Combien de fois faudra-t-il monter au créneau pour défendre Eric Zemmour ? Combien de fois faudra-t-il dénouer, fil après fil, le tissu moisi des accusations portées contre lui ? Combien de temps les Français supporteront-ils d’entendre ses paroles « travesties par des gueux pour exciter des sots » ? De voir les bons apôtres de l’islam, du multiculturalisme et de l’immigration à tout crin, leur prêcher une théorie dont ils seraient bien incapables de vivre les applications ?
Voilà des imbéciles qui croient que leur couleur leur donne le droit de crier plus fort que les autres ; des comédiennes au sein qui déborde, chantant les beautés du voile islamique ; des énarques qui envoient leurs gosses à l’Ecole Alsacienne, mais proposent des cours d’arabe à l’école publique ; des amuseurs publics qui vivent avenue Montaigne, et reprochent aux Français d’avoir peur dans le métro. Voilà ceux qui nous jugent aujourd’hui, voilà ceux qui, paradant derrière des micros, nous donnent des leçons, voilà ceux qui se promettent de foutre en l’air notre existence, sûrs d’être, quant à eux, totalement protégés des vicissitudes du commun des mortels. Voilà ceux qui condamnent un Eric Zemmour, le traitant alternativement de facho, de réac, de ringard, de raciste, de tout ce qui peut sortir de leurs cervelles d’oiseaux nourris aux Bisounours et à Marc Lévy.
Pour les observateurs extérieurs, dont l’intelligence et l’honnêteté intellectuelle n’ont pas été trop dévastées par quarante années de lobotomisation massive et de désinformation subventionnée, il ne fait évidemment aucun doute qu’Eric Zemmour est un journaliste lucide, une personnalité responsable, et un être équilibré. Pour ceux qui ont eu la chance de le rencontrer, il apparaît encore plus clairement que cet homme est tout sauf cet épouvantail de haine et de racisme monté de toutes pièces. Simplement quelqu’un de courageux, qui aime son pays, s’inquiète de son avenir, et parce qu’il croit en ce quelque chose qui s’appelle l’honneur, estime avoir le devoir de poser un certain nombre de questions, de démasquer un certain nombre de menteurs, et de rappeler quelques vérités essentielles.
« Malheur à moi ! » s’écriait Nietzsche, « Je suis nuance ! ». Malheur, donc, à quiconque ose aujourd’hui refuser les raisonnements simplistes et les admirations obligatoires. Malheur à qui ose dire que la réalité n’est peut-être pas blanche, ou noire, mais gris clair. Malheur à qui ose ouvrir un livre, mener une enquête sérieuse, regarder la réalité sous toutes ses facettes. Malheur à Eric Zemmour.
Il aura subi les foudres d’à peu près tous les sépulcres blanchis de notre temps. C’est évidemment un signe d’excellente santé mentale, c’est infiniment encourageant, mais ça finit par devenir lassant. Surtout lorsque les accusations viennent d’un Xavier Beauvois bafouillant péniblement devant un parterre de nantis contents d’eux-mêmes.
Comme des millions de téléspectateurs, j’avais pourtant été bouleversée par son film Des Hommes et des dieux, heureuse de voir une oeuvre où – pour une fois – les moines n’étaient pas des clones, des imbéciles, des Torquemada, ou des obsédés sexuels refoulés. Il y avait là le son de la vérité, celui de l’histoire d’hommes qui sont restés sans fléchir, qui ont combattu sereinement jusqu’au bout. Immense a donc été ma déception de découvrir les propos de Xavier Beauvois à la Cérémonie des Césars, où il a dénoncé ce qu’il considère comme un état d’esprit général de haine à propos des musulmans de France, s’inquiétant « de choses immondes et sournoises comme Zemmour ». Bien sûr, la salle, pleine à craquer de stars ignorant tout du monde réel par la grâce de comptes en banque débordants et d’inculture absolue, a applaudi à tout rompre, d’autant plus facilement que je ne crois pas me tromper en affirmant qu’il devait y en avoir un bon paquet qui s’étaient déjà fait remonter les bretelles par Zemmour.
Regardez-les bien, tous ces bobos empaquetés de haute couture, enfermés dans leur belle conscience de gens propres qui pensent bien, courant défiler pour la régularisation de sans-papiers avec lesquels ils seraient incapables de vivre une semaine (bravo, la Balasko), s’émerveillant (pensée particulière pour la sottise de Sarah Forestier) du voile musulman, regardez-les se serrer les coudes et se tenir chaud dans leur immonde satisfaction de collabos, regardez ce triste spectacle que celui d’un réalisateur qui croit que parce qu’il a donné une image de la réalité, il nous faut en ignorer ses autres aspects, comme ceux de La Journée de la Jupe ou d’ Un Prophète.
« Il ne faut pas avoir peur des autres » nous explique Xavier Beauvois. « Il faut juste se parler et quand on se parle, ça va. » La preuve : les moines ont été assassinés. Ils n’ont sans doute pas parlé, ou pas assez parlé, ou pas bien parlé. Ou peut-être qu’en face ils étaient sourds. Voire qu’ils s’en foutaient, de la parole, et du message « de liberté, d’égalité, et de fraternité ». J’aimerais que Xavier Beauvois ressorte ce paquet d’âneries à un Joseph Fadelle vivant dans l’anonymat à cause de sa conversion au catholicisme, à un Théo Van Gogh poignardé par Mohammed Bouyeri qui ne faisait qu’appliquer les paroles du Prophète exigeant de combattre les ennemis de l’islam, à toutes ces femmes excisées, niqabisées, lapidées. A tous ces gens experts – contrairement à Xavier Beauvois – en dialogue avec des musulmans qui se rient des valeurs occidentales et attendent patiemment que les dhimmis de la politique, du show-biz et des associations bien connues de nos services, leur ouvrent le chemin d’une République islamique française. J’aimerais que Beauvois s’adresse à tous ceux, aussi, qui, comme Eric Zemmour, se sont penchés sérieusement sur les textes et sur les faits, à tous ceux qui ont pris la peine d’étudier l’histoire de l’islam, son essence et son but réel.
