Comment réintégrer la Russie et dialoguer avec la Chine…

Il serait possible de travailler sur un donnant-donnant, du moins à moyen terme : vous acceptez, vous, Russes, de retirer (à terme) Lénine, de l’enterrer, tout en organisant un procès sur les crimes communistes, tout en ouvrant à nouveau les archives afférentes pour nous permettre de poursuivre nous aussi juridiquement en France (même symboliquement puisqu’il y aura prescription sauf, pour crimes contre l’humanité) et, en échange, les sanctions seraient levées, tandis que le fait que vous vous soyez réappropriés la Crimée serait entériné, cette contrée vous appartenant déjà historiquement de toute manière.

L’idée serait de faire admettre à Poutine que s’il ne désire pas une pression supplémentaire provenant de l’OTAN et des USA, et s’il veut par contre renouer avec la grandeur russe, il vaut mieux rompre définitivement avec la nostalgie soviétique, ce qui permettra de ressouder les liens forts qui ont toujours uni la Russie à l’Europe, même si celle-ci n’a jamais bien compris la spécificité de celle-là comme le déplorait Dostoïevski dans son Journal.

Quant à la Chine, il serait temps de lui demander également d’abandonner la référence au communisme, en lui proposant déjà de débattre dessus à l’UNESCO par exemple en direct devant les caméras. On lui fera peut-être mieux comprendre pourquoi les notions de droits fondamentaux, de respect des droits intellectuels comme les brevets, de refus de la contrefaçon, ne sont pas interprétés de manière universellement recevables par les communistes chinois.

Il faut avoir ces débats, les lancer en tout cas, même si cela peut paraître puéril, naïf, passé de mode à l’heure du relativisme ambiant (allant jusqu’à rendre équivalent le port d’une petite croix et le voile islamique, cette marque ségrégationniste) ; mais observez qu’il a suffi que le peuple se mobilise massivement à Hong-Kong pour laisser entrevoir que rien n’est jamais plié d’avance, que le combat est d’abord spirituel, qu’il n’y a aucune raison que la Chine confonde à ce point sa spécificité civilisationnelle et le régime politique qui l’organise, ce dernier étant visiblement de plus en plus nocif à celle-là et au monde entier du point de vue “objectif”, “scientifique”, si l’on veut employer les grands mots que les absolutistes d’aujourd’hui avancent à tout bout de champ, en ce sens où les libertés de penser, d’aimer, d’entreprendre, la distinction des pouvoirs, la propriété privée, sont des socles morphologiques absolus vérifiés par l’expérience historique et les données psycho-sociologiques aujourd’hui solidement à disposition.

Il est clair qu’en entamant un tel débat sur le communisme, immanquablement il faudra aussi l’amorcer sérieusement avec l’islam, ce qui n’empêche pas de regarder retailler également la poutre qui est dans notre œil lorsque nous renonçons à appliquer chez nous ces droits fondamentaux que nous exigeons de voir ailleurs.

 

Lucien Samir Oulahbib