Coûteaux chez Bercoff : l’Europe chante la chanson écrite à Washington! 

J’adore Paul-Marie Coûteaux ! Patriote, d’une culture abyssale, plein d’humour… j’avais fait sa connaissance il y a très longtemps, au moins 10 ou 12 ans, quand il m’avait invité dans plusieurs des émissions qu’il animait sur Radio Courtoisie. Depuis nous sommes restés en contact, et je suis toujours ravie de le revoir ou de l’entendre comme dans cette émission de Sud Radio.

Transcription ci-dessous de l’essentiel de l’entretien, passionnant. Écoutez-le, lisez, relisez. Cela vous donnera des arguments contre les anti-Poutine et donc contre Macron.

Bercoff :  Quid de l’Europe… Demandes d’adhésion de l’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie. L’Europe vers la guerre ?

Coûteaux : l’Europe ne parle d’une seule voix… que pour ne rien dire ! Elle chante la chanson écrite à Washington dans l’irréalisme le plus complet.  L’élargissement a commencé il y a 20 ans, chaque adhérent doit satisfaire à un certain nombre de normes,  et aucun des pays que vous avez cités, surtout pas l’Ukraine, ne répond à toutes ces normes. C’est tellement difficile d’ailleurs que, par chance, la Turquie n’a pas pu entrer et son adhésion est sans cesse reportée. On n’entre pas comme ça, il faut des normes sociales, il faut des années de pratique. Ce que l’Europe risque actuellement, c’est la soumission, elle est déjà très engagée. L’Europe dépend du reste du monde pour à peu près tout. 

Dépendre c’est risquer un jour ou l’autre de manquer ou d’entrer en conflit. Et voilà qu’elle s’offre un conflit avec elle-même, c’est-à-dire avec d’autres capitales européennes.  Mais cela sert les intérêts des États-Unis. Bien entendu qu’ils ont voulu cette guerre  qu’ils ont préparée en humiliant la Russie (on a oublié le tapis de bombes de Belgrade en mars 1999 ; c’était une attaque directe contre le monde orthodoxe. D’ailleurs on a fermé les yeux, on n’a pas apporté du tout de couverture dans les pharmacies… c’était dramatique, il y a eu beaucoup plus de morts qu’en Ukraine. Et on a fait à la Russie des promesses jamais tenues, notamment celle de Baker faite à Gorbatchef « jamais l’OTAN ne s’étendra au-delà de ses frontières » ).

Poutine, en 2007, a dit « ne continuez pas, car ça tournera mal » et l’OTAN a continué !

L’Europe risque de sortir de l’histoire… Je n’écoute plus les radios, parce qu’il vaut mieux rire que pleurer, mais on n’a aucun recul stratégique profond à long terme.

Prenons un exemple, la Sibérie, c’est un énorme enjeu. Si l’Europe coopère avec la Russie, ils mettent en valeur les immenses richesses de la Sibérie. Alors là l’Europe garde ses 2 poumons (c’est Jean-Paul II qui parlait des 2 poumons de l’Europe) – est et ouest en gros. .

Évidemment les USA veulent nous couper en 2 ces 2 poumons, diviser pour mieux régner…

Mais si, au contraire, nous engagions des coopérations avec la Russie comme de Gaulle l’a voulu, nous aurions, nous aurions pu avoir, hélas, 3 fois hélas, cette hypothèse s’éloigne, nous aurions pu avoir  un immense poumon en utilisant la Sibérie.

Poutine et après Poutine, la Russie, on parle du long terme, là, est jetée dans les bras de la Chine ; évidemment ce poumon va nous échapper.

Il y a un autre enjeu, la vieille opposition qu’il faut cultiver entre la Turquie et la Russie dont l’Ukraine et Odessa, dont on parle beaucoup aujourd’hui, la Crimée dont on a parlé récemment et qui est au cœur de l’affaire reste sous domination russe, c’est une épine dans le pied de l’empire turc aujourd’hui ressuscité que Erdogan voudra sans cesse ressusciter à mesure qu’elle marquera des points, 85 millions d’habitants, une économie plutôt prospère (qui traverse en ce moment une mauvaise passe mais enfin à long terme, c’est une grande puissance qui a su s’étendre jusqu’aux portes de Vienne ) et qui pourrait très bien prendre sous sa domination (c’est son rêve) toute l’Europe du Sud balkanique. La Russie est un obstacle à l’islamisation, d’ailleurs il faut se rappeler que Poutine a réglé la question de Daesch, (ce que les Américains n’ont jamais pu ou voulu faire) en aidant la Syrie. En très peu de temps, le rapport de force s’est inversé. Daesch a été circonscrit grâce à la Syrie aidée par la Russie.

L’Ukraine est le berceau historique de la Russie qu’on ne peut pas enlever à la Russie ou alors c’est une véritable folie.

Le conflit avec le monde islamique est permanent et la Russie doit être plutôt de notre côté plutôt qu’avec Erdogan sur notre dos..

Je pense d’ailleurs que les États-Unis ont très peur que la Russie n’exploite la Sibérie qui est d’ailleurs très près des État-Unis par le détroit de Béring…

L’Allemagne est trop désarmée pour s’éloigner des États-Unis…

Macron s’agite, il reçoit des camouflets qui le remettent à sa place mais rien ne l’empêchera de s’agiter.

