… et à Sergueï Bubka

Certes, nous avons un président de la République qui nous fait honte, un gouvernement qui fait monter la colère, mais heureusement, il nous reste, entre autres, quelques sportifs qui nous rendent fiers d’être Français.

Le record du monde du saut à la perche, battu par Renaud Lavillenie, ce samedi, à Donetsk, en Ukraine, est un événement qui ne peut laisser indifférent tout amoureux du pays digne de ce nom.

En franchissant 6,16 mètres à son premier essai, le champion olympique français a tout simplement effacé le record du monde en salle de celui qu’on appelait le tsar, Sergueï Bubka, présent dans le public, qui datait de 21 ans ! C’est le saut le plus haut qu’aucun homme, en plein air ou en salle, n’ait jamais réalisé.

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http://www.youtube.com/watch?v=5WXqw4vmwzk

Souvenons-nous qu’en 2012, Renaud avait, à l’issue d’un concours extraordinaire, remporté le titre olympique en franchissant, lors de sa dernière tentative, la barre de 5,97 mètres.

Qu’est-ce qui doit rendre heureux les Français, pour un tel titre ? Plusieurs choses. D’abord, c’est une récompense pour l’école française de saut à la perche, qui, depuis une quarantaine d’années, sort régulièrement des sauteurs de niveau mondial, qu’ils s’appellent d’Encausse (père et fils), Houvion (père et fils), Tracanelli, Bellot, Vigneron, Abada, Quinon (autre champion olympique), Galfione (autre champion olympique), et quelques autres.

Mais surtout Renaud Lavillenie est un homme sain, cela se voit quand on le regarde, et qu’on l’écoute. Il a un gabarit moyen, et a su, grâce à un entraîneur intelligent, ne pas faire de la gonflette, prendre des kilos de muscle qui auraient diminué ses qualités naturelles : grande vitesse de course et explosivité. Renaud Lavillenie, c’est le génie français, version saut à la perche.

Et puis, sa manière, à l’issue de son titre de champion olympique, de parler des Français, de la joie qu’il avait su leur donner, nous change tellement de quelques footballeurs internationaux qui, comme des Ribery ou Benzema, donnent l’impression de s’en foutre du pays pour lequel ils jouent.

Comment évoquer le record du monde de Lavillenie, sans rendre un immense hommage à son prédécesseur, présent sur les lieux de l’exploit. Pendant toute sa carrière, longue de quinze ans, Sergueï Bubka a survolé la discipline et dominé le monde du saut à la perche comme aucun champion ne l’avait fait avant lui.

Cet Ukrainien, en plein régime soviétique, avait compris les charmes du capitalisme. Il a battu 18 fois le record du monde en plein air, et 17 fois en salle. A chaque fois de 1 centimètre, et à chaque fois avec un chèque conséquent, négocié avec les organisateurs des meeting. Il était tellement au-dessus du lot qu’il a fallu 21 ans pour venir à bout de son record.

Chapeau, l’artiste, mais ce soir, c’est hommage à Renaud…

Pierre Cassen