Crèche dégradée en Alsace : Valls aux abonnés absents

VallsinsecuriteEst-ce que ces quelques lignes valent bien la peine d’être écrites, tant après Uffholtz en 2012, Rennes en 2013, Crolles dans l’Isère en 2014, et la liste exhaustive serait longue, les dégradations d’églises et notamment de crèches sont nombreuses et courantes.

Cette année, c’est l’Alsace qui a été encore le théâtre de ces exploits saisonniers: la crèche de l’église de Hachimette, petit hameau du Haut Rhin, a subi des dégradations: l’enfant Jésus incendié, les santons de la Vierge et de Saint Joseph barbouillés, et l’église tagguée de ce message non équivoque: Nique l’Eglise, signé du A des Antifascistes.

La crèche dérange, pire, la crèche suscite la rage. Il faut dire qu’elle cumule : elle appartient spécifiquement à l’Eglise catholique, elle représente la famille, elle évoque la France des contes de Daudet. Il faut comprendre. De telles valeurs, insupportablement moisies, ne sauraient être tolérées.

Si ce fait divers, cet incident, cette anicroche, n’a pas retenu votre attention, ne vous étonnez pas. La presse ne s’est guère donné la peine d’en parler, tout au plus la presse locale et un blog ou deux.

Aucune remontée dans la presse télévisée, dans les chaines d’information continue. Là aussi, il faut comprendre : elles étaient bien trop occupées par la profanation d’une salle de prière – non déclarée – mais ne soyons pas mesquins, à Ajaccio. Faut-il rappeler, car vous n’avez sûrement pu y échapper, la voix pleurnicharde de la journaliste, le musulman meurtri et le livre dont la couverture a brûlé.

Valls twitte illico et ne mâche pas ses mots : il dénonce la “profanation”, rien de moins, de cette salle clandestine. Et de concert avec l’ineffable Cazeneuve, ils en appellent aux valeurs de la République – le mot France pour eux étant éradiqué.

La différence de traitement ne peut que sauter aux yeux. Et d’abord la différence sémantique. Pour la salle non déclarée, il s’agit carrément pour notre Premier ministre d’un cas de “profanation”. Peut-être pourrions-nous lui rappeler qu’en France, ce terme est réservé aux dégradations de cimetières. Rien de tel pour les crèches bien évidemment. Et qu’attendre après le coup de pied de l’âne de Baroin, président de l’AMF, qui n’a d’autre combat prioritaire qu’interdire les crèches dans les Mairies?

Différence bien sûr aussi dans le traitement judiciaire. Les Femen peuvent entrer dans une église, telle que Notre Dame de Paris, monument historique et emblématique de la France, s’exhiber et dégrader des objets de culte. Non seulement la Justice les acquitte, mais condamne les vigiles qui les ont sorties manu militari.

La France n’est plus laïque. La France n’est plus, tout court. La concomitance de deux événements, l’indifférence qui accompagne l’un, l’indignation qui accompagne l’autre, est bien le signe de la mutation de notre civilisation, acceptée par une partie des Français, actée par nos dirigeants, et favorisée par la négation, voire la haine de soi qui l’ont précédée et que l’on voit se manifester avec la plus grande acuité à gauche dont rien ne calme l’acharnement.

Allez, Messieurs les politiques, encore un effort, vous y êtes presque. Bannissement du mot France de vos discours, églises souillées dans l’indifférence, indignation sacrée dès que l’islam est en jeu. Voilà donc l’avènement du changement tant promis.