Comment éradiquer le fondamentalisme islamique

En 1968, le journal libanais Tishrin publia une déclaration suivante du ministre israélien de la Défense Moshe Dayan : « Si nous pouvons évincer l’armée de Nasser et mettre au pouvoir les Frères musulmans en Égypte, nous sentirons l’odeur de la mort et du sang dans tous les endroits de la terre d’Égypte. Cela doit être notre objectif et notre guerre avec l’aide de nos amis américains. »

En 1968, Moshe Dayan avait prédit ce qui se passe de nos jours. On peut se demander si Moshe Dayan était prophète. Avait-il la connaissance de l’avenir ? Ou bien les Juifs ont-ils des islamologues différents de ceux de l’université al’Azhar et autres centres d’enseignement islamique qui se basent sur la mémorisation au lieu de la compréhension ? Ou bien les Frères Musulmans sont-ils le produit d’un plan soigneusement concocté dans le but de plonger la région arabe dans un bain de sang ?

Je tiens d’abord à préciser que je ne suis pas adepte de la théorie du complot. Il y a en effet des informations qui circulent sur les réseaux sociaux selon lesquelles Hassan Al-Banna (fondateur des Frères musulmans) serait d’origine marocaine, de religion juive et de croyance maçonnique, et qui  s’appuient sur ​le nom de famille Al-Banna qui signifie «  le maçon ».  D’autres informations largement diffusées dans la presse égyptienne indiquent en outre que Morsi, le président égyptien déchu, est en fait un espion américain, impliqué dans l’assassinat d’un savant égyptien et imposé à l’Égypte par les États-Unis qui savaient que les Frères musulmans ne pouvaient gagner les élections présidentielles que si elles étaient truquées à une grande échelle. Le prétexte invoqué par les Américains était la menace des Frères musulmans de provoquer un bain de sang au cas où leur candidat ne serait pas élu. Et les Frères musulmans continuent de brandir cette menace au cas où Morsi ne reviendrait pas au pouvoir. D’autres informations indiquent que Morsi et des membres éminents de la confrérie sont impliqués dans la vente d’une partie du Sinaï aux Etats-Unis pour huit milliards de dollars en vue de la création d’un Etat palestinien. C’est peut-être la raison de l’acharnement des Américains et des Occidentaux à réclamer la libération de Morsi dans le but de sauver leur espion, à camoufler leur projet et à poursuivre sa réalisation. Bien sûr, je n’approuve pas qu’on cache des informations et j’espère que les autorités égyptiennes exposeront les preuves du bienfondé de ces informations par des documents crédibles.

Ce qui est dit à propos des Frères musulmans égyptiens peut être dit à propos du Hamas  qui est constitué par des Frères musulmans. Le mot Hamas (حماس) est un acronyme de « Mouvement de la Résistance Islamique »   (حركة المقاومة الإسلاميّة ) mais certains y voient plutôt un acronyme de « Mouvement des Renseignements Israéliens ». Il est connu de tous que ce mouvement a été créé par Israël afin de contrer le Fatah et Yasser Arafat, tout comme les États-Unis ont créé Al-Qaïda qui est le bras armé des Frères musulmans. Le Hamas est d’ailleurs impliqué dans le meurtre de militaires et de civils égyptiens et dans l’évasion de Morsi et d’autres dirigeants des Frères musulmans détenus dans des prisons égyptiennes.

