Comment peut-on soutenir l’Ukraine antisémite ?

L’antisémitisme en Ukraine n’est pas récent. Des cosaques du XVIIe siècle à Bandera jusqu’à aujourd’hui, il est vivace, terrifiant dans ses procédés inhumains et plein de haine contre les Juifs et les minorités. Il est temps d’exiger de l’État ukrainien de reconnaître ses crimes, sa complicité au génocide nazi.  

Un très récent entretien avec Arno Klarsfeld sur RFI  (Arno Klarsfeld: « L’Ukraine ne peut pas gagner sur les Russes qui sont trois fois plus nombreux » – YouTube) est éclairant à ce sujet. Il a l’honnêteté et l’intégrité intellectuelles de celui qui décrit des faits historiques sans esprit de falsification, de détournement, de justification par des diversions accusatoires. Oui, l’Ukraine contemporaine honore ses héros de la Seconde Guerre mondiale qui furent les alliés des nazis, accomplissant pour eux des actes de barbarie contre les Juifs d’Ukraine. Oui, des stades, des avenues portent bien le nom de Bandera. Si cela est si banal, alors baptisons d’urgence en France des centaines d’avenue et de place du nom du maréchal Pétain ou du préfet Papon et de ses ministres et voyons la réaction.

Cet antisémitisme est historique. Il n’est pas accidentel. Résumons  les faits d’armes des cosaques ukrainiens, persécuteurs maniaques des communautés juives. Les Juifs d’Ukraine ont été exterminés avec le concours actif d’organisations nationalistes pro-nazies. Lviv (ex-Lemberg) est le berceau de ce nationalisme, dans cette région de Galicie austro-hongroise, ukrainophone, rurale et nationaliste, alors que l’Est est russophone, industrielle et proche de la Russie. Ils sont très anticommunistes, et pour eux, les Juifs communistes sont leurs ennemis : les Trotski (Braunstein), Zinoviev (Aronovitch Radomyslski-Apfelbaum), Kamenev (Rosenfeld), etc. Ils accueillent en héros les « libérateurs » nazis et ils les soutiennent. À l’inverse, les russophones de l’est sont défavorables à la solution finale et ils participent très peu à ces mouvements. À Berditchev, les Allemands exterminent 20 000 Juifs. Des volontaires ukrainiens ont participé aux rafles et aux crimes. À Babi Yar, fin septembre 41, plus de 33 000 Juifs sont abattus. Les estimations varient entre 1 et 1,5 million de Juifs abattus en Ukraine occidentale, là où l’Allemagne et ses alliés ukrainiens ont les mains libres. Les Galiciens sont plusieurs centaines de milliers à être les supplétifs très actifs des nazis. 

Aucun historien ne contestera que le mouvement nationaliste ukrainien, l’OUN, est pro-nazi, donc très xénophobe et antisémite. Lors de la création de la division SS-Galizien, 80 000 Ukrainiens se porteront candidats. Les 13 000 retenus prêtent serment à Hitler. Et ces pays n’aiment pas ces souvenirs. Il aura fallu la commission d’historiens dirigés par Elie Wiesel et ses publications pour contraindre la Roumanie à reconnaître son rôle dans les massacres d’Odessa, quelques dizaines de milliers morts en deux semaines. Soixante ans de révisionnisme roumain ! De même dans les États Baltes. Et nous avons accepté ces pays dans l’Europe sans restriction !

Comme la Roumanie, l’Ukraine pratique le révisionnisme sans vergogne, en se construisant un récit national édulcoré, niant ses responsabilités. On met en balance les horreurs en mettant en avant les famines staliniennes : l’Holodomor. Et puis les héros nationalistes ont des histoires « propres » : les Stepan Bandera et Roman Shukhevytch en particulier. Ce sont les « combattants pour la libération de l’Ukraine ». Et comme il s’agit de cautionner une belle histoire ukrainienne, il y a à Kiev une statue de Bohdan Khmelnitsky, ce chef cosaque qui fit massacrer 200 000 Juifs en 1648.

Remontons justement rapidement dans cette histoire d’un antisémitisme viscéral et très ancien. Mais avant de resituer la tragédie de 1648, rappelons le fil des horreurs. Durant la guerre civile des années 1918-1920, les troupes nationalistes dirigées par Petlioura, troisième président de la République populaire ukrainienne firent des pogroms où périrent des dizaines de milliers de Juifs. On estime à plus de  100 000 Juifs tués durant cette période par les troupes de Petlioura et Dénikine. La différence est notable. Les armées nationalistes encouragent ces exterminations et versent des primes pour les Juifs massacrés. À l’inverse, Lénine met hors la loi les pogromistes et exige des mesures pour déraciner le mouvement antisémite. La logique poutinienne vient donc de cette longue histoire.

