La campagne électorale s’achève et nous connaîtrons dimanche soir le nom du nouveau Président de la République que les Français auront choisi pour ces cinq prochaines années.
Quel que soit le vainqueur qui sortira des urnes, il n’en reste pas moins que tous les problèmes économiques, financiers et sociaux que la France se doit de résoudre, resteront entiers et sans solution à court ou moyen terme.
Les différents protagonistes qui se sont affrontés au cours de cette longue campagne électorale ont présenté chacun leur vision de ce qu’il convient de faire pour sortir la France de ses difficultés actuelles.
La candidate qui a marqué incontestablement cette campagne est Marine Le Pen, car celle-ci a été capable d’aborder un certain nombre de sujets que pendant des années, au nom du politiquement correct, la droite ou la gauche se refusaient d’aborder.
Je rappellerai quelques thèmes qui me paraissent essentiels pour comprendre le malaise de nos compatriotes et qui expliquent en partie leur désarroi et leur inquiétude devant l’inertie des politiques à les résoudre et que je vous énumère ci-dessous :
-Le problème de la France dans l’Europe libérale actuelle et sa place dans une économie mondialisée et ouverte à la concurrence déloyale et faussée.
-Le problème de l’immigration dans un pays en crise économique et financière.
-Le problème de la poussée de l’islam intégriste dans les pays développés qui s’est enraciné dans nos villes et quartiers dans le prolongement des attentats du 11 septembre à New York perpétrés par Al Qaïda.
Pour comprendre ce qui traverse l’opinion française, il faut revenir quelques années en arrière.
La France est en crise, non pas depuis 2008, mais depuis plus de trente ans. Nos gouvernements respectifs de droite et de gauche ont accompagné la globalisation de l’économie à l’échelle mondiale, qui a provoqué dans la société française des fractures sociales importantes et la disparition de pans entiers de notre industrie.
Cette fracture sociale sur laquelle Jacques Chirac avait axé sa campagne de 1995 s’est aggravée au point de rendre insupportable la vie quotidienne de plus de 10 millions de nos compatriotes.
Depuis 2002 que la Droite est au pouvoir, aucune amélioration substantielle ne s’est produite permettant aux Français de dire que nous étions sur la voie du redressement, du progrès social et surtout de la justice sociale.
Le chômage, la précarité, l’exclusion se sont développés sans que nos gouvernants soient capables de l’endiguer, voire même de les réduire de manière à éviter que les inégalités sociales n’augmentent et que les dégâts psychologiques auxquels sont confrontés dans leur entreprise ceux qui ont la chance d’avoir un emploi ne s’apaisent (harcèlement au travail, exigences de cadences élevées et d’objectifs démesurés etc)
Un pays a besoin d’avoir des dirigeants politiques qui tracent des perspectives pour l’avenir et surtout qui sachent anticiper les problèmes de rupture qui se dessinent dans une société en crise , en quête d’identité et à la préservation de son attachement à des valeurs communes.
C’est le rôle des politiques de déceler les fêlures qu’une société en crise peuvent engendrer et d’y apporter les remèdes qui s’imposent.
Dans un pays comme la France, chargée d’histoire, on ne peut pas évacuer d’un revers de la main, que celle-ci est traversée de courants pensée et de sensibilités politiques éclectiques, qu’il convient de prendre en compte, pour éviter que le fossé trop grand qui s’est installé entre l’élite dirigeante et le peuple ne se creuse encore plus.
Dans les moments graves que nous traversons, il faut savoir entendre le Peuple, il faut savoir le comprendre et il faut surtout savoir l’écouter en cherchant des solutions qui puissent le rassembler au lieu de le diviser.
Il faut savoir aussi, que la République s’est construite sur des valeurs universalistes, héritées de nos aînés qui nous ont aidé à forger un idéal de société qui dans les faits a été galvaudé par les oligarchies financières et les multinationales qui ont confisqué le pouvoir du Peuple et pour le Peuple.
Nos gouvernants de droite et de gauche se sont laissés acheter par les puissances d’argent qui dirigent le monde développé et l’ensemble des autres continents.
Dans une République une et indivisible, il faut savoir rejeter avec la plus grande fermeté, tout ce qui peut la diviser.
La montée de l’islam radical, que beaucoup de nos hommes politiques bien-pensants ont négligée voire laissée se développer, sans avoir le courage de l’éradiquer, est entièrement responsable de l’influence des idées du Front National dans la vie politique française.
Quand on n’est en permanence dans le déni de réalité, le peuple est là pour vous le rappeler.
Mon engagement auprès de Riposte Laïque, alors que je suis de gauche, m’est apparu nécessaire, car dans une République Laïque, sociale et féministe, telle que je la conçois, il n’est pas concevable de tolérer que des groupes politico-religieux n’imposent leur loi divine sur notre territoire, alors que c’est aux lois républicaines que les citoyens de notre Nation doivent se conformer.