Comme je l’ai dit, je ne suis pas un adepte de la théorie du complot. Mais il n’est pas nécessaire  que vous soyez un espion officiellement reconnu pour servir les intérêts de l’ennemi. Il suffit que l’ennemi exploite votre idiotie pour atteindre ses intérêts. C’est ce qu’on appelle l’idiot utile. Et il est possible que vous estimiez que votre cause justifie l’infiltration des rangs ennemis et le recours à la dissimulation (takiyya). Nous nous retrouvons alors en face d’un jeu dangereux pour les deux parties, en particulier dans le cas d’un espion double. On ne sait pas alors qui se sert de qui … un peu comme dans les mariages homosexuels : on ne sait pas qui pénètre qui, à moins de se glisser dans la chambre à coucher. Par exemple, certains croient que les Frères musulmans ont infiltré la politique américaine à travers Barack Hussein Obama, le président actuel, d’origine musulmane, et que la chute des Frères musulmans en Égypte pourrait conduire à son éviction. D’autres, au contraire, pensent que les Frères musulmans servent de cheval de Troie. On peut remarquer ici que Barak Hussein Obama permet d’espionner toutes les institutions à l’exception des mosquées, ce qui a conduit à l’échec des autorités américaines pour déjouer l’attentat de Boston par des extrémistes tchétchènes. Nous entrons ainsi dans le sale jeu de la politique qui implique beaucoup de conjectures et où tout devient possible.

Mais que vous soyez un espion en faveur de l’ennemi ou de votre propre cause, vous devez avoir l’aptitude de jouer ce rôle qui réside dans la dissimulation, la ruse, la tromperie, le mensonge, la falsification des faits, l’absence de toute conscience, qui consiste à ne pas hésiter à user de tous les moyens disponibles, y compris les assassinats, les destructions, le recours à la politique de la terre brûlée lorsque cela est nécessaire et à fabriquer  des justifications, notamment par le biais des fatwas, comme nous l’avons vu récemment avec les fatwas du Jihad par le coït (Jihad al-niqah) qui consiste pour des femmes à copuler avec les combattants pour les soulager et les encourager  et par l’élargissement de l’anus par des pénétrations répétées pour implanter des explosifs. Pour l’espion, l’innocence n’a aucun sens puisqu’il se sert même d’enfants pour parvenir à ses objectifs. On le voit dans les manifestions organisées par les Frères musulmans en Égypte où des enfants servent de boucliers humains, portant leur propre linceul. On le voit aussi avec des enfants palestiniens portant des ceintures explosives à Gaza. Les Frères musulmans en Egypte ont mis dans les mains des enfants des pancartes indiquant qu’ils sont enfants de martyrs alors que leurs parents sont toujours vivants. Ainsi, le mensonge au service de la cause devient vertu.

Revenons aux Frères musulmans. Il est évident que Morsi ne reviendra pas au pouvoir et risque même la peine de mort pour délit d’espionnage. Et si, par malheur, il revient, la situation en Égypte ne fera qu’empirer.  Personne ne sait comment se terminera le sit-in des Frères musulmans ni quel sera son coût humain et matériel. Mais, dans tous les cas, la fin du pouvoir des Frères musulmans ne signifie nullement l’élimination de l’idéologie des Frères musulmans. Les Frères musulmans ne sont pas nés de rien. Ils sont le résultat d’une éducation religieuse et d’un lavage de cerveau impliquant toutes les institutions gouvernementales et religieuses en Égypte, depuis le jardin d’enfants jusqu’à l’université, sans parler des mosquées et des médias. Pour expurger cette culture – qui n’est pas différente de la culture nazie –, il faut la transformer radicalement. Mais je doute que les autorités égyptiennes puissent le faire car cela nécessite le dynamitage des fondements religieux sur lesquels la société égyptienne a été établie depuis la conquête musulmane par Amr Ibn-al-As au septième siècle. Si j’étais un dictateur égyptien, dans le sens romain du terme (personne choisie et autorisée à dicter des lois et à prendre des mesures en cas d’urgence),  j’entreprendrais les actions suivantes :

– supprimer la mention de la religion à l’article 2 de la Constitution [égyptienne] et interdire les partis religieux

– supprimer les mariages religieux et imposer le mariage civil (avec la possibilité de recourir au clergé après le mariage civil pour la bénédiction religieuse) et autoriser le mariage entre une musulmane et un non-musulman (notez que le droit égyptien permet au musulman d’épouser une non-musulmane, mais pas le contraire)