En 1648, Bohdan Khmelnitsky prend la tête d’une révolte ukrainienne contre les maîtres polonais, provoquant le soulèvement des populations et levant une armée de 80 000 hommes. Il excite les paysans ukrainiens orthodoxes à se révolter contre les catholiques polonais et les juifs. Les massacres seront effroyables en nombre et en horreurs.

La démographie est sans appel. Les archives de la Shoah indique qu’il y avait environ 5,4 millions de Juifs dans l’Empire russe au début du siècle, dont la grande majorité en Ukraine, Biélorussie et Lituanie. Ces mêmes sources estiment la population juive d’Ukraine à 2,5 millions en 1939. Outre leur extermination et la fuite de certains vers l’Europe et l’Amérique, il reste aujourd’hui quelques dizaines de milliers de Juifs en Ukraine.

Comme le rappelle Arno Klarsfeld, l’UE ne peut en aucun cas soutenir et encore moins intégrer une nation qui fait l’apologie de l’antisémitisme et qui expulse les Juifs encore aujourd’hui . 

Quelques références et liens pour le lecteur curieux ou sceptique :

– Film documentaire Vie et Destin du Livre noir, la destruction des Juifs d’Urss, écrit par Antoine Germa et Guillaume Ribot

– Vassili Grossman, Carnets de guerre : de Moscou à Berlin, 1941-1945, Calmann-Levy et Livre de Poche

– Le Livre noir, Textes et témoignages réunis par Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman, Solin Actes Sud

– Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d’Europe, 1985, Gallimard, 2006

– Delphine Bechtel, Mensonges et légitimation dans la construction nationale en Ukraine (2005-2010), OpenEdition Journals

– Lidia Miliakova (sous la dir. de) et Nicolas Werth (édition française), Le Livre des pogroms. Antichambre d’un génocide. Ukraine, Russie, Biélorussie, 1917-1922, Calmann-Lévy – Mémorial de la Shoah, Paris, 2010.

En Ukraine, des pogroms dont l’Occident se lavait les mains, par Jean-Jacques Marie (Le Monde diplomatique, décembre 2019) (monde-diplomatique.fr)

Les juifs en Ukraine – Exposition La Shoah par balles – Mémorial de la Shoah (memorialdelashoah.org)

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26 Commentaires

  1. Comment Macron et son “europe “peuvent -ils apporter du crédit aux pantalonnades de ce clown de Zelensky “président” du pays le plus corrompu du vieux continent ? Comment Macron peut-il mettre la FRANCE dans cet état face à la Russie ? De par sa position Macron amène un “casus belli” à Poutine . Maintenant ce triste sire de Zelensky demande des avions de combat ; Il ne s’emmerde pas ! A chacun sa MERDE . Sortez les armes de l’équation et la guerre n’existera pas .

  2. Posez donc la question à BHL, il a certainement une réponse toute prête.

  3. Ukraine anti-sémite ….. oum… avec un président pourri juif !!! ça me parait un peu bizarre !!! la communauté organisée n’a rien à se reprocher !!!!

  4. Zelensky est à l image de Soros qui n en a rien à foutre de la Shoah . Il l a clairement signifié à plusieurs occasions.

  5. Arno Klarsfeld a raison . Et c’est d autant plus consternant que ce pays est gouverné (c’est un bien grand mot) par un juif . Zelensky , comme Macron est un criminel contre son propre peuple. Les bataillons Azov et autres saloperies du même acabit sont à éradiquer. Tout simplement. J’espère que Zelensky , comme Eichmann , sera arrêté et jugé en Israël, parce que là bas ça ne rigole pas. Quoiqu un grand procès sur la place rouge à Moscou , ça pourrait avoir une sacrée gueule non ?…..

  6. Desolee,Voronine,je n’avais pas remarque votre important et triste temoignage.Mais je dois reconnaitre trouver bien maladroit la premiere phrase de votre commentaire.

  7. Cher Lambda,je ne connais pas d’individus sans defaut, ni de peuple qui en soit denue.Mais si obserrvateur attentif,le peuple francais de souche avait ete extermine, par exemple par Les plus agissants de l’Islam conquerant,en retireriez-vous la meme conclusion? Je Tiens a vous souligner que Les Ukrainiens supremacistes ont traite de meme Les minorites multiples en son sein, polonais ,roumains…mais il y avait forcement une bonne raison de Les eliminer aussi.

