Dans les pays arabes, laïques et féministes sont infiniment minoritaires face à la déferlante islamique

Nos hommes politiques en Occident sont devenus complètement et dangereusement autistes. De quelque bord qu’ils soient.

Une obsession maladive les guide dans l’affirmation d’une politique désastreuse  vis-à-vis de ce que les médias ont malsainement appelé le « Printemps Arabe », lequel n’est un printemps que pour une seule identité parmi la multitude des identités de cette Région du monde.

Car le « Printemps Arabe » annoncé et mis en branle, n’est qu’un hiver cauchemardesque, non seulement pour les minorités non islamistes de la Région, mais aussi pour d’autres branches de l’islam qui ne partagent pas les tendances de l’islamisme salafiste rampant dans le monde.

Penser que ce qu’on appelle « Printemps arabe » peut être considéré comme une avancée historique vers la démocratie dans le monde arabe, n’est qu’une  monstrueuse chimère.

Penser que les peuples qui se soulèvent dans les rues sont animés par un rêve de liberté citoyenne serait la preuve d’une ignorance occidentale manifeste de l’histoire de cette partie du monde.

Certes, il existe dans les rues du « Printemps » des jeunes, des hommes et femmes aspirant à la liberté, à la démocratie, au respect des droits… animés par une soif irrésistible, enivrante, porteuse d’une multitude de promesses pour un monde meilleur ; des hommes et des femmes qui croient sincèrement à la possibilité d’un virage historique.

Mais ces messagers de l’espoir sont infiniment minoritaires, peu nombreux face à la déferlante marée islamiste qui ratisse la Région en brûlant tout sur son passage ; ils sont impuissants à creuser les sillons de leur beau rêve alors même qu’ils combattent pour une cause qui les dépasse. Ils sont les jouets innocents d’une hégémonie islamiste qui trace inexorablement son chemin sans pitié. Tous les démocrates du « Printemps » ont perdu et se sont fait voler leur combat et confisquer leur victoire. L’Egypte et la Tunisie comme exemple.

L’Occident est autiste parce qu’il ne médite pas les leçons de l’histoire, même la toute proche. Nous avons en Occident, applaudi lesdits changements, encouragé, provoqué, armé, soutenu… les révolutions en cours. Pour aboutir à quoi ?… Quel pays du « Printemps » a entamé ce virage tant désiré, tant attendu ?… Quel modèle l’Occident propose-t-il à ces pays « en cours de révolution » ?… Celui d’un islamisme d’un autre âge balayant sur son chemin le peu de liberté qui existait sous des régimes autoritaires mais laïques ?… Quel exemple réussi  pouvons-nous mettre en avant pour appuyer la marche forcée des révolutions arabes ?… Celui de l’Egypte où les jeunes vivent dans le désespoir complet de voir leur mouvement capturé et dénaturé, celui de la Tunisie qui ne voit pas comment défendre les quelques acquis d’un passé pas très lointain face à une nouvelle constitution qui se prépare les privant de ces acquis ; celui d’un Irak déchiré en une multitude de guerres internes, qui voit se perpétrer des massacres tous les jours sans qu’on en parle plus ;  celui de la Lybie, que nous avons aidée par tous les moyens,  balayée par un régime islamiste honteux, agressif, assassin, haineux ; celui enfin de la Syrie qui se détruit jour après jour face à la radicalisation croissante d’un courant qui mène son jihad avec  la bénédiction et l’aide arabes et occidentales, et où les combattants sauvages des pays voisins ont trouvé sur cette terre un nouveau terrain de jeu ?

Nous avons aidé et applaudi  l’avènement de la Révolution d’Iran, pour aboutir au régime des Mollahs. Nous avons armés les milices afghanes d’Al-Qaïda les transformant en une force aveugle et désastreuse nous menaçant sur notre propre terre.

Le comique-tragique  dans l’histoire, c’est que nous prenons comme exemples et comme alliés, les monarchies du Golfe qui achètent notre conscience par leur sale argent. Comme s’ils étaient eux même un modèle de démocratie, de liberté et de respect des droits de l’homme et de la femme !

Nous n’avons même pas le courage d’au moins assumer nos choix.

Cette Région du monde va à sa perte. Comme si l’Occident avait décidé pour des raisons géopolitiques de la livrer à l’obscurantisme islamiste et rien ne semble pouvoir arrêter cette marche désastreuse. Le droit d’ingérence dont nous étions fiers il  ya quelques années, vire vers un cauchemar sans nom pour les minorités de ces pays, la majorité étant programmée par un lavage de cerveau obscurantiste. Ils appellent cela «retour à la pureté originelle de la foi musulmane » ! Nos stratèges politiques imaginent-ils un instant qu’une autre gouvernance que la religion d’état dans son expression la plus radicale serait possible dans le monde musulman ?

Maintenant, il est vrai que ces pays  du Printemps arabe ont longtemps souffert de  la gouvernance de régimes autoritaires et sanguinaires ; ils ont longtemps subi la négation d’une multitude de droits essentiels. Ces régimes sont assoiffés de pouvoir et  infectés par la corruption. Ils ont été incapables d’évoluer dans le sens de la marche de l’histoire.

Comme si, cette Région du monde, depuis l’origine, et  vu ses fondements historiques religieux,  était incapable de trouver une troisième voie. Comme si elle était prisonnière et condamnée à naviguer entre l’obscurantisme laïc et la sauvagerie intégriste et religieuse.

S’il n’existe pas une troisième voie – et à ce jour aucun indice plausible ne le présuppose-, alors le salut relatif de cette partie du monde, et du monde entier, nous commande de combattre l’intégrisme  religieux, au nom de nos principes de liberté, d’égalité et de fraternité.

Mais il semble que nous n’avons ni le courage ni les moyens d’assumer ce choix.

Joseph TYAN

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