– imposer le  principe de l’égalité entre hommes et femmes à tous les niveaux, y compris dans le mariage, l’héritage et le témoignage [au tribunal]

– permettre aux gens de choisir la religion de leurs enfants et de les dispenser d’un enseignement religieux dans les écoles s’ils le veulent

– permettre la liberté religieuse, y compris la liberté de changer de religion, sans aucune sanction pénale ou civile à partir de l’âge de 16 ans, et punir tous les appels à tuer les apostats comme étant une incitation au crime

– établir une loi unifiée pour les lieux de culte, sans distinction entre religions monothéistes et non monothéistes

– interdire les appels à la prière du haut des minarets et interdire les sonneries des cloches des églises

– établir des programmes conjoints d’enseignement religieux, axés sur la comparaison des religions en lieu et place de l’éducation religieuse actuelle

– contrôler les programmes d’éducation, de la maternelle à l’université, en vue d’éliminer tout anathème

– placer des appareils d’écoute dans les mosquées et les églises afin de surveiller les sermons religieux et punir toute immixtion  du clergé dans la politique, toute incitation à la violence et toute prière incitant à la mort des autres comme cela arrive généralement dans les mosquées.

Il est à signaler ici que ce qui se passe actuellement en Égypte, en Syrie et en Irak, où l’on tue à cause de la religion, se répandra tôt ou tard, non seulement dans les autres pays arabes et musulmans mais aussi dans les pays occidentaux où vivent des communautés musulmanes. Certains, d’ailleurs, n’excluent pas le déclenchement de guerres civiles dans ces pays au cours des cinq prochaines années, guerres dont les musulmans seront les principales victimes. Les signes avant-coureurs de ces guerres sont clairement visibles dans certaines villes françaises, britanniques et danoises. De ce fait, les pays occidentaux doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter de telles guerres en changeant les programmes éducatifs, en contrôlant strictement les mosquées et l’enseignement religieux qu’elles propagent, en imposant le respect des lois par les communautés musulmanes, en retirant la nationalité aux contrevenants et en les renvoyant dans leur pays d’origine, en refusant l’octroi de permis de séjour ou d’asile politique à ceux qui refusent de respecter les lois des États d’accueil.

La lutte contre le fondamentalisme musulman ne doit pas se limiter aux autorités. Les intellectuels dans les pays musulmans et occidentaux doivent ouvrir le débat autour du mythe des livres révélés qui est la base des malheurs dans le monde. Les universités doivent participer à ce débat en toute transparence et sans peur. Et je suggère qu’on impose un avertissement, sur la première page de l’Ancien Testament, du Nouveau Testament et du Coran, contre certains passages toxiques, comme on fait avec les paquets de cigarettes ou le livre de Hitler, Mein Kampf. Cet avertissement peut être formulé comme suit : «  Ce livre a été écrit dans les siècles passés qui ne respectaient pas les droits de l’homme tels que nous les connaissons aujourd’hui et comporte des passages contraires à ces droits. Le lecteur doit donc les lire avec un esprit critique ». Il faut donner des exemples de ces passages toxiques qui violent les droits de l’homme.

Le fameux écrivain et philosophe libyen Al- Sadiq Al-Naihoum dit : « Les nations qui ne parviennent pas à diagnostiquer courageusement leurs maladies meurent suite à l’utilisation de médicaments inappropriés ». Les pays arabes et occidentaux doivent diagnostiquer sans peur les malheurs dont ils souffrent à cause du fondamentalisme musulman et trouver le médicament efficace pour éradiquer ce fondamentalisme avant que l’humanité ne plonge dans un bain de sang et de destruction.

Sami Aldeeb

(*) Sami Aldeeb est professeur des universités, directeur du Centre de droit arabe et musulman à Saint-Sulpice (Suisse), traducteur du Coran en français et auteur de nombreux ouvrages. www.sami-aldeeb.com

 

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