Donc les capacités de décision des puissances ou anciennes puissances européennes sont très faibles. Le résultat – et c’est très vraisemblablement ce qui va se passer – la puissance militaire russe va parler et utilisera certainement à fond son glacis, ce qui amputera d’autant plus l’Europe en cas de division durable, la Russie jouera avec d’autres partenaires.

Il n’y a pas que la Chine , il y a l’Iran et bien d’autres cartes à jouer pour la Russie.

Dans cette affaire c’est peut-être pas la Russie qui est isolée… c’est peut-être nous qui nous isolons du monde.

Bercoff : je rappelle que le Monde daté du 7 décembre 1994  (sommet de Budapest) rappelle que la Russie s’engage à respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine et en retour les positions du Royaume-Uni, de la France et de  la Commission européenne étaient très claires,  pas d’expansion de l’OTAN ou de l’UE à l’est.

Coûteaux : il faut d’abord ne pas considérer que  Poutine veut envahir l’Ukraine, c’est faux. Il prend des gages, il ne veut pas conquérir. L’Ukraine n’est pas vraiment une nation. Tout l’ouest de l’Ukraine est catholique, surtout la Galicie, mais près de la moitié ouest de l’Ukraine. Poutine ne veut pas y toucher, elle est très vraisemblablement vouée à devenir la nouvelle Ukraine.

La bande de l’est avec le Donbass et un peu plus peut-être en plus la bande maritime qui est importante, notamment vis-à-vis de la Turquie, peut-être que Poutine prend des gages dans le cadre de négociations futures. Il y aura des négociations, elles ont déjà commencé et je pense que Poutine veut simplement riposter à la progression de l’OTAN qui est un manquement aux promesses données de ne pas toucher à l’Ukraine.

Nous oublions nous-mêmes notre propre histoire. Si on nous disait un jour que le baptême de Clovis n’a rien à voir avec l’histoire de France alors qu’en fait c’était un baptême qui était en même temps un sacre, comme Vladimir à la fin du Xe siècle à Kiev. L’histoire de la Russie et de la France sont mêlées, y compris par le sang et le mariage puisque Anne de Kiev a épousé le petit-fils d’Hugues Capet. On dit d’ailleurs indifféremment Anne de Russie et Anne de Kiev.

Cette histoire-là, on ne peut pas en priver la Russie.

Après l’effondrement du bloc communiste, on mourait de faim en Russie, elle s’est raccrochée à une chose, c’est le millénaire du sacre de Vladimir, millénaire qui était en même temps, comme avec Hugues Capet, une conversion au christianisme, et l’orthodoxie ensuite.

Le fait est que c’est une grande souffrance que l’on inflige au peuple russe de le priver de ses racines. D’ailleurs, de Gaulle en 40 invoquait un sursaut venu du fond des âges (tous les résistants ont besoin d’invoquer une histoire longue et si on prive un peuple de son histoire, on le rend fou parce que on le prive de lui-même).

La grande question c’est celle de Kiev, je pense que Poutine ne s’y aventureras pas  et il voudra en tous les cas garder la main sur le régime.

Je vous en prie, chers auditeurs, essayez de garder un peu de recul historique et géographique, pensez aux enjeux qui dépassent largement les pauvres répétitions qu’on nous inflige, l’abêtissement qui est devenu une habitude après les 2 ans que nous venons de subir, après les 2 ans d’intoxication covidienne. On se demande d’ailleurs si nous ne sommes pas en train d’entrer  dans un nouveau totalitarisme en réalité.

Il en va vraiment de l’avenir au long terme de l’Europe, de notre peuple… Il y a déjà des Français qui vivent très mal, qui ne mangent pas à leur faim, je pense que les Français doivent comprendre enfin que la soumission ça coûte très cher et ça se traduira par des misères sans fin, des violences sans fin, ça a déjà commencé dans plusieurs parties de notre territoire.

Nous sommes sur un volcan et nous n’avons pas droit à l’ignorance. On est dans une situation totalement totalitaire, je voudrais citer Soljenitsyne : nous savons qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons qu’ils savent qu’ils mentent, ils savent que que nous savons qu’ils savent qu’ils mentent. Mais ils continuent à mentir…

Et les médias… le mensonge s’est installé partout. Il s’est installé à la faveur si l’on peut dire de l’opération Covid, il se prolonge à la faveur de l’opération Ukraine dans le but de nous priver de notre  conception de nous-mêmes à long terme.

De Gaulle disait « une Grande Europe de l’Atlantique à l’Oural. »

Poutine qui aime beaucoup de Gaulle, qui aime beaucoup la France, qui a eu longtemps une maison dans le pays basque a dit : l’Europe  va de Lisbonne à Vladivostok.

Que serait cette Europe magnifique qui pourrait aller de Lisbonne à Vladivostok, qui se prémunirait au sud contre la poussée islamique, à l’est contre la Chine impériale qui avec ses milliards d’habitants voudrait bien mettre la main sur la Sibérie, et à l’ouest vis-à-vis des États-Unis.

Alors là l’Europe resterait dans l’histoire…

Si nous perdons cela, il nous restera, comme disait ma grand-mère, les yeux pour pleurer…

Christine Tasin
https://resistancerepublicaine.com/2022/03/09/paul-marie-couteaux-chez-bercoff-leurope-chante-la-chanson-ecrite-a-washington/