Xavier Beauvois nous confiant ses angoisses à la petite semaine, comme un môme qui va confesser avec une fausse fierté qu’il a regardé sous la jupe de la dame, Xavier Beauvois s’accrochant à sa récompense comme un noyé à une bouée crevée, Xavier Beauvois tirant sur la locomotive Zemmour qui va trop vite, trop loin et trop fort pour qu’il puisse l’atteindre, Xavier Beauvois à la Cérémonie des Césars, c’est toute une époque molle et idiote, ce sont ces centaines de moutons bêlants qui nous recommandent le dialogue à l’heure où des citoyens musulmans « éclairés », éduqués, élevés à l’occidentale, pourchassent les journalistes rue Myrha, rejettent en bloc une laïcité intraduisible dans leur langue, se font sauter au milieu de la population et nous prédisent la conversion de l’Occident tout entier à l’islam.
Il y a quelque chose de plus grave que d’être indifférent à l’islamisation de notre pays, c’est de parler de l’islam sans rien y connaître, c’est de prétendre que la parlote peut avoir un quelconque effet avec des gens qui ont des siècles de conquête par la violence derrière eux. Il y a quelque chose de plus grave que d’être méchant comme un Dominique Sopo, c’est d’être bête et crédule comme un Beauvois, c’est de pousser le peuple français à croire que l’on peut négocier avec des experts en takhya. C’est de condamner les musulmans raisonnables à un contrôle social et à une pression religieuse qui se font d’autant plus oppressants que les pouvoirs publics les ignorent. C’est de réduire le travail d’un journaliste honnête et courageux à la posture d’un nazillon ignorant et cruel.
Se payer la tête d’Eric Zemmour –et de façon aussi peu talentueuse que l’a fait Xavier Beauvois, c’est à peu près aussi courageux que de dire qu’on est contre les méchants et pour les gentils – surtout quand ils sont très, très gentils. Cela ne demande ni panache, ni réflexion, ni audace : mais pouvons-nous encore en attendre de nos prétendues « élites » ? Elles touchent le fond, mais creusent encore, refusant d’affronter la brutale lumière de la vérité, préférant s’enfoncer dans des convictions qui ne tiennent pas une seconde devant le monde réel. Ils sont furieux. Furieux de constater que non seulement une voix s’élève contre la leur, mais qu’elle reçoit, en sus, le soutien massif du peuple. Furieux de constater qu’un bout de trottoir ait pu être occupé pour protester contre les menaces de licenciement d’un journaliste, qu’une XVIIème chambre correctionnelle ait pu déborder des soutiens de Zemmour, et furieux, enfin, de s’apercevoir qu’une émission voit son audimat exploser depuis qu’un homme seul y affirme un certain nombre de vérités.
A l’heure où ces mêmes moutons s’extasient devant la chute de dictateurs, ils oublient de faire leur propre examen de conscience, rejetant le fait qu’eux-mêmes ont pendant plus de trente ans empêché le peuple de s’exprimer, ont interdit l’expression de ses peurs et de ses besoins les plus légitimes, canonisant par avance tout ce qui pouvait le mener à sa perte. Et voilà que soudain un homme parvient aux mêmes salons et studios qu’eux, et affranchit ses compatriotes, voilà qu’il se fait voix qui crie dans le désert, voilà qu’il délivre les Français en livrant leur point de vue et leurs préoccupations. Eric Zemmour aurait pu profiter de sa tribune médiatique pour se laisser porter comme tous les autres par le courant d’une irréprochable bien – pensance. Il a préféré la justice. Ce faisant, il est devenu le symbole de plusieurs générations d’hommes et de femmes qui ont trouvé leur héraut, et qui lui sont d’autant plus fidèles que ni les pressions médiatiques et judiciaires, ni le succès ne l’ont fait changer d’attitude et de propos. C’est c’est cette droiture morale et intellectuelle que les corrompus qui mènent aujourd’hui la danse ne lui pardonnent pas. Et au lieu de débattre avec lui – parce qu’ils savent bien qu’ils n’auraient ni le dernier mot ni l’argument fondé en vérité – ils s’agitent, ils pestent, ils vitupèrent dans un ballet de plus en plus confus et pathétique.
«Les hommes, c’est comme les chiens, ça mord parce que ça a peur » écrivait Jean Anouilh. Xavier Beauvois, Patrick Klugmann, Patrick Lozès, Alain Jakubowicz, en sont désormais réduits à cette attitude ridicule. Ils ressemblent aujourd’hui comme des frères à ces affreux roquets qui couinent et montrent d’autant plus les dents qu’ils ont affaire à plus massif, plus costaud, et plus intelligent qu’eux. Sans puissance musculaire ou intellectuelle, ils frappent bas et en désordre, leur œil vitreux incapable d’une vision globale des choses, tandis que le bouledogue Zemmour les regarde s’exciter et baver, amusé, inatteignable, olympien.
Antigone