L’islam radical doit être éradiqué et le plus vite possible pour que nous évitions des revendications communautaristes de plus en plus provocatrices et inadmissibles qui n’ont pas leur place dans le pays de Voltaire et de Victor Hugo.
Par contre, je ne confondrai jamais la lutte contre l’islam radical en amalgamant les citoyens français ou immigrés de confession musulmane qui ne sont pas tous des extrémistes et qui pour la plupart d’entre eux respectent nos valeurs républicaines ainsi que nos us et coutumes.
Je me refuserai toujours de stigmatiser l’immigré, comme étant la source de tous nos problèmes, car cette vision simpliste me parait dangereuse, permissive, voire liberticide.
Par contre, il me paraît sage et nécessaire en temps de crise que la France cesse toute immigration économique , alors qu’elle est incapable de résorber le chômage qui la frappe
Nous devons renvoyer tous les immigrés en situation irrégulière et faire tout notre possible pour intégrer les ressortissants étrangers munis d’une carte de séjour qui vivent sur notre sol, à partir du moment où ils respectent nos valeurs et veulent s’insérer dans la communauté nationale.
Je combattrai de toutes mes forces, les atteintes portées à la dignité de la femme, et à toutes les discriminations à son encontre qu’elles soient d’inspiration religieuse ou comportementale.
Je combattrai de toutes mes forces pour l’égalité entre les hommes et les femmes qui fait partie des valeurs inamovibles de notre République.
Le combat pour la Laïcité, le combat contre l’islamisme radical et le combat contre toutes les religions que je considère, comme ma part obscurantistes, doivent être menés sans relâchement, sans accommodement et sans renoncement à nos valeurs fondamentales que sont la liberté d’expression, la liberté d’opinion et la liberté de pensée.
Je soutiendrai toujours le pluralisme des idées et aux partis politiques minoritaires le droit de s’exprimer et d’avoir une représentation dans les instances de la République proportionnelle à leur influence dans le pays.
La démocratie s’exerce à travers l’expression du Peuple et il est donc légitime de respecter son choix. Par conséquent, il est donc normal qu’un courant politique comme celui-ci de Marine Le Pen soit représenté dans les toutes instances électives de notre République.
Cela n’est pas dans la discorde que l’on gouverne un pays, mais dans la volonté de rassemblement et d’unité au-delà de nos différences que ne représente manifestement pas le président sortant Nicolas Sarkozy. C’est la définition que je me fais de la République une et indivisible que se doit d’incarner un candidat qui aspire à la fonction suprême.
Je reprendrai à mon compte la déclaration de François Bayrou jeudi 3 mai qui a donné sa position pour le vote du 6 mai et que je le livre à la réflexion de tous les démocrates de notre pays :
« Nicolas Sarkozy, après un bon score de premier tour, s’est livré à une course-poursuite à l’extrême droite dans laquelle nous ne retrouvons pas nos valeurs, dans laquelle ce que nous croyons de plus profond et de plus précieux est bousculé et nié dans son principe. L’obsession de l’immigration dans un pays comme la France, au point de présenter dans son clip de campagne un panneau « Douane » écrit en Français et en Arabe, qui ne voit à quels affrontements, à quels affrontements entre Français, cela mènera ? (…)
La ligne qu’a ainsi choisie Nicolas Sarkozy entre les deux tours est violente, elle entre en contradiction avec les valeurs qui sont les nôtres, pas seulement les miennes, pas seulement celles du courant politique que je représente, mais aussi les valeurs du gaullisme, autant que celles de la droite républicaine et sociale. (…)
Je ne veux pas voter blanc. Cela serait de l’indécision. Dans ces circonstances, l’indécision est impossible.
Reste le vote pour François Hollande. C’est le choix que je fais »
Quand un climat devient délétère il faut avoir le courage de le dénoncer. Rendons donc hommage à François Bayrou qui a su dépasser les clivages politiques et mettre ses valeurs et ses principes avant toute autre considération.
Dimanche prochain, en ma qualité de rédacteur de Riposte Laïque je ne choisirai pas le candidat de la division, de l’excès, de la provocation, de l’improvisation, de l’opportunisme, du mensonge, de la vulgarité, de l’outrance, de l’invective, et du cynisme, je voterai donc pour François Hollande qui me paraît, dans les circonstances présentes, le mieux placé, pour rassembler les Français.
Ce choix n’est pas un vote de conviction, mais de raison. Je recherche pour mon pays l’apaisement et une présidence qui ne heurte pas, surtout dans une période où il convient de rassurer plutôt que de poursuivre une conduite du pays, dans la stigmatisation, la recherche d’un bouc émissaire, une communication anxiogène dont les effets sont contre-productifs, démagogiques et inefficaces pour nos compatriotes.
Fabrice LETAILLEUR
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