  8. Les ukrainiens ne se sont pas contentés de massacrer les juifs , en GALICIE ils ont également exterminés les polonais qui vivaient là depuis des siècles, ailleurs ce furent les ruthènes , ou les russes.Le village de ma grand mère , au sud de LEMBERG( LVOV en plonais ) était peuplé essentiellement de polonais , il n’en reste plus un seul , tous massacrés entre 1920 et 1944

  9. eh oui, l’art c’est de séparer les Nazis qui servent leur cause en Ukraine et combattre en mme temps ceux (à l’ouaiste) qui rechignent à plier le genou parait-il alors que les juifs se trouvent pour la plupart aux commandes.

  10. Article uniquement à charge contre les Ukrainiens, mais qui ne nous dis rien des RAISONS qui ont causées cette hostilité à l’égard des juifs.

    L’antisémitisme spontanné n’est pas crédible.
    .

    Il y avait 3.5 millions de juifs en Pologne avant la guerre, (10% de la population); ils étaient présent depuis 4 siècles (wiki juifs et Pologne); Il n’y en a plus un seul aujourd’hui, RAISONS ??

  11. La commemoration de la liberation des camps de deportation et de concentration d’Auschwitz-Birkenau,ce vendredi 27 janvier,s’est faite sans inviter la Federation de Russie.l’Armee Rouge libera ces camps,l’armee qui perdit au moins 3 millions des 5,3 millions de prisonniers aux mains de cette Allemagne-la qui,encore aujourd’hui avec ses allies d’hier,pratique le Deutschland Uber Alles.Pour une Von Der Leyen,a la tete de la commission Europeenne,les russes demeurent les untermenschen de jadis,un statut qu’ils partageaient deja avec les juifs et d’autres declasses de l’Humanite naguere.Slava Russia!

  12. Je pose la question.

    Si le peuple Ukrainien est antisémite.
    Comment se fait-il, qu’il ait mis à la présidence Zelinski qui est d’origine juive?

    • 1 Zelensky se moque eperdument de ses origines.Ils sont nombreux a savoir jouere de leur identite en tous genres pour se promouvoir de nos jours. 2 Un parfait cache-sexe, comme Bourla . Mais vous pouvez toujours rechercher le nombre de monuments construits en hommage a d’authentiques ordures depuis la chute du Mur de Berlin, la Revolution Orange… L’Ukraine malgre le soutien inconditionnel de ceux qui oeuvrent plutot pour transformer definitivement l’Etat d’Israel en republique bananiere comme l’illustre si bien le Jerusalem Post,vote systematiquement contre cet etat a l’ONU.

    • Sans doute parce que la concurrence était nulle. C’est ainsi que nous avons élu Sandrine Rousseau.

    • un juif qui jouerait du piano debout ? Ce type n’est qu’un KATSAP, une racaille , mélange de tout ce qui est passé dans le coin !

  13. Aux gens qui s’étonnent que zelinsky, juif, soutienne les nazis: il se fout pas mal de ses origines, il est le fusible d’une caste mondialiste, bientôt grillé.

  14. L’Ukraine nazie n’est pas un mythe mais une réalité historique pour une partie non négligeable de sa population. Le massacre de Babi Yar n’ en est qu’un exemple parmi d’autres.

  15. Tout ce qui est nazi me dégoûte et me fait peur …c,’est le mal dans toute son horreur .

    • En plusse, ils parait que les nazis piquaient les organes des morts, je sais plus si c’est pour les revendre….ailleurs…ou si c’était pour les manger…

      • Ils les suspendaient peut-être comme des saucissons , allez savoir ….l horreur n’a pas de limites.

  16. Oui, tout cela est vrai mais aujourd’hui l’Ukraine a un président juif qui soutient des nazis: chercher l’erreur…(effectivement il faudrait les lumières infaillibles de BHL pour nous affranchir.)

  17. Il faudrait poser cette question à Bernard-Henri Lévy.
    Il vomit la France qui a déporté 76000 juifs, mais par contre, les centaines de milliers de juifs assassinés en Ukraine en 1941 par les Eizatzgruppen (avec la complicité de très nombreux miliciens Ukrainiens), il a déjà oublié tout ça. La haine des Russes passe passe apparemment devant toute autre considération.

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